Le premier 19 mars

On le sait, la mémoire de la guerre d’Algérie est tout sauf un long fleuve tranquille. De l’évocation de simples « événements » à la reconnaissance d’une véritable guerre, de la question harkie – sur ce point on renverra à la récente et excellente série d’émissions de La Fabrique de l’Histoire diffusée entre le 4 et le 7 mars dernier – à celle de la torture, les pommes de discordes ne manquent pas.

Appelés du contingent en Algérie. Sans date. Collection privée Richard.

Même le choix d’une date commémorative est par lui-même un bel objet d’histoire puisqu’au 16 octobre a succédé le 5 décembre et qu’est inauguré, dès demain, le 19 mars. Alors certes, cette date n’est pas franchement nouvelle puisqu’elle est en réalité célébrée depuis plusieurs décennies par de nombreux appelés du contingent. L’adoption du 19 mars comme jour du souvenir de la guerre d’Algérie figurait il y a encore peu au premier rang des revendications de l’une des plus puissantes associations françaises d’anciens combattants. Pour autant, il est indéniable que les cérémonies de demain constitueront un réel tournant dans l’histoire de la mémoire française de la guerre d’Algérie puisque, pour la première fois, autorités civiles et militaires assisteront à cette manifestation inscrite désormais au calendrier commémoratif légal. De même, on se doute que si les partisans du 19 mars se réjouiront de cette situation, leurs adversaires seront eux particulièrement déterminés à revenir au statu quo ante.

C’est donc d’une histoire en mouvement qu’il s’agit ici, d’une histoire qui souligne combien la question de(s) sortie(s) de la guerre d’Algérie est pertinente. C’était d’ailleurs le thème d’une passionnante journée d’études co-organisée au campus Mazier de Saint-Brieuc par P. Harismendy et V. Joly, manifestation dont les actes devraient sortir d’ici quelques semaines aux Presses universitaires de Rennes. Nous ne manquerons pas de vous en reparler !

Erwan LE GALL