5 questions à ... Bruno Le Roux

Le réalisateur Bruno Le Roux, que certain connaissent peut-être pour avoir vu son film sur l’aérotrain, ce projet censé à la fin des années 1960 révolutionner le transport ferroviaire, continue son exploration des engins extraordinaires mais s’attaque cette fois-ci à une drôle de petite coquille de noix, reconnaissable entre mille : l’Optimist. Nous avons voulu en savoir plus et lui avons posé 5 questions.

Pouvez-vous nous parler de votre projet sur l'Optimist? 

Il s’agit d’un reportage vidéo, d’une quinzaine de minutes, pour la télévision. Ce reportage survole les grandes dates qui ont marquées l’essor de ce bateau, de sa naissance en 1947, jusqu’à aujourd’hui, où il est encore capable de rassembler sur son nom, tous les ans, 500 participants venus des quatre coins de la planète. En 2013, la Coupe internationale d’été s’est déroulée à Crozon, et des enfants de 12 à 15 ans, représentants 14 nations, ont régaté pendant une semaine. 

Le départ en ligne lors de la régate de la Coupe internationale d'été courrue en 2012 à Loctudy. Photo Jakez.

Pouvez-vous nous raconter en quelques mots l'histoire de ce navire?

L’Optimist est un petit dériveur d’initiation créé en 1947 par l’architecte Clark Mills à Clearwater (Floride). Cet américain, mort en décembre 2001, a dessiné ce bateau pour répondre à une commande. Le club de voile de sa commune (Optimist Club de Clearwater), a demandé à Clark, jeune propriétaire d’un petit chantier naval, de concevoir un voilier pour les enfants. Deux contraintes: fabrication simple et faible coût. Pari tenu... Construit initialement en contreplaqué (souvent sous forme de kit par des amateurs), ce bateau fut ensuite introduit en Europe, à la fin des années 60 (probablement au Danemark).

Comment ce navire conçu aux Etats-Unis débarque-t-il en France?

En France, quelques années plus tard, les clubs de voile bretons de Carantec et Douarnenez ont connaissance de l’existence de ce petit bateau. A cette époque, ils ont besoin d’un bateau pas cher, simple, qui se pratique en solitaire (dans les années 60, on apprend sur Caravelle ou sur Vaurien): l’Optimist correspond exactement à leur attente... Les plans circulent, s'échangent et bientôt, l’Optimist devient LE dériveur d'apprentissage que tout le monde adopte, en France et dans de nombreux pays. Homme modeste et généreux, Clark Mills ne recevra jamais le moindre dollar sur ce plan, pourtant le plus diffusé au monde…

L'image classique associée à l'Optimist: l'école de voile. Wikicommons / Sir James.

Chacun ou presque, sans même être féru de voile ou de sports nautiques, connait l'Optimist. Est-ce que cela n'en fait pas un navire un petit peu à part?

Ce dériveur est unique de part sa conception (forme de la voile, pas d’étrave) et par ses qualités pédagogiques: il permet à des enfants débutants de commencer à naviguer sans risque, tout en prenant du plaisir. Il est unique par sa longévité et par le nombre de bateaux fabriqués : environ 500 000 unités à ce jour ! Il reste encore aujourd’hui le dériveur le plus utilisé dans les écoles de voile.

Quel est votre histoire personnelle avec l'Optimist? 

Je n’ai jamais été pratiquant d’Optimist mais enfant, j’ai fait de la voile. Comme le Vaurien ou le 420, l’Optimist fait incontestablement partie du patrimoine maritime. C’est un bateau réellement exceptionnel, dont l’histoire est finalement peu connue. D’où mon envie de la raconter...