Actualités de l'histoire

L’actualité de l’histoire contemporaine en Bretagne est marquée cette semaine par le grand lancement des commémorations du 70e anniversaire des combats de Saint-Marcel, évènement incontournable de l’année 1944. Entre le 6 et le 18 juin, environ 220 parachutistes du Special Air Service sont largués dans les environs de Saint-Marcel et arment, en quelques jours, plusieurs milliers de maquisards FFI, ce qui, bien entendu, ne manque pas de susciter la curiosité des Allemands. Grâce à ces opérations aéroportées, la résistance morbihannaise franchit une nouvelle étape dans son développement.

Au matin du 18 juin 1944, le maquis, qui regroupe plus de 2 000 hommes, est attaqué. C’est le prélude d’une terrible journée se soldant par la mort d’une trentaine de Français mais également de 300 Allemands. C'est aussi le signal de départ d’une sanglante répression comme en témoigne par exemple le massacre de Kerihuel, en Plumelec. Le village de Saint-Marcel est d’ailleurs reconnu « commune martyre » par le Général de Gaulle, et reçoit la Croix de Guerre avec palmes. Certes, du point de vue militaire, le bilan de l’action des parachutistes est nuancé dans la mesure où les troupes allemandes parviennent à rejoindre le front de Normandie, évidemment crucial pour les Alliés. Mais les liens avec la population civile sont tels qu’ils témoignent de l’immense espoir suscité par ces opérations et annoncent les joies du mois d’août 1944, début de la Libération de la Bretagne et du retour à la République.

Le logo officiel des comméorations du 70e anniversaire des combats de Saint-Marcel.

70 ans plus tard, du 20 au 22 juin 2014, sur les lieux mêmes des évènements, l’Association des Familles des Parachutistes SAS de la France libre, en charge de cet anniversaire et en partenariat avec les communes de Saint-Marcel, Malestroit, Sérent et Bohal, organise trois jours de manifestations familiales, festives et culturelles. Au menu, outre les incontournables cérémonies patriotiques, on annonce des évènements aussi divers que reconstitutions historiques, défilés, conventions philatéliques, salon du livre, conférences multiples, bal d’époque, concerts, son et lumière… Bref, une programmation éclectique destinée à ravir dans une ambiance conviviale et fraternelle tous les publics, des plus novices aux plus pointus en passant, bien entendu, par les scolaires, qui seront présents en masse sur le site conformément aux accords passés avec l’Education nationale.

Ces trois jours de commémoration du 70e anniversaire des combats de Saint-Marcel s’annoncent dès aujourd’hui incontournables puisque, bien entendu, tout sera fait pour rappeler ce moment essentiel de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en Bretagne. Mais, plus encore, ces trois journées témoignent de la volonté de quelques personnes de redynamiser le souvenir du maquis de Saint-Marcel, trop longtemps sclérosé dans le marigot d’un Musée de la Résistance bretonne endormi depuis des lustres. Le programme est en effet extrêmement ambitieux et comportera de quoi ravir les quelques 30 000 visiteurs attendus ainsi que les plus hautes autorités de l’Etat, dépêchées sur place pour l’occasion (on annonce la venue du Ministre de la Défense mais il se murmure également que le Président de la République pourrait être au rendez-vous).

Visuel de l'affiche créé à l'occasion du 70e anniversaire des combats de Saint-Marcel.

Pour se convaincre de l’ampleur de ces manifestations commémorant le 70e anniversaire des combats de Saint-Marcel, il suffit de se rapporter à quelques chiffres particulièrement évocateurs : 600 bénévoles, des dizaines de véhicules d’époque, des parachutages, un budget de 150 000,00 Euros… L’objectif est donc de raviver la flamme du Souvenir et, par la même occasion, de confirmer le renouveau du Musée de la Résistance bretonne, une institution essentielle dans le paysage culturel breton mais dont l’avenir reste encore bien fragile. C’est pourquoi le slogan choisi pour ce 70e anniversaire nous semble particulièrement judicieux : « Devenez acteur de l’histoire ». Plus que jamais, c’est sur les bases du passé qu’en ce week-end de juin 2014 se forgera l’avenir.

Erwan LE GALL