Actualités de l'histoire

L’actualité de l’histoire contemporaine en Bretagne débute cette semaine avec un ambitieux projet développé autour du plan-relief du port de Nantes, véritable chef d’œuvre réalisé en 1899 par Pierre-Auguste Duchesne. Au départ il y a la volonté, assez classique, du Musée d’histoire du Château des Ducs de Bretagne à Nantes de valoriser une pièce importante de leurs collections. Mais à l’arrivée, par le truchement d’une démarche plurielle et interdisciplinaire, il y a une véritable aventure intellectuelle mêlant avancées scientifiques, réflexions muséographiques et partages avec le plus grand public afin de mieux comprendre à partir de cette maquette ce qu’est la vie à Nantes en 1900. Bref, il y a là une manière originale et audacieuse de revisiter les sources, démarche qui est la base d’une pratique novatrice de l’histoire.

C’est également cette volonté de réinvestir un type particulier d’archive qui a contribué à l’organisation d’une journée d’études, le 12 novembre prochain à Rennes, manifestation consacrée à la photographie de guerre non par des opérateurs spécialisés mais par de simples soldats.

Longtemps suspecte, l’image en tant que source pour dire l’histoire ne s’est imposée qu’assez récemment dans les esprits et les habitudes. Si l’on sait que le travail des opérateurs de la Société cinématographique et photographiques des armées répond à des impératifs quasi militaires tant celui-ci conduit à la production d’outils au service de la « guerre des images »1, le cadre de la photographie privée de guerre est moins clairement défini par l’historiographie.

Or, c’est un des effets bénéfiques du prochain centenaire que de faire ressurgir de nombreux albums photographiques, objets confiés par les familles aux services d’archives compétents. Il apparait dès lors d’autant plus nécessaire de réfléchir à ces nouvelles sources que la Première Guerre mondiale marque assurément un tournant dans l’histoire de la photographie des conflits. En effet, pour la première fois, grâce à la diffusion d’appareils tels que le célèbre vest-pocket, de simples soldats de 2e classe fixent sur pellicule ou plaque de verre leur propre expérience combattante.

L'une des scènes de ce film amène à s'interroger sur cette pratique singulière qu'est la photographie privée de guerre.

C’est précisément parce que cette pratique parait aujourd’hui assez naturelle qu’il est intéressant de l’interroger sur le temps long et de s’essayer à une histoire du temps très présent. L’excellent Zero dark thirty, film très réaliste qui raconte la traque de Ben Laden par les Etats-Unis, montre justement comment l’un des Navy Seal faisant partie du commando chargé d’éliminer le chef terroriste photographie, grâce à un smartphone, la dépouille de l’homme responsable des attentats du 11 septembre. Une scène très intéressante du point de vue anthropologique qui renvoie directement au sujet de la communication qu’assurera Philippe Chapleau lors de cette journée d’études : Des smartphones sur le champ de bataille: temoignages sur le vif! temoignages objectifs?

Il s’agit donc d’une manifestation