Actualités de l'histoire

Comment ne pas évoquer dans les Actualités de cette semaine l’évènement de l’automne, la manifestation qui chaque année réunit sur les bords de la Loire tous les passionnés, qu’ils soient professionnels ou non, d’histoire ? Comment ne pas mentionner ces Rendez-vous blésois qui débuteront à coup sûr dans une ambiance électrique du fait d’une polémique estivale autour de l’invitation lancée à un intellectuel, Marcel Gauchet, dont les positions ont été jugées incompatibles avec la thématique de cette année, à savoir les rebelles ?

Bien entendu, ce ne sont pas ces échanges aigres-doux qui nous intéressent mais on nous permettra néanmoins, hors de tout discours politique, de souligner combien cette controverse parait témoigner de l’environnement culturel qui semble à l’heure actuelle caractériser les rebelles.  Car c’est sur la base de positions jugées trop conservatrices qu’est née la polémique, Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie considérant qu’elles étaient de facto incompatibles avec l’idée de rébellion. Dans ce cadre, être un rebelle serait presqu’un brevet d’honorabilité, au même titre qu’une Légion d’honneur ou les palmes académiques, un label positif dont la figure intellectuelle – nécessairement éclairée – pourrait s’enorgueillir à condition de bien penser, en l’occurrence de manière progressiste. Et c’est à la lecture de ce dernier mot, renvoyant par définition à une notion relative, que le malaise surgit. Encore une fois, il ne s’agit pas pour nous de rentrer dans un débat politique dont, pour parler franchement, nous ne maîtrisons certainement pas tous les tenants et les aboutissants, mais on conviendra que cette conception à sens unique n’est pas sans étonner et qu’elle paraît même un peu bancale. Et qui illustre mieux cette pluralité de la rébellion que le grand témoin de cette 17e édition des Rendez-vous, à savoir Daniel Cordier, l’ancien Camelot du Roi devenu secrétaire de Rex ?

Un programme extrêmement riche.

On voit donc que la définition même de ce terme de rebelle est à elle seule une magnifique question d’histoire, ce dont rend parfaitement compte le touffu programme blésois. Entres autres réjouissances, mentionnons l’atelier de Frédérique Neau-Dufour sur Charles de Gaulle (que l’on pourra poursuivre avantageusement en écoutant Jean-François Muracciole à propos des Français libres), la table-ronde sur la résistance à l’impôt où celle sur les écrits de prison de Jean Zay ainsi que la conférence de Christine Bard sur le féminisme. Bref, autant de thèmes qui nous démontrent, s’il était besoin, la complexité de la notion de rébellion, ce d’autant plus qu’elle est nécessairement datée puisque ce qui peut paraître très rebelle à un moment peut sembler l’être beaucoup moins quelques années plus tard. Il en est ainsi par exemple de Jules Ferry qui sera l’objet d’une conférence de Mona Ozouf, grande spécialiste – bretonne – de l’histoire de l’éducation. De même, il serait impossible de parler de rébellion sans avoir à l’esprit un certain nombre d’ouvrages ou de figures tutélaires et on accordera à ce titre une attention toute particulière à la conférence donnée par Rémy Cazals sur Louis Barthas le jeudi 9 ainsi qu’à celle prodiguée le lendemain par Anne-Sophie Lambert et Sophie Pascal sur le thème « les femmes françaises pendant la Grande Guerre : rébellion ou soumission ? ».

Encore une fois, le programme de cette 17e édition des Rendez-Vous de l’histoire de Blois est tellement riche qu’il en devient presque frustrant : comment en si peu de temps assister à toutes ces conférences, tables-rondes et autres colloques qui semblent si passionnants ? D’autant plus qu’il est impossible de ne pas déambuler dans l’immense salon du livre dont chaque mètre est une invitation à dégarnir son portefeuille ! Bref, en un mot comme en mille, et on nous excusera cette prise de position qui pour le coup ne parait pas très rebelle, ces 17e Rendez-vous de l’histoire de Blois semblent encore une fois partir sur les chapeaux de roues !

Erwan LE GALL