Sur les traces du major Houts à Brest, le 14 juin

Les documentaires traitant de l’histoire du corps expéditionnaire américain envoyé en France, par la Bretagne faut-il le rappeler, pendant la Première Guerre mondiale ne sont pas excessivement nombreux. Autant dire qu’on n’hésitera pas à se rendre le 14 juin à Brest, au Musée national de la Marine, pour assister à 18h30 (en complément de la passionnante exposition Razzle Dazzle consacrée au camouflage des bateaux de guerre pendant la Grande Guerre) à la projection de Goodbye Cleveland, Hello France réalisé par Claude Humbert.

Carte postale. Collection particulière.

Labellisé par la mission du centenaire et ayant puisé notamment dans les très riches collections de la cinémathèque de Bretagne, le film suit le parcours de Samuel Houts parti donc de l’Ohio pour combattre en France pendant la Grande Guerre. Sans être d’une grande originalité, la trame narrative se révèle d’une belle efficacité puisque, membre de la garde nationale, le personnage principal du film permet d’illustrer de manière très pédagogique l’histoire de l’armée américaine au début du XXe siècle, de la guerre hispano-américaine de 1898 à la Grande Guerre bien entendu mais aussi en passant par l’affaire mexicaine de 1916. Bref, à l’instar de ce que rappelait récemment Michaël Bourlet dans un petit volume fort bien documenté1, les Etats-Unis qui entrent en guerre en 1917 sont très loin d’être la puissance militaire que l’on connait aujourd’hui.

Réalisé en 2017, ce film est donc solide du point de vue historiographique même si les esprits chagrins pourront toujours formuler ci et là quelques critiques. Ainsi, à la suite notamment de la belle synthèse publiée l’année dernière par Hélène Harter, on ne parle plus de neutralité américaine mais de non-belligérance, terme qui prend en compte la réalité des balances commerciales et du crédit2. De même, il aurait sans doute été possible de détailler un peu plus la question de l’amalgame, notamment en ce qui concerne les soldats de couleur.

Mais il ne s’agit en fait que de questions de détail tant le film est éminemment stimulant. Car si le major Samuel Houts est le personnage principal du documentaire, la pellicule place le spectateur dans un aller et retour permanent entre 1917 et 2017. Ce faisant, c’est bien la question de la mémoire qui surgit avec force, notamment lorsqu’on connaît l’oubli relatif qui entoure la Grande Guerre aux Etats-Unis, conflit écrasé par l’ombre portée de la Seconde Guerre mondiale3.

Erwan LE GALL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 BOURLET, Michaël, L’Armée américaine dans la Grande Guerre 1917-1919, Rennes, Editions Ouest-France, 2017.

2 HARTER, Hélène, Les Etats-Unis dans la Grande Guerre, Paris, Tallandier, 2017.

3 Sur la question on se rapportera notamment à CABANES, Bruno, Les Américains dans la Grande Guerre, Paris, Gallimard, 2017 qui consacre à ce propos quelques remarquables pages.