16 octobre 1982: L’inauguration du centre-ville de Rennes

Aujourd’hui, quiconque se promène à Rennes apprécie les vastes rues piétonnes où l’on peut déambuler tranquillement, en se focalisant sur l’architecture des bâtiments sans craindre d’être percuté d’un moment à un autre par une automobile.

Pourtant, un simple détour dans les archives nous rappelle combien cette situation si agréable est au final assez récente. Alors que l’été il n’est pas rare de voir des personnes s’assoupir dans des transats sur la place de la Mairie, celle-ci n’est, dans les années 1970, qu’un gigantesque parking à voiture. Le théâtre fait face à une enfilade quasi ininterrompue de 4L, DS et autres 2CV transpercée en son milieu par deux arrêts de bus ! Il en est de même pour la place de la République, le cours des Alliés ou encore la place de la gare, livrés à l’automobile reine

La place de la Mairie à la fin des années 1950: un gigantesque parking. WikiRennes.

Il est vrai que depuis 1961, la commune de Chartres-de-Bretagne, au sud de l’agglomération rennaise, abrite une grande usine des automobiles Citroën. Inaugurée par le général De Gaulle, elle produit entre autres les fameuses Ami 6 et 8 et emploie plusieurs milliers d’ouvriers. On comprend dès lors la véritable levée de boucliers que doit affronter l’équipe d’Edmond Hervé, alors tout juste élu, lorsque celui-ci annonce vouloir rendre le centre-ville aux piétons. Particulièrement mobilisés, les commerçants s’insurgent, craignant pour leur chiffre d’affaire, et organisent des opérations « ville-morte ». Pourtant, il n’est pas certain que ceux-ci apprécieraient aujourd’hui un retour de la voiture dans le centre-ville mais cela est un autre problème !

En attendant, le Maire et son équipe tiennent bon et le nouveau centre piétonnier est inauguré en fanfare en 1982. C’est ce que montre ce reportage de FR 3 Bretagne, document qui aujourd’hui n’est pas sans provoquer certains sourires, eu égard à l’esthétique de l’époque (l’effet kaléidoscope !). Mais, là encore, cela est un autre problème !

Rétrospectivement, il n’est sans doute pas exagéré de placer cette date du 16 octobre 1982 à l’égal du grand incendie de 1720. Toutes deux ont en effet en commun de forger durablement le centre-ville de Rennes et de plonger le chef-lieu du département d’Ille-et-Vilaine dans une nouvelle période. Avec le plan de Jacques Gabriel, Rennes entre dans l’ère moderne et tourne définitivement le dos à son passé médiéval.  Avec  1982, c’est d’un nouvel urbanisme qu’il s’agit, construit non plus autour de l’automobile mais du piéton et des transports collectifs. Les chocs pétrolier puis l’écologie passeront par là…

Erwan LE GALL