Brindejonc est de retour!

Il y a tout juste un siècle, le 3 juillet 1913, L’Ouest-Eclair titrait fièrement « Brindejonc est de retour ». Derrière cette annonce aujourd’hui bien énigmatique se cache en réalité  le récit du dernier exploit en date de l’un des plus grands aviateurs bretons : Marcel-Georges Brindejonc des Moulinais.

Né à Plérin, commune limitrophe de Saint-Brieuc, en 1892, Brindejonc effectue ses études au collège de Saint-Servan. Mais c’est lors des années 1909-1910 que ce jeune homme découvre sa vocation : l’aviation. A l’époque les pilotes sont de véritables vedettes adulées par le public et c’est justement en voyant voler le célèbre Roland Garros que le jeune homme décide d’obtenir son brevet, chose faite en mars 1911.

Marcel-Georges Brindejonc des Moulinais en une de L'Ouest-Eclair du 3 juillet 1913. Archives Ouest-France.

Montrant manifestement certaines prédispositions, sa renommée devient vite importante, notamment à la suite d’un duel qui l’oppose à Roland Garros lors de la course Angers-Cholet-Saumur. L’heure est alors à la compétition aéronautique et aux pionniers qui, sans cesse, repoussent les limites et établissent de nouveaux records. C’est ce que relate parfaitement cet article de l’Ouest-Eclair puisque le grand quotidien rennais s’enthousiasme pour le périple de l’aviateur qui rallie de Paris des villes aussi lointaines que Varsovie, Stockholm, Copenhague et même Saint-Pétersbourg. Un trajet qui parait aujourd’hui bien anodin tant le transport aérien est ancré dans nos mœurs mais qui, lorsque l’on connait les conditions de vol de l’époque, tient bien de la prouesse. L’Ouest-Eclair ne s’y trompe d’ailleurs pas en affirmant ce jour-là que la « randonnée aérienne » de Marcel Brindejonc des Moulinais « constitue l’exploit le plus magnifique réalisé jusqu’à ce jour dans le domaine de la locomotion nouvelle ».

La performance est d’autant plus sensationnelle que le jeune homme n’est pas encore majeur et que ce n’est que l’année d’après qu’il effectue son service militaire. On comprend dès lors mieux pourquoi on lui décerne la croix de chevalier de la Légion d’honneur le 28 août 1913.

Marcel-Georges Brindejonc des Moulinais dans son cockpit, sans date. Library of Congress, LC-DIG-ggbain-13495.

Affecté tout naturellement au 1er groupe aéronautique, la mobilisation générale le trouve sous les drapeaux, ce qui ne l’empêche pas de bientôt s’illustrer, notamment lors de la bataille de la Marne. C’est en effet par trois fois qu’il signale l’existence d’un trou entre les armées allemandes mais l’aéronautique relevant encore pour beaucoup plus du domaine du sport que de l’intérêt militaire, il peine à se faire entendre.

Plus que tout cette anecdote dit bien les difficultés auxquelles sont confrontés ces pionniers de l’aviation, difficultés techniques mais aussi – et peut-être même surtout – culturelles. Pour ceux que cette question passionne, on ne peut que conseiller l’étude désormais classique de T. Le Roy sur Les Bretons et l’aéronautique des origines à 1939.

Erwan LE GALL