Victor Robic, député-peintre du Morbihan

Victor Robic est une figure de la vie politique morbihannaise du début du XXe siècle. Pourtant, le Breton n’est pas nécessairement connu du grand public pour son implication au Palais Bourbon. Son nom reste peut-être davantage associé au monde de l’art. Peintre reconnu, il est en effet l’instigateur d’une collection de tableaux qui jettera les bases du musée du Faouët.

Une cour de ferme au Faouët, aquarelle de Victor Robic (détail). Collection particulière / Wikicommons.

Victor Robic naît le 12 avril 1875 à Bain-de-Bretagne. Elève brillant, il quitte la péninsule armoricaine pour rejoindre les bancs de la faculté de droit à Paris. Le jeune homme profite alors de son séjour parisien pour fréquenter la réputée académie Julian et assouvir, par la même occasion, sa passion pour la peinture. Mais le Breton ne se disperse par pour autant et, en 1900, il devient enfin avocat à la Cour d’Appel de Paris1. Après deux ans d’exercice, il décide toutefois de se rapprocher du Faouët – d’où sa famille est originaire – en s’inscrivant au barreau de Lorient2.

Son retour en Bretagne lui permet de se consacrer à son autre passion : la politique. En 1904, alors qu’il n’a que 29 ans, il parvient à récupérer le siège de conseiller général laissé vacant par son oncle Alfred Cadoret3. De tendance conservatrice, Victor Robic affirme cependant ne pas être royaliste, comme le prétendent ses adversaires, mais bien un républicain qui entend concilier les intérêts de l’Etat et ceux de l’Eglise. Huit ans plus tard, sa carrière s’accélère : il conquiert la mairie du Faouët en 1912 puis devient député en 1914, pour sa première candidature.

Malgré ses nombreuses occupations politiques et professionnelles, Victor Robic n’en demeure pas moins toujours sensible à l’art. Fraichement arrivé à la mairie du Faouët, il lance le projet de réaliser une collection municipale d’œuvres d’art. Pour se faire, il sollicite les artistes qui ont l’habitude de séjourner dans la petite commune pittoresque du Morbihan, pour qu’ils offrent une de leurs toiles à la mairie. David-Nillet, Arthur Midy, Fernand Legout-Gérard, Charles Rivière ou encore Gabriel de Cool se prêtent au jeu. Ayant réuni une trentaine d’œuvres en l’espace d’un an, Victor Robic décide de les exposer à l’occasion des festivités du 14 juillet 19144. Il jette alors les bases de ce qui deviendra plus tard, le musée du Faouët.

Les Roches du diable, aquarelle de Victor Robic (détail). Collection particulière / Wikicommons.

Victor Robic quitte progressivement la politique au sortir de la Grande Guerre. En 1919, il abandonne son siège à la mairie du Faouët puis, en 1928, il quitte les bancs du Palais Bourbon. Comme lors de sa période parisienne, il décide alors de se consacrer au droit et à la peinture. Il meurt subitement le 2 juillet 1941, au Faouët.

Yves-Marie EVANNO

 

 

 

 

1 « Les obsèques de M. Robic au Faouët », L’Ouest républicain, 10 juillet 1941, p. 3.

2 « L’élection du Faouët », L’Arvor, 13 mars 1904, p. 3.

3 « Election du Conseil général », L’Arvor, 4 mars 1904, p. 3.

4 « Splendides fêtes du 14 juillet », L’Indépendance républicaine, 19 juillet 1914, p. 3.