Une encyclopédie pour une histoire nouvelle de l’Europe

Avec ses quinze ans d’existence et ses 1,7 millions d’articles francophones, Wikipedia s’est – définitivement ? – imposé comme l’incontournable encyclopédie en ligne. Pourtant, cela n’empêche pas de voir éclore d’autres projets. C’est ainsi que le LabEx EHNE a mis en ligne le 11 janvier 2016 une Encyclopédie pour une histoire nouvelle de l’Europe. Ce « laboratoire d’excellence » rassemble plusieurs laboratoires de recherche d’universités parisiennes, ainsi que de l’université de Nantes. Toutefois, à la différence de Wikipedia qui se veut modifiable par tout un chacun ; cette nouvelle encyclopédie historique donne des gages de qualité avec un comité de rédaction composé d’universitaires et en proposant des articles rédigés – à ce jour – par près de 80 historiens, dont notre ami Erwan Le Gall.

Une présentation claire et efficace.

D’après ses concepteurs, cette nouvelle encyclopédie se donne pour ambition de proposer « des approches transversales de l’histoire européenne du genre, des guerres, de l’art, des circulations et des réseaux, des grandes idéologies et débats politiques », avec le souci de s’adresser à un public le plus large possible. Notons qu’il nous est proposé une version anglophone, ce qui montre la volonté de faire de ce projet un moyen de valoriser la recherche française dans le concert européen de l’historiographie de la construction européenne et des relations internationales.

L’interface du site internet est claire et simple d’utilisation. Vous pourrez trouver deux types de classement des notices rédigées : soit sous la forme d’une liste alphabétique, soit selon les axes de recherches du LabEx EHNE (civilisation matérielle, épistémologie du politique, humanisme européen, l’Europe, les Européens et le monde, guerres et traces de guerre, histoire genrée, l’art en Europe). Ce dernier classement a pour net avantage de donner une vision beaucoup plus éditorialisée de l’encyclopédie.

Quant aux notices en elles-mêmes, ce même souci de clarté du propos est à noter. L’iconographie et la vidéo – grâce à des archives de l’INA – tiennent également une place de choix. Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet abordé dans une notice, des renvois vers d’autres articles de l’encyclopédie sont proposés, ainsi que la bibliographie essentielle. Chose pratique pour ceux qui souhaitent utiliser une notice dans un article scientifique ou un mémoire de master, la référence bibliographique de l'article nous est donnée. La variété des sujets est aussi à souligner. Vous pourrez ainsi passer de l’automobilisme et les victoires nationales à Bismarck et l’Europe, en passant par la prostitution, le Mur de Berlin, la virilité à l’épreuve des guerres, ou bien l’usage et les mémoires de l’utilisation des barbelés en temps de guerre.

Cette encyclopédie naissante proposera également, dans quelques temps, un libre accès aux collections du « fonds Colbert ». Celui-ci, issu des réserves du lycée parisien du même nom, regroupe plus de 1 800 plaques de verres qui « donnent à voir une représentation française [de l’Europe et] du monde de la Belle Époque ».

Une grande sélection de vidéos.

Au sein de l’équipe d’En Envor, nous qui essayons – modestement – de faire connaître à un large public l’histoire de la Bretagne, nous ne pouvons qu’applaudir un tel projet d’encyclopédie européenne. D’autant plus que cette échelle continentale est au cœur des enjeux de la géopolitique mondiale actuelle, alors même que le projet européen de l’après-guerre n’a jamais semblé aussi fragile. Faire comprendre ce qu’est l’Europe et son histoire est donc un projet ambitieux aussi qu'essentiel. En outre, dans un jeu d’échelles entre histoire régionale et continentale, gageons que l’histoire de la Bretagne réussira à se faire une place dans les prochains sujets d’articles !

Thomas PERRONO