Il y a cent ans : le 25 décembre 1915, Voici la Noël…

C’est par dizaine que l’on compte les chants ou poèmes, pas tous du meilleur goût d’ailleurs, du « barde aux armées » qu’est Théodore Botrel. Le recensement précis de ses « œuvres de guerre » reste d’ailleurs difficile, dispersées qu’elles sont dans de multiples publications nationales ou régionales, mais aussi locales, parfois presque confidentielles. Au-delà de la fameuse Rosalie, des versions « remixées » de La Paimpolaise, mises au goût du jour guerrier, l’on trouve des compositions de circonstances, liées à une visite à une unité sur le front, à une action précise, à un moment particulier. Ainsi en va-t-il en décembre 1915, pour le second Noël de guerre, avec ce chant publié dans Le Nouvelliste du Morbihan du 25 décembre 1915, qui reprend certaines des grandes thématiques patriotiques chères à l’engagé volontaire du 41e RI de Rennes.

Yann LAGADEC

 

Carte postale. Collection particulière.

 

Voici la Noël
(Théodore Botrel)

 

Voici la Noël !... Hélas ! cette année (bis)
Tu ne feras pas la « réveillonnée » !

Va, mon homme, va,
La France est blessée ;
Va, mon homme, va,
Tu la vengeras

Tu n’entendras pas les carillonnées (bis)
De nos vieux clochers aux tours dentelées
Va, mon homme, va…

Tu ne verras pas la ribambelle (bis)
Des petits sabots dans l’âtre alignée,
Va, mon homme, va…

Où la feras-tu la sainte Veillée (bis)
Dans le fond d’u bois ? ou dans la tranchée ?
Va, mon homme, va…

Mais que cette nuit, par moi, soit passée (bis)
De garde avec toi… du moins en pensée !
Va, mon homme, va…

N’ai-je pas l’Amour qui m’a cuirassée ? (bis)
La prière qui vaut une épée ?
Va, mon homme, va…

Or, de tous les cœurs, en cette nuitée, (bis)
La même prière au Ciel est montée :
Va, mon homme, va…

Jésus, que la paix nous soit redonnée (bis)
Par la douce Loi dans la Crèche née.
Va, mon homme, va…

Noël ! Fais pleuvoir du haut des nuées (bis)
Des brins d’olivier dans nos maisonnées !...

            Va, mon homme, va…
La France vengée,
Tu me reviendras !

            Va, mon homme, va…