Un grand poète : Max Jacob

Lorsque vient le moment de dresser la liste des plus grands écrivains de la Bretagne contemporaine, le premier nom à venir en tête est sans doute, spontanément, celui de Pierre-Jakez Hélias. Puis très vite, en seconde position dans le peloton de tête, arrive celui de Max Jacob.

D’origine juive allemande, Max Jacob nait à Quimper le 12 juillet 1876  d’un père engagé volontaire dans les mobiles bretons pendant la guerre de 1870. Mais, très rapidement, le jeune homme témoigne d’une vive foi catholique et se fait d’ailleurs baptiser le 6 février 1915. Son parrain ? Un certain Pablo Picasso…

Elève brillant, Max Jacob décide en effet d’opter pour une carrière artistique après une tentative avortée, pour raisons de santé, dans l’administration coloniale. Bien que très attaché aux rives de l’Odet, il part s’installer au début des années 1900 à Paris et, rapidement, s’insère dans l’intense vie artistique de la butte Montmartre, côtoyant pêle-mêle Apollinaire, Utrillo, Pierre Mac Orlan, Modigliani, Vlaminck, Braque, Duffy… C’est à ce moment que, suite à une vision, Max Jacob se convertit au catholicisme.

De gauche à droite: Amedeo Modigliani, Max Jacob, Andre Salmon et Ortiz de Zarate à Paris, dans le quartier de Montparnasse, en 1916. Photographie prise par Jean Cocteau. Wikicommons.

Commençant à publier, et à obtenir un certain succès comme avec Le Cornet à dés, Max Jacob échappe aux tranchées de la Grande Guerre du fait de son état de santé, au contraire de son ami Apollinaire, mort en novembre 1918, deux jours avant la signature de l’Armistice. Les années 1920 voient la poursuite de sa carrière et la fréquentation de talents tels que Jean Cocteau, Louis Guilloux, Raymond Radiguet, Louis Aragon, Coco Chane... Retiré à Saint-Benoit-sur-Loire, dans le Loiret, il débute une période particulièrement intense et diversifiée sur le plan de la production artistique, mêlant recueils en vers, romans, contes, livret d’opéra… une œuvre où le souvenir de la Bretagne n’est jamais loin, comme dans Morven le Gaélique, un de ses plus célèbres poèmes. D’ailleurs, multipliant les séjours à Quimper, il se lie d’amitié avec le sous-préfet de Châteaulin, homme lui aussi épris d’art : un certain Jean Moulin…

1928 marque un nouveau tournant dans sa vie avec un retour, temporaire, à Paris. Max Jacob se tourne de plus en plus vers la peinture et fréquente des personnalités telles que Christian Dior. C’est aussi le moment d’une certaine reconnaissance puisqu’il se voit décerner, en mars 1933, la Légion d’honneur.

Pourtant, la fin des années 1930 marque l’entrée dans l’une des périodes les plus sombres de la vie de Max Jacob qui, en 1937, perd sa mère, à qui il était extrêmement attaché. Mais c’est bien la Seconde Guerre mondiale qui bouleverse complètement son existence.

Max Jacob en 1934. Wikicommons.

Homosexuel, juif, de surcroît placé sur la liste Otto des ouvrages interdits par les autorités allemandes, Max Jacob vit reclus à Saint-Benoît-sur-Loire jusqu’à son arrestation en février 1944, puis son internement à Drancy. Autant d’épreuves qui, à l’âge de 68 ans, de plus pour une personne à la santé précaire, sont très difficiles à endurer. Max Jacob décède d'ailleurs bientôt, dans la nuit du 5 au 6 mars 1944, trois mois seulement avant le débarquement de Normandie.

Sans doute trop méconnu du grand public, Max Jacob n’en reste pas moins encore présent dans l’espace public. En 1960, le ministère des Anciens combattants le déclare mort pour la France tandis qu’un prix de poésie, fondé 10 ans auparavant, porte son nom. De même, sa ville natale, baptise en son honneur le théâtre municipal en 1989 tandis que depuis février 2013, à Quimper, sont organisés les Rendez-vous de Max, rencontres mensuelles de poésie.

Erwan LE GALL

 

Pour découvrir l'oeuvre et la vie de Max Jacob, on ne peut que conseiller à nos lecteurs de se rendre sur le site de l'association Les amis de Max Jacob.