Il peut paraître étrange de publier en ligne un dictionnaire des officiers du 47^e régiment d’infanterie de Saint-Malo pendant la Première Guerre mondiale. Pourtant, un certain nombre d’arguments plaident en ce sens.

Tout d’abord en ce qui concerne le choix d’une unité en particulier. Les dimensions de l’armée française de 1914 sont telles – pour mémoire un corps d’armée regroupe 50 000 hommes – qu’elles rendent quasiment impossible tout traitement statistique global. Dès lors, l’historien étant contraint à une démarche indiciaire, le régiment se révèle être un objet d’étude d’autant plus passionnant que la monographie d’unité est un genre prometteur, pour peu qu’on la soumette à de nouvelles interrogations et que l’on dépasse les fascicules publiés à l’aube des années 1920¹.

De même, le choix d’un dictionnaire strictement consacré aux officiers peut surprendre tant l’historiographie de la Première Guerre mondiale s’attache aujourd’hui à percevoir la réalité du conflit au ras du sol. Pourtant, du fait de la position très subalterne de l’échelon régimentaire au sein de l’organisation pyramidale qu’est l’Armée française de la Première Guerre mondiale², les officiers subalternes et supérieurs du 47^e régiment d’infanterie doivent eux aussi, pour l’essentiel, faire face aux bombardements, à la crasse, aux marches épuisantes de l’été 1914, à l’hygiène déplorable des tranchées. Antoine Prost ne dit pas autre chose lorsqu’il invite à s’intéresser à ces hommes « qui encadraient les poilus, vivaient et mourraient avec eux », ajoutant que eux aussi « ont tenu »³. Autrement dit, non seulement leur guerre n’est en rien comparable à celle d’officiers d’état-major ou d’officiers généraux mais, de surcroît, leurs notices biographiques laissent entrevoir un recrutement social bien plus diversifié que ce que le suppose les clichés encore trop souvent en vigueur.

C’est donc d’une recherche complexe qu’il s’agit ici, puisque l’objet régiment d’infanterie permet des approches opérationnelles, culturelles, sociales, quantitatives… à des années lumières de l’image ringarde encore trop souvent accolée à l’histoire militaire. Et c’est aussi cela qui justifiait la mise en ligne de ce dictionnaire : donner à voir une recherche en train de se faire pour au final rendre plus intelligible la démarche de l’historien.

Ce dictionnaire biographique des officiers du 47^e régiment d’infanterie est donc une ébauche, concernant pour l’heure essentiellement les officiers servant au sein du 47^e régiment d’infanterie entre août 1914 et juillet 1915, constituée de surcroît sans recours aux dossiers individuels de carrière conservés par le Service historique de la Défense⁴. Aussi celle-ci ne saurait être tenue pour définitive. Cette base de données est appelée à évoluer et nous vous invitons à vous tenir au courant via les comptes twitter et facebook d’En Envor des mises à jours qui seront régulièrement opérées.

Evolutif, ce dictionnaire souhaite également être participatif et, pour cela, nous comptons sur votre contribution. Votre aïeul a servi au 47^e régiment d’infanterie ? Vous possédez des renseignements sur son parcours et/ou conservez des archives le concernant ? N’hésitez pas à nous solliciter et à nous adresser un mail à l’adresse suivante : contact@enenvor.fr Merci d’avance et à bientôt !

Erwan LE GALL

¹ Nous reprenons là les termes de INGRAO, Christian, Les chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, Paris, Tempus, 2009, p. 11.

² Sur cette question, on se permettra de renvoyer à LE GALL, Erwan, Une entrée en guerre. Le 47^e régiment d’infanterie de Saint-Malo au combat (août 1914 – juillet 1915), Talmont-Saint-Hilaire, éditions CODEX, p. 37-52.

³ PROST, Antoine, « Préface », in CHABLAT-BEYLOT, Agnès et SABLON DU CORAIL, Amable, Archives de la Grande Guerre. Guide des sources conservées par le Service historique de la Défense relatives à la Première Guerre mondiale, Vincennes, Service historique de la Défense, 2014, p. 6.

⁴ Pour plus de détails sur cette question on se permettra de renvoyer à LE GALL, Erwan, « De la prosopographie dans le cadre d’une monographie régimentaire : l’exemple du 47^e régiment d’infanterie pendant la Première Guerre mondiale », actes à paraitre du colloque  Des fiches aux fichiers. Les enjeux de la méthode prosopographique : élites politiques et sociales, notables, mondes militants en Bretagne (XVIII^e – XX^e siècles) tenu à Brest les 19 et 20 juin 2014.