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René, Marcial, Marie Saint-Mleux naît le 23 décembre 1890 à Saint-Malo. Il est le fils d’un négociant en vin de 35 ans et d’une femme de 26 ans répertoriée sans profession. Il est le frère du soldat de 2e classe Pierre Saint-Mleux, blessé sous l’uniforme du 47e RI lors de la bataille de Guise et décédant en captivité, et le cousin du sergent Emile Saint-Mleux, mort pour la France lui aussi sous l’uniforme du 47e RI le 25 septembre 1915. Un autre cousin, Henri Saint-Mleux, sert lui au 28e RI.
René Saint-Mleux contracte à la mairie de Saint-Malo en devancement d’appel le 7 octobre 1910 un engagement volontaire de trois ans. Incorporé au 47e régiment d’infanterie le jour même en tant que soldat de 2e classe, il est nommé caporal le 1er octobre 1911 puis sergent le 5 octobre 1912.
René Saint-Mleux passe dans la réserve le 7 octobre 1913 muni de son certificat de bonne conduite et réside avenue Pasteur, à Saint-Malo, en la villa La Houle.
Rappelé à l’activité par la mobilisation générale, René Saint-Mleux arrive au dépôt du 47e RI le 3 août 1914 et quitte Saint-Malo dans la nuit 5 au 6 août 1914. Il est blessé le 5 septembre 1914 pendant la bataille de la Marne, atteint par une balle au poignet.
Après quelques jours de convalescence, René Saint-Mleux revient au dépôt le 22 octobre 1914 puis part pour le front, toujours au 47e régiment d’infanterie, le 24 octobre 1914. C’est le 28 mars 1915 qu’il est promu sous-lieutenant à titre temporaire et est affecté à la 8e compagnie. Lorsque le sergent Olivier Le Guével informe ses parents de cette promotion, il indique que René Saint-Mleux était « proposé depuis cinq mois ».
Dans sa correspondance, Olivier Le Guével fait mention d’une blessure du sous-lieutenant Saint-Mleux lors de l’attaque du Labyrinthe en juin 1915, celle-ci survenant manifestement lors de lancers de pétards à l’en croire, ou de grenade selon la citation sa fiche matricule. Ceci lui vaut une citation à l’ordre du régiment :

« Chargé de creuser une tranchée, par surprise, à la faveur de la nuit, en avant de nos lignes, a conduit cette opération avec bravoure et un sang-froid remarquables, faisant successivement travailler ses hommes sous sa propre direction, restant debout toute la nuit, au milieu d’eux, pour leur donner l’exemple de la hardiesse et de l’endurance, et ne cessant de leur communiquer, de toutes façons le courage qui leur a fait surmonter des difficultés considérables, résultant à la fois du feu de l’ennemi et des conditions climatiques les plus pénibles. »

La Croix de guerre que lui vaut cette citation lui est décernée dans la cour de l’Hôtel-Dieu de Saint-Malo le 1er septembre 1915, des mains du général Grillot commandant la place.
Le sous-lieutenant René Saint-Mleux repart au front le 21 septembre 1915, toujours au 47e régiment d’infanterie, et est évacué 4 jours plus tard, le 25 septembre 1915, lors de l’offensive de Champagne pendant laquelle son cousin, lui aussi au 47e RI, le sergent Emile Saint-Mleux, est mort pour la France.
Grièvement blessé, sa jambe gauche est réduite de 11 centimètres, il est réformé en septembre 1918 et décède le 31 décembre 1934, à Paris.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; Arch. Dép. I&V : 10 NUM 35288 1120 et 1 R 2083.116; Arch. Mun. Saint-Malo : fonds Olivier Le Guével, lettres du 3 avril et du 7 juin 1915; «Remise de décorations », Le Salut, 34e année, n°68, 4-5 septembre 1915, p. 1.

Fils d’un meneur de livres à la Banque de France, Marie, Joseph, Léon Second naît le 7 août 1873 à Toulon, dans le Var. Exerçant tout d’abord la profession de comptable, il
contracte un engagement volontaire de cinq ans le 13 mai 1893. Affecté au 111e régiment d’infanterie (Antibes) comme soldat de 2e classe, il prend régulièrement du grade au sein de cette unité jusqu’à devenir sergent le 6 mai 1896. Admis comme élève-officier à l’Ecole militaire d’infanterie de Saint-Maixent, il est promu sous-lieutenant le 18 mars 1899 et est affecté au 6e bataillon de chasseurs à pied (Nice). C’est au sein de cette unité qu’il devient lieutenant, le 1er avril 1901. Ce n’est qu’en mars 1913 que Marie Segond, tout juste nommé capitaine, est affecté au 47e régiment d’infanterie, après 20 ans de carrière sur la Côte d’Azur, entre Antibes et Nice. Il décède moins de vingt mois plus tard, lors de la bataille de Guise, devant Audigny. Lors de la mobilisation générale, il commande la 11e compagnie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI; BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Dep. Var: 7 E 146-312 et 1 R 789. 803 ;VALARCHE, Edmond, La bataille de Guise, les 28, 29 et 30 août 1914 au Xe Corps d'Armée, Paris, Berger-Levrault, 1929, p. 43.

Lors de la mobilisation générale, cet officier commande la 4e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Il réside à Saint-Malo, villa Surprise. Promu chef de bataillon à titre temporaire le 23 septembre 1914, il est transféré au 41e régiment d’infanterie.
Cet officier survit à la guerre puisqu’il compte parmi ceux interrogés dans les années 20 par Edmond Valarche pour son étude sur la bataille de Guise. Un commandant Sierp du 47e régiment d’infanterie représente le général Passaga commandant le 10e corps d’armée lors de l’inauguration du monument aux morts de Baguer-Morvan. S’agit-il du même homme ? La chose parait peu probable tant elle impliquerait un faible avancement au cours de la campagne. Deux ans plus tard, on retrouve néanmoins un autre commandant Sierp lors de l’inauguration du monument aux morts de Paramé.
Il est à noter qu’en 1938 L’Ouest-Eclair mentionne un « colonel Sierp », renversé par une camionnette en sortant de son domicile de la rue Général Lanrezac. Cette personne est l’ancien commandant du dépôt du 47e régiment d’infanterie à la fin de la guerre. Ce colonel Sierp, dont rien ne nous dit pour l’heure qu’il est celui qui commande en août 1914 la 4/47e RI, décède des suites de cet accident.
L’avis de décès publié dans L’Ouest-Eclair le 1er novembre 1938 nous indique que ce colonel Sierp décède à 68 ans, ce qui le rend compatible avec le capitaine commandant la 4/47e RI. Il est titulaire de la Croix de Guerre et est officier de la Légion d’honneur. Il résidait Villa Jeanne, rue Général Lanrezac. Son fils serait lieutenant de vaisseau.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; VALARCHE, Edmond, La bataille de Guise, les 28, 29 et 30 août 1914 au Xe Corps d'Armée, Paris, Berger-Levrault, 1929, p. 40 ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 183 ; « Inauguration du Monument aux morts », L’Ouest-Eclair, n°7261, 18 octobre 1921, p. 5 ; « Inauguration du Monument aux morts », L’Ouest-Eclair, n°7975, 16 juillet 1923, p. 4 ; « Le colonel Sierp victime d’un accident causé par une camionnette », L’Ouest-Eclair, n°15321, 22 octobre 1938, p. 8 ; « Avis de décès » et « Nécrologie », L’Ouest-Eclair, n°15321, 1er novembre 1938, p. 7 et 9.

François, Henri, Célestin Simon, naît le 5 novembre 1890 à Rennes. Ses parents résident au 90 de la rue Saint-Hélier à Rennes. Au moment de sa naissance, son père âgé de 29 ans exerce la profession de chef de service à l’imprimerie Oberthür tandis que sa mère âgée de 19 ans n’a pas de profession répertoriée. Il est à noter que les témoins venus certifier l’état-civil de l’enfant sur son acte de naissance exercent la profession de typographe et de relieur.
Francis Simon est élève au Lycée de Rennes d’octobre 1903 à juillet 1909.

Portrait de Francis Simon publié dans le Livre d'or du Lycée de Rennes.

Etudiant en droit lors de son passage devant le conseil de révision, il effectue une année de service militaire au 70e régiment d’infanterie à partir du 8 octobre 1912. Ayant été reçu au concours des élèves officiers de réserve en septembre 1913, il est versé dans la réserve et est nommé sous-lieutenant au 47e régiment d’infanterie le 29 mars 1914.
Mobilisé le 2 août 1914, Francis Simon apparait dans un tableau de constitution du 2e bataillon en tant que sous-lieutenant affecté à la 6e compagnie le 26 août 1914, il semble être promu au grade de lieutenant et affecté à la même compagnie à la veille de la bataille de la Marne (mais sa fiche matricule indique qu’il est promu lieutenant de réserve à titre temporaire le 27 mars 1915).
Francis Simon officier est blessé le 6 octobre 1914. Il revient de convalescence à la fin du mois de janvier 1915 et est affecté à la 6e compagnie. Il est tué à l’ennemi le 16 juin 1915.
Le Livre d’or du Lycée de  Rennes indique qu’il est titulaire d’une citation du régiment :

« Chargé d’assurer le ravitaillement de la ligne de feu en explosifs, munitions et en eau et d’y conduire les éléments de soutien, s’est acquitté pendant trois journées consécutives, 7, 8, 9 juin 1915, de sa mission avec un inlassable dévouement, sous un feu de barrage incessant d’une violence inouïe. »

Ce Livre d’Or fait état d’une seconde citation, posthume, attribuée cette fois-ci à l’ordre de la division :

« Le lieutenant de réserve Simon, du 47e régiment d’infanterie, a été tué en enlevant brillamment ses hommes, képi levé, sous un feu extrêmement violent. »

Il est à noter que ces textes ne figurent pas sur la fiche matricule de l’intéressé.
Un secours de 300 francs est accordé à son père, François Simon, le 27 août 1915. Il est à noter que celui-ci est l’influent président du Souvenir français à Rennes.
Francis Simon a un frère prénommé Maurice qui, brigadier au 24e Dragons, est gravement blessé en février 1916.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Dép. I&V. : 1 R 2080.2075; Arch. Mun. Rennes : H 54-4 et 2 E 98 (acte de naissance) ; Livre d’or du Lycée de Rennes, Rennes, Oberthür, 1922, p. 203; « Croix de guerre », Le Salut, 35e année n° 24, 21/22 mars 1916, p. 1. 

Emile, Julien Soyeux naît le 10 mai 1867 à Montloué, dans l’Aisne. Il est le fils d’un cultivateur de 31 ans et d’une ménagère de 30 ans.
Sorti du rang, Emile Soyeux débute sa carrière le 12 novembre 1888 comme soldat de 2e classe au 54e régiment d’infanterie de Compiègne. Promu caporal puis sergent en 1890, il devient sergent-fourrier en 1893 puis adjudant en 1897. Emile Soyeux épouse le 23 avril 1898 Mlle Louise Deparpe, elle aussi originaire de l’Aisne.
Emile Soyeux est nommé le 12 avril 1907 sous-lieutenant au 109e régiment d’infanterie de Chaumont. Cette même année, il est décoré de la médaille militaire. Deux ans plus tard, il obtient son deuxième galon et devient lieutenant. Il exerce les fonctions d’adjoint au trésorier.
Emile Soyeux est transféré le 24 février 1913 au 104e RI, unité casernant à Paris et Chaumont. Il y occupe à partir du 10 mai 1913 les fonctions de lieutenant adjoint au trésorier. C’est avec cette unité qu’il est mobilisé, visiblement en occupant la fonction d’officier des détails. Il est nommé capitaine au 104e RI le 2 juillet 1915. Il semble exceller dans son rôle d’officier des détails, à en croire la citation luii octroyant le grade de chevalier de la Légion d’honneur, distinction reçue le 12 janvier 1916 :

« Très bon officier, déjà ancien, qui depuis le début de la campagne assure très consciencieusement et sans bruit son service d’officier chargé des détails. »

Le 30 décembre 1915, il est néanmoins changé d’affectation et devient commandant de compagnie. Ce type de commandement semble être assez nouveau pour lui, à en juger par son parcours. Toujours est-il qu’il est affecté au 47e RI le 15 août 1916, transfert qui est d’ailleurs annoncé quelques jours plus tard par Le Salut.
Le capitaine Soyeux est cité à l’ordre du régiment le 10 janvier 1918, texte qui donne quelques éléments concernant les circonstances de son arrivée au 47e RI :

« Très bon officier, sérieux, dévoué et énergique. Parti au début de la campagne comme officier de détails, a assuré son service avec conscience et initiative dans les circonstances très difficiles où le régiment s’est trouvé. Nommé capitaine, a, malgré un état de santé précaire, commandé parfaitement une compagnie jusqu’au jour où il a dû être évacué. »

Le capitaine Soyeux semble habiter après la guerre à Paris au 94 de la rue Lecourbe.

Sources : Arch. Dép. Aisne :5 Mi 0464 ; Arch. nat. : LH 19800035/1235/42588 ; « Au 47ee, Le Salut, n°70, 29-30 août 1916, p. 1.

Un article publié par L’Ouest-Eclair en 1908 fait état d’un certain Stiegler, sorti 31e de la promotion « Casablanca » de Saint-Maixent et affecté au 47e régiment d’infanterie.
Lors de la mobilisation générale, il est l’officier des détails du 47e régiment d’infanterie. Il occupe cette fonction jusqu’en mai 1915 mais est sans doute évacué quelques jours à la fin du mois de mars puisque son nom ne figure pas sur le tableau de constitution de l’unité du mois d’avril 1915.
Le tableau de constitution du régiment figurant à la date du 1er octobre 1915 sur le journal des marches et opérations du 47e RI indique que le capitaine Stiegler est à la tête de la 1e compagnie.
Il réside à Saint-Malo, au n°3 de la rue Sainte-Anne. Fred Aubert fait mention d’un commandant Stiegler le 18 août 1918. Peut-être est-ce la même personne ?
Le journal des marches et opérations du 47e RI indique le 17 mars 1916 que le capitaine Stiegler laisse le commandement de la 1/47e RI au sous-lieutenant Lebrec. On le retrouve dans le tableau de constitution du régiment figurant 1er avril 1916 sur le journal des marches et opérations du 47e RI comme capitaine adjudant-major au I/47e RI. Le nom du chef de bataillon du 47e RI Stiegler figure dans l’affaire jugée le 24 juillet 1919 par le Conseil de guerre de la 20e DI condamnant à mort le soldat Louis Lion du 136e RI pour meurtre.
Le nom du chef de bataillon du 47e RI Stiegler figure dans l’affaire jugée le 24 juillet 1919 par le Conseil de guerre de la 20e DI condamnant à mort le soldat Louis Lion du 136e RI pour meurtre.

Sources : « La sortie de Saint-Maixent », L'Ouest-Eclair, 9e année, n°3337, 6 mars 1908, p. 2 ; SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI, GR 11 J 866-5 - Conseil de guerre et GR 11 J 899 - Conseil de guerre (affaire Lion)  ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 184 ; AUBERT, Fred, Avec ma section, 27 mai 1918 – 15 août 1918, Saint-Brieuc, Editions Cendrillon, sans date, p. 78.

Maurice, Edouard, Paul Suisse de Sainte-Claire naît le 13 décembre 1893 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle). Il est le fils du baron Léon, Claude Suisse de Sainte-Claire, lieutenant au 2e bataillon de chasseurs à pied au moment de sa naissance. Un article publié en décembre 1915 à partir de renseignements « fournis par la famille » dans le Salut le présente comme « l’arrière-petit-fils du baron de l’Empire, colonel major de la garde de Napoléon 1er et précise que son père, alors capitaine au 16e bataillon de chasseurs à pied, est prisonnier en Allemagne.
Saint-Cyrien de la promotion de la « Grande Revanche » (1914), il a donc un parcours un petit peu particulier. En effet, admis à l’école spéciale militaire le 17 août 1914 en tant que soldat de 2e classe, il est fait caporal le 10 novembre puis est versé, le 25 janvier 1915, au 47e RI. Il est affecté à la 10e compagnie à partir du mois de mai 1915 (tout porte à croire qu’il était auparavant au dépôt, à Saint-Malo).
Le tribunal de Lille dans un jugement rendu le 7 avril 1919 le déclare mort pour la France le 9 juin 1915 au Labyrinthe. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume :

"A donné le plus bel exemple de courage à ses hommes en les entraînant à l'assaut d'un ouvrage ennemi. A été tué dans la position conquise, le 9 juin 1915, au Labyrinthe. A été cité."

Un secours de 300 francs est versé le 4 février 1919 à sa famille.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Dép. Nord : 1 R 3159.5777 ; Anonyme, Tableau d’honneur, morts pour la France : guerre de 1914-1918, Paris, La Fare, 1921, p. 845, Etat-civil de la commune de Lunéville; « Morts pour la Patrie. Renseignements donnés par la famille. », Le Salut, 34e année, n°96, 10-11 décembre 1915, p. 1.