5 questions au CTHS

Nous vous l’annoncions il y a quelques jours, le 138e congrès des sociétés historiques et scientifiques se déroulera en Bretagne, dans les locaux de l’Université Rennes 2, la semaine prochaine, du 22 au 27 avril. Le thème retenu cette année – Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires – est d’un grand intérêt et laisse apparaitre de nombreuses et fertiles pistes de réflexion. En Envor a profité de l’occasion pour poser 5 questions aux organisateurs – Catherine Gros, Déléguée générale du CTHS et Claude Mordant, Président du CTHS – de cette manifestation qui s’annonce déjà comme étant l’un des grands moments de l’année historique en Bretagne.

 

Qu'est-ce que le CTHS? Quelle est son histoire? Qui regroupe-t-il?

Fondé en 1834, le CTHS est d’abord chargé de publier les Documents inédits sur l’histoire de France, de recenser et d’étudier les monuments  archéologiques et de concourir au progrès des divers domaines scientifiques, tant sur le plan régional que local.

Le congrès des sociétés historiques et scientifiques se tient chaque année dans une grande ville universitaire. Trait d’union entre la recherche académique et la recherche associative, cette manifestation est largement ouverte aux enseignants, aux étudiants, aux élèves des grandes écoles et aux membres des centres de recherche. Elle permet également aux jeunes chercheurs de faire leurs premières communications sous la direction de personnalités scientifiques de premier plan.

Le CTHS rassemble 700 participants et entend chaque année plus de 400 communications. Enfin, précisons que les actes seront publiés par les éditions du CTHS. L’ensemble des publications du CTHS constitue, rappelons-le, depuis l’origine la plus importante collection d’instruments de travail pour la recherche qui existe en France.

En quoi le congrès est-il un moment important de la  vie de cette institution?

Si un congrès du CTHS est organisé chaque année, chaque manifestation représente en réalité trois années de travail de recherche et de préparation. En ce qui concerne ce 138e congrès qui se déroulera à Rennes, le travail aura été encore plus long puisque le premier texte préparatoire remonte en réalité à 2007 !

Enfin, le congrès est un moment important pour les rencontres que l’on peut y faire, pour la mise en réseau des différentes institutions et sociétés savantes.

Pourquoi avoir choisi Rennes et la Bretagne pour organiser ce congrès?

Comme nous le disions, le congrès du CTHS se déroule chaque année dans une grande ville universitaire, ce qui est le cas de Rennes.

Mais la Bretagne dispose de quelques caractéristiques particulières qui rendent le thème Se nourrir encore plus attractif. Elle est en effet une région qui revendique, à juste titre, une place importante en France pour l'agro-alimentaire et qui possède aussi pour nombre de ses produits une image de qualité qu'elle entend  protéger et développer.

Par ailleurs il y a également à côté la question des élevages industriels, des effluents, des impacts écologiques...

Comment s'est imposé le thème de cette année: Se nourrir. Pratiques et stratégies alimentaires?

C’est la Section organisatrice qui, travaillant sur le temps long de l'aventure humaine, a cherché un sujet qui puisse concerner toute cette plage de temps de quelques centaines de milliers d'années et a posé la question de la nutrition, de la faim, des crises alimentaires, qui restent toujours un sujet (et une angoisse) d'actualité.

Quelles sont à votre avis les chantiers les plus neufs, les plus porteurs, de l'histoire de l'alimentation qui seront abordés lors de ce congrès?

Il y aura sûrement des aspects neufs et des découvertes dans les communications des archéologues mais nous pensons que les questions liées à l'environnement, aux liens avec le développement sont en résonance directe avec l'actualité. Les questions abordées dans manger moral, manger sauvage, les rapports entre alimentation et identité, lien social, sans être forcément inédites, sont assez actuelles, ainsi bien sûr que le colloque Mangeurs du XXIe siècle.

Se nourrir suppose des ressources et en plus du physiologique, des motivations sociales pour le faire. Nous pensons que c'est dans ce dialogue que devrait se trouver l'intérêt essentiel des débats. Il s’agit donc d’une démarche pluridisciplinaire et diachronique, dans la tradition voulue des congrès du CTHS. Pour les préhistoriens, l'échelle chronologique permet de bien  percevoir les changements de stratégie de l'espèce humaine : chasseur puis cultivateur / éleveur avec ensuite toute la diversification culturelle que ces deux systèmes  autorisent.

Mais c'est sans doute à la fin du congrès que l'on pourra avoir une idée plus juste de ce qui est neuf...