Actualités de l'histoire

L’actualité de l’histoire contemporaine en Bretagne est, cette semaine, incontestablement dominée par le grand colloque international consacré à l’examen des comportements collectifs dans la France occupée : mémoires et représentations. Cette manifestation se déroulera à l’Université Rennes 2 les 2 et 3 avril prochains, en l’amphi L3 du campus de Villejean, et réunira des chercheurs tels que Jean-Pierre Azéma, Jean-Marie Guillon, Pierre Laborie, Marc Bergère, Laurent Joly, Cécile Vast sans oublier la houlette de l’incontournable régionale de l’étape, Jacqueline Sainclivier.

A n’en pas douter, cet évènement fera date, à l’instar du colloque La Résistance et les Français : le poids de la stratégie, Résistance et société organisé en 1994 et qui avait notamment montré combien  l’apport des sources militaires britanniques et américaines pouvait être profitable à la connaissance de la résistance intérieure française1.

Programme du colloque Les comportements collectifs dans la France occupée. Mémoires et représentations.

On ne peut d’ailleurs s’empêcher de déceler une certaine parenté entre ces deux manifestations puisque le colloque de 1994 avait pour ambition « de commencer à constituer une véritable histoire politique et socio-culturelle de la Résistance qui soit restituée dans le temps long »2. Certes, cette semaine, le propos ne concerne plus le seul combat clandestin mais l’ensemble des comportements collectifs en France occupée, ce qui suppose un certain nombre de possibles : résistance mais aussi attentisme ou, pire encore, collaboration, notions pouvant à chaque fois se décliner dans une multitude de degrés divers. Autre caractéristique de cette manifestation qui, à n'en pas douter, comptera certainement dans l’historiographie future des années noires en France, la volonté des chercheurs de pratiquer une histoire sociale et culturelle de l’occupation.

Parmi toutes les communications proposées, aussi appétissantes les unes que les autres, on soulignera celle de Laurent Douzou sur la délation, qui se situera probablement dans le sillage du volume qu’il a publié récemment sur la question, ou celle de Jacqueline Sainclivier sur « le comportement de l’occupant allemand dans les représentations des Français ». Une très large place est accordée à la mémoire et on se focalisera tout particulièrement sur l’excellent Thomas Fontaine, dont le propos abordera la question de la multiplicité des mémoires de la déportation, ainsi que sur Cécile Vast et Patricia Legris qui, chacune, évoqueront la délicate question des manuels scolaires et des programmes d’histoire.

Il s’agit donc là d’une manifestation d’autant plus importante que, pour l’heure, le 70e anniversaire de la Libération, à la différence d’ailleurs du centenaire de la Première Guerre mondiale, parait plus se caractériser par sa dimension commémorative – d’innombrables cérémonies devant les monuments aux morts sont prévues – et festive – concerts, défilés de reconstitution... – qu’intellectuelle. Là est sans doute la différence entre mémoire et histoire et c’est non sans une certaine fierté que l’on note que l’une des rares manifestations scientifiques de ce 70e anniversaire est organisée en Bretagne, à l’Université Rennes 2. Et d’ores et déjà, on salive à l’idée de lire les actes de ce colloque qui, encore une fois, fera assurément date.

Erwan LE GALL

 

1 Actes publiés sous le titre : BOUGEARD, Christian et SAINCLIVIER, Jacqueline, La Résistance et les Français, Enjeux stratégiques et environnement social, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1995.

2 Ibid., p. 9.