Belle-Île-en-Mer (1930-1960) : Rêves et Réalités

Depuis hier, lundi 17 juin, et ce jusqu'au 18 octobre, les Archives départementales du Morbihan accueillent une nouvelle exposition consacrée aux photographies belle-iloises de Pierre Jamet.

Pierre Jamet compte très certainement parmi les plus les plus célèbres photographes français. Dès les années 1930 il publie ses clichés dans le célèbre hebdomadaire Regards aux côtés de pointures telles que Robert Capa ou Henri Cartier-Bresson. Mais sa vie ne se limite pas à la maîtrise parfaite de la focale tant son existence est riche : radio dans la marine marchande, dactylo, danseur et chanteur, il pratique de multiples métiers et participe même de l’essor des Auberges de jeunesse pendant le Front populaire, aux côtés de Léo Lagrange.

Le port du Palais à Belle-Île, source éternelle d'inspiration pour Pierre Jamet. Carte postale, détail. Collection particulière..

Arrivé un peu par hasard à Belle-Ile en 1929,  il tombe amoureux des lieux. Quelques années plus tard il revient pour y diriger une colonie de vacances. Puis sa carrière artistique prend son envol. Il est reconnu pour ses photographies mais aussi pour ses facultés vocales. Pendant la guerre, il intègre ainsi « Les quatre barbus », groupe avec lequel il rencontre de nombreux succès. Mais, malgré la gloire, il ne se tient jamais éloigné de l'île. Il y meurt en 2000 à l'âge de 90 ans.

Gratuite, l'exposition des Archives départementales du Morbihan permet de découvrir cinquante photographies de l'artiste, prises entre 1930 et 1960. Les locaux et les touristes sont immortalisés dans toutes les scènes quotidiennes qui symbolisent bien l'ambiance de Belle-Ile. Il se dégage de cette oeuvre magnifique un souffle onirique, celui d'une époque révolue bien entendu mais aussi d'une jeunesse magnifique, ambiance qui au final n'est pas sans rappeler - toutes proportions gardées - la manière dont Wes Anderson filme l'île Prudence dans Moonrise Kingdom.

Une exposition magnifique à ne rater sous aucun prétexte. Des photographies qui évoquent l'été et la jeunessse bien sûr, mais qui se doublent également d'un incontestable intérêt historique lorsqu'elles immortalisent les baigneurs, les pêcheurs ainsi que les paysans car, on a trop tendance à l'oublier, il n'y a pas que la mer qui nourrit les îliens.

Yves-Marie EVANNO