La variole à Vannes : un témoignage inédit !
Nous vous parlions mardi de l’excellent Pavillon 10 de Christophe Cocherie consacré à l’épidémie de variole qui frappe, lors de l’hiver 1954-1955, la Bretagne. Si vous n’avez pas eu la possibilité d’assister à la projection organisée au Palais des arts de Vannes, sachez que ce documentaire est diffusé vendredi 20 septembre à 20 h45 sur Ty Télé/Tébé Sud et à 23h sur TVR 35. Une séance exceptionnelle aura également lieu dimanche 22 septembre, aux Champs libres, à 16, en présence de Christophe Cocherie.
L’un des grands intérêts de ce documentaire est de nous replonger au cœur d’un évènement qui semble, à tort, appartenir à une ère révolue. Pourtant le SRAS, H5N1 – qui n’est rien d’autre qu’une variante de la grippe espagnole – ou encore l’encéphalopathie bovine spongiforme nous rappellent que nos sociétés modernes sont éminemment vulnérables face à ce type de dangers. Signe que ces épidémies sont profondément ancrées dans l’inconscient collectif, elles entraînent souvent de véritables paniques, parfois assez irrationnelles, et marquent durablement les mémoires.
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Vaccination d'un ernfant. The Waring Historical Library. |
C’est sans doute ce qui a poussé Alain O., fidèle lecteur d’En Envor, a nous contacter dans la semaine pour nous raconter qu’il se rappelait très bien de cette épidémie de variole :
« J'avais 4 ans et fut amené par ma mère à l'hôtel de ville de Vannes ! Je n'en menais pas large car on allait me piquer. C'était la première fois, il me semble ! J'ai été très intimidé par le double escalier en marbre blanc avec des marches si hautes... Si hautes pour mes petites jambes... Mais en haut une sorte de récompense : la salle des fêtes de l'hôtel de ville avec des dorures partout et des chandeliers de cristal ... C'était beau... Etant très jeune, on m'a mélangé avec les femmes et j'ai vu pour la première fois des femmes en soutien-gorge... Le bikini n'était pas encore à la mode et le clergé veillait aux bonnes mœurs à cette époque... Puis vint la file d'attente et je me suis retrouvé devant un monsieur à lunettes avec une barbe : le docteur Grosse en personne. Une dame tout en blanc a retiré ma manche gauche et le monsieur à lunettes m'a piqué dans l'épaule. Je n'ai pas pleuré ... mais mon bras était tout engourdi après. Heureusement Maman avait prévu un gros bonbon pour ma bravoure et tout rentra dans l'ordre. Et c'est avec fierté que nous rejoignîmes mon père qui avait un magasin en face de l'hôtel de ville, surtout quand ma mère lui annonça que je n'avais pas pleuré... J'étais devenu un GRAND ! »
Un témoignage touchant et qui dit bien combien cette épidémie de variole bouleverse l’ensemble de la société bretonne. Une raison supplémentaire de regarder cet excellent Pavillon 10 !
Erwan LE GALL & Alain O. |