Le futur du panier de pêches

La Bretagne est une terre de basket-ball. L’Aurore de Vitré, le Drapeau de Fougères, l’Etendard de Brest, l’Hermine de Nantes, l’Avenir de Rennes ou encore le Cercle olympique briochin figurent parmi les grandes institutions de ce sport en France. On sait d’ailleurs qu’en France son implantation résulte pour partie de considérations politiques, la balle orange moissonnant les contrées catholiques tandis que l’ovalie préfère les terres radicales.

A l’heure où les phases finales du championnat américain tiennent en haleine tous les supporters, il n’est pas inutile de revenir sur l’histoire de ce sport. C’est en fouillant au sein de la toute nouvelle Digital Public Library of America que je suis tombé par hasard sur ce texte de James Naismith, l’inventeur du basket-ball. L’histoire est célèbre : un jeune éducateur d’une YMCA du Massachusetts crée en 1892 un nouveau jeu en fixant à 3,05 m un panier de pêches (peach basket), qu’il s’agit de remplir à l’aide d’un ballon. L’originalité de ce jeu est qu’il se déroule en salle et permet donc d’offrir une alternative à la gymnastique suédoise lors des longs mois d’hiver où la rigueur du climat empêche toute activité extérieure.

Lors de la finale des jeux interalliés de 1919. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EI-13 (653).

En revanche, moins connu est l’avenir que James Naismith croyait percevoir pour son invention. C’est ce qu’il explique dans ce texte de 1914 publié dans la Revue américaine d’éducation physique. Il y plaide notamment en faveur des règles de l’époque ce qui, d’un certain aspect, est assez logique puisqu’il en est le principal créateur, mais d’une autre coté, ne cesse d’étonner tant ce jeu était alors défensif. Pour ne citer qu’un exemple, l’Italie bat la France 15 à 11 aux jeux interalliés de 1919. Certes, cette défaite n’empêche pas la France de se qualifier pour la finale de cette même compétition, et de s’incliner face aux USA sur le redoutable score de 93 à 8. Il n’empêche que le jeu de l’époque n’a rien à voir avec celui qui nous enchante aujourd’hui, avec ses paniers à trois points et son horloge de 24 secondes pour shooter. En d’autres termes, dans le futur qu’imaginait James Naismith pour son jeu, il n’y avait de place ni pour Michael Jordan, ni pour Lebron James.

Erwan LE GALL