La catastrophe du sous-marin Prométhée vue de Bretagne

Le 15 novembre 2017, la Marine argentine perd le contact avec l’un des trois sous-marins de sa flotte, le San Juan. Une semaine plus tard, alors que l’on est toujours sans nouvelle du submersible, l’opinion internationale s’émeut du sort des 44 malheureux membres de l’équipage1. Cette inquiétude rappelle à bien des égards celle qui se répand, début juillet 1932, lors du naufrage du Prométhée au large de Cherbourg.

Carte postale. Collection particulière.

Le Prométhée est, au début des années 1930, l’un des fleurons de la flotte française. Lancé en 1930 à Cherbourg, il effectue des essais dans la Manche le 7 juillet 1932 quand soudain, alors qu’il naviguait en surface, il disparaît « en quelques secondes »2. Sur les quinze marins présents sur le pont, seuls sept sont repêchés. Ce sont 62 hommes d’équipage qui sont portés disparus. L’Ouest-Eclair préfère se montrer prudent à leur sujet :

« Le navire est coulé par environ 50 mètres de fond, c’est-à-dire une profondeur telle que les opérations de relevage d’une unité de 1 500 tonnes paraissent dès le premier abord très difficile. D’autre part, étant donné la soudaineté de la catastrophe on a malheureusement des raisons de penser que l’eau a du s’engouffrer dans le navire. »

Mais l’espoir demeure et le quotidien rassure ses lecteurs en affirmant que « dans d’autres milieux maritimes, on veut espérer que certains compartiments doivent être fermés et que des hommes doivent encore être vivants ». Cet espoir semble partagé par la Marine qui décide de faire appel aux scaphandriers du Rostro et de l'Artigliodont l’expertise avait notamment permis de retrouver l’épave de l’Elisabethville quatre ans plus tôt – basés respectivement au Havre et à Brest.

Le travail des secours est feuilletonné par la presse. Le naufrage devient un sujet de conversation privilégié en Bretagne, ce qui donne lieu à d’inévitables spéculations. Ces dernières incitent dès lors la rédaction de L’Ouest-Eclair à mettre en garde ses lecteurs contre les « faux bruits », précisant qu’il convient de « n’accueillir que les nouvelles qui leur seront confirmées par la presse »3. Et pour cause, parmi les principales rumeurs qui se diffusent, l’une d’entre-elle prétend « qu’un autre sous-marin était disparu depuis trois jours et que la Marine gardait le silence à ce sujet ».

Carte postale. Collection particulière.

Malgré de nombreuses tentatives, les scaphandriers doivent se résoudre à l’impossibilité de sauver l’équipage qui, par ailleurs, ne donne aucun signe de vie4. Les secours sont finalement abandonnés une semaine plus tard. Le Prométhée reste, à ce jour, l’une des principales catastrophes de la Marine française en temps de paix. Un monument rend hommage aux victimes à Fermanville dans la Manche.

Yves-Marie EVANNO

 

 

 

1 « Comment sauver l’équipage d’un sous-marin ? », Ouest-France, L’édition du soir, 22 novembre 2017, en ligne.

2 « Une catastrophe endeuille notre Marine », L’Ouest-Eclair, 8 juillet 1932, p. 1.

3 « Attention aux faux bruits », L’Ouest-Eclair, 9 juillet 1932, p. 3.

4 « Le Prométhée repose en position inclinée de 45 degrés par 72 mètres de fond », La Dépêche de Brest, 10 juillet 1932, p. 1. Le quotidien précise que « les coups frappés sur la coque par les scaphandriers sont restés sans réponse ».