Les données historiques de la statistique générale de France
L’Institut national de la statistique et des études économiques vient de mettre en ligne un grand nombre de « données historiques » portant sur la période 1800-1925, éléments dont la consultation est particulièrement profitable pour qui s’intéresse à la Bretagne – ainsi qu’aux autres régions de France – contemporaine. Précisons toutefois que ces données ne sont pas inédites mais proviennent des volumes de la Statistique Générale de la France et qu’elles ont été saisies dans les années 1980 par une équipe franco-américaine de chercheurs à l'Inter-University Consortium for Political and Social Research (ICPSR), situé à Ann Arbor, dans le Michigan, aux États-Unis.
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Une interface aride mes des milliers de données au final! |
Le premier type de données désormais disponibles en ligne concerne les recensements de population pour la période 1851-1921. Le nombre d’entrées est réellement impressionnant et permet de nombreux calculs très fins qui offrent des possibilités infinies de comparaison avec les échelles départementales ou nationales, notamment pour qui travaille sur des groupes sociaux réduits face à un évènement donné : par exemple tel ou tel village pendant la Première Guerre mondiale grâce aux recensements de 1911 et 1921. Le tableau référencé T214 permet même de raisonner à l’échelle de l’arrondissement.
Le second type de données s’intéresse à quelques étapes cruciales de la vie des individus telles que la naissance, le mariage, et le décès. Si les données peuvent paraître arides dans le détail, leur exploitation rend ces chiffres passionnants. Tel est ainsi le cas des chiffres sur le divorce dont l’explosion après la Première Guerre mondiale est frappante et renvoie, entres autres, aux récents travaux de Dominique Fouchard1.
Le troisième type de données concerne l’enseignement primaire pour la période 1829-1897. Là encore, sans pour autant être neuves pour les spécialistes de l’histoire de l’éducation, ces informations sont d’un grand intérêt : le nombre d’établissements, mais également le nombre et le traitement des instituteurs y sont détaillés avec profusion de détails.
Enfin, le quatrième et dernier type de données mis en ligne sur le site de l’INSEE est regroupé sous le vocable « Territoire et population, 1800-1890 » et regroupe des éléments démographiques classiques tels que le nombre d’hommes, de femmes, de veuves, d’enfants ou encore de propriétés bâties, informations classées par départements, arrondissements, chefs-lieux et villes. Là encore, les possibilités d’analyse sont particulièrement conséquentes.
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Ce qu'il y a à découvrir sur ce site? de gigantesques tableaux Excel..! |
A chaque fois, les données sont téléchargeables en un instant sous les formats dBase ou Excel. Certes, ces fichiers sont parfois difficiles d’approche tant les entrées sont nombreuses et détaillées. Mais loin d’être un inconvénient, c’est au contraire toute la rigueur des données de la Statistique générale de France qui s’offre désormais en quelques clics à nos recherches. En effet, tant les chercheurs travaillant sur des approches monographiques que micro-historiques que les généalogistes soucieux de comparer leur lignée à des données plus générales trouveront là matière à d’intenses et fertiles réflexions. On pourra certes observer qu’il ne s’agit pas là d’informations totalement neuves et qu’elles ont, au contraire, déjà été utilisées au cours de nombreuses études de démographie historique. Il n’en demeure pas moins que pouvoir disposer en quelques clics des données brutes est un atout considérable. Pour s’en convaincre, il suffit de se rapporter aux bulletins de la Statistique générale de France disponibles sur Gallica…
Erwan LE GALL
1 FOUCHARD, Dominique, Le poids de la guerre. Les Poilus et leur famille après 1918, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013. |