Les listes nominatives de recensement

Les listes nominatives de recensement forment des documents d’archives précieux tant pour les historiens que pour les généalogistes. Ces opérations sont très anciennes puisqu’elles existent déjà dans l’Antiquité. Ainsi, à l’époque de la République romaine, elles se nomment census. Le travail réalisé par les magistrats chargés du recensement, les censeurs, permet de hiérarchiser les citoyens selon leurs richesses dans différentes classes. Celles-ci ont un rôle militaire, puisque le citoyen romain est aussi un soldat. En France, le premier « recensement des paroisses et feux des Bailliages et Sénéchaussées de France » date de 1328. Lors de la Révolution, le décret du 7 juillet 1790 du Comité de division à la Convention nationale ordonne un dénombrement de l’ensemble de la population. Entre 1801 et 1946, des recensements généraux de la population sont ainsi réalisés tous les cinq ans, sauf rares exceptions.1

Carte d'agent recenseur. Collection particulière.

Pour le XIXe siècle et la première moitié du XXe, les documents tirés de ces opérations de recensement se présentent sous la forme de listes nominatives par communes. Chaque foyer – regroupé par rue – y est détaillé : le chef de famille (le père ou la femme si elle est veuve ou célibataire), la femme, les enfants, les domestiques et les autres habitants du foyer. Les informations complémentaires varient d’un recensement à l’autre. On y trouve généralement l’âge, le statut marital et la profession des habitants, ainsi que parfois le lieu de naissance, la religion et des observations comme les infirmités.

Cette fréquence des opérations de recensement et la richesse des informations contenues dans ces documents d’archives présentent plusieurs intérêts pour celui qui les fréquente. C’est tout d’abord une photographie exhaustive et régulière de la population communale. Pour l’historien qui fait de la micro-histoire, ces archives permettent une étude précise de la démographie d’une ou plusieurs communes, ou pour celui qui travaille sur le milieu urbain d’étudier en profondeur un quartier, voire une rue, sur une période au final assez longue. Ces listes nominatives présentent un tableau général de la population communale. On dépasse donc les seuls naissances, mariages et décès contenus dans les registres d’état civil. En outre, une étude attentive des mentions complémentaires peut se révéler très instructive dans le cadre d’une histoire sociale.

L’historien, tout comme le généalogiste, trouve également un grand intérêt à suivre l’histoire d’une famille sur le temps long. Les listes nominatives de recensement permettent d’observer toutes les évolutions dans la vie d’une famille : l’apparition de nouveaux enfants, le départ des plus âgés, l’arrivée de nouveaux habitants dans le foyer tels que domestiques ou grands-parents, la mort du père ou de la mère lorsque le statut marital du survivant est noté « veuf » ou « veuve »...

Les recensements se poursuivent bien après la Seconde Guerre mondiale créant ainsi de nombreuses nouvelles archives, mais généralement plus difficiles à consulter. Enveloppe commémorative pour le recensement de 1982. Collection particulière.

En bref, ces listes nominatives de recensement sont des documents d’archives incontournables à tous ceux qui entreprennent des enquêtes au plus près de la population. Un grand nombre de ces sources incontournables sont désormais accès en ligne auprès des archives départementales bretonnes, notamment pour le département des Côtes-du-Nord,  du Finistère et la Loire-Inférieure. Ajoutons également une mention particulière aux Archives municipales de Saint-Denis qui, exode des Bretons à Paris olbige, conservent de nombreuses listes de recensement consultables sur internet comprenant les traces de bien des familles originaires de la péninsule armoricaine. En ce qui concerne les documents en version papier, ils sont généralement classés par commune dans la série 6M des archives départementales.

Thomas PERRONO

 

1 Pas de recensements en 1816, 1916 et 1941. Celui de 1871 est décalé à l’année suivante.