Pour vos recherches, passez par New-York !
C’est le 6 janvier 2016 que la Bibliothèque de New-York a annoncé la mise en ligne de plus de 187 000 documents numérisés, éléments relevant du domaine public et par conséquent librement téléchargeables, y compris à haute résolution. Vu la frilosité des institutions publiques françaises à agir de la sorte, nous ne pouvions qu’être intrigués par une telle initiative, ce d’autant plus qu’à la démarche singulière s’ajoute un impressionnant effet de masse.
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Un impressionnant mur constitue l'acceuil du site. |
Celui-ci est d’ailleurs clairement mis en valeur par la bibliothèque de New-York puisque c’est par l’intermédiaire d’un « mur » que l’on accède à ces 187 000 documents numérisés. Sommairement indexés, les items apparaissent classés par date, par type, par collection ou par couleur. L’idée n’est évidemment pas ici de fournir à l’utilisateur un outil d’exploration de la base de données mais bien de montrer ce que représente une telle masse de documents à numériser. Ce n’est qu’en cliquant au hasard sur un élément que l’on accède à une présentation plus classique, offrant notamment accès à un moteur de recherches – et c’est d’ailleurs à ce moment que l’on mesure combien nous y sommes devenus accrocs, comme incapables de nous orienter dans un thésaurus sans cet outil.
Bien entendu, il est toujours difficile de se faire une idée précise d’un tel site lorsqu’on y fait que flâner, sans intention autre que de le tester. Certes, l’interface est plaisante, sobre et efficace, bien que strictement réservée aux anglophones. Les liens avec la Digital Public Library of America sont nombreux. Pour autant, quelques recherches ciblées montrent rapidement tout le profit qu’il y a à placer rapidement ce site parmi ses favoris et à le consulter fréquemment même si, comme souvent en de telles occasions, il convient de se méfier des mots-clefs. Si une recherche sur la ville de Rennes permet de découvrir cinq gravures du procès de l’affaire Dreyfus, cette entrée donne également de curieux résultats et accorde ainsi une place importante au cervidé du même nom.
Mais de tels désagréments ne sont rien à côté de la richesse des fonds qui sont ainsi mis à la disposition du public. A chaque fois, les documents proposés peuvent être très simplement téléchargés, avec plusieurs définitions possibles. Un permalien est disponible pour un meilleur accès à la source originale et de nombreuses informations permettent de bien identifier les documents. C’est ainsi par exemple que le menu proposé le 3 mars 1907 sur le restaurant du paquebot transatlantique La Bretagne, joli document avec une belle photographie du navire, peut être librement téléchargé en cinq résolutions différentes, offrant ainsi de nombreuses possibilités d’utilisation.
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Couverture du enu proposé le 3 mars 1907 sur le paquebot La Bretagne. NYPL: 4000020347. |
En définitive, ce sont plusieurs centaines de photographies, de cartes postales et de gravures qui sont désormais librement accessibles en seulement quelques clics. Et si les documents numérisés ne sont pas nécessairement tous inédits, leur mise en ligne par la Bibliothèque publique de New-York permet de contourner avantageusement les conditions éminemment restrictives pratiquées par les institutions culturelles hexagonales. On ne peut donc que se féliciter d’une telle initiative et regretter que la France soit, encore une fois de plus, à la traine en ce qui concerne le domaine public. Quand comprendra-t-on en effet qu’il s’agit aussi d’un élément de soft power ?
Erwan LE GALL |