Vers une ouverture des archives des bagnes coloniaux

L’affaire Seznec passionne les Bretons depuis plus d’un siècle. Si la culpabilité du finistérien est encore sujette à de vifs débats, l’histoire retient qu’il a purgé sa peine durant de nombreuses années en Guyane. Comme lui, plus de 100 000 condamnés ont transité par l’un des nombreux bagnes coloniaux français entre 1852 à 1953. L’histoire de la détention de ces hommes et de ces femmes est d’autant plus passionnante qu’elle est à l’origine de nombreuses polémiques, à l’image de celle lancée par Albert Londres dans les années 1920. Celles et ceux qui s’intéressent à cette question encore sensible peuvent, aujourd’hui, assouvir facilement leur curiosité en consultant, depuis leur ordinateur, une partie des registres matricules conservés aux Archives nationales d’outre-mer.

Carte postale. Collection particulière.

Cette mise en ligne ne manquera pas de susciter l’intérêt des chercheurs et des généalogistes. Et pour cause, chaque fiche apporte de précieuses informations sur l’identité des condamnés. On y trouve aussi bien sa date et son lieu de naissance, qu’une description physique assez complète. Plus spécifiquement, les fiches matricules permettent de glaner des renseignements sur la conduite des bagnards, notamment sur leurs tentatives d’évasions.

En outre, ces archives permettent également d’initier de nouvelles pistes de recherches. Grace au lieu et à la date du jugement, le chercheur pourra se rendre dans le centre d’archives départementales correspondant afin d’y consulter les archives des tribunaux conservées en série U. A partir des dates, il pourra également obtenir des informations complémentaires en se tournant vers la presse locale. Les fiches matricules renvoient enfin à des dossiers plus complets relatifs à la captivité des bagnards. Il faudra cependant aller consulter ces sources complémentaires en salle de lecture des Archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence.

Le bagne en Nouvelle-Calédonie. Carte postale. Collection particulière.

Malheureusement, les délais de communicabilité des archives publiques viennent restreindre les recherches. Ainsi, si l’on retrouve bien la fiche matricule du Paimpolais Louis Kervizic, reconnu « coupable d’attentat ayant pour but de porter la dévastation, le massacre et le pillage » lors de la Commune en 18711, il est en revanche impossible d’avoir accès à celle de Guillaume Seznec… Et pour cause, seules les fiches concernant des personnes écrouées avant 1890 sont, pour le moment, consultables. Il faudra donc s’armer d’un peu de patience avant de pouvoir consulter celle du célèbre bagnard breton !

Yves-Marie EVANNO

 

 

1 Archives nationales d’outre-mer, H 3379, fiche matricule n°101, Louis Kervizic.