Baïonnette : Lame pointue qui se fixe au bout d’un fusil, mesurant pour le modèle destiné au fusil Lebel 1886 environ 60cm et pesant 475 g.
En France, la baïonnette est un véritable symbole national et rappelle combien, dans ce pays, les conceptions militaires de la Belle époque sont basées sur la force du choc. Rendue caduque par la guerre des tranchées, elle n’en demeure pas moins présente dans les représentations mentales des populations de l’arrière, toujours persuadées que la percéedes lignes ennemies est possible.

Balles (obus à) : Shrapnell.  Munition utilisée en priorité contre des groupes d’individus plutôt que sur des bâtiments.

Ballon captif : Aéronef plus léger que l’air relié au sol par un câble et permettant l’observation des lignes ennemies.

Bande molletière : Bande de drap faisant partie de l’uniforme bleu horizon et que les poilus doivent enrouler autour de leurs mollets. Cet équipement a pour but d’empêcher que la boue et/ou l’eau ne rentre dans les brodequins et remplace ainsi les bottes, beaucoup plus couteuses en cuir.

Banquette de tir : Dispositif placé dans une tranchée permettant à un combattant de s’installer plus confortablement en position de tir.

Baptême du feu : Première expérience de combat d’un militaire.

Barbelés : Se dit d’un fil hérissé de pointes métalliques. Lors de la guerre de positions, des kilomètres de fils barbelés sont déroulés le long des tranchées, dans le but de se prévenir contre toute éventuelle intrusion ennemie.

Tranchée avec plafond de barbelés (1918). BDIC: VAL 270/147.

Le paradoxe de ces défenses est qu’elles empêchent également toute sortie des tranchées, et obligent ainsi les hommes à pratiquer des entailles dans leur propre réseau de barbelés avant toute attaque. De même, de part et d’autre, l’artillerie se révèle bien souvent incapable de réduire à néant les réseaux de barbelés adverses. Aussi, bien que très simple, le barbelé s’affirme comme l’une des armes les plus efficaces de la Première Guerre mondiale.

Barda : Terme d’argot employé par les poilus et désormais passé dans le vocabulaire courant désignant le havresac des fantassins. Par extension, il qualifie tous les effets, personnels et réglementaires, qu’un homme du rang porte avec lui.

Barrage (tir de) : Tir d’artillerie ayant pour but de faire barrage à l’ennemi, d’empêcher sa progression.

Barrage roulant (tir de) : Tir de barrage dont la cadence est fixée à l’avance afin que l’infanterie puisse progresser derrière le rideau protecteur constitué par les obus s’abattant sur le champ de bataille. Un tel tir nécessite une parfaite liaison entre l’infanterie et l’artillerie et il n’est pas rare que de telles opérations échouent, soit que l’infanterie avance trop vite, soit que le barrage décolle, c’est-à-dire que l’artillerie tire trop loin, laissant les fantassins seuls en rase campagne.

Bataillon : Fraction de régiment comprenant le plus souvent quatre compagnies soit environ mille hommes. Le bataillon est en 1914 généralement commandé par un chef de bataillon, autrement désigné par le grade de commandant.

Bataillon (chef de) : Officier supérieur dont le grade est compris entre celui de capitaine et celui de lieutenant-colonel. Il arbore quatre galons. Le grade de chef de bataillon est synonyme de celui de commandant.

Bataillon (théorie des gros) : Doctrine qui en 1914 confère non seulement la prééminence à l’infanterie sur le champ de bataille mais, de surcroît, tend à mesurer la puissance d’une armée au nombre de soldats qu’elle peut enrôler.

Bataillon de marche : Unité constituée pour une mission et/ou une période donnée n’entretenant que des relations d’ordre administratif avec le régiment souche mais ayant, du point de vue militaire, une existence propre.
Le bataillon de marche du 47e RI de Saint-Malo est par exemple l’agglomération de deux compagnies du 47e, d’une du 132e de Reims ainsi que d’une dernière en provenance du 155e RI de Commercy. Si l’unité cantonne à sa création dans les environs de Saint-Malo, elle est envoyée ensuite dans la Somme puis dans le secteur de Verdun alors que le 47e RI est lui, à la même époque, dans le Pas-de-Calais.

Batterie (d’artillerie): Ensemble coordonné de quarte pièces d’artillerie et de tous les éléments nécessaires à leur mise en place et  à leur fonctionnement : chevaux, téléphonistes, munitions… Au total, une batterie regroupe quatre officiers, 170 sous-officiers et canonniers et plus de 150 chevaux de selle et d’attelage.
Une batterie d’artillerie est théoriquement aux ordres d’un capitaine et les carnets de guerre de Jean Leddet permettent de bien se rendre compte de la réalité du fonctionnement d’une telle unité entre 1914 et 1918.

Batterie (canon en) : Un canon est dit en batterie lorsqu’il est dirigé vers l’ennemi, prêt à tirer.

BEF : British Expeditionary Force. Corps expéditionnaire britannique en France. Désigne l’ensemble des troupes britanniques venues se battre pendant la Première Guerre mondiale en France.

Bénéfices de guerre : Bénéfices réalisés du fait même de la guerre et visés par une contribution exceptionnelle au titre de la loi du 1er juillet 1916. Cet impôt ne concerne que les activités industrielles et commerciales (et épargne par conséquent le monde agricole).
Ces bénéfices sont indissociables de la figure du profiteur de guerre que les représentations mentales associent le plus souvent à de gros industriels, de préférence « marchands de canons ». Pourtant, les archives montrent que les entreprises concernées par cette contribution exceptionnelle sont de taille et de nature très variables. Ainsi, un modeste estaminet situé en face d’une caserne, et bénéficiant donc du fait de l’état de guerre d’un regain notable de clientèle, est assujetti à l’impôt sur les bénéfices exceptionnels.

Biffe : En argot, mot désignant l’infanterie.

Bile (ne pas se faire) : Expression récurrente dans les courriers de poilus qui, de fait, rappelle la mission première de la correspondance de guerre : rassurer le destinataire, prévenir l’arrière que pour le combattant « tout va bien ». D’ailleurs, il « ne se fait pas de bile », il ne se « bilote pas ». Bien évidemment, derrière cette expression se cache toute l’ambiguïté de la correspondance comme source de la « vraie » guerre.

Bivouac : Endroit où les troupes s’établissent pour un court arrêt lors d’une marche.

Bivouaquer : Action de s’établir en bivouac.

Blessure (fine) : Dans l’argot des poilus, la fine blessure est celle qui est suffisamment sérieuse pour justifier une évacuation et une permission de convalescence, sans toutefois être invalidante ou dangereuse.

Bleu : Terme d’argot militaire qui désigne un jeune soldat, pas ou peu expérimenté.

Bleu horizon : Couleur de l’uniforme qui, à partir du début de l’année 1915, équipe les combattants français et remplace la tristement célèbre tenue composée d’un pantalon garance.

Bleuet de France : Fleur du souvenir proposée à la vente sur la voie publique et permettant de financer de l’action sociale envers les anciens combattants. Equivalent du Poppy britannique.

Insigne du Bleuet de France datant des années 1980. Collection particulière.

L’histoire du Bleuet de France naît vraisemblablement aux Invalides au début des années 1920 lorsque deux jeunes femmes, Charlotte Malleterre et Suzanne Leenhardt, créent un atelier dans lequel des mutilés de guerre confectionnent des fleurs en tissus. Et c’est le Bleuet qui est choisi, en référence selon les sources aux appelés des jeunes classes ou à la couleur symbolisant sur le drapeau français la Nation. A partir du 11 novembre 1934, le Bleuet de France est vendu sur la voie publique à l’occasion de la commémoration de l’Armistice. Les fonds récoltés vont au bénéfice de l’action sociale envers les anciens combattants et victimes de guerre. En 1957, l’Etat autorise un second jour de collecte, à l’occasion de la commémoration de la Victoire du 8 mai 1945. Le Bleuet de France est géré depuis 1991 par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, établissement public sous la tutelle du ministère de la Défense.

Blockhaus : Abri blindé.

Blocus : Stratégie alliée visant à asphyxier l’Allemagne en lui interdisant l’accès à la mer.

Bobard : Dans l’argot des poilus, désigne une fausse information. Ce terme peut qualifier tout autant les nombreuses rumeurs qui parcourent les tranchées que les nouvelles relevant du bourrage de crânes pratiqués par les journaux.
Dans un article célèbre publié en 1921, le grand médiéviste, et lui-même ancien poilu, Marc Bloch publie ses « Réflexions d’un historien sur les fausses nouvelles de la guerre ». Celui qui sera assassiné par la Milice en juin 1944 invite à considérer ces bobards comme des objets historiques révélant l’inconscient collectif.

Boche : Terme employé bien avant 1914 et dont l’étymologie doit probablement être rapprochée de l’ancienne tribu germanique des Alboches et désigne les Allemands pendant la Première Guerre mondiale.

Bourrage de crâne : Terme qui dans l’argot des poilus, désigne la propension de la presse et des autorités à pratiquer l’intoxication de l’opinion par la diffusion de fausses bonnes nouvelles.

Bouthéon (ou bouteillon) : Gamelle en forme de haricot faisant partie de l’équipement réglementaire des poilus.

Deux poilus dans un boyau de communication (1916). BDIC: VAL 196/123.

Boyau (de communication): Artère creusée dans le champ de bataille menant à une tranchée.

Brancard : Civière à bras servant à l’évacuation d’un militaire blessé ou malade.

Brancardier : Militaire spécifiquement en charge du service des brancards. La mission essentielle du brancardier est donc de relever les blessés sur le champ de bataille et de les transporter vers un poste de secours ou une ambulance.

Brèche (tir en): Tir d’artillerie visant à pratiquer des brèches dans un bâtiment ou un objectif donné.

Brêlage : Sangle en cuir se fixant autour du torse permettant au poilu de porter la ou les cartouchières réglementaires ainsi que le fourreau à baïonnette.

Breveté : Officier titulaire d’un diplôme – brevet – d’état-major délivré notamment par l’Ecole supérieure de Guerre. Pour les officiers, le brevet constitue un véritable sésame vers les postes à responsabilité et, plus particulièrement encore, vers le généralat.

Brigade : Réunion de deux à trois régiments d’infanterie. Une brigade est en principe aux ordres d’un général de brigade mais, à partir de l’été 1914, il n’est pas rare de voir des colonels en attente de leurs étoiles les commander.

Brigadier : Se dit d’un général deux étoiles, officier commandant en principe une brigade d’infanterie. Ce terme s’emploie également à propos du sous-officier commandant une brigade de gendarmerie. Par ailleurs, dans la cavalerie, le grade de brigadier équivaut à celui de caporal dans l’infanterie.

Brisque : Chevron en tissu cousu sur la manche gauche de l’uniforme et indiquant, à partir de la  fin du mois de juillet 1916, le temps passé au front ainsi que les blessures reçues.
La comptabilité des brisques est particulièrement complexe. La première équivaut à un an de présence au front tandis que les suivantes à six mois. Les périodes passées en convalescence mais aussi en captivité, pour les soldats ayant réussi à s’évader, sont également comptabilisées. Enfin, certaines blessures peuvent donner le droit au port d’une brisque identique sur le bras droit.

Briscard (vieux) : Terme d’argot qui, en référence aux brisques, désigne un soldat expérimenté.

Brun (réseau) : Fil de fer hérissé de pointes se présentant sous la forme de grosses bobines d’environ 1,30 mètre de diamètre que l’on dévide devant les positions que l’on souhaite défendre.

Brusquée (attaque) : Attaque directe, sans préliminaires tels que préparation d’artillerie ou manœuvre de diversion.

Brutalisation : Terme forgé par l’historien américain George L. Mosse dans son ouvrage De la Grande Guerre aux totalitarismes désignant une certaine banalisation de la violence du fait de la Première Guerre mondiale et qui expliquerait le haut niveau d’agressivité de la vie politique des années 1920-1930.
Très discuté, ce concept peut difficilement se généraliser. En effet, si des anciens combattants donnent naissance en Allemagne et en Italie au nazisme et au fascisme, en France, le mouvement ancien combattant se caractérise au contraire par un pacifisme viscéral, comme l'a montré A. Prost dans sa thèse. De même, l’Espagne a beau être neutre en 1914-1918, et donc épargnée par la violence de masse, elle n’en connaît pas moins une vie politique des plus violentes dans les deux décennies suivant le conflit, aboutissant même à une terrible guerre civile en 1936. En outre, une telle grille de lecture a pour inconvénient de grandement envisager la Première Guerre mondiale à la manière d’une matrice du premier XXe siècle, rendant inéluctable le conflit de 1939-1945 et la destruction des Juifs d’Europe.

Brution : Elève du Prytanée militaire de La Flèche.

Bureau de recrutement : Institution qui, dans les subdivisions militaires, est notamment en charge de l’incorporation des conscrits ou des mobilisés. A ce titre, ce sont les services des bureaux de recrutement qui remplissent les fiches matricules.