Regards croisés sur Charleroi

Le compte rendu publié par L’Ouest-Eclair de la conférence que donne Edmond Valarché à l’occasion des 20 ans de la bataille de Charleroi le confirme aisément : les représentations sont une donnée essentielle de l’histoire tant celles-ci peuvent orienter, jusqu’à l’absurde, la compréhension que l’on peut avoir d’un évènement. Se dégager de nos propres grilles de lecture, les déconstruire pour pouvoir, le cas échéant, mieux les réinvestir est donc un enjeu essentiel de ce centenaire de la Première Guerre mondiale qui, grand temps de souvenir et de recueillement, doit aussi être le moment privilégié d’une redécouverte en profondeur de l’évènement commémoré.

Parmi le cortège innombrable de drames qu’est ce conflit effroyable, août 1914 et plus particulièrement ces combats de Sambre-et-Meuse paraissent tenir une place particulière justifiant une attention spécifique. Baptême du feu de la Ve armée française et de bien des régiments bretons, la bataille de Charleroi est donc un moment spécial, celui de l’inauguration d’une certaine violence de guerre, caractérisée par le vide du champ de bataille et la place prééminente prise par l’artillerie et les mitrailleuses. Mais elle aussi indissociable des atrocités allemandes commises dans les environs du champ de bataille et, rétrospectivement, parait préfigurer bien des horreurs commises lors de ce siècle alors naissant.

En publiant dans le deuxième numéro d’En Envor, Revue d’histoire contemporaine en Bretagne un article posant les bases de ce que pourrait être une histoire renouvelée de la bataille de Charleroi, nous souhaitions sensibiliser autour de cette démarche et prendre rendez-vous dans le cadre d’un grand colloque international organisé à l’occasion de ce centenaire. Un an plus tard, il est désormais temps de vous inviter à cette grande manifestation qui, dans une perspective résolument internationale, se tiendra à Sambreville et Namur du 24 au 26 avril prochain et réunira des chercheurs venus de tous horizons.

Ce colloque est ouvert à toutes et tous et chacun, dans la limite des places disponibles, est libre de venir assister aux débats. Car si le centenaire de l’année 1914 constitue une opportunité unique de non seulement faire le point sur les connaissances mais, et peut-être même surtout, poser les jalons de l’histoire future, ceci ne saurait se faire sans partage avec le plus grand nombre. Car, au final, tel est bien le sens profond de ces grands moments de commémoration: partager pour mieux s'unir.

Erwan LE GALL