Le Chant des Marais

Le dernier dimanche du mois d'avril est chaque année dédié à la célébration de la mémoire des victimes de la déportation dans les camps de la mort nazis lors la Seconde Guerre mondiale. Gageons qu'à Saint-Brieuc nombreux seront celles et ceux qui penseront à Louis Le Faucheur, récemment disparu.

Cette journée est l'occasion de sensibiliser le plus large public au monde de l'internement et de la déportation, démarche à laquelle En Envor s’associe bien entendu pleinement. Les enseignants ainsi que nos plus jeunes lecteurs peuvent par exemple se reporter à nos brochures pédagogiques, sur la répression de la Résistance en Bretagne ou sur la Résistance au sein des camps de la morts nazis. Les cinéphiles pourront également aller voir le remarquable Hannah Arendt de M. Von Trotta.

Dans de nombreuses communes, des commémorations rendront hommage aux victimes, parfois même en présence de rescapés. Alors, après la traditionnelle lecture des messages des associations patriotiques, s’élèvera une des plus bouleversantes mélodie qui soit : le Chant des Marais. Hymne européen de la déportation, ce chant est composé en 1933 par des détenus du camp de Boergermoor, dans le nord-ouest de l’Allemagne, entre Brême et Munster. Il est donc consubstantiel au système concentrationnaire développé par les nazis dès leur arrivée au pouvoir.

Poignante, cette œuvre demeure pourtant grandement méconnue. L’inspirateur des paroles en Allemand est un dénommé Esser tandis que le compositeur s’appelle Rudy Goguel, mais c’est à peu près tout ce que l’on sait de ces deux déportés dont ignore tout, ou presque. Quant à l’auteur des paroles en Français du Chant des Marais, nul ne connait son nom. Puisse cette journée du souvenir raviver le souvenir d’une tragédie qui, au-delà de l’identité des individus, dit bien plus sur l’Homme que toute trajectoire personnelle. Là encore, Le Chant des Marais se révèle un saisissant symbole.

Erwan LE GALL