Rien que pour le titre…

Pris par le tourbillon des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, nous n’avions pas eu le temps d’aller visiter la nouvelle exposition temporaire du Musée de Bretagne, à Rennes, consacrée aux vêtements de travail. Une thématique qui peut de prime abord paraître austère, pour ne pas dire franchement inintéressante, et qui en réalité se révèle absolument passionnante, à l’image du génial titre de cette exposition : Quand l’habit fait le moine.

Une scénographie inventive, jusqu'aux moindres détails! Cliché E. Le Gall.

Celui-ci résume d’ailleurs parfaitement bien le propos qui, tout en étant délicieusement léger voire même, parfois, irrévérencieux, propose une analyse approfondie et structurée en quatre temps. Car loin d’être anecdotique, le vêtement de travail, qu’il s’agisse ou non d’un uniforme, délivre une multitude de messages. Il peut tour à tour traduire le pouvoir, qu’il soit judiciaire, spirituel ou militaire. Il peut protéger le corps des ouvriers exposés au froid, aux intempéries ou à des tâches dangereuses tout en permettant l’affirmation d’une structure particulière : entreprise, régiment, ordre religieux… Mais tous distinguent celles et ceux qui les portent et, ce faisant, ces vêtements participent d’une certaine codification des rapports humains.

Et c’est précisément cela que montre l’exposition temporaire présentée jusqu’au 16 novembre prochain au Musée de Bretagne, au travers de multiples photographies aussi significatives que belles. Confrontés à quelques exemples de vêtements de travail, de l’uniforme d’hôtesse de l’air de la compagnie Brit Air à la magnifique cuirasse prêtée par le Musée du Souvenir des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, ces clichés sont de surcroît servis par une scénographie ingénieuse et inventive.

Si l'on ne devait formuler qu'une seule critique à l'endroit de cette exposition, elle concernerait les lumières, parfois trop agressives. Cliché E. Le Gall.

Se dévoile alors une passionnante histoire de ces photographies de vêtements de travail. Si les portraits de militaires, qu’il s’agisse d’officiers de carrière ou de simple conscrits, sont l’affirmation d’un état qui distingue de la vie civile, les clichés de marin ou d’ouvriers ont plus valeur de témoignage. Reviennent alors à nous des codes sociaux aujourd’hui oubliés, du fait d’une moindre différenciation vestimentaire des métiers, fruit d’un individualisme grandissant. Il en est ainsi par exemple du gilet droit du garçon de café en bras de chemise, du plastron en bois caractéristique des ouvriers cercliers qui fabriquent les tonneaux ou encore, dans un genre très différent, de la soutane romaine des curés.

En définitive, nous ne saurions trop vous conseiller de visiter cette exposition proposée par le Musée de Bretagne. Derrière un propos léger se cache une réflexion subtile servie par de magnifiques photographies qui, à elles seules, justifient amplement le déplacement.

Erwan LE GALL