Bien plus que des affaires militaires : la série R des Archives départementales

La série R des archives départementales est très certainement l’une des plus prisées des généalogistes. Et pour cause, elle conserve les fameuses fiches matricules dont la consultation permet le plus souvent de retracer le parcours militaire d’un ancêtre. Malheureusement, beaucoup ignorent qu’au-delà de ces précieux registres, la série R offre d’innombrables archives permettant d’appréhender l’organisation militaire dans les départements. Sa consultation est d’ailleurs incontournable pour toutes celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Première Guerre mondiale.

Avant d’entamer toute recherche, il convient de garder à l’esprit que ces archives offrent principalement le regard de l’administration civile sur les affaires militaires. En effet, la série conserve presque exclusivement des documents produits par le bureau militaire de la préfecture. Quelques exceptions existent néanmoins puisque ces cartons contiennent également les archives du service du recrutement qui sont versées par le Bureau central des archives administratives militaires de Pau. De manière générale, ces liasses sont particulièrement utiles pour quiconque souhaite mesurer la présence de l’armée dans la vie des territoires : périodes de grandes manœuvres ou d’exercices, créations de casernes et de champs de tir, cérémonies et remises de décorations sont autant d’éléments qui en effet rythment la vie du début du XX^e siècle, et pas uniquement des militaires. On pourra également s’attarder sur les fonds versés par les services départementaux de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, sans toutefois perdre de vue qu’il s’agit là d’une administration déconcentrée civile, placée dans les départements sous tutelle des préfets.

Idéalement, le cadre de classement de la série R prévoit une répartition en 10 sous-séries thématiques, ce qui facilite grandement la compréhension des fonds :

• Préparation militaire et recrutement de l’armée en 1 R ;
• Organisation de l'armée en 2 R ;
• Anciens combattants et victimes de la guerre en 3 R ;
• Garde nationale et autres corps spéciaux en 4 R ;
• Gendarmerie en 5 R ;
• Sapeurs-pompiers en 6 R ;
• Marine et Garde-côtes en 7 R ;
• Occupation de la France par les armées ennemies en 8 R ;
• Prisonniers de guerre ennemis en 9 R ;
• Organismes temporaires du temps de la Première Guerre mondiale en 10 R.

La sous-série 1 R est probablement la plus consultée. Outre les fiches matricules, le chercheur y trouve notamment les listes départementales de recrutement du contingent, les papiers des conseils de révision, ou encore les traces des engagements volontaires. Précisions toutefois que les fiches matricules ne concernent pas les inscrits maritimes, leurs fiches étant en effet conservées au Service historique de la Défense.

Bien entendu, le chercheur devra compléter sa recherche en s’orientant vers des sources complémentaires. Il faudra donc envisager un déplacement aux Archives nationales, au Service historique de la Défense, ou, dans certains cas, tout simplement consulter les documents numérisés par le ministère de la Défense sur le site « Mémoire des hommes ». Les Archives départementales mettent également à disposition des archives supplémentaires dont il serait vain de dresser une liste exhaustive tant les affaires militaires, particulièrement en temps de guerre, impliquent l’ensemble des administrations civiles. Que le chercheur se rassure, dans le cadre des commémorations du centenaire de la Grande Guerre, de nombreux services d’archives, comme celui d’Ille-et-Vilaine, ont élaboré des guides des sources qui facilitent grandement l’approche du conflit par le grand public.

Yves-Marie EVANNO