L’incontournable du généalogiste : l’état civil

La vie d’une personne est ponctuée d’événements et de cérémonies, rites de passage se traduisant parfois par la rédaction d’actes qui construisent l’identité civile. Ainsi, la naissance, le mariage et le décès de chaque individu sont inscrits dans des registres dits d’état civil de la ou des communes où se produisent ces événements.

Le lieu de l'état civil contemporain : la Mairie. Carte postale. Collection particulière.

L’état civil est l’un des actes administratifs de la vie courante les plus anciens. Si le décret du 20 septembre 1792 laïcise l’état civil en France, par l’instauration d’officiers publics chargés de rédiger et de conserver les registres, ce principe est en fait bien antérieur, mais relevait des registres paroissiaux enregistrant les baptêmes, mariages et sépultures. L’état civil  tel qu’on le connait aujourd’hui est donc bien inhérent à la période contemporaine. En Bretagne, le plus ancien registre paroissial encore conservé est celui de l’actuelle commune de Lanloup, dans les Côtes d'Armor. Il remonte à l’année 14671 ! Au siècle suivant, l'ordonnance de Villers-Cotterêts, signée par François Ier en 1539, rend obligatoire la tenue de registres des baptêmes, en français, par les curés des paroisses. Puis en avril 1667, une nouvelle ordonnance impose la rédaction de registres paroissiaux en double exemplaire.

Au fil du temps, les informations contenues sur les différents documents d’état civil évoluent. En revanche, certaines sont incontournables. Sur un acte de naissance, par exemple, on trouve systématiquement : le nom de la commune, le numéro de l’acte dans le registre, la date et l’heure de la naissance, l’adresse ou le lieu-dit, les prénoms et nom de famille de l’enfant né, son sexe, les prénoms et nom du père et de la mère, leurs dates et lieux de naissance, la signature de l’officier d’état civil. La profession peut également figurer, ce qui peut s’avérer très instructif. Cette richesse d’informations fait notamment le bonheur de tous les généalogistes en quête de leur ascendance.

Mais l’état civil ne doit pas être cantonné à la construction d’arbres généalogiques, tant c’est une source fondamentale pour les historiens. Il a en effet servi de base pour la constitution de grandes enquêtes quantitatives et sérielles, afin de mieux comprendre sur le long terme l’évolution démographique d’un territoire, qu’il soit à l’échelle locale ou nationale. Cette démographie historique a connu ses heures de gloire, en France, dans les décennies d’après-guerre, autour notamment des historiens Ernest Labrousse, Pierre Goubert ou Emmanuel Le Roy Ladurie. Si ce type d’études est aujourd’hui quelque peu passé de mode, l’état-civil continue toutefois à rendre de nombreux services aux prosopographes et aux historiens, notamment des migrations, qui trouvent là une source incontournable. De même, les personnes qui participent au défi 1 jour 1 poilu ont régulièrement recours aux actes de l’état civil afin de confirmer, ou d’infirmer, une information du fichier des morts pour la France.

Mariage. Collection particulière.

Face à la forte demande de consultation des archives de l’état civil et aux dégâts que peuvent causer un excès de manipulations, la préservation de ces registres est un enjeu fort pour les archives départementales. C’est d’abord le microfilm qui est apparu comme la solution, avant que les opérations de numérisation se multiplient dans tous les départements. La solution définitive a-t-elle pour autant été trouvée ? Quid de la conservation des fichiers numériques, de leur empreinte écologique ainsi que de leur potentielle obsolescence ? Toujours est-il qu’avec la mise en ligne de ces archives de l’état civil, leur consultation est aujourd’hui beaucoup plus aisée. Une simplification qui existe également pour les délais de communicabilité, avec la loi n° 2008-696 du 15 juillet 2008. En ce qui concerne les actes de naissances et de mariages, les délais ont été ramenés de 100 à 75 ans. De plus, les actes de décès sont communicables immédiatement.

Si vous souhaitez vous plonger dans les registres d’état civil en Bretagne, voici les sites à consulter :

Thomas PERRONO

 

1 AD22. Registre de baptême de Lanloup, 1467-1668, en ligne.