Quand la presse ancienne vient enrichir une recherche biographique

L’intérêt de la presse ancienne souvent démontré et illustré dans ces colonnes permet parfois d’enrichir une recherche sur un personnage et d’ajouter un peu de chair à une biographie par trop administrative. Dans le cadre d’une enquête sur l’architecte Charles Caro (1882-1931), originaire de Port-Louis mais installé à Lorient, à propos d’une maison qu’il a édifié à Hennebont en 1908 au début de sa carrière, nous avons ainsi systématiquement « épluché » la presse ancienne, source particulièrement précieuse.

La villa Castel Annik à Hennebont, œuvre de Charles Caro. Crédit iconographique : Service valorisation du patrimoine – Ville d’Hennebont.

A côté des archives plus traditionnelles comme l’état-civil, le cadastre, le registre matricule ou encore les registres des constructions nouvelles, la presse ancienne disponible en ligne, permet des découvertes éclairant d’autres pans de cette histoire. Grâce à ces sources, il a ainsi été possible de suivre, via les réclames qui y sont publiées, la localisation de l’agence de cet architecte. Installé à Lorient, rue Carnot puis des Fontaines, on voit  Charles Caro transférer son cabinet à son domicile « à partir du 1er janvier 1917 pendant la durée des hostilités ». On retrouve également des annonces publiées pour recruter un commis-dessinateur, « jeune homme de 15 à 16 ans », dont il est précisé qu’il doit avoir « des aptitudes sérieuses pour le dessin ». Il est aussi demandé qu’il soit « présenté par ces parents ». Ce détail éclaire peut-être la formation de certains architectes1. Charles Caro apparait en effet, à 21 ans, alors qu’il est témoin de mariage de son frère, comme « dessinateur » et seulement 4 ans plus tard, en 1907, comme architecte.

Sur le plan personnel, il est fait état de sa recherche d’une « bonne-à-tout-faire ». Les faire-part de mariage ou de décès publiés dans la presse ont également permis d’ouvrir des pistes sur des membres de sa famille comme son fils aîné, étudiant aux Beaux-Arts et décédé à Paris. Sans l’indication de ce faire-part, nous n’aurions jamais été rechercher son avis de décès à Paris et n’aurions pas connu son statut.

En juillet 1909, un encart dans Le Nouvelliste du Morbihan fait état de la dissolution de la société Caro frères. Jules, le frère ainé de Charles, reprend le fonds de commerce d’entrepreneur de Travaux publics situé boulevard du 14 Juillet à Port-Louis et Charles le cabinet d’architecte de Lorient. 

La presse nous a permis également d’esquisser une cartographie des réalisations2 de Charles Caro, associé à Louis-Marie Dutartre et au pontivien Edouard Ramonatxo grâce aux compte-rendus de conseils municipaux. Qu’il s’agisse d’un chantier pour une école, comme à Queven, ou pour une nouvelle mairie, en 1922, à Lanvenegen. Leur œuvre maîtresse qui vaut une quasi pleine page étant la Chambre de Commerce à Lorient, édifice encore visible, quai des Indes. L’architecte Charles Caro apparait aussi dans un fait-divers, relaté en juillet 1908, par Le Nouvelliste du Morbihan, il est témoin, à Port-Louis, revenant d’un banquet corporatif avec des menuisiers, de la noyade d’un dénommé Braud, professeur de mathématiques au cours de Navale au lycée de Lorient.

Œuvre de Charles Caro, la mairie de Lanvenegen construite en 1922. Crédit iconographique : Mairie de Lanvenegen.

Ce survol assez rapide des recherches menées sur cet architecte montre combien le recours à la presse ancienne, disponible dans le cas présent en ligne sur le site des archives départementales du Morbihan, permet de venir compléter celles plus administratives habituellement explorées. Leur consultation ouvre de nouvelles pistes, permet de préciser des événements et, comme l’illustre le fait-divers, de montrer que derrière les documents, c’est bien une vie qui a été vécue.

Pierre-Laurent CONSTANTIN

 

 

 

 

1 . L’école d’architecture régionale de Rennes n’est ouverte qu’en 1905, rattachée à l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris.

2 Travail toujours en cours.