L’autre drame de Munich… vu de Bretagne
Le 6 février 1958, le monde du football est frappé par un terrible drame : un accident d’avion vient de décimer l’équipe de Manchester United. L’émotion est d’autant plus forte qu’à cette époque, ce type d’accident est encore assez rare, les transferts en avion commençant à peine à se développer dans le sport avec la mise en place de compétitions continentales1. Rare mais pas exceptionnel puisque, comme le rappelle La Liberté du Morbihan, une catastrophe de la même ampleur décime l’équipe italienne du « Torino » le 4 mai 19492. Comme ses homologues bretons, le quotidien morbihannais se passionne pour ce qui demeure, 60 ans plus tard, l’une des dates les plus marquantes de l’histoire du sport3.
Le 5 février 1958, la jeune et talentueuse formation de Manchester United se qualifie pour la demi-finale de la Coupe des clubs champions européens en dominant son adversaire du soir : l’Etoile rouge de Belgrade. Le lendemain, les joueurs embarquent dans l’avion affrété par la Compagnie BEA. L’appareil fait une escale à Munich pour y faire le plein de carburant. La piste est couverte de neige. L’équipage tente malgré tout de décoller mais, à la troisième tentative, l’appareil percute violemment une maison et un entrepôt de carburant.
Le choc est particulièrement violent comme le rapporte Peter Howard. Le reporter-photographe du Daily-Mail est « sur un siège de la première rangée à l’avant de l’appareil » au moment de l’accident. Son témoignage est reproduit intégralement dans La Liberté du Morbihan. Il déclare que :
« tout à coup, l’avion a paru se désintégrer. Personne ne cria, seul un silence de mort qui ne dura que quelques secondes. »
Le premier bilan rapporté dans la presse fait état de 21 morts. Deux autres passagers décèderont quelques jours plus tard.
 |
| The show must go on. Programme du match que Manchester United livre contre West Bromwich Albion lors de la saison 1958-1959 (détail). Collection particulière. |
Au-delà du bilan humain, La Liberté du Morbihan évoque également l’aspect sportif du drame qui touche « l’une des plus brillantes équipes d’Europe », championne d’Angleterre en titre. Selon le quotidien, « on peut présumer que l’accident a couté à Manchester United, un total de dix personnes sans compter les joueurs blessés dont certains ne joueront peut-être jamais plus ». L’estimation s’avère juste. Huit joueurs décèdent à la suite du crash dont le talentueux et prometteur Duncan Edwards, deux autres ne rechausseront jamais les crampons. A l’inverse, Bobby Charlton fera briller les couleurs de son club dans les années 1960, perpétuant en quelque sorte la mémoire de ses coéquipiers disparus la 6 février 1958 à Munich.
Yves-Marie EVANNO
1 A titre d’exemple, en football, la première coupe d’Europe interclubs, la Coupe des clubs champions européens, est créée en 1955.
2 « Il y a neuf ans », La Liberté du Morbihan, 8 février 1958, p. 12. On peut évoquer également la disparition du boxeur Marcel Cerdan à la fin de l’automne 1949. Mais les accidents sont plus nombreux à partir des années 1960. Citons à titre d’exemple le drame de la cordillère des Andes qui touche les rugbymans des Old Christians de Montevideo en 1972 ou, plus récemment, en 2016, la disparition des footballers brésiliens de Chapecoense.
3 « L’avion transportant l’équipe de football de Manchester s’écrase près de Munich », La Liberté du Morbihan, 8 février 1958, p. 1-12.
|
