La Bretagne : un terrain propice à la pratique du tennis
Le tennis est-il un sport breton ? Bien évidemment, seul un excès de chauvinisme nous permettrait de l’affirmer. Pourtant, à bien y regarder, si la péninsule armoricaine n’est pas immédiatement désignée comme étant une terre de tennis, elle a bel et bien participé à l’implantation de ce sport sur le continent1. C’est en effet sur les plages de la Manche que les touristes britanniques, à la fin du XIXe siècle, importent cette discipline sportive. Le premier club de tennis français voit ainsi le jour à Dinard en 1879 sous l’impulsion de l’Anglais Williers Forbes2. Le Lawn Tennis-Club de Dinard devance de peu la création d’autres structures en France et en Bretagne (Saint-Quay-Portrieux, Saint-Malo, ou encore Carnac). Tous ont pour point commun de se développer dans des stations balnéaires. Ce n’est que dans les années 1920 que le tennis s’implante dans les grandes villes comme Brest et surtout Rennes.
|
Carte postale. Collection particulière. |
Dans l’entre-deux-guerres, la popularité du tennis en Bretagne peut être saisie grâce au rayonnement du tournoi international de Dinard. L’édition de 1928 en est la parfaite démonstration. Le 13 août, la finale du tournoi vient rompre la quiétude de la station balnéaire comme le relate L’Ouest-Eclair :
« Bien avant l'heure de la rencontre de nombreuses et belles voitures garnissaient la rue du Tennis et les artères avoisinantes et, les spectateurs se pressaient autour du guichet d'entrée. Sous les frais ombrages, derrière les places pour la plupart déjà occupées, garçons et serveuses dressaient les tables à thé et préparaient les toasts. » 3
Il faut dire que la petite cité bretonne assiste à une finale de rêve : Henri Cochet, « le prestigieux champion » affronte « l'espoir sérieux » Christian Boussus. Rappelons en effet le palmarès des deux hommes. Henri Cochet, l’un des mythiques « Quatre mousquetaires », est alors au sommet de sa carrière. Cette même année 1928, il remporte les Internationaux de France, l’US Open et joue la finale de Wimbledon. Quant à Christian Boussus, de sept ans son cadet, il vient d’accéder aux demi-finales de l’emblématique tournoi londonien. Son ascension est telle qu’il sera plus bientôt surnommé le « Cinquième mousquetaire ». Comme à Wimbledon, c’est finalement le plus expérimenté, Henri Cochet, qui remporte la rencontre par 3 sets à 1.
La finale du tournoi de Dinard est également l’un des temps forts de la saison estivale. Elle attire en conséquence « tout ce que notre station balnéaire compte de personnalités » comme le précise L’Ouest-Eclair. Le quotidien rennais rapporte ainsi la présence du grand-duc de Russie – alors en exil – Cyrille Vladimirovitch et de son épouse, « la grande duchesse, sœur de la reine-mère de Roumanie » ; de l’ambassadeur de France à Varsovie, Jules Laroche ; du député de Charente – et futur ministre de l’Agriculture – Jean Hennessy ; de Roger Gasser, l’officier d’ordonnance du général Weygand ; et d’une multitude de personnalités issues de la bourgeoisie française et britannique.
|
Terrain de tennis. Carte postale (détail). Collection particulière. |
En 1928, règne déjà une atmosphère que l’on rencontre toujours aujourd’hui dans les allées de Roland-Garros. Pourtant, un siècle plus tard, force est de constater que le tennis ne s’est pas imposé en Bretagne au même titre que le cyclisme ou le football. Cela n’empêche pas la région de permettre l’éclosion de jeunes champions. C’est ainsi qu’en 2013 le TC Quimperlé devient champion de France de la discipline, manquant de peu le doublé en 20164…
Yves-Marie EVANNO
1 Sur ce point voir, CHEVALLIER, Jean-Pierre, Le tennis breton (1879-2013), Pontivy, Ligue de Bretagne de tennis, 2012.
2 « L’historique du club », www.club.fft.fr, sans date, en ligne.
3 « Le tournoi international du Dinard », L’Ouest-Eclair, 13 août 1928, p. 11.
4 BREZAC, Charles-Antoine, « Quimperlé champion de France : la belle histoire du Quevilly du tennis », www.tempsreel.nouvelobs.com, 15 décembre 2012, en ligne ; « Scénario terrible pour Quimperlé en finale des interclubs », www.ouest-france.fr, 3 décembre 2016, en ligne. |