Yvon Le Roux, le Breton de « la bande à Platini »

En juin 1984, les Bleus remportent le championnat d’Europe des Nations, premier titre international de l’équipe de France de football. Dans « la bande à Platini », c’est un Breton du nom d’Yvon Le Roux qui joue le rôle de tour de contrôle dans la défense tricolore du haut de son mètre 89.

Le but contre la Yougoslavie: le plus beau jour de la riche carrière d'Yvon Le Roux. Collection particulière.

Né à Plouvorn le 19 avril 1960, il débute sa carrière de footballeur au Stade brestois. Il est à peine majeur quand il joue 12 matchs de deuxième division, lors de la saison 1977-1978. L’année suivante, il participe à la première montée en première division du club finistérien. Au fil des saisons, et malgré les allers-retours de l’équipe entre la D1 et la D2, le « colosse » Le Roux s’impose comme un maillon essentiel de la défense brestoise. Une régularité qui lui ouvre les portes de l’équipe de France en 1983. Il suit ainsi les traces de son illustre aîné Alex Thépot, gardien de but des Tricolores dans les années 1930, qui a débuté sa carrière à l’Armoricaine de Brest. Pour son premier match en bleu face à la Yougoslavie, Yvon Le Roux se paye même le luxe de marquer un but de la tête sur un centre de Bruno Bellone1. Un coup de maître qui est le seul de sa carrière tricolore…

La rade de Brest est devenue trop étroite pour le talent de Le Roux. A la fin de la saison 1982-1983, il entreprend l’ascension du Rocher monégasque. Mais sa première saison avec l’AS Monaco a un goût d’inachevé. L’équipe échoue à la différence de buts face aux Girondins de Bordeaux pour le titre de champion de France. Monaco perd également la finale de la coupe de France face au FC Metz. Dans le même temps, Yvon Le Roux est devenu titulaire indiscutable de la défense tricolore. Il est logiquement sélectionné pour participer à l’Euro 84 organisé en France. Pour le match d’ouverture face au Danemark, il forme la charnière française avec Maxime Bossis. Mais dans son duel rugueux avec l’attaquant danois Alan Simonsen, il se blesse au genou.2 Jean-François Domergue le remplace pour les autres matchs de poules. Le Roux retrouve la pelouse lors de la demi-finale contre le Portugal. Lors de la finale face à l’Espagne, il exulte après le coup-franc victorieux de Platini face à Arconada. Las, Le Roux écope d’un second carton jaune à la 85e minute. Il est donc expulsé du match et ne peut assister au second but de la partie, marqué par Bruno Bellone, au bout du temps réglementaire. Peu importe, Yvon Le Roux est champion d’Europe, comme le reste de « la bande à Platini ».3

En 1985, après avoir remporté la Coupe de France avec Monaco, Le Roux souhaite rentrer en Bretagne. Il débarque alors à Nantes pour remplacer Maxime Bossis, son coéquipier de l’équipe de France. Pour sa première saison, il est à nouveau vice-champion de France et participe à huit matchs de Coupe d’Europe. En bleu, il est de l’aventure de la Coupe du monde mexicaine de 1986. Cette fois-ci sur le banc des remplaçants, il assiste à la défaite française face à la RFA en demi-finale.

En 1987, nouveau transfert, Le Roux débarque sur la Canebière. L’Olympique de Marseille est alors un club en pleine ascension. Dans le bouillonnant Stade Vélodrome, le Breton est au sommet de son art. Il prend part au doublé coupe-championnat de 1989. Mais concurrencé par la jeune génération, Carlos Mozer et Basile Boli, il n’a d’autre choix que de partir voir ailleurs. Et c’est au Paris-Saint-Germain qu’il signe pour la saison 1989-1990 : sa dernière en tant que footballeur professionnel, minée par des problèmes de genou.

Yvon Le Roux dans ses oeuvres. Crédit: blog de Kurbos.

Après avoir raccroché les crampons, Yvon Le Roux devient entraîneur. Son premier poste est un retour aux sources. En 1991, il prend les commandes d’un Brest Armorique FC qui vient de faire faillite. Par la suite, il entraîne également deux autres clubs finistériens : le Stade Quimpérois et l’US Concarneau. Au bout du compte, Yvon Le Roux fait partie de ces footballeurs de l’ombre : indispensables à l’équipe, sans jamais accéder au rang de star du ballon rond, malgré une carrière couronnée de titres.

Thomas PERRONO

 

 

 

1 INA. « Yvon Le Roux marque le premier but français », non diffusé, 23 avril 1983, en ligne.

2 Youtube. « Allan Simonsen - Yvon Le Roux [Euro 84] », en ligne.

3 Youtube. « Rétro Euro 84 : Episode 5, la finale France-Espagne (2-0) », en ligne.