Pierre Adam naît le 10 juin 1895 à Saint-Brieuc, dans les Côtes-du-Nord. Il est le fils d’un lieutenant au 71e RI âgé de 32 ans et de son épouse de 23 ans répertoriée comme étant sans profession. Pierre Adam est élève du Lycée de Rennes de janvier 1909 à janvier 1910.
Marie, Joseph, Sylvain Adam, le père de Pierre, est militaire ayant débuté sa carrière comme soldat de 2e classe au 124e RI de Laval en 1886. La mobilisation générale le trouve capitaine au 41e régiment d’infanterie de Rennes jusqu’à son transfert, le 3 août 1914, au 241e RI. Promu chef de bataillon, il est transféré au 25e RI le 22 février 1915 jusqu’à son admission à la retraite, le 20 mars 1918.
Pierre Adam contracte un engagement volontaire de quatre ans en la Mairie de Rennes le 28 février 1914 pour le 118e régiment d’infanterie. Il est malheureusement difficile d’en savoir beaucoup plus le concernant puisque sa fiche matricule conservée aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine n’est plus remplie à partir de cette date.
On sait néanmoins que Pierre Adam arrive au 47e régiment d’infanterie le 27 juillet 1915 en provenance du 25e régiment d’infanterie en même temps que les sous-lieutenants Droguet et Lemoine du 13e hussards. Il remplace le sous-lieutenant Guillaume de la 4e compagnie, tué le 11 juillet 1915.
Pierre Adam est titulaire de sept citations, les deux premières étant inscrites à l’ordre du 11e corps et de la XIe armée. C’est en tant que sous-lieutenant du 47e régiment d’infanterie qu’il est cité à l’ordre de la IIIe armée le 5 avril 1916 :

« Très brillant officier qui joint à une grande bravoure un calme réfléchi. A su inspirer à ses hommes une confiance absolue. Dans la nuit du 22 au 23 mars 1916 a combiné avec intelligence et exécuté avec la plus grande hardiesse sur un petit poste allemand un coup de main qui l’en a rendu maître. »

Cette opération est précisément décrite dans le journal des marches et opérations du 47e régiment d’infanterie : « Au cours de la nuit, une de nos patrouilles commandée par le sous-lieutenant Adam enlève un petit poste ennemi en face de L1 et ramène deux prisonniers ». Le JMO du 10e corps évoque également cette opération et précise que

« vers 1 heure une patrouille de 8 hommes du 47e d’infanterie commandée par un officier (sous-lieutenant Adam) a fait 2 prisonniers à la naissance du ravin Houyette. Cette patrouille a exécuté ce coup de main sans pertes sur un petit poste ou se trouvaient les 2 prisonniers du 188e régiment de réserve. »

Cet officier est répertorié dans le tableau de constitution de l’unité figurant le 1er juillet 1916 sur le journal des marches et opérations comme servant à la 11/47e RI. Quelques semaines plus tard, le 30 septembre 1916, Pierre Adam et cité à l’ordre du 10e corps d’armée :

« Au cours du nettoyage d’un village complètement encerclé par nos troupes, a rendu avec son peloton de canons de 37mm les plus signalés services, causant à l’ennemi des pertes sensibles. S’est porté à plusieurs reprises en terrain complètement découvert pour mieux apercevoir ses objectifs. Officier d’une bravoure éprouvée et d’un rare sang-froid. »

Pierre Adam est cité une cinquième fois à l’ordre, du 47e régiment d’infanterie cette fois-ci, le 20 mars 1918 :

« Excellent officier, d’une haute valeur morale et d’un courage remarquable. A organisé avec beaucoup de méthode et condit avec habileté de nombreuses reconnaissances dans les lignes ennemies, donnant toujours l’exemple pour les missions les plus délicates et les plus périlleuses. »

Pierre Adam est cité à l’ordre de la 20e division le 19 juin 1918 :

« Sous les ordres de son chef, le lieutenant Adam, le peloton des canons de 37 a exécuté pendant la journée du XXXXXXXXXXX [mention non indiquée par le Livre d'or du Lycée] des tirs particulièrement efficaces sur les groupes et petites lignes de tirailleurs ennemis cherchant à déboucher des bois. S’étant replié par ordre alors que l’ennemi était presque en contact, est venu prendre position en avant d’un pont ; a tiré jusqu’à son dernier obus, détruisant une mitrailleuse et gênant considérablement la progression des Allemands. N’a repassé la rivière qu’à la dernière extrémité, quelques minutes avant la destruction du pont. »

Pierre Adam est cité une septième et dernière fois à l’ordre de la Ve armée le 19 août 1918 :

« Vaillant officier, remarquable par son sang-froid et sa bravoure. Volontaire pour toutes les missions délicates, a conduit avec la plus grande décision de nombreuses patrouilles dans les lignes ennemies. A été grièvement blessé le 19 juin 1918, au moment où il prenait ses dispositions en vue d’une périlleuse reconnaissance dont il avait sollicité le commandement. »

Pierre Adam décède à Colombes, dans les Haut-de-Seine, le 17 juin 1980.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI et 26 N 133/2, JMO 10e CA; Arch. Dép. CdA: EC Saint-Brieuc ; Arch. Dép. I & V. : 1 R 2159.7 ; Livre d’or du Lycée de Rennes, Rennes, Oberthür, 1922, p. 236-237 ; Arch. Nat. : LH/7/13.

Maurice, Henri Arzur naît à Brest le 18 août 1895 dans un milieu visiblement modeste puisqu’il bénéficie de bourses pour ses études. Elève néanmoins brillant, il sort de Saint-Cyr mais sa promotion – dénommée « Croix du Drapeau » – est particulière puisque la scolarité s’étend sur les années 1913-1914. Du fait de la mobilisation générale, il n’y a sans doute pas eu d’examen de sortie et les élèves rejoignent directement leur unité, pour partir au front. Maurice Arzur est lui affecté à la 4e compagnie du 47e régiment d’infanterie en tant que sous-lieutenant, qu’il rejoint très probablement le 4 ou le 5 août 1914. Le 24 septembre 1914, lorsque le rédacteur du journal des marches et opérations du 47e régiment d’infanterie dresse le tableau de constitution du régiment, Maurcie Arzur figure à la 9e compagnie.
Par un jugement rendu le 9 juin 1920 par le tribunal de Quimper, Maurice Arzur est déclaré mort pour la France le 6 octobre 1914 à Mercatel. En réalité il est porté disparu depuis l’avant-veille.
Maurice Arzur fait partie de la génération de Saint-cyriens concernée par le « serment de 1914 » de monter au combat en casoar et gants blancs. Pour l’heure, rien ne permet de savoir si c'est effectivement dans cette tenue que Maurice Arzur reçoit le baptême du feu le 22 août 1914, mais rien en permet d’en douter tant l’esprit de corps est important au sein de cette école.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes ; BOY, Général de brigade (2s) Jean, Historique de la 98e promotion (1913-1914), promotion de la Croix du Drapeau, www.saint-cyr.org/fichiers/promotions-eteintes/1913-1914-98e-promotion-de-la-croix-du-drapeau.pdf ; « A l’école de Saint-Cyr », L’Ouest-Eclair, n°5549, Vendredi 6 mars 1914, p. 9 ; MARMONT-PALUET, « En casoar et gants blancs », Le Gaulois, n°18 429, mardi 20 mars 1928, p. 1-2.

Cet adjudant est promu sous-lieutenant à titre temporaire le 6 novembre 1914. Il est affecté à la 4e compagnie. Cet officier est répertorié comme blessé au soir du 9 mai 1915.
Quelques jours plus tard, le sous-lieutenant Paul Audren adresse à la mère du sergent Jehan de Kerguézec de la 4/47e RI, mort pour la France lors de cette offensive du 9 mai 1915, la lettre suivante :

« Madame, Je m’incline devant votre immense douleur, et j’y pends la plus grande part, d’autant plus que votre pauvre Jehan fut pour moi plus qu’un subordonné, il fut un ami et un frère d’armes dans toute l’acception du mot.
Je suis heureux de l’affection qu’il me porte dans ses notes. Si les nécessités du service m’ont quelques fois obligé à parler en chef, j’ai su en toutes occasions reconnaître les précieuses qualités de votre fils.
Il était la providence de ses soldats ; que de fois il m’a demandé d’épargner aux soldats fatigués un travail de nuit qui aurait supprimé tout repos. Ma confiance en sa vigilance allait chaque jour grandissante ; aussi l’avais-je proposé pour un nouveau grade quelques jours avant sa mort glorieuse. Sa piété le fit souvent remarquer parmi ses camarades. Il fut pour son unité une lumière, tant par sa piété que son courage. Quel joyeux courage ! Votre fils, Madame, est mort en chrétien et en héros. J’ai pleine confiance que le Dieu des armées, qui lutte avec nous, lui aura donné la récompense. Que ce soit votre consolation, Madame, un chrétien de la trempe du pauvre Jehan a tout à espérer de la mort glorieuse dans les combats, pour la Patrie. Recevez, Madame, l’expression, etc… »

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI; Livre d’or des anciens élèves du Collège Saint-Vincent de Rennes morts au champ d’honneur, Tome 1, A-M, Rennes, Oberthür, 1917, p. 229-230.

Le nom de cet officier figure sur le tableau de composition du régiment, en août 1914. Le journal des marches et opérations de l’unité indique qu’il est affecté à la 11e compagnie. Cet officier apparait le 1er décembre 1914 sur le tableau de constitution du régiment en tant que sous-lieutenant de la 8e compagnie. Le 21 mai 1915, il est promu capitaine à titre temporaire et est blessé le 10 puis le 16 juin suivant. Le 24 septembre 1915 il est transféré au 136e régiment d’infanterie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI et 26 N 698/18, JMO 136e RI.

Félix, François, Marie Avril naît le 27 avril 1894 à Saint-Malo. Il est le fils d’un négociant-armateur de 36 ans et d’une femme de 22 ans dont la profession n’est pas indiquée sur l’acte de naissance. Un article publié en août 1916 par Le Salut le présente comme étant le « fils de l’honorable conseiller municipal et négociant malouin ».

Portrait de Félix Avril publié dans le Livre d'or du collège de Saint-Malo.

Félix Avril effectue ses études au Collège de Saint-Malo puis à l’institution Saint-Charles à Saint-Brieuc, de 1907 à 1912. Il est répertorié lors de son passage devant le Conseil de révision comme exerçant la profession d’employé de commerce.

Félix Avril est incorporé au 2e régiment d’infanterie le 8 septembre 1914 en tant que soldat de 2e classe. Il passe au 47e régiment d’infanterie le 12 janvier 1915, date qui doit probablement correspondre à la fin de ses classes et/ou à son arrivée aux armées.
Félix Avril est nommé sous-lieutenant puis est affecté à la 6e compagnie le 15 juin 1915, où il sert avec le lieutenant Edouard Lainé. Celui-ci le mentionne d’ailleurs dans un courrier relatant les combats de l’été 1915 dans le Labyrinthe :

« J’ai revu Avril après l’assaut : ce dernier est resté vingt-quatre heures dans la plaine, au milieu des morts et des blessés, malgré les balles et les obus. Sur un ordre qui lui a été donné, il a ramené en plein jour ce qui restait de sa section dans nos tranchées. Il a vraiment montré un sang-froid au-dessus de son âge et un courage admirable. »

Le livre d’or  de l’institution Saint-Charles à Saint-Brieuc rapporte que Félix Arvil est blessé au cours de l’année 1915, intoxiqué aux gaz, et qu’il est évacué sur Carcassone. Or, rien dans sa la fiche matricule conservée aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine ne vient confirmer cette information. Ce même livre d’or indique qu’au retour de convalescence, Félix Avril « apprend qu’il est désigné pour instruire à l’arrière la jeune classe » et que, « désolé » de cette affectation, « il écrit au général en chef et lui demande d’être versé aux zouaves ».

Le sous-lieutenant Félix Avril est transféré le 24 avril 1916 au 3e régiment de zouaves, mais aucune archive autre que le livre d’or de l’Institution Saint-Charles ne peut attester que c’est bien sur sa demande. Il est tué à l’ennemi avec cette unité le 10 septembre 1916 lors de la bataille de la Somme.
Contrairement à ce qu’indique la fiche de Mémoire des hommes, Félix Avril ne dépend pas de la classe 1915 mais 1914.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Dép. I&V. : 10 NUM 35288 1124 et 1 R 2161.1669 ; BAZIN, Yves, Livre d’or des anciens élèves du collège de Saint-Malo morts pour la France, Saint-Malo, Imprimerie R. Bazin, 1921, p. 15-16; Aux anciens élèves de l’Ecole Saint-Charles morts pour la France Livre d’or 1914-1918, Saint-Brieuc, Ecole Saint-Charles, sans date, p. 6; « Nos officiers », Le Salut, 35e année, n°72, 19-30 août 1916, p. 1.