Emmanuel, Gustave, Emile Daix naît le 27 mai 1874 à Rochefort, en Charente-Inférieure. Il est le fils d’un sous-chef de musique au 27e RI, unité tenant garnison à Dijon, et d’une femme répertoriée comme étant « sans profession ».
Emmanuel Daix contracte le 7 octobre 1892 un engagement volontaire pour servir 4 ans au 116e RI de Vannes en tant que soldat 2e classe. C’est le début d’une carrière qui le voit devenir caporal en mai 1893, sergent en mars 1894 puis sergent-fourrier en janvier 1896.
Emmanuel Daix intègre le 18 avril 1900 l’Ecole militaire d’infanterie dont il sort sous-lieutenant le 31 mars 1901, affecté au 32e régiment d’infanterie, unité casernée à Tours et Châtellerault.
Emmanuel Daix épouse le 2 juin 1902 Mlle Cécile Renaud. Le couple a deux enfants.
Emmanuel Daix est nommé lieutenant le 1er avril 1903 puis est affecté le 24 avril 1908 au 3e régiment de tirailleurs algériens. Sa carrière se déroule sans aucun accroc si l’on excepte un coup de crosse au genou porté involontairement lors de manœuvres de garnison par un de ses hommes le 6 août 1904. Il suit 1906 les cours de l’école de gymnastique de Joinville et en 1907 les cours de l’école d’application du tir du camp du Richard. Transféré au 4e régiment de zouaves en décembre 1910.
Emmanuel Daix parait être un excellent élément à en juger par le « témoignage de satisfaction du ministre [de la Guerre] pour son zèle, son travail et les excellents résultats obtenus à l’application de tir du camp du Ruchard en 1907 ». L’année suivante, il reçoit le 10 octobre 1908 « du ministre de l’Instruction publique une médaille de bronze pour sa collaboration aux œuvres complémentaires de l’Ecole instituées dans les casernes et hôpitaux militaires ».
Emmanuel Daix est nommé capitaine le 23 mars 1914 et est transféré au 80e RI, unité tenant garnison à Narbonne mais où il ne reste que quelques jours puisqu’il est affecté dans la foulée au 47e RI. Il est nommé quelques jours plus tard, le 11 juillet 1914, chevalier de la Légion d’honneur, distinction qui s’ajoute à l’insigne d’officier du Nichan Iftikhar, une décoration tunisienne.
Lors de la mobilisation générale, le capitaine Daix commande la 10e compagnie du 47e régiment d’infanterie.
Le capitaine Daix est évacué pour épuisement le 24 septembre 1914. Sa convalescence est de courte durée puisque qu’il retrouve sa compagnie cinq jours plus tard, le 29, alors que le 47e régiment d’infanterie gagne l’Artois pour participer à la Course à la mer. A la suite de la blessure du commandant Pique le 4 octobre 1914, cet officier reprend provisoirement la tête du troisième bataillon.
Par la suite, le capitaine Daix n’apparait plus sur le tableau de constitution du régiment. Il est en effet affecté le 2 janvier 1915 au dépôt à Saint-Malo en qualité de capitaine chargé du matériel. Le 10 avril 1915, cet officier est de nouveau affecté au front, à la tête d’une compagnie. Mais il est ensuite probablement affecté de nouveau au dépôt à Saint-Malo puisqu’il n’apparait plus dans les tableaux ultérieurs de constitution du régiment.
En novembre 1916, Le Salut publie un entrefilet intitulé « Lamentable affaire » : « Le capitaine D., du 47e, accusé de détournements dans son service, a été mis aux arrêts de rigueur ». Selon toute vraisemblance, il s’agit du capitaine Daix puisqu’il fait l’objet d’un certificat de cessation de paiement de son traitement de membre de l’ordre de la Légion d’honneur. Ce document précise en outre qu’il « a été mis en non activité par retrait d’emploi, par décision présidentielle du 16 janvier 1917, qu’il a été rayé des contrôles du corps le 14 février 1917 et qu’il a été autorisé à résider à La Sablière par Souez, par Naintré (Vienne) ». Une note figurant dans le dossier de Légion d’honneur d’Emmanuel Daix précise toutefois que celui-ci n’a fait l’objet d’aucune sanction disciplinaire.

Sources : Arch. Nat. : LH 19800035/1284/48248 ; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; « Dans l’armée », L’Ouest-Eclair, n°5734, 24 avril 1915, p. 3 ; « Lamentable affaire », Le Salut, 35e année, n°95, 24-25 novembre 1916, p. 1.

Fils d’armurier, Alexandre, Mathurin, Marie Danilo nait le 28 avril 1879 à Bains-sur-Oust. Il semble s’être longtemps destiné au sacerdoce avant d’embrasser la carrière des armes.
Lieutenant à la 6e compagnie au moment de la mobilisation générale, Alexandre Danilo aurait été nommé capitaine le 1e octobre 1914 mais, pour l’heure, aucune archive de notre connaissance ne vient étayer cette affirmation du Livre d’or de la paroisse de Saint-Servan. Domicilié rue Amiral Magon à Saint-Servan en 1914, Alexandre Danilo a également habité rue Porcon de la Barbinais, à Saint-Malo.
Débutant le 14 novembre 1899 sa carrière militaire au 70e régiment d’infanterie en tant que soldat de 2e classe, Alexandre Danilo est admis comme élève-officier à l’Ecole militaire d’infanterie de Saint-Maixent le 14 mars 1906. Promu sous-lieutenant en 1907, il est affecté au 94e RI puis, deux ans plus tard, devient lieutenant, promotion qui s’accompagne d’un transfert au 47e RI.
Le Livre d’or de la paroisse de Saint-Servan affirme qu’il écrit le 2 août 1914 :

« La guerre est déclarée. Je dirais presque tant mieux car tout présage la victoire. Tous les réservistes nous arrivent tout feu tout flamme. C’est un vrai bonheur. Il faut que tout le monde fasse son devoir. Pour mon compte, je pars en faisant le sacrifice de ma vie. Je la vendrai cher. J’ai fait la promesse d’aller à Sainte-Anne à mon retour. »

Dans une carte postale adressée à son épouse le 2 septembre 1914, Daniel Poncet des Nouailles explique que le lieutenant Alexandre Danilo est superficiellement blessé lors de la bataille de Guise, sans que cela n’implique qu’il quitte son service.
Cité à titre posthume à l’ordre de la division, Alexandre Danilo est emblématique de la difficulté d’utilisation du fichier « Mémoire des hommes » puisque, titulaire de la mention « Mort pour la France », il fait l’objet de deux fiches. L’une le déclare « tué à l’ennemi » à Achicourt le 9 octobre 1914 tandis que l’autre impute son décès à des « blessures de guerre ». En réalité, le journal des marches et opérations du 47e régiment d’infanterie indique qu’il est tué à l’ennemi le 6 octobre 1914.
Un secours de 300 francs est versé à la mère d’Alexandre Danilo le 31 juillet 1915, ce qui laisse entendre qu’il est célibataire.

Sources : Arch. Dép. I&V: 10 NUM 35013 602 et 1 R 1894.1627; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47eRI ; BAVCC/Mémoire des hommes ; Paroisse de Saint-Servan, Livre d’Or des Morts pour la Patrie, Rennes, Imprimerie Oberthur, 1920. p. 122-123 ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 184 ; Arch. Mun. Saint-Malo : fonds Daniel Poncet des Nouailles.

Lors de la mobilisation générale, cet officier est à la tête de la 1e section de mitrailleuses du 47e régiment d’infanterie. Le 29 septembre, bien que lieutenant, il est porté au commandement de la 4e compagnie, situation assurément imputable aux nombreuses pertes déplorées par l’encadrement lors des deux premiers mois de la campagne.
Le sort de ce militaire est ensuite assez mystérieux puisque ce nom ne figure ni sur les tableaux de constitution du régiment sur le journal des marches et opérations, ni dans la base de données des morts pour la France du 47e régiment d’infanterie.
Le Salut rapporte dans un entrefilet publié au début du mois de janvier 1916 que « M. Dardel, lieutenant au 47e, est promu capitaine en remplacement de M. Viala, mis en non activité pour infirmités temporaires ». Sans doute faut-il en déduire que, blessé, cet officier poursuit la campagne au dépôt, à Saint-Malo.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI; « Au 47e, Le Salut, 35e année, n°2, 4-5 janvier 1916, p. 1.

Guillaume, Ernest Daré naît le 16 juillet 1881 au Relecq-Kerhuon, dans le Finistère, de parents cultivateurs. Elève brillant, il intègre Saint-Cyr et appartient à la promotion du « centenaire de la Légion d’honneur » (1901-1903).
Lors de la mobilisation générale, cet officier est affecté à 5e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Les terribles de pertes des batailles de Charleroi et Guise entraînant de grands vides à combler au sein de l’encadrement de l’unité, il apparaît dans le tableau de constitution du régiment du 47e RI daté du 5 septembre 1914 à la 7e compagnie.
Guillaume Daré est blessé une première fois en septembre 1914, mais sans être évacué, puis une seconde, le 6 octobre 1914, dans le secteur de Mercatel-Beaurains, au sud d’Arras, dans les tous derniers instants de la guerre de mouvement. Toutefois sa convalescence doit  être rapide puisqu’il figure au sein du tableau de constitution du régiment daté du 1er décembre 1914. Guillaume Daré est promu capitaine à titre temporaire le 23 septembre 1914. Il est alors affecté à la 8e compagnie et est confirmé dans ce grade trois mois plus tard, le 25 décembre.
Il est à noter que si plusieurs documents indiquent que Guillaume Daré est blessé le 16 juin 1915 au Labyrinthe, les mémoires de Julien Loret stipulent pour leur part que celui-ci est blessé le 6 juin 1915, dans ce même Labyrinthe, en voulant prendre pied sur un fortin et y planter un drapeau. Cette date semble plausible dans la mesure où Guillaume Daré est soigné à l’hôpital auxiliaire n°225 de Paris, ce qui suppose un certain délai du point de vue du transport. Or, il décède en cet établissement le 9 juin 1915 des suites de ses blessures.
Chevalier de la Légion d’honneur, Guillaume Daré est titulaire d’une prestigieuse citation à l’ordre de l’armée en date du 8 juin 1916 :

« A brillement entraîné sa compagnie à l’assaut d’un ouvrage allemand qu’il a enlevé de haute lutte. Grièvement blessé sur l’ouvrage qu’il venait de conquérir. Déjà blessé deux fois antérieurement. »

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Nat. : LH/660/46 ; Arch. Dép. Finisterre : 1 R 1263.336; Arch. Mun. Saint-Malo : 21 S. Historique des années de guerre 1914-1918 vécues par Julien Loret dans les 5e et 7e compagnies du 47e régiment d’infanterie; Archives municipales Relecq-Kerhuon : registre d’état-civil.

Maurice Edme, David de Drézigué nait le 11 octobre 1874 à Nantes. Mesurant 1,67m, il est brun et a les yeux marrons. Admis à l’Ecole du Service de santé militaire de Lyon le 23 octobre 1893, il contracte quelques jours après un engagement volontaire pour 3 ans, prélude à une longue carrière qui le mène dans divers endroits du globe. Médecin aide-major de 2e classe, il officie tout d’abord à l’hôpital militaire de Vincennes puis au sein du 21e régiment d’infanterie, unité casernée à Langres. Sa thèse de médecine est soutenue à Lyon en 1896 et porte sur « la résection des canaux déférents et de la ligature du cordon comme traitement de l’hypertrophie prostatique », travail qui est chroniqué le 6 février 1897 dans La Presse médicale.
Au tournant du siècle il entame une carrière coloniale – il participe ainsi aux campagnes de Tunisie et d’Algérie entre 1900 et 1906 – qui le conduit successivement à Tabarka, Constantine, Philippeville, Souk Ahras… jusqu’en 1906, date de son retour en métropole. Affecté au 12e régiment de hussards (Gray, Haute-Savoie), il reste deux dans cette unité avant d’être affecté en 1908 au 24e bataillon de chasseurs à pied.
Ce n’est que le 9 juin 1912 qu’il rejoint le 47e régiment d’infanterie. Fait médecin-major de 1e classe l’année suivante, le 24 juillet, cet officier occupe lors de la mobilisation générale la fonction de chef du service de santé du 47e régiment d’infanterie.
Maurice David de Drézigué réside à Saint-Malo, villa Roc-Chouette, sise boulevard Châteaubriand. Marié une première fois en 1910 à une certaine Charlotte de Kergariou, domiciliée à Ploubezre dans les Côtes-du-Nord, il devient veuf en mars 1914 puis épouse en seconde noce, le 18 octobre 1917, une briochine dénommée Eliane Bidard de la Noë. Après son décès, survenu en 1923, il épouse une certaine Marie Dangibeaud.
Cet officier conserve son poste de chef du service de santé du 47e RI jusqu’au départ de l’unité du Pas-de-Calais pour la Champagne. Ce n’est qu’en novembre 1916 qu’il quitte le 47e régiment d’infanterie, étant affecté au groupe de brancardiers de la 20e division. Pour autant, c’est à partir du 5 septembre 1916 qu’il assure les fonctions de médecin divisionnaire (le précédant titulaire du poste ayant été grièvement blessé ce jour par un éclat d’obus). Ici, la nomination « administrative » intervient après les faits, pour mettre en conformité l’organigramme avec la réalité.
Maurice David de Drézigué semble être assez proche de Daniel Poncet des Nouailles. Peut-être faut-il voir dans la commune ascendance aristocratique un facteur de proximité entre les deux hommes même si, en la matière, faute de sources, il convient de demeurer extrêmement prudent. Pour autant, on sait à partir de la correspondance de Daniel Poncet des Nouailles que c’est lui qui fait office de médecin personnel du chef du 47e RI à la suite de la blessure superficielle qu'il contracte à Guise.
C’est le médecin-major de 1e classe Maurice David de Drézigué qui, au soir du 22 janvier 1915, signale la blessure de Louis Bellamy comme étant suspecte. Lors de l’instruction de l’affaire, il réitère ses propos en avançant des considérations balistiques et médicales et termine son  témoignage en affirmant qu’il est, selon lui, « impossible » que ce soldat « ait été blessé à bout portant à un moment où il aurait tenu l’extrémité du canon dans la main gauche », ce qui revient à l’accuser de mutilation volontaire. Jugé coupable d’abandon de poste devant l’ennemi par mutilation volontaire, Louis Bellamy est fusillé pour l’exemple le 16 mars 1915.
Maurice David de Drézigué est titulaire de trois citations, dont une à l’ordre de l’armée en date du 28 novembre 1914 – une distinction qui intervient en même temps que celles accordées au lieutenant-colonel Poncet des Nouailles et au commandant Vermot – et une autre à l’ordre du 47e régiment d’infanterie en date du 4 novembre 1916. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 20 novembre 1914 puis officier le 4 février 1924. Il est alors chef du centre d’appareillage de Joué-les-Tours (Indre-et-Loire). Maurice David de Drézigué fait partie des témoins interrogés par E. Valarche après-guerre pour son étude sur la bataille de Guise, et Maurice Larcher pour son travail sur le 10e corps à Charleroi.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI, GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 868 - Conseil de guerre (affaire Louis Bellamy), 24 N 409, 5 septembre 1916, ordre au 47e RI, 26 N 301/11, JMO GBD20, 4 au 8 septembre 1916 ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 183 ; Arch. Nat. : LH/674/42 ; VALARCHE, Edmond, La bataille de Guise, les 28, 29 et 30 août 1914 au Xe Corps d'Armée, Paris, Berger-Levrault, 1929, p. 27 ; LARCHER, commandant Maurice, « Le 10e corps à Charleroi (20 au 24 août 1914) », Revue militaire française, 101e année (nouvelle série), n°115, 1er janvier 1931 ; Arch. Mun. Saint-Malo : fonds Daniel Poncet des Nouailles; La Presse médicale, 6 février 1897, n°11, p. 60 ; informations Génanet.

Ce sergent est promu sous-lieutenant le 27 juin 1915. Il apparaît dans les tableaux de constitution de l’unité figurant aux dates du 1er avril et du 1er juillet 1916 comme étant affecté à la 4/47e RI, cette compagnie relevant après le 24 juin 1916 du dépôt divisionnaire.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI.

Cet officier apparait dans le tableau de constitution du régiment du 1er février 1914 en tant que sous-lieutenant de la 8e compagnie du 47e RI. Il conserve cette affectation juste qu’au mois de mai 1915.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI

Le vicomte Edouard, Marie, Paul, Jules Méloir de la Moussaye naît le 27 novembre 1875 à Saint-Méloir-des-Ondes. Il est le fils d’un propriétaire, doté de surcroît du titre de vicomte, âgé de 43 ans et d’une femme de 34 ans répertoriée comme étant sans profession. Lors de son passage devant le Conseil de révision, il déclare exercer la profession d’étudiant.
Classé bon pour le service, Edouard de la Moussaye est incorporé le 16 novembre 1896 en tant que soldat de 2e classe au 22e régiment d’infanterie de Granville. Sur décision du général commandant la 40e brigade, il passe le 8 février 1897 au 1162e RI de Vannes sans qu’on ne sache ce qui est à l’origine de cette décision. Nommé caporal le 10 novembre 1897, il est fait sergent le 14 mai 1899 puis est envoyé en congé le 20 septembre 1899.
Affecté dans la réserve au 47e RI, Edouard de la Moussaye effectue quatre périodes d’exercices avec cette unité : la première du 21 août au 21 septembre 1902, la seconde du 22 août au 18 septembre 1904, la troisième du 20 août au 16 septembre 1906 puis du 13 au 30 avril 1909. Promu sous-lieutenant de réserve le 29 octobre 1903, il est fait lieutenant de réserve le 19 février 1908. Cet avancement en tous points normal contraste singulièrement avec son parcours au sein du 47e RI, pendant la Grande Guerre. Peut-être est-ce imputable à l’âge ? Il est à noter que la famille de la Moussaye – il ne semble pas à la lecture de L’Ouest-Eclair que le vicomte Edouard soit partie prenante – est impliquée dans plusieurs affaires dans les années 1900 relatives aux lois laïques : peut-être cela a-t-il pu avoir une influence du fait du parcours du lieutenant-colonel Bühler ? Toujours est-il qu’Edouard de la Moussaye effectue une ultime période de réserve du 18 avril au 5 mai 1911 avec le 247e RI, unité de réserve.
Edouard de la Moussaye est rappelé à l’activité du fait de la mobilisation générale.  Malheureusement, sa fiche matricule est assez lacunaire et n’indique pas quand il part aux armées. Sans doute passe-t-il les premières semaines de la campagne au dépôt de Saint-Malo, étant en théorie versé le 12er octobre 1914 dans la territoriale mais maintenu dans son affectation au 47e RI par une décision publiée le … 27 août 1915 au Journal officiel. Cet officier apparait en effet dans le tableau de constitution du régiment du 1er décembre 1914 en tant que lieutenant de la 9e compagnie du 472e RI. Il est blessé à Ecurie le 8 juin 1915, vers dix-sept heures, atteint par balle à l’épaule gauche et à la joue gauche.
Edouard de la Moussaye reçoit, en remplacement du capitaine Dubois promu, le commandement de la 7/47e RI le 17 mars 1916. On le retrouve à cette même affectation sur le tableau de constitution du régiment figurant le 12er avril 1916 sur le journal des marches et opérations du 47e RI.
Edouard de la Moussaye fait l’objet le 17 avril 1916 d’une citation à l’ordre de la division :

« Le lieutenant Edouard de la Moussaye de la 7e compagnie du 47e régiment d’infanterie, officier d’une rare éducation de sentiments qui, bien que territorial, a demandé à servir dans un régiment de première ligne. Grièvement blessé le 8 juin 1915 au Labyrinthe en entraînant sa compagnie à l’assaut des tranchées ennemies. Malgré la gravité de sa blessure, a tenu à poursuivre pendant toute la journée le commandement de son unité. »

Edouard de la Moussaye figure à la tête de la 7/47e RI sur le tableau de constitution de l’unité en date du 1er juillet 1916. Il quitte néanmoins l’unité quelques jours plus tard, le 17 juillet 1916, et est remplacé à la tête de sa compagnie par un officier d’administration passé à sa demande dans l’infanterie, le capitaine Lux.
Le Salut annonce en août 1916 que cet officier passe dans l’armée territoriale. Ce transfert est selon toute vraisemblance dû à la limite d’âge atteinte par le lieutenant de réserve de la Moussaye. Ce même journal indique néanmoins en novembre 1916 qu’il est transféré au 264e RI. Il sera ensuite affecté au 73e régiment d’infanterie territoriale, unité avec laquelle il est une nouvelle fois cité.
Un document conservé au sein de son dossier de Légion d’honneur, non daté mais remontant probablement aux années 1930, le présente comme « rentier ».

Carte postale. Collection particulière.

En février 1944, Edouard de la Moussaye s’adresse à la grande chancellerie de la Légion d’honneur pour lui expliquer les circonstances qui ont conduit à la perte de son livret : « En 1941, je résidais à la Chesnaye en Matignon (CdN) ; ma propriété a été occupée par des unités allemandes qui ont brûlé mon diplôme de chevalier de la Légion d’honneur, me serait-il possible d’avoir une copie à défaut de l’original ? »
Edouard de la Moussaye décède à Paris, dans le 16e arrondissement, le 15 février 1968 alors qu’il est répertorié comme étant domicilié au château de la Chesnaye-Taniot à Matignon.
La page http://pionn.free.fr/pages/fabienne.htm [consultée le 11 avril 2016] indique que :

«  Le dernier des châtelains de la Chesnaye Tanio de ce nom fut Edouard de la Moussaye, époux de Marguerite de Leusse. Il est décédé en 1968, laissant le château à sa fille Emilie et à son gendre le comte Hervé de Brossard. »

Sources : Arch. Nat. : LH  19800035/916/7019; Arch. Dép. I&V: 1 R 1829.705; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 472e RI ; « Au 472e», Le Salut, 352e année, n°70, 29-30 août 1916, p. 1. ; http://pionn.free.fr/pages/fabienne.htm

 Lors de la mobilisation générale, cet officier de réserve demeure dans un premier temps au dépôt. Ce n’est que le 22 septembre qu’il rejoint le front, amenant un renfort de 300 hommes en provenance de Saint-Malo. Il est affecté à la 4e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Il est blessé le 2 novembre 1914.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI

Ange-Marie Delamote naît à Rouillac, dans les Côtes-du-Nord, le 11 février 1885. Il est le fils d’un laboureur de 42 ans et d’une ménagère de 39.
Appartenant au bureau de recrutement de Saint-Brieuc-Dinan, sa fiche matriculaire n’est malheureusement pas conservée par les Archives départementales des Côtes d’Armor.
Missionnaire diocésain, il est mobilisé au titre du service armé au 47e RI le 2 août 1914, manifestement avec le grade de sergent. Il est blessé à Mercatel le 5 octobre 1914.
Envoyé en mai 1915 au 70e RI, il devient sous-lieutenant puis lieutenant. Suite à une blessure reçue en septembre 1917 sur la côte 344, il est reversé le 15 novembre 1917 au 47e régiment d’infanterie. Cette information est confirmée par le journal des marches et opérations qui, dans son tableau de constitution de l’unité du 3 décembre 1917, le mentionne comme lieutenant commandant la 2e compagnie.
Promu capitaine le 20 juin 1918, Ange-Marie Delamotte est démobilisé le 1er mars 1919.
Ange-Marie Delamotte est titulaire de 4 citations dont une à l’ordre de la 20e DI datant du 28 août 1918 (aucune à l’ordre du 47e RI) :

« Officier d’un dévouement et d’une abnégation remarquables. A maintenu sa troupe sur les positions violemment bombardées de Comblizy et d’Oeilly et a conduit avec intelligence et décision sa compagnie, avant-garde du bataillon, à l’assaut de solides positions défendues par des mitrailleuses ennemies. »

Ange-Marie Delamotte est fait chevalier de la Légion d’honneur le 28 août 1918 :

« Officier d’un courage et d’un sang-froid remarquables, possédant un grand ascendant sur ses hommes. A brillamment entraîné sa compagnie à l’assaut d’une position fortement tenue, enlevant successivement les mitrailleuses ennemies qui cherchaient à enrayer sa progression, et faisant de nombreux prisonniers. Deux blessures. Une citation. »

Sources : La Preuve du sang. Livre d’Or du Clergé et des congrégations (1914-1922), Tome premier, Paris, Bonne presse, 1925, p. 581 ; SHD-DAT : 26 N 636/9, JMO 47e RI ; Arch. Dép. CdA : EC Rouillac.

Adrien, Frédéric, Camille Delastelle naît le 6 décembre 1882 à Lessay, dans la Manche. Il est le fils d’un cultivateur de 37 ans et d’une ménagère de 26 ans.
Lors de son passage devant le Conseil de révision, Adrien Delastelle est répertorié comme sachant lire, écrire et compter ce qui parait logique dans la mesure où sa fiche matricule nous apprend qu’il est employé de bureau et, plus précisément encore, employé de banque. Pour autant, c’est bien au sein de l’Armée qu’il fait carrière à partir du 16 novembre 1903, date à laquelle il est incorporé dans le cadre de son service militaire au 47e régiment d’infanterie, en tant que soldat de 2e classe. Promu caporal le 16 mai 1904, son service militaire semble se dérouler de manière parfaitement normale. Mais, au lieu de retourner à la vie civile après deux années passées sous les drapeaux, Adrien Delastelle signe un engagement volontaire d’un an et devient sergent-fourrier ce qui, sans doute, suggère une certaine continuité professionnelle avec son statut « d’employé de bureau ». Rengagé pour cinq ans en 1907 puis pour trois ans en 1912, toujours au 47e régiment d’infanterie, il est sergent-major lors de la mobilisation générale.
Lors de ses années passées à Saint-Malo avant la Première Guerre mondiale, Adrien Delastelle semble s’être particulièrement dévoué aux œuvres post-scolaires du régiment, dispensant probablement des cours pour adultes aux conscrits illettrés ou dotés d’une très faible éducation. C’est en tout cas ce que laisse entendre sa Médaille d’argent du Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, distinction publiée le 22 juillet 1914 au Journal officiel.
Parti vraisemblablement aux armées dans la nuit du 5 au 6 août 1914, Adrien Delastelle est promu adjudant le 6 septembre 1914 puis est blessé le 5 octobre 1914.
Rentré au dépôt le 9 janvier 1915, Adrien Delastelle retourne aux armées à une date qui n’est pas précisée sur sa fiche matricule et qu’il ne nous a pas été possible d’identifier. Sans doute est-ce après le 6 avril 1915 puisque c’est ce jour qu’il se marie à Saint-Malo avec une certaine Emilienne, Marie, Victorine Morazin qui exerce alors la profession de modiste. Parmi les témoins figure d’ailleurs un adjudant du 47e régiment d’infanterie, Grégoire Leboucher. Néanmoins, on sait que c’est à lui qu’est confié le 28 août 1915 le commandement du peloton de sapeurs du 47e RI qui vient tout juste d’être créé en application de l’ordre du général Joffre. Il est d’ailleurs promu sous-lieutenant à titre temporaire quelques jours plus tard, le 3 ou le 8 septembre 1915 suivant que l’on se réfère au journal des marches et opérations de l’unité ou à sa fiche matriculaire de recrutement.
Promu lieutenant à titre temporaire le 3 septembre 1917, Adrien Delastelle est ensuite affecté « au réseau Midi et dirigé sur Paris 54 bd Hausmann » à une date qui n’est pas précisée par la fiche matricule puis est muté au 41e RI en septembre 1920.
Adrien Delastelle fait valoir ses droits à la retraite en 1922 et s’installe par la suite en région parisienne, à Colombes. Sa fiche matriculaire de recrutement fait état de deux citations dont une, en date du 3 mai 1916, est probablement à l’ordre du 47e RI. Adrien Delastelle est titulaire de la Croix de guerre avec 3 étoiles de bronze.
Adrien Delastelle décède à Nanterre le 8 juin 1967.
Il est à noter que les Archives nationales conservent un dossier de Légion d’honneur au nom d’Adrien Delastelle mais que celui-ci est incommunicable au titre de l’article 213-2 du Code du Patrimoine.

Sources : Arch. Dép. Manche : 5 Mi 1228 et 1 R 3/115.1148 ; Arch. Dép. I&V: 10 NUM 35288 1332 ;  Journal officiel de la République française, 22 juillet 1914 et 4 octobre 1920, p. 14799 ; SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e régiment d’infanterie, 28 août 1915 ; « Etat-civil », L’Ouest-Eclair, n°5718, 8 avril 1915, p. 3; Arch. Mun. Saint-Malo : acte de mariage d’Adrien Delastelle.

Fils d’un adjudant au 35e régiment d’infanterie, Marcel, Léon Deschamps nait le 13 janvier 1891 à Belfort.
Bien que déclarant la profession d’employé lors de son passage devant le Conseil de révision, Marcel Deschamps contracte un engagement volontaire pour servir trois au sein du 35e RI de Belfort. Il en profite pour sortir du range et devenir, le 25 9 octobre 1912, sergent. S’il poursuit sa carrière en se réengageant pour un an le 1e juillet 1913, ce contrat est signé non plus au titre du 35e mais du 47e RI.
Réengagé le 1er août 1914, Marcel Deschamps compte parmi les individus qui quittent Saint-Malo dans la nuit du 5 au 6 août 1914. Fait sous-lieutenant à titre temporaire le 18 octobre 1914, il est déclaré mort pour la France le 2 novembre 1914 des suites de ses blessures, probablement dans une ambulance de Rouville.

Sources : Arch. Dép. Belfort: 1 E 10 N. 1-92 ; 1 R 282.1223 ; BAVCC/Mémoire des hommes.

Pierre Domigno est un fils de cultivateur né le 15 décembre 1887 à Enveitg, dans les Pyrénées orientales.
Inscrit sous le n°59 du Conseil de révision dans le canton de Saillagouse, dont dépend Enveitg, il contracte le 27 décembre 1905 un engagement volontaire de trois ans au 112e RI, unité casernant à Toulon et Hyères. Soldat de 2e classe, il prolonge son contrat d’un an le 26 avril 1907 et intègre le 23e bataillon de Chasseurs à pied, en tant que chasseur de 2e classe. Fait caporal le 15 juillet 1907, Pierre Domingo démissionne néanmoins de l’Armée en février 1910 pour des raisons qui demeurent encore obscures.
Passé dans la réserve de l’armée active, il est promu sergent le 29 décembre 1910 mais se réengage pour trois à Perpignan le 6 mai 1911, cette fois comme sapeur de 2e classe au titre du régiment des sapeurs-pompiers de Paris. Devenu sapeur de 1e classe le 23 décembre 1911, Pierre Domingo est nommé caporal en janvier 1913, époque à laquelle il signe un nouvel engagement de deux ans.
A la suite de la mobilisation générale, il est envoyé au 112e régiment d’infanterie de Perpignan à une date qui n’est spécifiée ni sur sa fiche matricule, ni dans l’état signalétique figurant au sein de son dossier de Légion d’honneur. On sait en revanche qu’il est promu adjudant et affecté au 248e régiment d’infanterie de Guingamp le 15 octobre 1914. C’est d’ailleurs avec cette unité qu’il est blessé en janvier 1915, dans le secteur de Suippes.
C’est sans doute de retour de convalescence que, le 11 mai 1915, Pierre Domingo est promu sous-lieutenant à titre temporaire et affecté au 47e régiment d’infanterie. Pourtant, chose curieuse, ce n’est que le 5 septembre 1915 que le rédacteur du journal des marches et opérations de l’unité note son affectation à la 3e compagnie. Tout ceci amène donc à penser qu’il était auparavant au dépôt à Saint-Malo. D’ailleurs, à en juger par les lieux de résidence successifs indiqués sur sa fiche matricule(Targassone près de Perpignan, Grasse près de Nice, Calaisson près de Nîmes ou encore Balaruc-les-Bains près de Montpellier), il est très probable que ce soit à cette occasion qu’il découvre la Bretagne et Saint-Malo.
Nommé lieutenant à titre temporaire le 27 juin 1916 et affecté à la 3/47e RI, Pierre Domingo est grièvement blessé par éclat d’obus le 28 juillet 1917, dans le secteur de la Côte du Poivre. Souffrant d’une fracture de l’avant-bras droit, il a une partie du cubitus complètement arraché. Il ne retourne au dépôt qu’un an plus tard, le 9 octobre 1918. D’ailleurs, à en juger par l’épaisseur des considérations médicales sur sa fiche matricule, il y a tout lieu de penser que les séquelles de cette blessure sont à ce moment encore importantes. Ainsi, selon toute vraisemblance, il ne retourne pas au front.
Pierre Domingo est titulaire de plusieurs citations qui disent bien combien celles-ci doivent être prises avec mesure. En effet, il cité à l’ordre du régiment le 20 octobre 1916, texte que l’on retrouve mot pour mot pour nombre de soldats mais qui, dans le cas précis, ne correspond absolument pas au parcours de l’intéressé (ce qui n’est pas une première) :

« Au front depuis le début de la campagne, a pris part à tous les combats ou le régiment a été engagé : Guise, La Marne, Reims, Arras (1914), Offensive de l’Artois (9 mai 1915), Le Labyrinthe, Offensive de la Somme (septembre 1915). Sur les différetes parties du front où il a tenu les tranchées, en Artois, en Argonne et en Picardie, a toujours accompli consciencieusement sa rude et glorieuse tâche sans forfanterie mais sans défaillance. »

La 3/47e RI qu’il commande est par ailleurs citée à l’ordre du régiment le 26 mai 1917 :

« Sous le commandement énergique du lieutenant Domingo a enlevé brillamment dans les journées du 3 et 5 mai 1917 deux fortinsennemis solidement organisés, s’est maintenu sur terrain conquis malgré une très-vive contre-attaque »

Ce fait d’armes vaut d’ailleurs à Pierre Domingo d’être une nouvelle fois cité, à l’ordre de l’armée, le 10 juin 1917 :

« A fait preuve de réelles qualités militaires les 3 mai et 5 mai 1917. A repoussé une violente contre-attaque à la grenade sur une position nouvellement conquise et s’est en outre emparé d’un fortin qui avait résisté à toutes les attaques antérieures. »

Enfin, Pierre Domingo est une encore cité à l’ordre de l’Armée le 16 août 1917, après sa grave blessure au bras droit :

« Commandant de compagnie brave et plein d’énergie donnant à ses homme sle plus bel exemple de dévouement et d’esprit de sacrifice. Déjà blessé le 11 janvier 1915 à Suippes. A reçu une nouvelle blessure très grave le 28 juillet 1917 à son poste de combat au cours d’une violente attaque allemande. Trois fois cité à l’Ordre depuis le début de la campagne pour sa belle conduite au feu. »

Pierre Domingo est titulaire de la Croix de guerre avec étoile de bronze et palme et est chevalier de la Légion d’honneur. S’installant à Puteaux, dans le département de la Seine, il décède en 1964.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI ; Arch. Nat.: LH 19800035/587/66596; Arch. Dép. P.O.: 1 R 488.1758.

Un article du Salut publié en novembre 1915 fait état de la ratification de la promotion de cet adjudant du 47e RI au rang de sous-lieutenant, sans que l’on sache pour autant s’il reste au corps. En tout cas, le tableau de constitution de l’unité figurant dans le journal des marches et opérations à la date du 1er avril 1916 le répertorie en tant que chef de peloton de la 2e compagnie de mitrailleuses de la 40e brigade en subsistance au 47e RI. Le tableau de constitution de l’unité figurant le 1er juillet 1916 sur le journal des marches et opérations le répertorie comme servant à la 3CM/47e RI.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, « Au 47e», Le Salut, 34e année, n°90, 19-20 novembre 1915, p. 4.

Joseph, Marie Drillet naît le 26 novembre 1889 à Pléguien (Côtes du Nord). Il est le fils d’un laboureur de 29 ans et d’une ménagère de 21 ans.
Lors de son passage devant le Conseil de révision, Joseph Drillet est répertorié comme étudiant.
Malheureusement, la fiche matricule de Joseph Drillet a disparu au titre des archives de Moscou – prises par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale puis par les Soviétiques – et a été remplacée par un feuillet nominatif de contrôle plus lacunaire.
Dans le cadre de son service militaire, Joseph Drillet est incorporé au 47e régiment d’infanterie le 1er octobre 1910 en tant que soldat de 2e classe. Servant à la 3e compagnie, il est nommé sergent le 23 août 1912 et est transféré à la 4e compagnie avant d’être renvoyé dans la réserve le 25 septembre 1912.
Bien que répertorié comme « étudiant », il est mentionné comme se retirant à Pléguien.
Rappelé à l’activité par la mobilisation générale, Joseph Drillet arrive au corps le 3 août 1914 et compte selon toute vraisemblance parmi les individus qui quittent Saint-Malo dans la nuit du 5 au 6 août 1914. Nommé adjudant le 10 octobre 1914, il est promu sous-lieutenant le 17 mai 1915 et est maintenu à la 4e compagnie où il sert sans interruption depuis sa promotion au grade de sergent, pendant son service militaire.
Joseph Drillet est tué à l’ennemi le 9 juin 1915.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI, BAVCC/Mémoire des hommes, Arch. Dép. CdA : 1 R 1275.456.

Pierre, Marie Droguet naît le 10 décembre 1892 à Saint-Méloir des Ondes. Il est le fils d’un boulanger de 25 ans et d’une ménagère de 22 ans. Lui-même déclare lors de son passage devant le Conseil de révision exercer la profession de boulanger.
Pierre Droguet contracte à Dinan le 19 décembre 1910 un engagement volontaire pour trois ans au 13e régiment de hussards. Arrivé en tant que soldat de 2e classe, il est nommé brigadier le 23 septembre 1911 puis maréchal des logis en octobre 1912. Il se réengage pour trois ans le 2 octobre 1913.
Cet officier arrive au 47e régiment d’infanterie le 27 juillet 1915 en provenance du 13e régiment de Hussards avec le grade de maréchal des logis en même temps que le sous-lieutenant Lemoine. Promu sous-lieutenant à titre temporaire au début du mois d’août 1915, il est affecté à la 1e compagnie. Le sous-lieutenant allemand Pierre Droguet est cité à l’ordre du 47e régiment d’infanterie le 15 mai 1915 :

« Au front depuis le début des hostilités, ancien sous-officier de cavalerie, a pris part à plusieurs reconnaissances des plus périlleuses lors de la campagne de Belgique, s’est distingué d’une façon toute spéciale au combat de Messine le 6 novembre 1914. Passé dans l’infanterie sur sa demande, y a fait preuve de beaucoup d’allant, d’une grande bravoure. »

Le sous-lieutenant Droguet est évacué le 22 mai 1916, ayant été blessé au poignet droit par une grenade pendant un exercice.
Il est ensuite blessé deux fois le 6 septembre 1916, une première fois par balle au bras droit, une seconde fois par balle à l’épaule droite.
Le sous-lieutenant Droguet est cité à l’ordre de la division le 3 août 1917 :

« Officier d’une bravoure éprouvée, blessé d’une balle au bras le 6 septembre 1916 en entraînant sa section à l’assaut, a continué la marche en avant et est tombé atteint d’une seconde balle en arrivant sur  son objectif. Est revenu au front dès sa guérison. »

Le sous-lieutenant Droguet est cité à l’ordre du corps d’armée le 19 octobre 1917 :

« Officier d’une bravoure à toute épreuve. Le 2 octobre 1917 a su maintenir sa troupe bien en place et a su en obtenir les efforts les plus utiles pour la défense d’une position violemment attaquée et soumise à un bombardement intense. Le 6 octobre 1917, au cours d’une nouvelle attaque, a contribué à repérer l’ennemi dans ses lignes en appuyant vigoureusement la contre-attaque d’une unité voisine. »

Affecté à l’Armée d’Orient, le sous-lieutenant Pierre Droguet est transféré au 56e RI le 15 août 1918. Il intègre l’armée du Levant en avril 1920.
Poursuivant sa carrière militaire après la Grande Guerre, Pierre Droguet est prisonnier au Cateau le 20 mai 1940 et détenu à l’Oflag IV-D. Il ne revient dans les foyers que le 20 juillet 1945 et se retire au 10, rue des Fontaines, à Dinan.
Pierre Droguet est titulaire de la Croix de guerre avec une étoile de bronze, une d’argent et deux de vermeil, de la médaille interalliée, de la médaille commémorative française de la Grande Guerre ainsi que de la Valeur italienne en argent de la Croix de Saint-Georges de Grèce.
Les Archives nationales conservent un dossier de Légion d’honneur au nom de Pierre Droguet mais celui-ci est non communicable du fait de l’article 213-2 du Code du Patrimoine.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI; Arch. Dép. I&V: 10 NUM 35299 561 et 1 R 2119.1238.

Marcel, Prosper Dubois naît le 11 août 1886 à Laval. Il est le fils d’un employé de fabrique de 25 ans et d’une femme de 22 ans répertoriée comme étant sans profession. Lors de son passage devant le Conseil de révision, il déclare exercer la profession d’étudiant. Saint-Cyrien de la promotion « La dernière du vieux Bahut » (1905-1907), cet officier est affecté à la 7e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Il réside à Saint-Servan, au n°1 de la rue amiral Magon.
Quelques semaines avant la mobilisation générale, il effectue un stage à Cologne, pour se perfectionner en Allemand.
Blessé à Guise, d’une plaie en séton par balle au bras gauche, cet officier ne figure pas sur le tableau de constitution du régiment daté du 5 septembre mais réapparait le 24 septembre, au même poste. C’est donc après la bataille de la Marne, le 14 septembre 1914, qu’il revient de convalescence. Le Livre d’or de la paroisse de Saint-Servan lui prête ces mots, au lendemain de la bataille de Guise :

« Je suis content. Ca a chauffé hier soir. Notre 10e corps a été presque anéanti, mais peu importe ! C’était dans le programme. Notre résistance va permettre aux réserves d’affluer. Et à nous la victoire ! Je m’en tire avec un petit rien, une balle dans l’épaule qui ne me fait pas souffrir. »

Marcel Dubois est promu capitaine le 13 octobre 1914, en même temps que les lieutenants d’active Colas et Gaigneron Jollimon de Marolles ainsi que le lieutenant de réserve Montassin. Commandant la 7e compagnie, il est cité le 15 décembre 1914 à l’ordre du régiment :

« Spécialement chargé de diriger l’exécution de travaux d’approche, de l’établissement d’un ouvrage en avant de la première ligne de tranchées du régiment, a rempli cette mission de la façon la plus intelligente et la plus active et, malgré des difficultés imprévues, a réussi à accomplir cette tâche sous le feu, presque sans pertes et dans le délai le plus court. »

Le Livre d’or de la paroisse de Saint-Servan rapporte qu’au début de l’année 1915 il est juge au conseil de guerre et reproduit une lettre qu’il écrit à son épouse :

« Tu ne peux pas t’imaginer combien ces séances me bouleversent. Il m’en coûte horriblement de condamner de pauvres bougres qui sont plus inconscients que coupables. Il y a huit jours, j’ai fait acquitter trois hommes de ma compagnie. J’avais plutôt envie de pleurer que de les condamner. Hier, j’ai réussi à en sauver un autre qui s’était sûrement mutilé, mais sur lequel planait un certain doute. Je me sens incapable d’exercer la moindre dureté, et la seule idée que je serai amené à tuer de ma main un homme – fût-ce un Boche – me fait mal, horriblement mal. »

Il s’agit vraisemblablement de l’affaire Louis Bellamy dans laquelle il est amené, le 15 mars 1915, à siéger au Conseil de guerre de la 20e division d’infanterie. Ce soldat de la classe 1914 originaire de Guipry est accusé d’abandon de poste en présence de l’ennemi, acte datant du 22 janvier 1915. Il est jugé coupable à l’unanimité et condamné à mort, sentence qui est exécutée le lendemain.
Marcel Dubois est blessé lors de la terrible attaque du 9 mai 1915. Le Livre d’or de la paroisse de Saint-Servan lui prête ces mots, écrits sans doute à son épouse le lendemain :

« De sanglants combats ont eu lieu hier. Le 47e a eu sa part de gloire, et, dans le 47e, le 2e bataillon surtout. Ma compagnie est sortie la deuxième des tranchées. Les hommes ont fait 60 mètres sous un feu terrible et se sont couchés. Beaucoup ne se relèveront plus. Sorti le premier pour enlever mes hommes, le fusil à la main, deux balles m’ont atteint, l’une a brisé le fusil que je tenais, l’autre m’a frappé à l’épaule et jeté à terre. J’ai eu beaucoup de peine à quitter le combat, laissant sur la plaine des amis, des hommes qui faisaient bravement leur devoir… »

Marcel Dubois revient de convalescence le 3 juillet 1915 et reprend le commandement de la 7e compagnie. Deux jours plus tard il siège au Conseil de guerre de la 20e division d’infanterie condamnant à mort Ernest Galliot, soldat du 136e RI, à mort pour cause d’abandon de poste en présence de l’ennemi. Il s’agit probablement du célèbre fusillé croqué par Mathurin Méheut.
Le capitaine Dubois siège également lors des séances du Conseil de guerre de la 20e division d’infanterie qui condamnent à mort Toussaint Besnard et François Denès, tous deux fusillés pour abandon de poste le 24 septembre 1915. En l’absence d’archives, tout porte néanmoins à croire qu’il siège également lors de l’affaire conduisant à l’exécution de Léon Peyrical. Les minutes des jugements des affaires Besnard et Denès permettent d’établir que le capitaine Dubois s’est prononcé en faveur de leur culpabilité.
Le capitaine Dubois siège également au sein du Conseil de guerre de la 20e division d’infanterie qui, le 9 décembre 1915, condamne à mort Louis Lepenant, soldat du 25e régiment d’infanterie.
Le 17 mars 1916, le capitaine Dubois laisse le commandement de la 7/47e RI au lieutenant De La Moussaye pour devenir capitaine adjudant-major au II/47e RI.
Le 1er avril 1916 Marcel Dubois écrit, sans doute à sa femme :

« On se bat furieusement. La fumée était hier si intense que l’on n’y voyait plus rien. Les bombes traversaient l’air en sifflant, comme de grands oiseaux sinistres, elles se balançaient nonchalamment puis retombaient du poids de leurs 100 kilos et secouaient la terre sous nos pieds. Et de pauvres gosses de 20 ans reçoivent cela sur la tête. »

Blessé en août 1916, au bras droit et à la tête par la chute d’un arbre, Marcel Dubois bénéficie d’une courte permission de convalescence qu’il passe à Saint-Servan avant de rejoindre son régiment, au début du mois de septembre. Il décède le 11 septembre 1916, en pleine bataille de la Somme, frappé par un obus de gros calibre dans la tranchée Browning, située à 1500 mètres au nord de Chilly.
Fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume en 1919, Marcel Dubois est titulaire de la Croix de guerre avec deux palmes et une étoile de bronze et fait l’objet de deux citations, la première étant accordée le 14 juin 1915 :

« A appuyé résolument avec sa compagnie l’attaque prononcée par une autre compagnie de son bataillon, a permis à celle-ci de tenir sur la position conquise. Blessé dès le début de la journée, s’est fait panser sur place et a conservé le commandement jusqu’à l’intervention directe de son chef. Officier très distingué, déjà blessé le 29 août 1914, est revenu au front à peine guéri.» 

La seconde est non moins élogieuse:

« Officier de la plus haute valeur morale. Blessé deux fois, est revenu chaque fois au front dès sa guérison. Blessé une troisième fois en service commandé et ayant obtenu ne permission de convalescence, a quitté sa famille et regagné le front avant l’expiration de sa permission dès qu’il a su que son régiment était engagé. A été tué à son poste de combat le lendemain de son arrivée. »

Très apprécié de la troupe, le nom du capitaine Marcel Dubois est donné au poste de commandement du chef du  II/47e RI.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; www.saint-cyr.org/flipbooks/Memorial/ ; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI, GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 868 - Conseil de guerre (affaire Louis Bellamy), GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 872 - Conseil de guerre (affaire Toussaint Besnard), GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 872 - Conseil de guerre (affaire François Dénès), GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 873 - Conseil de guerre (affaire Jean Lepenant), GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 870 - Conseil de guerre (affaire Galliot) ; Arch. Dép. Mayenne : 4 E 159/287 et 1 R 1560.658 ; VALARCHE, Edmond, La bataille de Guise, les 28, 29 et 30 août 1914 au Xe Corps d'Armée, Paris, Berger-Levrault, 1929, p. 143-146 et 158 ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 184 ; Paroisse de Saint-Servan, Livre d’or des Morts pour la Patrie, Rennes, Imprimerie Oberthur, 1920, p. 142-145; JUDE, Patrick et Elisabeth, Mathurin Méheut, 1914-1918, Des ennemis si proches, Rennes, Ouest-France, 2001, p. 46.  

Gabriel, Louis Dufaure de Citres nait le 11 mars 1870 à Dunières (Haute-Loire) dans un milieu visiblement assez aisé puisque son père est répertorié comme propriétaire. La profession de sa mère, elle n’est pas renseignée. Fervent chrétien, sorti de Saint-Cyr en 1890, cet officier effectue une première carrière dans la coloniale, servant aux 5e, 6e et 7e régiments d’infanterie de marine ainsi qu’au 3e régiment de tirailleurs tonkinois puis au 2e régiment de tirailleurs malgaches. Parcourant le monde, il sert au Tonkin, à Madagascar ainsi qu’au Cachemire. Ce n’est qu’en 1902 qu’il rentre en métropole pour entamer, devenu capitaine, une seconde carrière dans l’infanterie de ligne, au 89e RI, unité casernée à Vincennes. C’est le 23 mars 1914, à la faveur du traditionnel mouvement pascal de promotions et d’une promotion au grade de commandant, qu’il arrive au 47e régiment d’infanterie, en même temps que le commandant Braconnier.
Major de la garnison de Saint-Malo, Gabriel Dufaure de Citres est à ce titre chargé de la mobilisation en août 1914 et n’obtient de gagner le front qu’à l’automne 1914. Il y arrive le 22 octobre 1914 et prend la tête du 3e bataillon du 47e RI. Cela sera sa seule affectation au front. Il est en effet  blessé peu grièvement le 2 février 1915 puis évacué quelques temps au début du mois de mai suivant suite à une chute de cheval mais retrouve son commandement le 23, l’intérim ayant été réalisé par le capitaine Peyresaubes. Sa fiche matricule donne de plus amples renseignements quant à cette blessure :

« Le 25 avril 1915 à 7 heures 30, en allant à cheval reconnaître un terrain d’exercices entre Wanquetin et Gouy-en-Artois (Pas-de-Calais), a été pris sous sa monture qui s’était abattue et s’est plaint aussitôt de vives douleurs dans la jambe droite, atteint d’hémarthrose du genou droit. »

Le commandant Dufaure de Citres dresse le 24 janvier 1915 un avis très explicite concernant la blessure contractée deux jours plus tôt par Louis Bellamy, un soldat de la 11e compagnie :

« L’explication donnée par Bellamy me parait invraisemblable. On ne tient pas son fusil par l’extrémité du canon pour se relever, et, à moins de se trouver dans des broussailles qui peuvent agir sur la détente, le coup ne part pas tout seul. »

Gabriel Dufaure de Citres est mort pour la France, tué à l’ennemi, le 8 juin 1915 dans le Labyrinthe. Sergent à la 12/47e RI, Olivier Le Guével est blessé le 8 juin 1915 et évoque le souvenir du commandant Dufaure de Citres dans une lettre qu’il adresse à ses parents alors que, blessé, il est convalescence dans un hôpital d’Avranches :

« Les tranchées étaient complètement éboulées par les gros obus et moi pour me dégager, il m’a fallu marcher sur les morts et les blessés. Notre commandant Dufaure de Citres a été tué au moment où j’étais blessé, ça nous arrivait de partout, on ne savait pas où se fourrer et nous avions l’ordre d’attaquer. »

Le capitaine Lemasson donne pour le Livre d’or de la Paroisse de Saint-Servan un témoignage particulièrement instructif quant aux circonstances particulières de la mort du commandant Dufaure de Citres :

« Le bataillon progressait dans les tranchées allemandes sous un feu d’artillerie extrêmement violent. La situation se modifiait rapidement par suite de notre avance. Dufaure de Citres se préoccupait de renseigner exactement le commandant. Pour ce faire, il fallait sortir par instants des tranchées pour s’orienter à la boussole. A plusieurs reprises, je le mis en garde contre sa trop grande tendance à se découvrir. Il se disposait à expédier un renseignement, lorsque je le quittai un instant pour aller reconnaitre une nouvelle barricade. Je l’avais quitté depuis une minute lorsqu’un de mes sergents vint en courant m’annoncer que le commandant était blessé d’une balle à la tête. J’accourus et le trouvai assis au pied de la tranchée. Il essaya de parler, mais en vain, et perdit aussitôt connaissance. Je dus bientôt le quitter, car les larmes me montaient aux yeux. Il était pour ceux qui servaient sous ses ordres le meilleur et le plus aimé des chefs, brave à l’excès, chacun pouvait en témoigner au bataillon. Un quart d’heure après avoir été frappé, il s’éteignait doucement. »

C’est son ordonnance, un certain Jean Lebon, qui évacue sa dépouille.              
Fait chevalier de la Légion d’honneur le 11 juillet 1908, titulaire de la croix de guerre, il fait l’objet d’une élogieuse citation à titre posthume, reçue en même temps que le lieutenant Guillaume :

« Officier de haute valeur, dont l’esprit de décision et le courage tranquille en imposaient à tous. Tombé mortellement frappé le 8 juin 1915, alors qu’il observait, sur le parapet de la tranchée, la progression des fractions qu’il venait de lancer à l’attaque d’un ouvrage ennemi. »

Le Père Umbricht écrit à son sujet à son épouse :

« Je ne saurais que très difficilement vous exprimer le chagrin que j’éprouve de cette mort. Je vénérais le commandant, et je ne faisais en cela que partager à son sujet les sentiments dont tous ses hommes étaient animés pour lui. Tous les jours encore, j’ai la preuve de ces sentiments dans les conversations que j’ai avec les hommes. »

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI; GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 868 - Conseil de guerre (affaire Louis Bellamy) ; BAVCC/Mémoire des hommes; Arch. Dép. I&V: 5 Z 177 ; Arch. Dép. Haute-Loire : 1 R 865.1121 ; Arch. Nat. : LH/830/64 ; Anonyme, Tableau d’honneur, morts pour la France : guerre de 1914-1918, Paris, La Fare, 1921, p. 304 ; Paroisse de Saint-Servan, Livre d’or des Morts pour la Patrie, Rennes, Imprimerie Oberthur, 1920, p. 105-108 ; « La promotion de Pâques », L’Ouest-Eclair, n°5568, 25 mars 1914, p. 8; Arch. Mun. Saint-Malo : fonds Olivier Le Guével, lettre datée Avranches, Samedi 3 heures.

A ne pas confondre avec le sous-lieutenant Pierre Dufour, cet adjudant est fait sous-lieutenant le 3 novembre 1914. Il est affecté à la 9e compagnie du 47e régiment d’infanterie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI.

Portrait de Pierre Dufour publié dans le Livre d'or de son Lycée.

Fils d’un employé des contributions indirectes, Pierre Dufour nait le 3 février 1890 à Guingamp mais dépend du bureau de recrutement de Saint-Malo. Malheureusement, sa fiche matricule est introuvable. Aussi est-ce pourquoi, faute d’avoir pu pour l’heure consulter son dossier individuel conservé au Service historique de la Défense, les informations que nous possédons le concernant sont très lacunaires.
Sergent lors de la mobilisation générale, il est fait sous-lieutenant à titre provisoire le 1er septembre 1914. Titulaire de la mention « Mort pour la France », Pierre Dufour décède des suites de « blessures de guerre » le 10 octobre 1914 à Hazebrouck, alors que pris en charge par l’hôpital auxiliaire n°6.
Fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, il est cité à l’ordre de l’Armée le 3 juillet 1919 :

« Vaillant officier ayant fait preuve au feu des plus belles qualités de courage et de sang-froid. Tombé glorieusement à son poste de combat le 10 octobre 1914. »

Sources : Arch. Dép. CdN: EC Guingamp; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47er RI ; BAVCC/Mémoire des hommes; Livre d’or du Lycée de Rennes, Rennes, Oberthür, 1922, p. 72.

Fils de cultivateur, Emile, Marie, Albert Dufresne nait le 6 janvier 1877 à La-Ferrière-aux-Etangs, dans l’Orne.
Emile Dufresne débute sa carrière militaire le 6 janvier 1895 en contractant un engagement volontaire de 5 ans. Soldat de 2e classe, il est affecté au 129e régiment d’infanterie. Rengagé en 1900, il est admis l’année suivante à l’Ecole militaire d’infanterie de Saint-Maixent (classement : 90/295). Promu sous-lieutenant, il est affecté à Caen au 36e régiment d’infanterie en mars 1902. Promu lieutenant en 1904 au sein de cette même unité, il est affecté au 47e régiment d’infanterie en juin 1906.
Emile Dufresne accomplit un stage à l’Ecole normale de Gymnastique de Joinville du 1er février au 1er mai 1908 et suit le 2e cours de l’Ecole d’application du tir du Camp du Ruchard du 19 février au 25 mars 1910.
Lors de la mobilisation générale, il est lieutenant à la 8e compagnie du 47e régiment d’infanterie, aux ordres du capitaine Georges Lieutard. Il réside villa Les Pâquerettes, sise boulevard Ganazon à Saint-Servan.
Titulaire de la mention « Mort pour la France », Emile Dufresne est répertorié comme étant « tué à l’ennemi » le 29 août 1914 par un jugement déclaratif de décès rendu le 25 septembre 1919 par le tribunal d’Argentan. Chevalier de la Légion d’honneur, il est cité à titre posthume à l’ordre de l’armée :

« Officier d’un sang-froid et d’une bravoure remarquables, ayant fait preuve, le 22 août 1914, des plus belles qualités militaires. Tombé glorieusement à la tête de sa compagnie, le 29 aout 1914, en se portant à l’assaut sous un feu violent de mitrailleuses. »

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; Arch. Dép Orne: 3NUMECEC163/3E2-163-13 et 1 R 1107.310 ; BAVCC/Mémoire des hommes ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 184 ; Paroisse de Saint-Servan, Livre d’or des Morts pour la Patrie, Rennes, Imprimerie Oberthur, 1920, p. 148.

Lors de la mobilisation générale, cet officier est affecté à la 6e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Le sort de ce militaire est ensuite assez mystérieux puisque ce nom ne figure ni sur le tableau de constitution du régiment daté du 5 septembre 1914 sur le journal des marches et opérations, ni dans la base de données des morts pour la France du 47erégiment d’infanterie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI.

Bien que né le 31 août 1894 à Annecy (Haute-Savoie), Hector, Jean, Charles Duparc dépend du bureau de recrutement de Saint-Brieuc. Ceci s’explique certainement par la carrière de son père, Adolphe, Joseph Duparc, maréchal des logis-chef au 2e régiment d’artillerie de Grenoble au moment de sa naissance. Il semble d’ailleurs avoir grandi dans le secteur de Plouha.
Saint-Cyrien de la promotion « La Grande Revanche » (1914), il est promu sous-lieutenant à titre temporaire à dater du 5 décembre 1914. Dans un premier temps affecté provisoirement au 41e RI à une date que nous ignorons, il est passé au 47e RI le 4 janvier 1915.
Son acte de décès indique qu’il faisait partie de la 7e compagnie du 47e régiment d’infanterie.
Le sous-lieutenant Hector Duparc est tué à l’ennemi le 29 janvier 1915. Chevalier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre, il est l’objet d’une élogieuse citation à l’ordre de l’Armée : « Excellent officier brave et dévoué. A été tué le 29 janvier 1915 en accomplissant courageusement son devoir à son poste de combat. »

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Dép CdN : 1 R 1335. 1419 ; Arch. Dép. Hte-Savoie : 4 E 3172 ; www.saint-cyr.org/flipbooks/Memorial/; Archives EC Plouha.

Pierre, Léon, Henri, Marie, Joseph Duplessix naît le 5 novembre 1893 à Bazouge-la-Pérouse, en Ille-et-Vilaine. Il est le fils du secrétaire de mairie de cette commune, qui selon toute vraisemblance exerce le métier d’instituteur, et d’une femme répertoriée comme étant « femme de ménage ». Il est à noter que son acte d’état-civil, de même que sa fiche matricule du reste, le répertorie comme étant Léon Pierre-Duplessix.
Pierre Duplessix déclare exercer lors de son passage devant le Conseil de révision la profession « d’instituteur public ». Si ce métier ne parait pas totalement improbable compte tenu d’une part de la profession exercée par son père, d’autre part du niveau d’instruction porté sur sa fiche matricule, il est à noter qu’il ne figure pas sur la liste des morts pour la France de la promotion 1910-1913 des élèves de l’école normale de Rennes morts pour la France publiée par G. Nicolas. Sans doute étudie-t-il dans un autre établissement…
Pierre Duplessix est incorporé le 27 novembre 1913 au 47e régiment d’infanterie au titre du service militaire. Il est fait caporal le 14 mai 1914. C’est avec ce grade qu’il quitte Saint-Malo dans la nuit du 5 au 6 août 1914. Il est fait sergent le 16 septembre 1914 puis sous-lieutenant à titre temporaire le 6 novembre 1914. Affecté à la 3e compagnie, cet officier est blessé mortellement le 2 février 1915, en même temps que le sous-lieutenant Cléret de Langavant. Il décède le lendemain, en l’hôpital du Saint-Sacrement à Arras.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI; Arch. dép. I&V : 10 NUM 35019 639 et 1 R 2148.1448 ; NICOLAS, Gilbert, « Les instituteurs publics d’Ille-et-Vilaine à l’épreuve de la Grande Guerre », in JORET, Eric et LAGADEC, Yann (dir), Hommes et femmes d'Ille-et-Vilaine dans la Grande Guerre, Rennes, Conseil général d’Ille-et-Vilaine, 2014, p. 56-69.

Jean, René Dupuy naît le 15 mars 1886 en Dordogne. Il est le fils d’un marchand-drapier de 30 ans et d’une femme répertoriée comme étant sans profession.
Lors de son passage devant le Conseil de révision, Jean Dupuy déclare exercer la profession de comptable. Ceci ne l’empêche pas de contracter le 27 octobre 1904 un engagement volontaire pour servir 3 ans an sein du 50e RI. Arrivé au corps le jour même en tant que soldat de 2e classe, il est fait caporal el 23 septembre 1905 puis sergent le 27 mars 1907 avant d’être envoyé dans la réserve le 13 juillet 1907.
On ignore tout de ses activités pendant six ans si ce n’est qu’il effectue deux périodes de réserve avec le 50e RI, l’une en 1910, l’autre en 1912.
Jean Dupuy est rappelé à l’activité, en tant que sergent, au 50e RI. Arrivé au corps le 3 août 1914, il effectue les premiers mois de la campagne, vraisemblablement aux armées, avec cette unité, jusqu’à son transfert le 30 juin 1915 au 2e RI.
Jean Dupuy est transféré le 29 septembre 1915 au 47e RI. Il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire le 9 juin 1917 et sert vraisemblablement à la 2e compagnie de mitrailleuses
Le sous-lieutenant Dupuy est tué à l’ennemi le 2 octobre 1917, dans le secteur de Samogneux. Il est cité à titre posthume à l’ordre du corps d’armée le 19 octobre 1917, distinction lui octroyant le port de la Croix de guerre avec étoile de Vermeil :

« Vaillant officier mitrailleur, ayant constamment fait preuve d’un courage et d’un sang-froid au-dessus de tout éloge dans les circonstances les plus difficiles. Est tombé glorieusement à son poste de combat le 2 octobre 1917 au cours d’un violent tir de barrage. »

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Dép. Dordogne : 5MI06608_010 et 2 R 954.673.