Fils de marin, Louis, Joseph Camard est né le 10 avril 1895 à Pordic (Côtes-du-Nord). Il est difficile d’avoir des informations sur cet individu car les Archives départementales des Côtes d’Armor ne conservent aucune fiche matricule à son nom. Sans doute celle-ci doit-elle être considérée comme perdue au titre des archives de Moscou. Répertorié comme lieutenant à la mobilisation générale par le rédacteur du journal des marches et opérations du 47e régiment d’infanterie, qui l’affecte à la 11e compagnie, il est pourtant recensé comme sous-lieutenant par le Bureau des archives des victimes des conflits contemporains. Titulaire de la mention « Mort pour la France », Louis Camard décède le 13 septembre 1914 à Noisy-le-Sec (Seine) des suites de blessures contractées le 9 septembre, pendant la bataille de la Marne.
Le Moniteur des Côtes-du-Nord publie le 26 septembre 1914 une courte notice nécrologique le concernant :

« On annonce la mort à Noisy-le-Sec, des suites de ses blessures, de M. Louis Camart (sic), sous-lieutenant au 47e, âgé de 19 ans, sorti récemment de Saint-Cyr.
Il était tombé sur le champ de bataille, atteint d’un éclat d’obus à la cuisse, après avoir remplacé à la tête de sa compagnie ses chefs frappés avant lui.
Sa mort est une peine, mais aussi un grand honneur pour sa famille à qui nous offrons nos plus sincères condoléances.
M. Louis Camart a un frère lieutenant au 61e régiment d’infanterie également sur le front de bataille. »

Sources : Arch. Dép. CdN: EC Pordic 1 T 311, monographie communale ; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes.; « Mort pour la patrie », Le Moniteur des Côtes-du-Nord, 57e année, 26 septembre 1914, p. 3.

Adjudant lors de la mobilisation générale, ce militaire est promu sous-lieutenant et affecté à la 6e compagnie du 47e régiment d’infanterie le 30 septembre 1914. Il vient de la Garde républicaine.
Cet officier est porté disparu au soir du 9 mai 1915 mais doit survivre, capturé ou blessé, puisqu’il ne figure pas dans la base de données des morts pour la France.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes.

Fils d’un employé des contributions indirectes, Louis, Victor, Marie Canneva nait le 1er juillet 1871 à Saint-Malo. Il est élève du Lycée de Rennes pendant 7 ans, entre octobre 1883 et octobre 1890. Elève manifestement brillant, il entre à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1890 et en sort deux ans plus tard, promotion « De Cronstadt », avec le grade de sous-lieutenant. Il est affecté au 41e RI, le régiment de Rennes, commune située à 70 kilomètres de sa ville de naissance.

Son parcours semble alors sans faute. Seule ombre au tableau, une « contusion au genou » des suites d’une collision avec un autre cyrard lors d’un exercice d’équitation sur un manège, accident demeuré toutefois sans conséquence puisqu’il n’empêche pas cet homme d’1m70 de pratiquer l’escrime et la gymnastique, disciplines dans lesquelles il semble exceller à en juger par les prix qu’il glane.

Portrait de Louis Canneva publié dans le Livre d'or du Lycée de Rennes.

Promu lieutenant en 1894 au 41e RI, Louis Canneva est ensuite affecté au 47e régiment de Saint-Malo.
Par son mariage en 1901, est affilé aux Ruellan, une riche famille d’armateurs malouins qui comptent même un député, Charles, élu de la Chambre bleu-horizon en 1919. Ses opinions catholiques et conservatrices – Charles Ruellan est membre de l’Action française – ne font d’ailleurs peu de doute. S’il ne fait pas partie des officiers du 47e régiment d’infanterie traduits en Conseil de guerre suite à l’inventaire des biens de l’église de Paramé le 22 mars 1906, il est néanmoins présent ce jour en tant que capitaine secondant le chef de bataillon Deblay. Certaines sources laissent entendre que c’est précisément les fiches dont il aurait alors fait l’objet – mais qui n’ont pu être retrouvées – qui expliqueraient sa stagnation professionnelle puisqu’au cours de ses 24 années de carrière, il ne connait que deux régiments, de surcroît encasernés à 70 kilomètres de distance dans le même département. A Saint-Malo, le capitaine Canneva réside au 5, de la rue Saint-Philippe. Il est donc voisin du chef de bataillon Lucien Pique mais aucun document de notre connaissance ne permet d’attester de liens particuliers entre ces deux hommes.

Au moment de la mobilisation générale, Louis Canneva est capitaine faisant fonction d’adjoint au chef de corps, le lieutenant-colonel Poncet des Nouailles. C’est lors de la bataille de Guise qu’il tombe au champ d’honneur, pendant une charge d’infanterie menée entre autres aux côtés du chef de bataillon Lucien Pique. Il est immédiatement remplacé dans ses fonctions d’adjoint au chef de corps par le capitaine Georges Lieutard. Dans une carte adressée à son épouse le 31 août 1914, Jean Poncet des Nouailles dit « regretter Canneva », propos qui pourrait laisser supposer une certaine proximité entre les deux hommes.

Titulaire de la mention « Mort pour la France », Louis Canneva est déclaré « tué à l’ennemi » à Audigny le 29 août 1914 par un jugement du tribunal de Rennes rendu le 4 mars 1918. Il est à noter que la disparition de Louis ne doit manifestement pas faire de doute pour sa famille puisque L’Ouest-Eclair publie un avis de décès le concernant le 26 février 1917. La veuve du capitaine Canneva, née Marie Ruellan, reçoit en 1917 un secours de 400 francs.

Sources : Arch. Dép. I&V: 10 NUM 35288 951, 1 R 1755.1050 ; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI  ; BAVCC/Mémoire des hommes ; « Avis de décès », L’Ouest-Eclair, n°6327, 26 février 1917, p. 3 ; JEAN, Marc (Edition présentée par), Les dix frères Ruellan, héros et martyrs, 1914-1918, Saint-Malo, Editions Cristel, 2011, p. 81 ; VALARCHE, Edmond, La bataille de Guise, les 28, 29 et 30 août 1914 au Xe Corps d'Armée, Paris, Berger-Levrault, 1929, p. 43 ; www.saint-cyrorg/flipbooks/Memorial/PLE/CAN_BQ_0012_PLE.jpg ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 183 ; Arch. Mun. Saint-Malo : fonds Daniel Poncet des Nouailles; Livre d’or du Lycée de Rennes, Rennes, Oberthür, 1922, p. 49 ; LE GALL, Erwan, « Le deuxième procès de Rennes : trois officiers du 47e régiment d’infanterie devant le Conseil de guerre », En Envor, Revue d’histoire contemporaine en Bretagne, n°1, hiver 2013, en ligne.

Fils d’un paysan de Quistinic (Morbihan), le capitaine du 47e régiment d’infanterie Jean Cano réside villa Ker-Bianca, sise avenue Krüger à Saint-Malo, et témoigne à cet égard d’une remarquable ascension sociale.
En effet, né à Quistinic le 30 avril 1863, Jean, Marie Cano contracte à Lorient un engagement volontaire à l’âge de 20 ans. Entré dans l’armée en tant que soldat de 2e classe, il sort progressivement du rang jusqu’à sa nomination au 47e RI en tant que capitaine le 12 juillet 1900. En douze ans, il connait donc une remarquable ascension au sein de 5 unités différentes, dont le 2e régiment étranger pendant 3 ans. Mais celle-ci s’arrête brutalement lors de son arrivée sur la Côte d’Emeraude puisque désormais sa carrière cesse d’évoluer, tant d’un point de vue géographique que fonctionnel. Il reste ainsi quatorze ans capitaine au 47e RI.
Lors de la mobilisation générale, Jean Cano est affecté au troisième bataillon du 247e RI, unité avec laquelle il trouve la mort, le 25 août 1915. Jean Cano et son épouse ont un fils dénommé Pierre qui apparait dans le n°557 de La Jeunesse illustrée du 26 octobre 1913, l’enfant ayant gagné un prix à un concours de proverbes.

Sources : Arch. Nat : LH/418/97 ; Arch. Dép. Morbihan : 1 R 1128.1505 ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 183 ; BAVCC/Mémoire des hommes ; SHD-DAT : 26 N 727/7, JMO 247e RI; « Résultats et solutions du concours de proverbes », La Jeunesse illustrée, n°557, 26 octobre 1913, p. 10.

William, Marie, Joseph Cariguel naît le 27 juin 1885 à Paramé. Il est le fils d’un avoué de 41 ans et d’une femme de 31 ans répertoriée comme étant sans profession. Lors de son passage devant le Conseil de révision, il déclare exercer la profession de négociant.
Fils d’un avoué malouin, William Carguel a trois frères qui tous sont mobilisés. L’un d’eux, Charles, se trouve en Angleterre au moment de la déclaration de guerre où, précise le Salut, il occupe « une fort belle situation ». Détail intéressant, ce même journal indique qu’il s’engage au sein de l’Armée britannique en tant qu’interprète. En réalité, sa fiche matricule nous indique qu’exerçant la profession de banquier et résidant à Paris, dans le 14e arrondissement, 4, rue Alphonse Daudet, il contracte le 4 septembre 1914 un engagement volontaire pour toute la durée de la guerre, ayant été exempté en 1903. Affecté au 19e escadron du train en octobre 1915, il est nommé à titre temporaire officier interprète de 3e classe le 23 mars 1917. Un article de L’Ouest-Eclair publié en 1938 laisse entendre qu’il poursuit sa carrière dans la banque et qu’il est « directeur à la banque de France ». Un dossier de Légion d’honneur de la base Léoore indique qu’un autre frère Cariguel effectue une belle carrière dans les assurances.
William Carriguel effectue ses études au collège de Saint-Malo et décroche en 1903 le baccalauréat de rhétorique.
William Cariguel contracte le 16 novembre 1904 un engagement volontaire de trois ans pour servir au 47e régiment d’infanterie où il est incorporé en tant que soldat de 2e classe le jour-même. Nommé caporal le 19 mars 1905, il est fait sergent le 23 septembre 1905 puis sergent-fourrier le 1er février 1906. Il est envoyé en congé le 12 juillet 1907, muni de son certificat de bonne conduite et se retire à Paris puisqu’il déclare résider au 4,rue Alphonse Daudet, dans le 14e arrondissement, soit la même adresse que son frère.
William Cariguel effectue deux périodes de réserve avec le 47e régiment d’infanterie, la première du 29 août au 20 septembre 1910, la seconde du 18 mai au 2 juin 1913.
William Cariguel est rappelé à l’activité du fait de la mobilisation générale et arrive au dépôt du 47e régiment d’infanterie le 4 août 1914. A en croire sa fiche matricule, il quitte le dépôt le 8 août 1914. Or, à notre connaissance, il n’y a pas de départ pour les armées ce jour-là. Faut-il en déduire qu’il s’agit d’une faute de frappe et qu’il compte parmi les personnes constituant le premier renfort reçu par l’unité, le 28 août 1914 ? Cela semble probable.
William Cariguel est félicité à l’ordre du régiment le 28 novembre 1915 « pour le zèle et l’intelligence qu’il a montré pendant trois mois pour assurer dans des circonstances parfois difficiles tous les transports du régiment en première ligne ». Il est promu sous-lieutenant à titre temporaire le 20 août 1916 et est cité à l’ordre du régiment le 22 octobre 1916:

« Au front depuis le début de la campagne, s’est particulièrement distingué par la façon parfaite dont il a assuré la liaison entre son chef de bataillon et son chef de corps pendant l’engagement du bataillon le 13 octobre 1916. »

William Cariguel est cité à l’ordre de la division le 20 septembre 1917 :

« Au cours de l’attaque du 9 septembre 1917 en communiquant à tous son calme et son sang-froid a assuré le fonctionnement des liaisons dans des conditions très difficiles et a organisé sous un bombardement extrêmement violent un service de ravitaillement en munitions qui a permis d’exécuter une contre-attaque décisive. »

William Cariguel est blessé le 2 octobre 1917 par éclat d’obus à la main gauche, blessure entrainant une double fracture du métacarpien. Il est cité à l’ordre du corps d’armée le 2 octobre 1917 :

« Désigné au cours de l’attaque allemande du 2 octobre 1917 pour aller prendre le commandement d’une compagnie dont tous les officiers et les chefs de section avaient été mis hors de combat s’est porté aussitôt à son poste malgré un bombardement d’une rare violence. Blessé légèrement mais tenant à remplir sa mission s’est dépenser sans compter et a raffermi en quelques instants par sn courage calme et sa présence d'esprit le moral d’une troupe très durement éprouvée.»

William Cariguel est nommé lieutenant le 20 août 1918.
William Cariguel est démobilisé le 13 mars 1919.
Après la guerre, William Cariguel réside d’abord au 132, faubourg Saint-Denis puis, à partir de 1928, au 14, rue du Faubourg Saint-Denis, deux adresses situées dans le 10e arrondissement.
Affecté dans la réserve au 71e régiment d’infanterie en 1924, William Cariguel est nommé capitaine de réserve le 4 décembre 1930.
William Cariguel est titulaire de la Croix de guerre avec étoile de bronze, vermeil et argent.

Sources : Arch. Dép. I&V : 10 NUM 35213 568, 1 R 2001.1825 (William) et 1 R 1970.2136 (Charles) ; « Nos mobilisés au front », Le Salut, 35e année, n°5, 14-15 janvier 1916, p. 1 ; « Collège de Saint-Malo », L’Ouest-Eclair, n°1534, 1er novembre 1903, p. 3 ; « Ministère des finances », L’Ouest-Eclair, n°15 053, 26 janvier 1938, p. 14.

C’est le 11 octobre que ce sergent de réserve est promu sous-lieutenant à titre temporaire et est affecté à la 2e compagnie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI .

Lors de la mobilisation générale, cet officier qui réside villa Beaumanoir, sise route de Paramé à Saint-Malo, commande la 12e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Il est légèrement blessé, en deux endroits, lors de la bataille de Charleroi. Son sort est ensuite assez mystérieux puisqu’il ne figure ni sur le tableau de constitution du régiment daté du 5 septembre 1914 sur le journal des marches et opérations, ni dans la base de données des morts pour la France du 47e régiment d’infanterie, ni au sein des archives du CICR.
Le capitaine Champion ne doit pas être confondu avec l’adjudant Jules, Louis, Marie Champion de la 2e compagnie, né le 2 février 1874 à Bacilly (Manche) et mort pour la France lors de la bataille de Guise le 29 août 1914 en application d’un jugement déclaratif de décès rendu par le tribunal de Saint-Malo le 30 avril 1920.
Selon la correspondance de Daniel Poncet des Nouailles, c’est en voyant le capitaine Champion télégraphier à sa femme avant la bataille de Charleroi pour donner de ses nouvelles que le chef de corps du 47e RI aurait eu l’idée de procéder de la sorte. Certes, rien ne dit si Champion utilise régulièrement le télégramme pour communiquer avec sa famille. Pour autant, si l’on considère le fait que Poncet des Nouailles juge ce moyen de communication assez onéreux, ceci semblerait indiquer un certain niveau de fortune chez le capitaine Champion. Mais, en l’état actuel de nos connaissances, une telle affirmation reste à confirmer.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 183 ; Arch. Mun. Saint-Malo : fonds Daniel Poncet des Nouailles.

Cet officier arrive le 19 décembre 1915 au 47e RI en provenance du 44e RI de Lons-le-Saunier et Montbéliard où il était en surnombre et en remplacement du commandant Roussotte évacué. Il prend donc la tête du 1/47e RI.
Le journal des marches et des opérations du 47e RI indique que cet officier est évacué le 28 avril 1916 pour « maladie », en compagnie du capitaine Montassin.
Cet officier ne figure pas sur le tableau de constitution de l’unité figurant à la date du 1e juillet 1916 sur le JMO du 47e RI. Il est remplacé à la tête du 1/47e RI par le commandant Mangot.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI ; « Mutations », Le Moniteur des Côtes-du-Nord, 46e année, n°36, 2 septembre 1916.

Cet officier arrive le 22 mars 1916 au 47e RI. En réalité, il arrive probablement aux armées avant le 22 mars 1916. En effet, en février 1916, Le Salut évoque un sergent Chapin du 47e RI qui est promu sous-lieutenant à titre définitif et maintenu au corps.
Cet officier est répertorié sur le tableau de constitution de l’unité figurant à la date du 1er juillet 1916 sur le journal des marches et opérations comme servant à la 9/47e RI.

Sources : SHD-DAT :26 N 636/7, JMO 47e RI ; « Au 47e », Le Salut, 35e année, n°11, 4-5 février 1916, p. 1.

Lors de la mobilisation générale, cet officier est l’adjoint d’André Moreaux, chef du 1er bataillon du 47er régiment d’infanterie. Le sort de ce militaire est ensuite assez mystérieux puisque ce nom ne figure ni sur le tableau de constitution du régiment daté du 5 septembre 1914 sur le journal des marches et opérations, ni dans la base de données des morts pour la France du 47er régiment d’infanterie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes.

Roger, Gaston, René Chauchix naît le 3 juin 1894 à Vitré, en Ille-et-Vilaine. Il est le fils d’un adjudant du 70e RI âgé de 34 ans et d’une femme de 29 ans dont la profession n’est pas répertoriée.
Roger Chauchix contracte le 3 juin 1912 en la mairie des Andelys, dans l’Eure, un engagement volontaire pour servir cinq ans au sein du 47e RI. Arrivé au corps le jour même, il débute sa carrière en tant que soldat de 2e classe. Il est à noter que sa fiche matricule le répertorie au moment de son engagement volontaire comme étant enfant de troupe, ce qui assurément témoigne d’un fort habitus militaire.
La fiche matricule de Roger Chauchix fait état de signalements complémentaires qui nous donnent une réelle idée de son apparence physique puisqu’il est indiqué qu’il a des taches de rousseur, un menton à fossette ainsi que des lobes d’oreilles collés.
Originale, la carrière de Roger Chauchix est caractérisée par un certain nombre d’allers et retours au 47e RI. Engagé volontaire, il sort progressivement du rang en devenant caporal le 5 octobre 1912 puis sergent le 25 mai 1913. C’est manifestement avec ce grade qu’il part pour le front lors de la mobilisation générale, dans la nuit du 5 au 6 août 1914. Détail intéressant, il ne profite nullement des vides causés par les terribles pertes de l’entrée en guerre et ne monte pas en grade. Sa campagne connait néanmoins un tournant décisif le 20 mai 1915 lorsqu’il chute lourdement dans une tranchée d’Artois. Souffrant d’une « entorse tibio-tarsienne », il est transféré de retour de convalescence le 16 septembre 1915 au 94e RI mais revient au 47e RI le 28 mai 1916. Pourtant, ce retour n’est que provisoire puisque, vraisemblablement épuisé, il est reconnu inapte pendant un mois le 26 juin 1916 par la commission de réforme de Saint-Malo. De retour de convalescence, il est de nouveau transféré, cette fois-ci au 2e RI. C’est d’ailleurs au sein de cette unité qu’il est nommé le 12 novembre 1916 sous-lieutenant à titre temporaire.
Roger Chauchix revient au 47e RI le 31 janvier 1917. Malheureusement, ce dernier retour n’est que de courte durée puisqu’il se blesse très grièvement le 29 mars 1917, aux environs de Troyes, lors d’un exercice de grenades. La description sur sa fiche matricule des blessures dont il souffre dit bien la gravité de son état : « arrachement du poignet droit, perforation du crâne au niveau  du sourcil droit, au niveau de la région temporale droite, au-dessus de l’os molaire droit par éclats d’obus ». Il décède d’ailleurs le jour-même à l’hôpital de Troyes.
Sa veuve perçoit un secours de 300 francs à une date qui n’est pas mentionnée. Détail curieux, il ne semble être titulaire d’aucune citation ni décoration.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. dép. I&V : 10 NUM 35360 357, 1 R 1261.1578 et 1 R 2104.37.

Robert Chaudeyrac naît le 11 avril 1896 à La Flèche, dans la Sarthe. Il est le fils d’un gendarme à pied de 37 ans et d’une femme de vingt-cinq ans répertoriée comme étant sans profession. Lors de son passage devant le Conseil de révision, il déclare exercer la profession d’employé de chemin de fer.
Appelé à l’activité par anticipation, Robert Chaudeyrac est incorporé le 5 avril 1915 au 115e RI, unité casernant à Mamers et Nogent-le-Rotrou. Il est immédiatement désigné pour suivre, du 10 avril au 10 octobre 1915, les cours d’élèves-aspirants. Promu aspirant le 15 avril 1915, il est transféré au 47e RI le 8 décembre 1915 et semble donner entière satisfaction à en juger par la citation à l’ordre de la division en date du 19 septembre 1917 dont il fait l’objet :
« Sous-officier de renseignement de bataillon. Le 9 septembre 1917, au cours de l’attaque allemande est resté à son observatoire de première ligne jusqu’au dernier moment. Presque entouré par l’ennemi, a réussi à se dégager après avoir pris le commandement d’un groupe de grenadiers et défendu le terrain pied à pied avec un sang-froid et une ténacité au-dessus de tout éloge. »
Robert Chaudeyrac est nommé sous-lieutenant à titre temporaire le 10 novembre 1917 et est une nouvelle fois cité, à l’ordre du corps d’armée, le 17 juin 1918 :
« Le 20 mai 1918, a coopéré par le tir de ses mitrailleuses de la façon la plus efficace à la défense du front de son bataillon infligeant de graves pertes à l’ennemi et se maintenant en position jusqu’à la dernière limite sous le feu violent de l’artillerie et de l’infanterie allemande. »
Le sous-lieutenant Robert Chaudeyrac est tué à l’ennemi le 16 juillet 1918, à un kilomètre sud-ouest de La Chapelle-Monthaudon, dans la Marne. Il est l’objet d’une autre citation, posthume, à l’ordre du corps d’armée le 27 août 1918 :
« Officier d'une grande bravoure ayant une haute conception de son devoir. Tombé glorieusement à la tête de sa section de mitrailleuses le 17 juillet 1918 au moment où sous un feu violent d'artillerie complètement à découvert et sans aucun soucis du danger il mettait ses pièces en batterie pour appuyer une attaque d'infanterie. »
Un secours de 300 francs est adressé par le 47e RI à son père le 17 octobre 1918.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. dép. Sarthe 5 Mi 143_52 et 1 R 1274.1032.

Eugène, Joseph, Marie Chauvel naît le 30 novembre 1890 à Ménéac, dans le Morbihan. Il est le fils d’un cultivateur de 26 ans et d’une cultivatrice de 25 ans. Bien que natif du Morbihan, il dépend du bureau de recrutement de Saint-Brieuc et déclare lors de son passage devant le Conseil de révision exercer la profession de cultivateur.
Déclaré bon pour le service, Eugène Chauvel est incorporé le 10 octobre 1911 au 47e régiment d’infanterie. Promu soldat de 1e classe le 24 avril 1912, il est nommé caporal le 23 août 1912 avant d’être renvoyé dans ses foyers, à la fin de son service militaire, le 8 novembre 1913.
Eugène Chauvel est rappelé à l’activité du fait de la mobilisation générale. Affecté au 47e RI, il compte parmi les hommes qui quittent Saint-Malo dans la nuit du 5 au 6 août 1914 et est rapidement, le 13 septembre 1914, nommé sergent. Nommé adjudant le 28 mars 1917, il est promu sous-lieutenant à titre temporaire le 17 mai 1918. Cette distinction fait suite à deux citations à l’ordre de la 20e DI, la première étant datée du 16 mai 1917 : 

« Remarquable chef de section, le 30 avril a défendu pied à pied le terrain qu’il avait conquis à la tête de ses hommes, a dû grâce à son admirable tenue sous le feu les maintenir en main et obliger l’ennemi à se retirer. »

La seconde est datée du 17 mai 1917 :

« Chef de section brave et énergique faisant l’admiration de ses chefs et de ses hommes par son attitude au feu. Lors de l’attaque allemande du [illisible] brillamment commandé [illisible] réussi à arrêter [illisible] supérieur en nombre et à le refouler dans ses lignes. »

Cette citation est complétée d’une troisième, décernée le 25 septembre 1917, à l’ordre de l’armée, à la suite d’un nouveau fait d’armes :

« Chef de section d’une bravoure éprouvée, au front depuis le début de la campagne. Le 9 septembre 1917, au cours d’une violente attaque allemande après [illisible] a arrêté [illisible] contre-attaque [illisible] rejeté dans ses lignes. »

Le sous-lieutenant Eugène Chauvel est tué à l’ennemi le 16 juillet 1918 à Igny-le-Jard, dans la Marne. Il est cité une dernière fois 26 août 1918, à titre posthume, à l’ordre de la 20e DI :

« Officier très brave. Le 17 juillet 1918, chargé avec sa section d’étayer l’attaque s’est maintenu en terrain découvert pour observer la progression. Est tombé mortellement atteint à son poste de combat. »

Au final, le sous-lieutenant Eugène Chauvel est titulaire de la Croix de guerre avec étoile d’argent et palme et de la Médaille militaire.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. dép. Morbihan : 4 E 129/26 ; Arch. Dép. CdA : 1 R 2190.1343.

Fernand, Jean, Marie, Alfred, Georges Cherbonnel naît le 30 juillet 1889 à Cogles, en Ille-et-Vilaine. Il est le fils d’un cantonnier de 53 ans et d’une femme de ménage de 38 ans.
Lors de son passage devant le Conseil de révision, Fernand Cherbonnel déclare exercer la profession de cultivateur à Saint-Brice-en-Coglès. Cela ne l’empêche pas de contracter le 7 avril 1910 en la mairie de Saint-Brice en Coglès un engagement volontaire pour servir trois ans au 47e régiment d’infanterie. Il est incorporé le lendemain, en tant que soldat de 2e classe. C’est le début d’une ascension régulière qui le voit devenir caporal le 13 octobre 1910 puis sergent le 1er octobre 1911.
Fernand Cherbonnel se réengage pour deux ans le 24 octobre 1912, contrat prenant effet à partir du 7 avril 1913.
Comptant parmi les individus qui quittent Saint-Malo dans la nuit du 5 au 6 août 1914, Fernand Cherbonnel poursuit son ascension au sein de la hiérarchie de l’unité. C’est le 11 octobre 1914 qu’il est promu sous-lieutenant à titre temporaire. Il est affecté à la 10e compagnie aux alentours du 19 février 1915. Il est fait lieutenant à titre temporaire le 15 juin 1915, nomination qui visiblement s’accompagne d’un changement de compagnie. Cette promotion s’accompagne d’une citation à l’ordre du régiment en date du 18 juin 1915 :

« A la 11e compagnie du 47e RI soumise le 30 mai à un bombardement qui lui a fait subir des pertes sensibles, a conservé un moral inaltérable et à l’image de ses officiers (capitaine Le Manou, lieutenant Laulan et le sous-lieutenant Cherbonnel) n’a songé tout en portant secours aux hommes ensevelis qu’à maintenir l’intégrité du secteur, dont la défense lui était confiée. »

Cet officier figure en tant que commandant de la 1e compagnie de mitrailleuses du 47e RI dans le tableau de constitution de l’unité présent à la date du 1er avril 1916 dans le journal des marches et opérations.
Le Salut rapporte en novembre 1916 la citation à l’ordre du corps d’armée qui lui est décernée :

« Modèle de l’officier mitrailleur. Le 13 octobre 1916, voyant un bataillon voisin attaqué par l’ennemi, a installé une de ses pièces qui a pris complètement de flanc l’attaque ennemie, lui a fait subir des pertes sérieuses et ainsi coopéré utilement à la contre-attaque. »

Ce même article du Salut laisse entendre qu’il est originaire d’Avranches, dans la Manche, ce qui n’est pas confirmé par son acte de naissance même si les deux localités sont distantes d’une trentaine de kilomètres. Dans la notice nécrologique que publie L’Ouest-Eclair à l’occasion de son décès, le quotidien breton affirme que le capitaine Cherbonnel est le « fils d’une très honorable famille coglaise ».
Fernand Cherbonnel est nommé capitaine à titre temporaire le 1er juin 1917. Il meurt quelques semaines plus tard, le 20 août 1917, tué à l’ennemi « à 1000 mètres environ à l’ouest de Louvemont Côte du Poivre (Meuse) à 2 h 30 », à en croire les informations consignées sur sa fiche matricule. Cet officier est alors à la tête de la 1e compagnie de mitrailleuses du 47e RI, seul élément de l’unité, avec un peloton de la 3e, à ne pas quitter les tranchées pour partir en cantonnement de repos mais à rester à proximité du front, à la disposition de la 123e DI qui doit prononcer, le 20 août 1917, une attaque sur la côte 344. Le rédacteur du journal des marches du 47e RI précise que c’est « en se rendant avec sa compagnie occuper les emplacements conquis » qu’il est tué.
Le capitaine Cherbonnel est cité à titre posthume à l’ordre du corps d’armée le 12 septembre 1917 :

« Officier mitrailleur d’une valeur morale et professionnelle de premier ordre. Au front depuis le début de la campagne, a pris part à toutes  les attaques où le régiment a été engagé ; a su gagner la confiance de ses inférieurs, l’estime de ses supérieurs, l’affection de tous. Tombé glorieusement devant Verdun le 20 août 1917 à la tête de sa compagnie à son poste de combat. »

Au final, le capitaine Cherbonnel est titulaire de la Croix de guerre avec étoile de bronze et deux étoiles de Vermeil.
Un secours de 400 francs est attribué le 7 novembre 1917 à sa mère.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; 26 N 636/6, 7 et 9, JMO 47e RI ; Arch. dép. I&V : 10 NUM 35083 147 et 1 R 2074.1154 ; « Citations », Le Salut, 35e année, n°93, 17-18 novembre 1916, p. 1 ; « Citation », L’Ouest-Eclair, 19e année, n°5583, 16 novembre 1917, p. 4.

Joseph Chevalier naît le 17 avril 1891 à Maligny, dans le département de Côte d’Or. Il est le fils d’un cultivateur de 27 ans et d’une femme de 21 ans répertoriée sans profession. Lui-même déclare lors de son passage devant le Conseil de révision exercer la profession de cultivateur. Il est à noter que Joceph Chevalier ne dépend pas du bureau de recrutement d’Auxerre, dans l’Yonne, comme pourrait le laisser penser une lecture rapide de sa fiche matricule, mais d’Auxonne, en Côte d’Or.
Déclaré bon pour la service, Joseph Chevalier est incorporé en tant que soldat de 2e classe le 11 octobre 1912 au 21e régiment d’infanterie de Langres, dans la Haute-Marne. Nommé soldat de 1e classe le 16 juillet 1913, il est fait caporal le 1er octobre suivant.
Joseph Chevallier est célibataire.
C’est avec le grade de caporal que Joseph Chevalier débute la Grande Guerre. Il est blessé le 17 août 1914 dans le secteur de Schirmeck par un éclat de shrapnel à l’épaule droite puis le 30 septembre 1914 à Souain par une balle qui lui traverse le bras gauche.
Nommé sous-lieutenant à titre temporaire à son retour de convalescence, Joseph Chevalier est affecté au 3e bataillon de chasseurs à pied puis immédiatement transféré à la 5e compagnie du 47e régiment d’infanterie où il arribe le 30 juin 1915.
Le journal des marches et opérations du 47e RI indique que Joseph Chevallier est tué le 24 février 1916 sous un « tir intense des 105 allemands recherchant particulièrement le ravin de la Houyette et l’ouvrage intermédiaire ». Sa fiche de mort pour la France le répertorie pourtant comme mort des suites de ses blessures, de même que son acte de décès – en réalité la transcription d’un avis adressé à la Mairie de Maligny par le lieutenant Henri Guillemette, faisant alors fonction d’officier d’état-civil au sein de l’unité – qui stipule qu’il décède « à 16 heures 15 minutes des suites de blessures reçues sur le champ de bataille ».
Joseph Chevalier est cité à titre posthume à l’ordre de la division :

« Officier très consciencieux, très brave, d’une rare élévation de sentiments. Déjà blessé 2 fois au cours de la campagne, est revenu au front dès sa guérison, a toujours donné à ses hommes l’exemple d’un courage tranquille et d’un complet mépris du danger. Est tombé glorieusement à son commandement pendant un bombardement le 24 février 1916. »

Un secours de 300 francs est payé à son père le 17 juin 1916.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI ; Arch. Dép. Côte d’Or: FRAD021_371_2E371ART008_0075, FRAD021EC 371/009 et 1 R 2479.1112.

Cet officier arrive au 47e RI le 24 octobre 1915 et est affecté au II/47e RI. Il est transféré pour une autre unité, malheureusement non précisée par le journal des marches et opérations de l’unité, le 27 janvier 1916 et est remplacé par le médecin aide-major Maublant.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI.

Fernand, Henri, Marie Cléret de Langavant naît le 23 janvier 1893 à Morlaix (Finistère) mais effectue toutes ses études au collège de Saint-Malo. Issu d’un milieu aristocratique, il est le fils de Joseph, Jean, Marie Cléret de Langavant et de Marthe de la Brunière de Baumont.

Portrait de Fernand Cléret de Langavant publié dans le Livre d'or du collège de Saint-Malo.

Après son baccalauréat de lettres, Fernand Cléret de Langavant entame une carrière à la Banque de France, travaillant à Lorient puis, en 1912, à Saint-Brieuc. Mais cette vie ne semble pas lui convenir puisqu’il contracte le 11 octobre 1913 un engagement volontaire d’une durée de trois ans au 47e régiment d’infanterie.
Incorporé en tant que soldat de 2e classe, Fernand Cléret de Langavant est promu caporal le 21 février 1914 puis sergent le 2 août 1914. Lors de la mobilisation générale, il est sergent-fourrier à la 3e compagnie.
Blessé d’une balle qui lui traverse le poignet droit lors de la bataille de Guise, il est évacué et retourne pour quelques jours au dépôt de Saint-Malo avant de regagner le front, le 20 septembre 1914.
Le 3 février 1915, le lieutenant Julien Verly de la 3/47e RI, détenu en Allemagne à la suite de la bataille de Guise, écrit une lettre aux parents de Fernand Cléret de Langavant :

« Que devient mon chez fourrier de la 3e ? J’ai appris qu’il avait été blessé deux fois ; c’est à son sujet que je vous écris. Parmi les nombreux désespoirs qui m’ont étreint quand je me suis vu ressuscité en lignes allemandes, celui de ne pouvoir plus être utile à ceux de mes gradés qui le méritaient n’était pas le moindre ; tous avaient bien fait leur devoir, je crois, mais le capitaine et moi avions apprécié tout particulièrement l’infatigable ardeur, le dévouement à toute épreuve que n’a cessé de montrer votre fils pendant les dures journées d’août. Il avait largement gagné ses galons de sous-lieutenant, mais dans la tourmente du 29 août tous les témoins de son mérite ont disparu en même temps. Les a-t-il ? nul plus que moi n’aurait été content de commander une section voisine de la sienne et jamais je ne me serais senti encadré avec plus de sécurité. Je ne l’ai pas vu pendant le court combat du 29, mais son passé m’en répond. »

Promu sergent-major le 10 octobre 1914, Fernand Cléret de Langavant est de nouveau blessé au début le 2 novembre 1914 par une balle qui lui traverse l’épaule  mais refuse d’être évacué.
Quelques jours plus tard, Fernand Cléret de Langavant est promu sous-lieutenant à titre provisoire par une décision du général commandant la 20e division en date du le novembre 1914. Maintenu à la 3e compagnie, il décède des suites de ses blessures le 2 février 1915 à Saint-Laurent-Blangy, au cours d’un bombardement qui frappe également mortellement le sous-lieutenant Duplessix.

Les obsèques de Fernand Cléret de Langavant ont lieu au cimetière de Sainte-Catherine devant une demi-compagnie du 47e régiment d’infanterie et le lieutenant-colonel Morris commandant le corps.
Quelques jours plus tard, le commandant Moreaux écrit à la mère de Fernand Cléret de Langavant :

« Vous n’ignorez pas l’estime et l’affection  que j’avais pour votre cher disparu que j’avais vu tout enfant, que j’avais suivi depuis le début de la campagne, en appréciant les fortes qualités dont il vous était redevable. Consolez-vous, Madame, en état assurée que votre fils a été un exemple pour ses camarades et qu’au surplus ce mot ne convient pas, car il ne laisse que des amis »

La capitaine Lebas écrit également à son propos, en s’adressant à l’un de ses frères :

« Je me fais l’interprète de tous les officiers du régiment qui ont connu le sous-lieutenant Cléret de Langavant pour vous assurer du culte fidèle dont nous honorons son souvenir. Ce jeune officier qui semblait promis à d’heureux destins est toimbé avant d’avoir pu donner sa mesure… »

Fernand Cléret de Langavant fait l’objet d’une élogieuse citation décernée à titre posthume:

« Vaillant officier, d’un courage toujours égal et d’un sang-froid à toute épreuve. Blessé le 29 août 1914 en se portant à l’assaut, est revenu au front à peine guéri ; blessé une seconde fois le 2 novembre 1914, a refusé de se laisser évacuer. Tombé glorieusement à son poste de combat le 2 février 1915. »

Cet officier ne doit pas être confondu avec le capitaine Cléret de Langavant qui refuse de procéder à l’inventaire de l’Eglise de Paramé en 1906. De même, il ne doit pas être confondu avec le sous-lieutenant Cléret de Langavant du 64e RI mort pour la France pendant la bataille de Maissin le 22 août 1914.
Fernand Cléret de Langavant est décoré de la Croix de guerre.

Sources : BVACC/Mémoire des hommes; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI; Arch. Dép. I&V. : 1 R 2139.378; BAZIN, Yves, Livre d’or des anciens élèves du collège de Saint-Malo morts pour la France, Saint-Malo, Imprimerie R. Bazin, 1921, p. 50-54; LE GALL, Erwan, « Le deuxième procès de Rennes : trois officiers du 47e régiment d’infanterie devant le Conseil de guerre », En Envor, revue d'histoire contemporaine en Bretagne, n°1, hiver 2013, en ligne.

Lors de la mobilisation générale, cet officier est affecté à la 2e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Le tableau de constitution du régiment du 5 septembre 1914 indique qu’il est alors passé à la 3e compagnie, sans doute pour compenser les terribles pertes des batailles de Charleroi et Guise. C’est sans doute cette même logique – outre sa valeur intrinsèque – qui lui vaut d’être nommé capitaine à titre provisoire le 13 octobre et d’occuper, à partir du 24 septembre et ce jusqu’à la fin de l’année 1914, les fonctions d’adjoint au chef de corps. Le 20 décembre 1914, il est nommé à la tête de la 3e compagnie du 47e régiment d’infanterie, fonction qu’il occupe jusqu’en mars 1915. La nomination définitive du lieutenant Colas au grade de capitaine intervient le 23 mars 1915. On perd sa trace à partir de cette époque.
A Saint-Malo, le lieutenant Colas réside villa Castel Adrien, sise avenue Krüger. Il est donc voisin du capitaine Cano, sans que l’on sache si les deux hommes entretiennent des relations particulières.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47eRI ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 184.

Lors de la mobilisation générale, cet officier est affecté à la 12e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Il est blessé en septembre 1914, sans doute assez gravement puisque son nom ne figure ni sur le tableau de constitution du régiment daté du 24 septembre 1914 – mais bien sur le précédent, daté du 5 septembre – sur le journal des marches et opérations, ni dans la base de données des morts pour la France du 47e régiment d’infanterie.
Cet officier ne doit pas être confondu avec le lieutenant Colas de la 2e compagnie du 47e régiment d’infanterie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI.

Cet officier arrive au 47e régiment d’infanterie le 14 juin 1915 en provenance du 270e régiment d’infanterie et est affecté à la 7e compagnie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI.

René, Jean, Marie Corbel naît le 6 mars 1892 à Saint-Malo (et non 1899 comme il est indiqué par erreur en première page de son dossier de Légion d’honneur). Il est le fils d’un garçon de recette âgé de 35 ans et d’une femme de 34 ans répertoriée comme étant sans profession. Un article publié en novembre 1916 par le Salut le présente comme le « fils du sympathique brigadier de la Banque de France » et par ailleurs comme « un des bon équipiers de l’USS ». Cette dernière information est d’ailleurs attestée par de nombreux articles de a presse locale décrivant les matchs de l’USS et où le nom de Corbel apparaît. René Corbel suit vraisemblablement les pas de son père sur le plan professionnel puisqu’il déclare lors de son passage devant le Conseil de révision exercer la profession d’employé de banque.

René Corbel est incorporé en tant que soldat de 2e classe le 10 octobre 1913 au 47e RI pour y effectuer son service militaire. Promu caporal le 21 février 1914, il est fait sergent au premier jour de la mobilisation générale, le 2 août 1914.
Tout porte à croire qu’il compte parmi les éléments qui quittent Saint-Malo dans les tous premiers jours d’août 1914 et qu’il participe au baptême du feu de l’unité, lors de la bataille de Charleroi.
La campagne de René Corbel témoigne d’une remarquable élévation, ascension qui se déroule intégralement au 47e RI. Nommé aspirant le 20 janvier 1915, il est fait sous-lieutenant à titre temporaire le 23 juin 1915, quelques jours après son arrivée, le 15 juin 1915, à la 8/47e RI, puis lieutenant à titre définitif le 29 janvier 1918.
Fred Aubert le mentionne à plusieurs reprises dans ses carnets à partir du 18 juillet 1918.
René Corbel est cité le 21 juin 1915 à l’ordre du corps d’armée, soit deux jours avant d’être nommé sous-lieutenant à titre temporaire :

« Ayant déjà conduit sa section jusque dans la tranchée ennemie et constatant que la section suivante tardait à la rejoindre est revenu la chercher jusque dans la parallèle de départ, en affrontant un violent feu de barrage et l’a entraînée à son tour jusque dans les lignes ennemies. Officier d’une bravoure tout-à-fait remarquable. »

Cet officier est cité une seconde fois, à l’ordre de la brigade, le 23 octobre 1916 :

« Le 13 octobre 1916. Attaqué à une barricade sur laquelle l’ennemi projetait des liquides enflammés, a fait preuve de beaucoup de sang-froid et, d’un grand esprit de décision. A pris le commandement d’une vigoureuse contre-attaque qui a fait subir des pertes sérieuses à l’ennemi après l’avoir repoussé. »

Une troisième citation, à l’ordre du 10e corps d’armée, lui est décernée le 31 mars 1917 :

« Officier d’une grande valeur morale, modèle d’énergie et de courage. Chargé d’une reconnaissance le 20 mars 1917 a fait l’admiration de ses hommes en entraînant sa section sous un violent tir de barrage et a fait preuve d’une heureuse initiative en occupant le village de T… »

Son dossier de Légion d’honneur fait état d’une quatrième citation, à l’ordre du 7e corps d’armée, reçue le 19 octobre 1917 :

 « Véritable entraîneur d’hommes, modèle de bravoure et d’énergie, s’est distingué à nouveau au cours de l’attaque allemande du 2 octobre 1917, a voulu continuer à exercer le commandement provisoire de sa compagnie malgré une sérieuse contusion l’empêchant de marcher, donnant à tous ses hommes le plus bel exemple d’endurance et d’esprit de sacrifice. »

Ce même dossier de Légion d’honneur fait état d’une cinquième citation, reçue le 7 décembre 1917 à l’ordre de la division :

« Officier d’un grande bravoure chargé dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre 1917 de garder les flancs d’une reconnaissance qui devait pénétrer dans les lignes allemandes, a amené son groupe de protection à proximité des réseaux de fil de fer et a assuré pendant 4 heures une surveillance ininterrompue contribuant largement au succès de l’opération. »

Le dossier de Légion d’honneur de René Corbel mentionne une sixième citation, à l’ordre de la division, reçue le 19 juin 1918 :

« Ayant pris le commandement de sa compagnie dans un moment difficile, a maintenu une parfaite cohésion dans sa troupe par son action personnelle, a exercé son commandement avec fermeté, intelligence, compréhension de la situation pendant les dures journées du … »

René Corbel est enfin cité une septième fois, à l’ordre de l’armée, le 29 août 1918 :

« Intrépide officier d’une ardeur entraînante et d’un courage remarquable. Grièvement blessé le 28 juillet 1918 en entraînant sa compagnie à l’assaut sous un bombardement intense, n’a consenti à se laisser évacuer qu’après avoir passé sous le feu le commandement de son unité. »

René Corbel est proposé en août 1919 par la commission de réforme de Rennes pour une réforme de 60% pour « impotence totale et définitive de la préhension de la main droite ». Cette pathologie lui permet d’obtenir une pension de 2190 francs en 1920, somme révisée et portée à 2673 francs en décembre 1922. Il est à noter que son invalidité ne l’empêche pas de renouer avec sa carrière civile puisqu’on le retrouve en 1922 comme sous-chef de la comptabilité à la Banque de France au Mans puis, la même année, comme chef de la comptabilité à la Banque de France à Vannes et enfin, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, comme caissier à la Banque de France à Pau. Peut-être a-t-il bénéficié de mesures relatives aux emplois réservés ?
Il est à noter que la femme de René Corbel est la fille d’Alexandre Cathrine fils, propriétaire et directeur du Nouvelliste du Morbihan (titulaire de 5 citation à l’ordre, il effectue la Grande Guerre comme officier de complément, d’abord dans l’infanterie puis dans les chars). Les deux hommes sont manifestement proches puisque René Corbel demande à être reçu en tant qu’officier de la Légion d’honneur par son beau-père.
René Corbel décède le 4 avril 1975 à Paris, dans le 14e arrondissement.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI ; Arch. Nat.: LH 19800035/1315/52148; Arch. Dép. I&V: 10 NUM 35288 1122 et 1 R 2119.1456 ; « Citations », Le Salut, 35e année, n°90, 7-8 novembre 1916, p. 1 ; AUBERT, Fred, Avec ma section, 27 mai 1918 – 15 août 1918, Saint-Brieuc, Editions Cendrillon, sans date ; MEEWEN, Gil Van, L’aventure du Nouvelliste du Morbihan, mémoire de maîtrise sous la direction d’ESTIENNE, René, Université de Bretagne-Sud, Lorient, 2001.