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Lors de la mobilisation générale, cet officier est affecté à la 2e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Blessé lors de la bataille de Guise, le sort de ce militaire est ensuite assez mystérieux puisque ce nom ne figure ni sur les tableaux ultérieurs de constitution du régiment portés sur le journal des marches et opérations, ni dans la base de données des morts pour la France du 47e régiment d’infanterie, ni au sein des archives en ligne du CICR.
C’est au final un article publié par Le Salut en mars 1916 qui donne la solution du problème en retranscrivant la citation décernée à cet individu, distinction portant attribution de la Croix de guerre :

« Officier d’une énergie et d’une bravoure remarquables. A été blessé grièvement le 29 août 1914, alors qu’il entraînait vigoureusement sa section à l’attaque. Impotence fonctionnelle du bras droit. »

Cette médaille est remise au lieutenant-Georges Radigue par le lieutenant-colonel Brault lors d’une prise d’armes ayant eu lieu à Saint-Malo le 5 mars, à 9h45, sur le terre-plein du quai de Dinan.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI; « Prise d’armes », Le Salut, 25e année, n°20, 7/8 mars 1916, p. 1.

Fils de laboureur, Joseph, Marie Raulet naît le 8 septembre 1899 à Laurenan (Côtes-du-Nord).
Incorporé au 47e régiment d’infanterie à compter du 1er octobre 1910 en tant que soldat de 2e classe, il est nommé caporal le 1er juillet 1911 puis sergent le 14 juillet 1912. Il se rengage pour un an à la fin du mois de septembre 1912 puis pour deux ans le premier octobre 1913.
Sergent lors de la mobilisation générale, il est fait sous-lieutenant à titre temporaire le 24 septembre 1914. Il prend alors le commandement de la 1e section de mitrailleuses du 47e régiment d’infanterie.
Titulaire de la mention « Mort pour la France », Joseph Raulet est déclaré « tué à l’ennemi » le 6 octobre 1914 à Mercatel par un jugement déclaratif de décès rendu le 30 avril 1920 par le tribunal de Saint-Malo. En réalité, il est porté disparu par le rédacteur du journal des marches et opération du 47e régiment d’infanterie au soir du 4 octobre 1914.

Sources : Arch. Dép. CdN: EC Laurénan, 1 R 1279.1934 ; BAVCC/Mémoire des hommes, SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI.

Jean, Louis, Georges, Alexandre Renucci naît le 4 août 1869 à Parisau 2, rue de l’Abbaye, mais dépend du bureau de recrutement de Vesoul.
Jean Renucci est le fils d’un employé du télégraphe âgé de 27 ans et d’une femme de 19 ans dont la profession n’est pas répertoriée.
Jean Renucci est incorporé le 20 novembre 1888 comme engagé volontaire au 76e régiment d’infanterie, unité tenant garnison à Paris, Coulommiers et Sevran. Promu caporal en septembre 1889, il est fait sergent l’année suivante puis sergent-fourrier en septembre 1892.
Jean Renucci entre le 20 novembre 1894 à l’Ecole militaire d’infanterie et en sort sous-lieutenant l’année suivante. Il est alors affecté au 47e régiment d’infanterie. C’est à cette époque qu’il se marie, épousant le 28 octobre 1896 Marie Martel, la fille d’un médecin de Saint-Malo.
Jean Renucci est nommé lieutenant le 1er avril 1897 mais est transféré quelques mois plus tard, le 30 septembre 1908, au 70e RI de Vitré. Il effectue un stage au 10e escadron du train du 28 avril au 27 mai 1903 puis passe quelques semaines plus tard, le 11 septembre 1903, au 137e RI, unité tenant garnison à Fontenay-le-Comte. C’est dans ce cadre qu’il effectue suit le cours de l’Ecole d’application du tir du camp du Ruchard du 15 avril au 24 mai 1904.
Jean Renucci est nommé capitaine le 24 décembre 1909, promotion qui s’accompagne de son transfert à Cherbourg, au 25e RI. Ce n’est que le 24 décembre 1912 qu’il revient à Saint-Malo, au 47e RI.
Capitaine commandant la 9e compagnie du 47e régiment d’infanterie au moment de la mobilisation générale, Jean Renucci est tué à l’ennemi le 22 août 1914 à Falisolle mais son cas ne fait pas l’objet d’un jugement déclaratif de décès. J. Schmitz et N. Nieuwland certifient son décès en indiquant que sa dépouille compte parmi les 376 corps français relevées au lendemain de la bataille dans les environs de la Belle Motte.
A en croire le témoignage d’Albert Omnes, le capitaine Renucci est remplacé à la tête de la 9e compagnie par le sous-lieutenant Ernest Pallez.
Le Salut rapporte en mai 1916 la citation à l’ordre du 10e corps en date du 17 avril 1916 qui est décernée à titre posthume au capitaine Renucci :

« Excellent officier, d’un entrain et d’une énergie remarquables, a été mortellement frappé à son poste de combat le 22 août 1914, en donnant le plus bel exemple de courage et de sang-froid. »

Sources : Arch. Mun. Paris: V4 E 745 ; Arch. Dép. Hte-Saône: table alphabétique du bureau de recrutement de Vesoul, 1889, RM 066.361 ; Arch. Dép. I&V : 1 R 10 NUM 35288 1075  ; BAVCC/Mémoire des hommes ; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; OMNES, Albert, Carnet de route, campagne 1914, Notes et impressions prises par le sergent Omnes du 47e régiment d’infanterie, Plessala, Bretagne 14-18, sans date, p. 8 ; SCHMITZ, Chanoine Jean, et NIEUWLAND, Dom Norbert, Documents pour servir à l’histoire de l’invasion allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg, Tome III, Tamines et la bataille de la Sambre, Bruxelles, G. Van Oest & Cie éditeurs, 1920, p. 175.

Lors de la mobilisation générale, cet officier est à la tête de la 6e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Il est blessé mais sans gravité à Charleroi, puisque son retour « après traitement de quelques jours » le 2 septembre 1914 est attesté par une lettre de Daniel Poncet des Nouailles à sa femme.
Le capitaine Richard est titulaire d’une élogieuse citation portant attribution de la Légion d’honneur qui résume bien son début de campagne :

« Blessé le 22 août, a rejoint le 2 septembre, incomplètement guéri. Blessé à nouveau deux fois le 4 octobre, ne s’est retiré que sur l’ordre du Chef de corps, a eu la cuisse fracturée d’un éclat d’obus pendant qu’il se rendait au poste de secours. »

Grièvement blessé en octobre 1914, le capitaine Richard est soigné à la clinique Rivette, à Nantes. C’est de là qu’il écrit le 21 octobre 1914 à la veuve de l’adjudant Maurice Roger, militaire de la 6e compagnie placé sous ses ordres et également blessé le 4 octobre 1914 (il décède des suites de ses blessures le 13). Cette correspondance laisse entrevoir un officier soucieux de ses hommes, profondément chrétien et fervent patriote.
Après sa convalescence, le capitaine Richard est vraisemblablement en charge de l’instruction de la classe 1916 avant de repartir pour les tranchées.
Le capitaine Richard retourne au front le 4 novembre 1915 et est adjoint au lieutenant-colonel Bühler commandant l’unité. Il remplace dans ces fonctions le sous-lieutenant Gaulthier qui part prendre la direction du service téléphonique du 10e corps.
Nommé adjudant-major au III/47e RI le 17 mars 1916, le capitaine Richard est remplacé dans ses fonctions d’adjoint au colonel Bühler par le sous-lieutenant Lainé. On le retrouve à cette même affectation sur le tableau de constitution du régiment figurant le 1er avril 1916 sur le journal des marches et opérations du 47e RI.
Quelques jours plus tard il figure au sein du Tableau d’honneur de L’Illustration, dans l’édition datée du 22 avril 1916.
Le tableau de constitution de l’unité en date du 1er juillet 1916 le répertorie comme étant commandant la 4/47e RI et le bataillon du dépôt divisionnaire.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; Arch. Mun. Saint-Malo : fonds Daniel Poncet des Nouailles, fonds Maurice Roger; « La classe 1916 », Le Salut, 30 novembre / 1er décembre 1915, 34e année, n°95, p. 1.

Ce sergent est promu sous-lieutenant le 27 juin 1915. Il est alors affecté à la 8e compagnie mais n’y reste que quelques jours, étant envoyé à la 9e à la fin du mois de juillet 1915. Il est à noter que ce mouvement est inverse de celui effectué par les sous-lieutenants Michel et Granville qui eux quittent la 9e compagnie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI.

C’est le 27 mars 1915 que ce sergent est promu lieutenant à titre temporaire. Il est transféré le 12 juin 1915 au 9e bataillon de marche du 25e régiment d’infanterie. Manifestement transféré au 47e RI, il rejoint l’unité en Champagne en provenance du dépôt de Saint-Malo le 9 janvier 1916.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI.

C’est le 11 octobre 1914 que cet adjudant-chef de réserve est promu sous-lieutenant à titre temporaire et est affecté à  la 12e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Il est fait lieutenant de réserve à titre temporaire le 21 mai 1915 et est blessé le 9 juin suivant.
Le sergent Olivier Le Guével l’évoque dans sa correspondance et le désigne comme étant « le fils du notaire ».

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI; Arch. Mun. Saint-Malo : fonds Olivier Le Guével, lettre du 22 novembre 1914.

Bertrand, Ernest, Armand, Rochard naît le 21 mai 1883 à Dol-de-Bretagne. Fils d’un entrepreneur « absent pour affaires » au moment de sa naissance et petit-fils d’un « propriétaire », il fait ses études au collège de Saint-Malo. Il est également élève au Lycée de Rennes, entre octobre 1899 et juillet 1902. Bertrand Rochard bénéficie d’une dispense et n’effectue qu’une année de service militaire, au 47e RI, du 14 novembre 1904 au 23 septembre 1905.
Devenu réserviste, il est nommé sergent le 23 mars 1906 et effectue une période d’exercices avec le 47e RI du 20 août au 15 septembre 1908.
Licencié ès-sciences en 1908, il réside successivement à Grenoble, au Havre puis au Mans avant de se fixer en 1913 à Tours, où il occupe un emploi d’ingénieur.
Mobilisé en tant que sergent de réserve dès  le 2 août 1914, Bertrand Rochard ne gagne le front que le 29, dans le premier renfort appelé à combler les pertes de l’unité. Nommé adjudant le 20 septembre, c’est dans la première quinzaine du mois de décembre 1914 qu’il est promu sous-lieutenant de réserve. Il est porté disparu au soir du 9 mai 1915 et décède très probablement ce même jour des suites de ses blessures.

Portrait de Bertrand Rochard publié dans le Livre d'or du Lycée de Rennes.

Le Livre d’or des anciens élèves du collège de Saint-Malo publie une lettre adressée à sa mère et retrouvée sur lui lors de son décès. Malheureusement celle-ci comporte quelques trous, que le rédacteur de l’ouvrage attribue à la « mitraille ».

« Si cette lettre te parvient, c’est que Dieu aura voulu que je tombe face aux lignes allemandes, en montrant à mes hommes le chemin du devoir. En écrivant ces mots… j’évoque la mémoire… mon vénéré père qui… été fier de ce second fils. Je pense à tous les miens qui sont morts, je pense à tous mes parents vivants. A tous, je donne mon filial et affectueux baiser et puis, quoi qu’il arrive, je te demande, ma mère, d’être courageuse envers et contre tous les malheurs ; je sais que M… (sa sœur) a de bonnes qualités de ténacité ; je la sais Bretonne et, en vous appuyant l’une sur l’autre, vous continuerez le chemin de la vie en communion d’idées, de sentiments et d’amour avec tous ceux qui ne sont plus. Et maintenant, ma mère, je te demande aussi de prévenir tout particulièrement et gentiment ma meilleure amie J. C. que tu connais. Depuis bien longtemps nous avons échangé la plus exquise des correspondances en communion d’aspirations, d’idéal tout breton et je suis sûr que nos sentiments de franche affection se seraient bien vite changés en un amour noble et digne, capable d’unir pour toujours deux cœurs qui se sont confiés. Ma mère si Dieu l’avait voulu, je l’aurais demandée pour épouse et tu auras… ainsi une deuxième et … douce enfant à chérir… Nous nous étions comp… et je suis sûr que son cœur… prendra le deuil de tout… comme ceux de mes chers parents. Ma mère ! toujours haut les têtes ! haut les cœurs ! et à la grâce de Dieu ! Il te reste mon frère aîné qui comprendra mieux que jamais son devoir de gratitude et de reconnaissance fililale. M… sera une solide et courageuse jeune fille toute dévouée pour sa bonne mère et tous vous prierez pour votre Bertonton (c’était un petit surnom d’enfance) qui eut toujours à cœur d’être à la hauteur de son devoir, d’être toujours un fier, honnête, pieux et solide Breton. »

Sa fiche matricule indique qu’un secours de 300 francs a été accordé à titre posthume à sa mère, ce qui laisse entendre qu’il est alors célibataire.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Dép. I&V. : 1 R 1967.43 et 10 NUM 35095 312 ; BAZIN, Yves, Livre d’or des anciens élèves du collège de Saint-Malo morts pour la France, Saint-Malo, Imprimerie R. Bazin, 1921, p. 214-217; Livre d’or du Lycée de Rennes, Rennes, Oberthür, 1922, p. 200.

Saint-Cyrien né le 7 février 1862 à Pont-à-Mousson d’un père horloger, Adrien, Nicolas Roob est un militaire de carrière d’1m80 aux cheveux châtains et aux yeux marrons. Ayant successivement servi à Belley (Ain, 133e RI), Dijon (Côte d’Or, 27e RI), au Blanc (Indre-et-Loire, 68e RI) puis à Bar-le-Duc (Meuse, 94e RI), il est nommé chef de bataillon et est affecté au 47e régiment d’infanterie le 28 décembre 1908.
Adrien Roob réside villa Ker-Malo, sise sur le Sillon. Lors de la mobilisation générale, cet officier du 47e régiment d’infanterie est placé la tête du 6e bataillon ce qui, de facto, signifie qu’il est transféré au 247e RI.

Sources : SHD-DAT : 26 N 727/6, JMO 247e RI. 2 août 1914 ; Arch. Nat : LH : 19800035/0340/45740 ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 183.

Paul, Marie, Joseph Roquet naît le 19 septembre 1891 à La Baussaine, en Ille-et-Vilaine dans un milieu visiblement favorisé puisque, sur son acte de naissance, son père est répertorié comme étant « rentier, licencié en droit ». Pour sa part, Paul Roquet est répertorié comme étant « expert-géomètre » sur sa fiche matricule.
Paul Roquet débute son service militaire le 10 octobre 1912 au sein du 47e régiment d’infanterie. Il est alors soldat de 2e classe et est nommé soldat de 1e classe quelques semaines plus tard, le 1er mars 1913.
Mobilisé alors qu’effectuant son service militaire, Paul Roquet devient sergent en septembre 1914 et est cité à l’ordre de la division pour des faits survenus quelques semaines plus tard :

« Le 4 octobre 1914, le sous-lieutenant Roquet, alors sergent, conduisit sous un feu des plus violents la section de tir à l’emplacement qui lui était désigné, s’y maintint pendant cinquante-trois heures, arrêtant l’élan de l’ennemi ; et tout le personnel, sauf un chef de pièce et deux servants, ayant été mis hors de combat, réussit, malgré l’intensité du feu ennemi, à sauver tout le matériel. »

Selon le livre d’or de la paroisse de Paramé, Paul Roquet est proposé pour devenir sous-lieutenant après cette action d’éclat mais refuse pour demeurer avec sa section. Devenu adjudant en janvier 1915, il est ensuite promu sous-lieutenant le 9 juillet 1915.
Blessé lors des combats du Labyrinthe au début de l’été 1915, puis une seconde fois en Champagne le 25 septembre suivant, Paul Roquet est tué à l’ennemi le 16 avril 1916 à La Harazée, dans la Marne. Le sous-lieutenant Roquet était alors chef de peloton de la 1e compagnie de mitrailleuses du 47e RI. Le journal des marches et opérations de l’unité indique que c’est dans un abri, atteint par des éclats de 77, que cet officier est tué.
Dans son édition datée du 5-6 mai 1916, Le Salut publie une longue et instructive nécrologie de Paul Roquet :

« Hier matin, en présence d’une assistance nombreuse, a été célébrée en l’église paroissiale de Saint-Servan, un service solennel en l’honneur du sous-lieutenant Paul Roquet, glorieusement tombé devant l’ennemi, le 16 avril 1916, dimanche des Rameaux. Quatorze ans plus tôt, presque à pareille date, il faisait sa première communion dans cette même église. Au moment de la déclaration de guerre, notre jeune compatriote accomplissait comme caporal-mitrailleur sa seconde année de service. Parti de Saint-Malo le 6 août avec le 47e, il ne tarda pas à être nommé sergent dans sa section de mitrailleurs, et, dans dès le troisième mois de la guerre, il était l’objet de la citation suivante, qui lui valait la croix de guerre : Le général commandant la 20e division d’infanterie cite à l’ordre de la division le sergent Paul Roquet du 47e d’infanterie. Le 4 octobre 1914, le sergent Paul Roquet conduisit sous un feu des plus violets la section de tir à l’emplacement qui lui avait été assigné, s’y maintint pendant trois heures, arrêtant l’élan de l’ennemi, et, tout le personnel, sauf un chef de pièces et deux servants, ayant été mis hors de combat, réussit, malgré l’intensité du feu de l’ennemi, à sauver tout le matériel. En fait, pendant plus de cinquante heures, avec les quelques hommes qui lui restaient, séparé de sa compagnie et sans possibilité d’être ravitaillé, il avait lutté avec une froide énergie pour remplir jusqu’au bout la mission qui lui avait été confiée. Il fut alors nommé adjudant. Très simple, d’une modestie incomparable, dédaigneux du danger pour lui-même mais ayant toujours le souci de ne pas exposer inutilement ses hommes, il était adoré de ses soldats, auxquels il inspirait une confiance absolue. Ne l’avaient-ils pas vu à plusieurs reprises braver la mitraille pour aller chercher des camarades blessés et les arracher à la mort ou aux tortures de la captivité ? Il avait également conquis l’estime et la sympathie de ses chefs, et dès le commencement de l’année 1915 il était proposé pour le grade de sous-lieutenant. Ne voulant pas quitter les hommes de sa section, il refusa longtemps d’accepter le galon qui lui était offert et ne céda aux sollicitations que lorsqu’on lui en fit un devoir. Le 16 avril, à 11 heures du matin, il se trouvait avec le lieutenant commandant sa compagnie et deux sous-officiers. Tous les quatre furent renversé par un obus tombé à quelques mètres ; seul, l’infortuné sous-lieutenant fut gravement atteint, et sa première parole fut pour s’informer du sort de ses compagnons, auxquels il était uni par les liens de la plus étroite amitié. Transporté au poste de secours, il y reçut les soins d’un jeune médecin-auxiliaire, son compatriote et ami, auquel il dit : Mon pauvre vieux, ne me cache pas la vérité, je suis perdu. Il avait gardé toute sa lucidité d’esprit, et, au bout de quelques instants, aux camarades, aux amis qui l’entouraient et qui ne pouvaient contenir leur émotion, il adressa ces paroles : Je sens que c’est fini ; c’est malheureux de mourir à 24 ans, mais vous direz à ma mère, à ma sœur, à mon frère, qu’ayant fait mon devoir, je n’ai pas peur de la mort ; vous leur direz que pour eux sont mes dernières pensées ; pour ma mère, si c’est possible, je désire que mon corps soit placé dans un cercueil. Puis il recommanda de donner à son ordonnance, avec lequel il vivait depuis quatre ans, tout ce qu’il avait dans son porte-monnaie. Il demanda alors à se confesser ; il s’entretint pendant quelques minutes avec l’aumônier, puis fut transporté à l’infirmerie, où il mourut une heure et demie après avoir été frappé. La veille il avait fait ses Pâques, et, une heure avant d’être blessé, il avait assisté à la messe, ayant été ainsi jusqu’au bout un fidèle chrétien en même qu’admirable soldat ? A ce titre, et bien que ce que nous en avons déjà dit suffise à le peindre, nous nous en voudrions de ne pas reproduire l’extrait suivant d’une lettre adressée par un ami de sa famille par un officier supérieur bien placé pour l’apprécier : Vous direz à sa mère une chose qu’elle ne doit pas ignorer, c’est que si elle perd le meilleur des fils, le régiment perd lui un officier d’élite, exemple constant de bravoure, de belle humeur et de dévouement. Nous autres, ses amis, qui vivions depuis vingt mois la même vie de dangers et de souffrances, nous l’avons pleuré comme un frère. Il était si bon, si gai, si rempli d’une jeunesse débordante et naturellement affectueuse ! Il avait don de faire de la joie autour de lui. Ses hommes l’adoraient. Connaissant son courage et son sang-froid inaltérable, ils l’auraient suivi n’importe où, tant ils avaient en lui une absolue confiance. Sa mort a été pour le régiment une perte bien cruelle et très vivement ressentie. Une chose pourtant nous console, nous que le sort guette et frappera peut-être aujourd’hui ou demain : c’est par l’obscur sacrifice de nos existence que s’achète le salut de la Patrie. Inclinons-nous profondément devant la mémoire des jeunes héros qui tombent pour la Patrie et devant les douleurs que cause leur mort, mais admirons en même temps la noblesse d’âme qui inspire à leurs chefs des sentiments d’une telle grandeur, et trouvons dans des exemples come celui-ci des raisons nouvelles de confiance dans l’avenir. »

Le père Umbricht écrira à son propos, probablement à ses parents :

« Qui donc aurait pu ne pas l’aimer ? Je ne crois pas que, depuis mon arrivée au corps, j’ai constaté unanimité aussi entière et aussi touchante dans les regrets laissés par aucun de nos chers morts. Il était un habitué de mon abri et de ma messe ; il aimait à frapper, à tout hasard, quand il passait. C’était pour moi une joie chaque fois que le rencontrais. Il n’était pas seulement un chrétien convaincu mais, parce que chrétien, il voulait être et resta jusqu’au bout l’homme du devoir, le soldat courageux qui voit sans trouble arriver la mort et qui l’accepte généreusement. »

Célibataire, Paul Roquet laisse une mère qui réside au n°15 de la rue de la Tour d’Auvergne à Rennes et possède une maison à Saint-Malo, rue Jeanne Jugan. Celle-ci, alors veuve, touche un secours de 300 francs versé en juillet 1916 par le 47e régiment d’infanterie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Mun. Rennes : H54-4 ; Arch. Dép. Ille-et-Vilaine : 10 NUM 35017 504 et 1 R 2102.2062; Paroisse de Saint-Servan, Livre d’or des Morts pour la Patrie, Rennes, Imprimerie Oberthur, 1920, p. 455-457; « Au 47e », Le Salut, 35e année, n°33, 22-23 avril 1916, p. 1.;  « Le sous-lieutenant Paul Roquet », Le Salut, 35e année, n°37, 5-6 mai 1916, p. 2.

Cet officier arrive au 47e régiment d’infanterie en provenance du 25e RI, où il était capitaine, le 23 septembre 1915 et prend la tête du 1er bataillon.
Il est chargé, le 9 octobre 1915, de l’exécution du soldat Peyrical, fusillé pour l’exemple. Il est évacué sur Sainte-Ménehould le 12 décembre 1915, probablement pour maladie.
Le Salut fait état en mars 1916 d’un transfert de « M. Roussotte », chef de bataillon au 47e, au 2e bataillon de Chasseurs d’Afrique. Ce même article fait état d’un remplacement par un certain capitaine Beaudier du « 248e régiment d’infanterie territoriale ».

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI; « Au 47e », Le Salut, 34e année, n°78, 8-9 octobre 1915, p. 1; « Au 47e», Le Salut, 35e année, n°20, 7/8 mars 1916, p. 1.

Constant, Célestin, Marie Royer naît le 21 novembre 1889 à Saint-Pierre de Plesguen. Il est le fils d’un marin de 30 ans et d’une ménagère de 24 ans.
Lors de son passage devant le Conseil de révision, Constant Royer est répertorié comme exerçant la profession d’instituteur.
Classé bon pour le service, Constant Royer incorporé au 2<sup>e</ régiment d’infanterie le 4 octobre 1912 en tant que soldat de 2e classe. Fait caporal le 8 février 1911, il est nommé sergent le 24 septembre 1911 avant d’être renvoyé dans la disponibilité muni de son certificat de bonne conduite le 25 septembre 1912.
A en juger par les domiciliations indiquées sur sa fiche matricule, Constant Rouyer est d’abord en poste à Sens-de-Bretagne puis, à partir de 1913, à Saint-Jouan-des-Guérets.
Rappelé à l’activité par la mobilisation générale, Constant Rouyer est mobilisé au 2e régiment d’infanterie. Promu sous-lieutenant à titre temporaire le 4 avril 1916, il est transféré dans la foulée au 47e régiment d’infanterie et est tué quelques jours plus tard, le 5 mai 1916.
Tant la fiche de mort pour la France que sa fiche matricule indiquent que le sous-lieutenant Rouyer est tué à Binarville, ce qui ne correspond pas vraiment à l’emplacement de la ligne de front tenue par le 47e RI, celle-ci se trouvant en réalité devant cette localité. Ceci doit en réalité signifier que le sous-lieutenant Rouyer est tué dans les lignes allemandes lors du bref engagement mené conjointement avec le 2e RI les 5 et 6 mai 1916.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI ; Arch. Dép. I&V : 10 NUM 35308 436 et 1 R .985.