Lors de la mobilisation générale, cet officier est affecté à la 1e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Le sort de ce militaire est ensuite assez mystérieux puisque ce nom ne figure ni sur le tableau de constitution du régiment daté du 5 septembre 1914 sur le journal des marches et opérations, ni dans la base de données des morts pour la France du 47e régiment d’infanterie, ni au sein des archives du CICR. On sait juste qu’il est blessé le 9 septembre 1914, pendant la bataille de la Marne.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes.

Cet officier réside au n°4 de la rue Saint-Vincent, à Saint-Malo. Lors de la mobilisation générale, il doit probablement être affecté au dépôt de Saint-Malo puisqu’il n’apparait sur aucun tableau de constitution d’unité, qu’il s’agisse du 47e, du 247e RI ou encore du 78e régiment d’infanterie territoriale.

Deuxième en partant de la gauche, le commandant Bardot du 47e RI à Cancale, encadré à gauche par le commdant de la gendarmerie de Rennes James et le commissaire spécial Gérard de Saint-Malo. Cliché publié en une de L'Ouest-Eclair le 7 mars 1911. Archives Ouest-France.

Il est désigné le 30 janvier 1915 par le général Anthoine commandant la 20e division pour prendre le commandement des cantonnements de repos d’Habarcq, Noyelles et Noyelles-Vion ainsi que des trains régimentaires de la 20e DI. Il remplace le commandant Seebreger, « appelé à un autre emploi ». Il est mentionné comme détaché du 47e régiment d’infanterie à la date du 1er avril 1915, sans que l’on connaisse sa nouvelle affectation. Cet officier apparaît également comme « détaché » sur le tableau de constitution du 47e RI en date du 1er avril 1916, sans qu’on n’en sache plus. Le journal des marches et opérations du 47e RI indique toutefois le 24 juin 1915 que cet officier « détaché au train régimentaire de la 20e division d’infanterie rentre au corps ». Il apparait en effet sur le tableau de constitution de l’unité en date du 1er juillet 1916 en tant que chef de bataillon adjoint au chef de corps, le colonel Büher.
Le chef de bataillon Bardot a la douleur de perdre le 12 juillet 1916 son fils Nicolas, capitaine au 116e RI, tué d’une balle dans la tête. Nommé chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, cette distinction est pour Le Salut « une occasion nouvelle de nous incliner devant cette jeune gloire fauchée dès l’aube et de renouveler à M. le commandant Bardot et à sa famille l’hommage de douloureuse sympathie dû à tous ceux dont le cœur saigne pour la France ».

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI, 26 N 726/6, JMO 247e RI, 26 N 790/15, JMO 78e RIT ; Annuaire officiel d’Ille-et-Vilaine, Rennes, Imprimerie François Simon, 1913, p. 183; « Morts pour la patrie », Le Salut, 35e année, n°59, 21-22 juillet 1916, p. 2; « Au 47e», Le Salut, 35e année, n°65, 11-12 août 1916, p. 1. .

Cet officier est affecté à la 4e compagnie du 47e régiment d’infanterie le 15 juin 1915. Il est porté blessé lors de l’attaque du 25 septembre 1915.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI.

Jules, Aimé, Albert Baudart naît le 16 mai 1890 à Avesnes-en-Bray, commune de Seine-Inférieure située entre Rouen et Beauvais. Il est le fils d’un couple de marchands épiciers débitants, le père étant âgé de 29 ans, la mère de 18.
Lors de son passage devant le Conseil de révision, Jules Baudart déclare exercer la profession de mécanicien. Il contracte néanmoins le 6 juillet 1908 un engagement volontaire pour 4 ans au 66e régiment d’infanterie de Tours et est incorporé le même jour en tant que soldat de 2e classe. Nommé caporal le 26 septembre 1909, il est promu sergent le 11 juillet 1911.
Julien Baudart contracte un nouvel engagement, d’un an, le 13 avril 1912 non plus au 66e mais au 2e RI. Arrivé le surlendemain dans cette unité, il est nommé sergent-fourrier le 12 juin 1912 mais redevient sergent le 1er octobre 1912. Ceci ne semble pas l’empêcher de signer un nouvel engagement volontaire d’un an le 6 juillet 1913.
C’est en tant que sergent que Jules Baudart part au front le 5 août 1914 avec le 2e RI. Promu adjudant le 7 septembre 1914, il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire le 11 octobre 1914.
Jules Baudart arrive au 47e RI en provenance du 2e RI le 21 octobre 1915. Il prend la tête de la 2e compagnie de mitrailleuses de la 40e brigade qui est formée à cette époque-là et qui est placée en subsistance au 47e RI. Cette nouvelle affectation correspond à sa promotion au rang de lieutenant. Jules Baudart est toujours répertorié dans le tableau de constitution du régiment qui figure dans le journal des marches et opérations du 47e RI le 1er juillet 1916 à la tête de cette 2e compagnie de mitrailleuses.
Jules Baudart est cité à l’ordre du régiment le 11 mai 1916 mais cette distinction porte sur des faits survenu lorsque portant l’uniforme du 2e RI :

« Au front depuis le début de la Campagne. S’est particulièrement distingué aux affaires de Saint-Laurent-Blangy (en décembre 1914) et de Roclincourt (juin 1915) où il a fait preuve comme chef de peloton de mitrailleuses des plus belles qualités de bravoure et de décisions dans des circonstances très difficiles. »

Jules Baudart est blessé le 30 avril 1917 au Bois de la Grille, sur le Mont Cornillet, atteint par une balle lui causant une plaie en séton au bras droit.
Jules Baudart est nommé capitaine à titre temporaire le 21 septembre 1917. Il est cité à l’ordre de l’infanterie divisionnaire le 28 août 1918, distinction portant attribution de la Croix de guerre avec étoile de bronze :

« Pendant les dernières opérations a su maintenir dans son unité, très éprouvée par de nombreuses pertes, une belle ardeur combattive, s’est beaucoup dépensé en se portant là où sa présence était utile. »

En avril 1919, Jules Baudart devient adjoint au chef de corps du 47e RI. Il épouse le 4 juin 1919 Marie Thiriet, domicilée à Schlestadt en Alsace.
Jules Baudart est transféré le 18 octobre 1919 au 166e RI de Verdun.
Jules Baudart poursuit ensuite sa carrière dans l’arme du train, notamment au 123e escadron de Casablanca. C’est d’ailleurs là qu’il s’établit, au 5, rue d’Avignon, en 1950.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI ; Arch. Nat: 19800035/1360/57391 ; Arch. Dép. Seine-Mar. : 4 E 11686 – 1890 et 1 R 1382.253.

Opol, Lucien, Edouard Baudouin naît le 6 novembre 1883 à La Peyratte, dans les Deux-Sèvres. Il est le fils d’un cultivateur de 39 ans et d’une femme, prénommée Pointesorte, du même âge répertoriée comme étant sans profession. Lors de son passage devant le Conseil de révision, il déclare exercer la profession de cultivateur.
Il est à noter que la fiche Mémoire des hommes d’Opol Baudouin le répertorie comme relevant du bureau de recrutement de Parthenay alors qu’il dépend en réalité de celui de Niort, classe 1903.
Opol Baudouin épouse le 27 août 1904 à La Peyratte une certaine Marie, Anastasie Pouset. L’acte le répertorie comme étant un cultivateur de 20 ans et son épouse comme étant sans profession. Quelques semaines plus tard, il est incorporé en tant que soldat de 2e classe au 114e régiment d’infanterie, unité tenant garnison à Saint-Maixent et Parthenay.
Promu caporal le 23 1905, Opol Baudouin se rengage le 17 juin 1907 pour 25 mois. Promu sergent le 19 juillet 1909, il contracte un nouvel engagement de deux ans à compter du 13 août 1909. C’est le prélude d’une suite ininterrompue de réengagements.
Opol Baudouin est néanmoins transféré pour convenance personnelle au 47e régiment d’infanterie le 23 juillet 1913. Rien ne nous permet en l’état actuel de nos connaissances d’expliquer cette décision.
C’est en tant que sergent-major du 47e RI que la mobilisation générale trouve Opol Baudouin. Il est promu adjudant le 6 septembre 1914 puis, le 11 octobre 1914, sous-lieutenant à titre temporaire. Moins d’un mois plus tard, le 29 octobre 1914, il est nommé lieutenant à titre temporaire et est affecté à la 6e compagnie.
Opol Baudouin est cité à l’ordre du régiment le 25 décembre 1914 :

« Se trouvant avec sa compagnie sur la 1e ligne au contact immédiat de l’ennemi, pendant les journées des 19 et 20 décembre 1914 n’a cessé de se prodiguer et d’encourager ses hommes. A par son courage et son sang-froid, maintenu chacun à son poste de combat et a ainsi rendu possible une résistance qui a empêcher l’ennemi de progresser. »

Opol Baudouin est blessé au cuir chevelu à Saint-Laurent-Blangy le 9 mai 1915 d’une plaie par balle en séton. Non évacué, il est nommé capitaine à titre temporaire quelques jours plus tard, le 21 mai 1915. Il est cité le 29 mai 1915 à l’ordre de l’Armée :

« A brillamment conduit sa compagnie à l’assaut d’une tranchée ennemie et ayant été arrêté par un feu des plus meurtrier, a su maintenir ses hommes a découvert et à courte distance de l’ennemi jusqu’à l’ordre de se replier lui fut parvenu. Blessé le matin, a conservé son commandement jusqu’à la nuit sans se faire panser. »

Commandant la 6ee compagnie du 47e RI, il est blessé d’un éclat d’obus dans la nuit du 17 au 18 septembre 1915 pendant, note le rédacteur du JMO du 47e RI, «  les travaux de creusement de boyaux de communication auxquels sa compagnie est employée ». Touché à la région des lombaires, il est remplacé à la tête de la 6/47e RI par le sous-lieutenant Guérin.
Opol Baudoin décède le 14 octobre 1915 en l’hospice mixte de Bar-le-Duc des suites de problèmes pulmonaires (pleurésie purulente droite et pleuro-pneumonie gauche) consécutives à sa blessure. Il est cité à titre posthume à l’ordre du corps d’armée le 14 octobre 1915 :

« Officier d’une bravoure exemplaire. A été blessé très grièvement pour la deuxième fois en dirigeant des travaux exécutés à proximité de l’ennemi. »

A en croire Le Salut, le capitaine Baudouin est inscrit en décembre 1915 au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier avec la mention suivante :

« Officier d’une bravoure exemplaire. A été blessé très grièvement pour la deuxième fois en dirigeant des travaux exécutés à proximité de l’ennemi. »

Le dossier conservé aux Archives nationales et consultable en ligne sur la base Léonore permet en réalité de voire que cette nomination est antérieure de quelques semaines, mais consécutive à son décès.
Un secours de 400 francs est payé le 5 novembre 1915 par le 47e RI à sa veuve.
Sur intervention du capitaine Richard, alors blessé, le sous-lieutenant Baudouin effectue des  recherches pour retrouver l’adjudant Maurice Roger et écrit à sa femme le 30 octobre 1914. Cette correspondance ne donne par contre aucun détail concernant le sous-lieutenant Baudoin.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI ; Arch. Nat. : LH/141/16 ; Arch. Dép. Deux-Sèvres : 2 MI 807, 4 E 215/20 et R661_3.1039 ; Arch. Mun. Saint-Malo : fonds Maurice Roger ; « Légion d’honneur », Le Salut, 7-8 décembre 1915, 34e année, n°95, p. 2.

Lors de la mobilisation générale, cet officier est affecté à la 3e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Blessé lors de la bataille de Guise, le sort de ce militaire est ensuite assez mystérieux puisque ce nom ne figure ultérieurement sur aucun tableau de constitution du régiment porté sur le journal des marches et opérations, ni dans la base de données des morts pour la France du 47e régiment d’infanterie, ni au sein des archives du CICR.
Dans un numéro publié en mars 1916, Le Salut indique qu’un certain capitaine Beaudier du 248e territorial remplace le chef de bataillon Roussotte au 47e RI parti au 2e bataillon de Chasseurs d’Afrique.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes.

Un autre Beaudoin est promu sous-lieutenant le 5 mai 1915. Il est blessé quatre jours plus tard, le 9 mai 1915.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI.

Raoul, André Benoit naît le 10 janvier 1885 à Châteauroux, dans l’Indre. Il est le fils d’un typographe de 23 ans et d’une couturière de 22 ans.
Raoul Benoit entre à l’Ecole normale de Châteauroux en juillet 1901 et en sort en septembre 1904, ayant obtenu son brevet supérieur et son brevet de gymnastique en juillet 1904. En toute logique, il déclare lors de son passage devant le Conseil de révision exercer la profession d’instituteur.
Raoul Benoit effectue son année de service militaire entre novembre 1904 et octobre 1905 au 90e RI ce Châteauroux. Il profite de la loi du 15 juillet 1889 qui lui permet de faire un an de service militaire s’il contracte un engagement volontaire, ce qu’il fait à Châteauroux 3 novembre 1904 pour servir au 90e RI. Il retourne donc à la vie civile au bout d’un an sous les drapeaux muni de son certificat de bonne conduite et du certificat d’aptitude au grade de sous-officier de réserve. Il est d’ailleurs nommé sergent le 1er avril 1906.
Raoul Benoit devient instituteur stagiaire à Velles dans l’Indre au début octobre 1905 puis est titularisé à Buzancais le 13 octobre 1905. Il obtient son certificat d’aptitude pédagogique en novembre 1906 et enseigne dans cette école jusqu’en mars 1910. Il est ensuite transféré à Ardentes, toujours dans le département de l’Indre, jusqu’en octobre 1911 et son arrivée en Bretagne en tant qu’instituteur délégué de l’Ecole primaire supérieure de Dol en octobre 1911. Sa fiche matricule témoigne de ce qu’il informe l’autorité militaire de ce changement de domiciliation.
Pendant ces années dans l’Indre, Raoul Benoit effectue une période de réserve avec le 90e RI du 19 août au 15 septembre 1907 et obtient le 14 septembre 1907 le brevet de chef de section. Il effectue une seconde période de réserve, toujours au 90e RI, du 30 août au 21 septembre 1911.
Raoul Benoit est professeur à l’Ecole primaire supérieure de Dol à partir d'octobre 1913, peu de temps après avoir été reçu au Certificat d’aptitude au professorat des Ecoles normales. Il enseigne les lettres et est répertorié comme étant susceptible de pouvoir enseigner l’anglais et la gymnastique.
Une appréciation consignée dans son dossier individuel en avril 1919 donne une bonne idée de sa pratique professionnelle avant-guerre :

« M. Benoit est un professeur très sérieux, dévoué, possédant bien son programme et l’enseignant avec méthode et clarté. Telle est du moins l’impression qu’il nous a laissé en 1914. Parti aux armées au début de la mobilisation, il ne reprendra ses fonctions d’enseignement qu’à la fin de ce mois. Il nous parait bien qualifié pour un poste de professeur dans une école normale.
Dol, le 18 avril 1919.
Le directeur de l’Ecole primaire supérieure. »

Une appréciation de l’Inspecteur d’académie datée de 1919 donne pour sa part une vision moins enthousiaste :

« J’ai gardé de M. Benoist le souvenir d’un maître un peu froid, cultivé mais perfectible aussi. Sa nomination ne s’impose pas dans une école normale. Il n’y a non plus aucune raison de la rejeter. Au cas où les candidats manqueraient, il pourrait dès maintenant y être appelé. Dans le cas contraire, une prolongation de stage de quelques temps pourrait sans inconvénient lui être imposée dans une école primaire supérieure. »

En, cela, l’inspecteur d’Académie confirme le 3 novembre 1913 son appréciation de 1919: 

« M. Benoit, professeur (ordre des lettres) à l’école primaire supérieure de Dol, pourvu depuis la dernière session du certificat d’aptitude correspondant, demande sa nomination dans une école normale. Il accepterait n’importe quel poste ; il préférerait cependant être appelé dans l’une des régions du Centre et de l’Ouest. M. Benoit a exercé pendant 6 ans les fonctions d’instituteur public dans l’Indre et pendant 2 ans celles d’Instituteur adjoint délégué à l’Ecole primaire supérieure de Dol. Malgré sa voix un peu sourde, son ton monotone et froid dans la leçon, son explication française se réduisant à une explication de termes sans commentaire véritable du texte, il a assez bien réussi à Dol. Conformément aux conclusions de mon rapport du 4 juillet 1913, transmissif de sa première demande d’emploi dans les écoles normales, sa requête peut être acceptée par principe. Mais il faut attendre encore si des candidatures plus méritantes que la siennes se sont produites. »

Inspecté au printemps 1914, Raoul Benoit est régulièrement noté comme étant quelqu’un de froid ce qui peut, parfois et selon certains inspecteurs, nuire à la discipline, les élèves n’étant pas assez entraînés. Ses appréciations sont néanmoins bonnes et sa conduite jugée « irréprochable ».

Raoul Benoit se marie le 7 janvier 1914. Pourtant, en décembre 1913 il fait part de son souhait d’être transféré à l’Ecole primaire supérieure de Blois si une vacance se produisait.
Raoul Benoit est mobilisé le 3 août 1914 au 47e régiment d’infanterie en qualité de sergent. Il est blessé le 16 juin 1915 et ne retourne au front, toujours dans la même unité, que le 22 septembre 1916. Il souffre d’une « plaie de la partie antérieure de la jambe droite par balle non extraite ». Entre temps, il est placé en mars 1916 en subsistance au 41e RI de Rennes pour être admis le 22 avril 1916 en tant qu’élève aspirant. Envoyé au centre de Joinville à compter du 18 mai 1916, il est officiellement nommé aspirant le 10 septembre 1916.
Raoul Benoit est nommé sous-lieutenant du 47e RI le 17 juin 1917. Il est également, à cette date, l’officier porte-drapeau de l’unité et est confirmé en 1922, à titre définitif, dans son grade de sous-lieutenant. Il est promu au grade de lieutenant de réserve en 1923.
Raoul Benoit est démobilisé le 28 février 1919.
Raoul Benoit est titulaire d’une citation à l’ordre du régiment datée du 16 Mai 1917 :

« Sous-officier consciencieux et dévoué, assurant d’une façon parfaite le service des renseignements du 3e bataillon. Pendant les attaques du 30 avril au 6 mai 1917, a, par des reconnaissances hardies réussi à déterminer d’une façon précise les points forts de la ligne ennemie et a ainsi grandement facilité la prise de ces objectifs. »

Raoul Benoit est cité une seconde fois, toujours à l’ordre du régiment, le 19 août 1918 :

« Officier brave et consciencieux, a toujours assuré son service de protection contre les gaz avec le plus grand dévouement. S’est particulièrement distingué aux Caurrières du 24 mars au 24 mai 1918, n’hésitant pas à se porter dans les endroits violemment bombardés par obus toxiques pour organiser l’assainissement du champ de bataille. »

Un élément d’une notice individuelle produite par le directeur de l’Ecole normal de Saint-Brieuc le 28 avril 1920 donne une vision très positive de sa campagne :

« Le lieutenant Benoit compte de très beaux services de guerre (1 blessure, 2 citations). Il a eu le grand honneur de porter le drapeau du 47e lorsque ce régiment fit son entrée dans Strasbourg reconquis. »

En 1919, Raoul Benoit est répertorié comme étant marié et père de deux enfants. Il exprime alors le souhait d’obtenir un poste dans une Ecole normale en dehors de Bretagne, les départements choisis étant la Mayenne, la Sarthe, le Maine-et-Loire, le Loir-et-Cher, l’Eure-et-Loir la Seine-et-Marne, l’Orne, le Calvados, le Loiret et l’Yonne. Pourtant, son dossier fait par la suite mention d’affectations aux Ecoles normales de Saint-Brieuc, où il est nommé en remplacement d’Henri Avril, élu député en 1919, et Caen. Les appréciations le concernant sont très élogieuses.

Sources : Arch. Dép. I&V : 10 T 615, Livre d’or de l’Université et 10 T 87, dossier individuel; Arch. Dép. Indre : 3 E 044/148 et 1 R 2403.844.

Joseph, Marie, Méen Bernard naît le 11 juin 1878 à Merdrignac, dans les Côtes-du-Nord. Il est le fils d’un commis principal et d’une rentière, éléments qui suggèrent un niveau socio-économique sans doute plus élevé que la moyenne, sans pour autant atteindre les sommets. En effet, lors de son passage devant le Conseil de révision, Joseph Bernard indique résider à Paris où il exerce la profession d’employé de commerce.
Joseph Bernard est incorporé en  tant que soldat de 2e classe, dans le cadre de son service militaire, au 47e RI à compter du 16 novembre 1909. Il ne tarde toutefois pas à quitter cette unité étant affecté au 40e RI de Nîmes puis, le 8 août 1900 à un 40e régiment de marche constitué pour servir au sein du corps expéditionnaire français déployé en Chine dans le cadre de la révolte des Boxers. Joseph Bernard reste en Orient du 14 août 1900 au 18 septembre 1901. Le 19 septembre 1901, il est réaffecté au 40e RI, prélude à son retour, le 23 septembre 1901, au 47e RI. Il est nommé caporal le 24 septembre 1901 avant, finalement, d’être renvoyé à la vie civile un an plus tard, le 20 septembre 1902.
Joseph Bernard effectue une période de réserve avec le 47e RI du 1er au 28 mai 1905 et est nommé, quelque jours plus tard, le 15 juin 1905, sergent. Il s’installe quelques mois plus tard, le 10 octobre 1905, en Ille-et-Vilaine, à Saint-Méen.
Joseph Bernard se marie le 8 octobre 1907 à Saint-Brieuc avec une certaine Jeanne Desury et indique alors exercer la profession de voyageur de commerce à Saint-Méen-le-Grand. Le couple s’installe quelques temps dans cette commune puis déménage pour Rennes, au 4, rue de Châteaudun. Ce changement de résidence l’amène à dépendre, du point de vue militaire, de la subdivision de Rennes, ce qui explique pourquoi il est mobilisé au 75e RIT en août 1914.
Suite à une évacuation pour bronchite en mars 1916, Joseph Bernard est détaché pour quelques semaines au centre des perfectionnements des officiers du camp de Valbonne puis est nommé sous-lieutenant à titre temporaire le 8 novembre 1916. C’est à ce moment qu’il est nommé au 47e RI, affectation qui est annoncée dans la presse malouine mais n’est que de courte durée. Le sous-lieutenant Joseph Bernard est en effet transféré le 29 novembre 1916 au 75e RIT, son unité d’origine. Muté par la sutte au 143ee puis au 99e RI, il est mortellement blessé en juin 1918, sur la montagne de Reims.

Sources : Arch. Dép. CdN: EC Merdrignac et 1 R 115.151 ; BRIAND, Jean, Les Gens d’ici dans la guerre 1914-1918 & les conscrits mévennais dans l’histoire militaire de la France. Saint-Méen-le-Grand, Saint-Suliac, Editions Yellow Print, 2017, p. 72-73 ; « Au 47e », Le Salut, 35e année, n°95, 24-25 novembre 1916, p. 1.

Photographie d'Albert Bezançon figurant dans le Livre d'or du Lycée de Rennes.

Né le 18 février 1891 à Rennes d’un père employé de commerce, Albert Bezançon est élève au Lycée de Rennes entre avril 1896 et octobre 1910.

Albert Bezançon dépend du 2e bureau de recrutement du département de la Seine. Lors de son passage devant le Conseil de révision, Albert Bezançon est répertorié en tant qu’étudiant « Hautes études commerciales ». Incorporé en tant que soldat de 2e classe le 9 octobre 1912 au 152e RI, unité casernant à Gérardmer et Bruyères, dans les Vosges, pour y effectuer son service militaire, il passe le 15 avril 1913 au 171 RI, unité tenant garnison à Belfort, vraisemblablement pour y suivre les cours d’élèves officiers de réserve. Nommé sous-lieutenant de réserve le 29 mars 1914, il est alors affecté au 47e RI, unité où il est supposé achever son service militaire. Mais la guerre en décide autrement. Occupant en effet lors de la mobilisation générale la fonction d’officier télégraphiste, Albert Bezançon est mort pour la France le 2 novembre 1914 devant Beaurains.

Albert Bezançon est titulaire d’une citation à titre posthume à l’ordre du 47e régiment d’infanterie :

« Vaillant officier ayant toujours montré une bravoure et un sang-froid au-dessus de tout éloge. Tombé glorieusement le 2 novembre 1914 en se portant à la tête de sa section à l’assaut des positions ennemies de Beaurains (Pas-de-Calais) »

Dans son édition du 13 décembre 1914, L’Ouest-Eclair fait état de la nomination au grade de lieutenant du « sous-lieutenant Bezançon » du 47e. Il est pour l’heure difficile de savoir, faute d’avoir consulté le dossier individuel de l’intéressé conservé par le SHD, s’il s’agit d’une élévation à titre posthume ou d’une regrettable méprise. Il est toutefois à noter que sa fiche matricule ne fait pour l’heure aucunement mention d’une telle montée en grade.
Albert Bezançon est nommé chevalier de la Légion d’honneur par un arrêté ministériel du 9 septembre 1919.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes, Arch. Mun. Rennes : 2 E 99; Arch. Paris : D4R1 1618 ; Livre d’or du Lycée de Rennes, Rennes, Oberthür, 1922, p. 34; « Dans l’armée », L’Ouest-Eclair, n°5602, 13 décembre 1914, p. 4.

Cet officier est affecté à la 7e compagnie du 47e régiment d’infanterie le 30 juin 1915.
Le sous-lieutenant Bigorgne est évacué pour maladie le 25 septembre 1915. Le sous-lieutenant Bigorgne est évacué pour maladie le 25 septembre 1915. Il revient en ligne le 14 octobre 1915 et est affecté à la 2/47e RI.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI.

Sergent lors de la mobilisation générale, il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire le 1er septembre 1914.
Cet officier est blessé en même temps que le capitaine Grimaux le 19 octobre 1914 et revient de convalescence à la fin du mois de janvier 1915. Il est alors affecté à la 5e compagnie. Il est fait lieutenant de réserve à titre temporaire le 21 mai 1915. Un article du Salut indique qu’il est blessé légèrement le 20 septembre 1915.
Cet officier est répertorié sur le tableau de constitution du 47e régiment d’infanterie figurant à la date du 1er octobre 1915 sur le journal des marches et opérations comme commandant la 5e compagnie. On le retrouve à cette même affectation sur le tableau de constitution du régiment figurant le 1er avril 1916 sur le journal des marches et opérations du 47e RI, ainsi que sur celle datant du 1er juillet 1916.
Au début du mois de mars 1916, le Salut fait état de sa nomination au grade de capitaine. Ce même article le décrit comme étant un « exportateur à Saint-Malo ». Cette information est également publiée par L’Ouest-Eclair. Ce même quotidien annonce en avril 1916 que cette promotion au grade de capitaine est définitive, mesure qui intervient en même temps que celle touchant le capitaine Le Guennic.
En décembre 1916, L’Ouest-Eclair fait état d’une citation à l’ordre de la division décernée à cet officier, sans que soit publié le texte de cette distinction.
Exportateur à Saint-Malo depuis depuis le début des années 1910, René Bihoreau rachète la maison Fauchon-Langevin, établissement qu’il confie aux bons soins de son ancien propriétaire lors de la mobilisation générale mais qui souffre considérablement de la guerre. Sollicité toutefois par l’administration fiscale qui cherche à s’enquérir d’éventuels « bénéfices extraordinaires » réalisés pendant le conflit, il concède  au percepteur que mal connaître la loi du 1er juillet 1916 instaurant cette taxe car « au front j’avais autre chose à faire qu’à étudier les lois du parlement ».
L’Ouest-Eclair indique dans son édition du 08 septembre 1920 que René Bihoreau est nommé chevalier de la Légion d’honneur, même si la base Léonore ne répertorie aucun dossier à son nom :

« Dans la dernière promotion de la Légion d’honneur, nous sommes heureux de relever plusieurs noms d’officiers ou d’anciens officiers du 47e.
Citons ceux du lieutenant Jan, de Dol, encore actuellement au 47e, qui parti sous-officier revint après une belle campagne avec les galons de lieutenant et de M. Bihoreau, l’exportateur malouin honorablement connu dans nos villes.
M. Bihoreau, parti sous-officier avec le 247e, terminant la campagne comme capitaine au 247e, ayant gagné ses différents galons au front en méritant d’élogieuses citations.
Nous adressons nos plus vives félicitation à M. Bihoreau ainsi qu’au lieutenant Jan. »

Le capitaine de réserve René Bihoreau est en 1929 trésorier de l’amicale des anciens du 47e RI. Il semble s’investir relativement tôt dans le mouvement ancien combattant, son entreprise figurant parmi les contributeurs financiers de la grande fête organisée par les anciens combattants et les blessés de guerre à Saint-Malo en août 1921. Il apparaît également en 1923 comme le référent de l’Union nationale des officiers de complément pour la subdivision de Saint-Malo et est vice-président, au début des années 1920, de la section malouine de l’Association des officiers de réserve.
René Bihoreau est également une personnalité en vue du monde local des affaires et est notamment président de l’Union des Exportateurs et, à ce titre, échange avec le ministre des Travaux publics André Tardieu lors de sa venue à Saint-Malo en mai 1927 pour évoquer la question de la modernisation du port. En avril 1929, il est ainsi au cœur de la visite effectuée à Saint-Malo par des importateurs allemands, visite dont le but est de renforcer les relations commerciales entre l’Allemagne et le bassin économique breton. René Bihoreau semble être apprécié dans ses fonctions de président de ce syndicat des exportateurs puisque dans sa séance du 21 décembre 1925, l’Union émet le vœu suivant :

« Le félicitent pour son dévouement à la cause des exportateurs à l’intérêt général de la corporation et à la cause publique à l’occasion de ses fonctions au Tribunal de Commerce. »

René Bihoreau est réélu à l’unanimité, étant le seul candidat, en 1925 à la présidence de cette institution. Il y fréquente alors un certain Droguet, élu cette année-là, qui pourrait être le sous-lieutenant Droguet du 47e RI. Il est semble-t-il président du tribunal de commerce de Saint-Malo jusqu’en 1929, année où il ne sollicite pas le renouvellement de son mandat (il y est élu en 1919).
René Bihoreau est également au milieu des années 1920 président de l’Union commerciale et industrielle de Saint-Malo, Paramé.
Sans surprise, René Bihoreau est happé par la politique et figure sur la liste d’Union républicaine opposée à la liste socialiste et radicale de Gasnier-Duparc lors des municipales de 1925.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI ; « Au 47e », Le Salut, 35e année, n°19, 3-4 février 1916, p. 2 ; « Dans l’armée », L’Ouest-Eclair, 16e année, n°5649, 29 janvier 1915, p. 4 ; « Dans l’armée », L’Ouest-Eclair, 16e année, n°5661, 10 février 1915, p. 4 ; « Dans l’armée », L’Ouest-Eclair, 17e année, n°6105, 1er mars 1916, p. 3 ; « Dans l’armée », L’Ouest-Eclair, 17e année, n°6105, 18 avril 1916, p. 3 ; « Au 47e », Le Salut, 35e année, n°20, 7/8 mars 1916, p. 1 ; « Dans la Légion d’honneur », L’Ouest-Eclair, 21e année, n°7266, 8 septembre 1920, p. 4 ; « La fête des anciens combattants et blessés de guerre », L’Ouest-Eclair, 22e année, n°7481, 29 août 1921, p. 4 ; « Chez les officiers de complément », L’Ouest-Eclair, 24e année, n°7893, 25 mai 1923, p. 5 ; « La liste d’union républicaine », L’Ouest-Eclair, 26e année, n°8589, 25 avril 1925, p. 6 ; « Les élections consulaires », L’Ouest-Eclair, 26e année, n°8836, 28 décembre 1925, p. 4 ; « Les élections consulaires », L’Ouest-Eclair, 26e année, n°8833, 25 décembre 1925, p. 5 ; « Au syndicat des exportateurs », L’Ouest-Eclair,  26e année, n°8834, 26 décembre 1925 ; « A propos de poursuites fiscales », L’Ouest-Eclair, 27e année, n°8888, 19 février 1926, p. 5 ; « Association des officiers de réserve », L’Ouest-Eclair, 27e année, n°8944, 16 avril 1926, p. 5 ; « Aux anciens du 47e RI », L’Ouest-Eclair, 30e année, n°10 084, 7 juin 1929, p. 6 ; THOLOME, Jéhan, « Après le voyage en Bretagne d’une mission commerciale allemande », L’Ouest-Eclair, 30e année, n°10 047, 1er mai 1929, p. 7 ; « Renouvellement du tribunal de commerce », L’Ouest-Eclair, 30e année, n°10 258, 28 novembre 1929, p. 3.

Fait sous-lieutenant le 11 octobre 1914, ce sergent de carrière est nommé lieutenant par la décision n°1355 du général commandant en chef en date du 4 février 1915, en même temps que les sous-lieutenants Blin, Liot et Le Millin. Cet officier est nommé capitaine à titre temporaire le 21 mai 1915.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI.

Cet officier apparait sur le tableau de constitution du 47e régiment d’infanterie daté du 1er décembre 1914 en tant que sous-lieutenant de la 10e compagnie.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI.

Fils d’un juge de paix ayant notamment exercé à Bécherel, Lucien Bleu est né le 20 janvier 1872 à Rennes mais dépend du bureau de recrutement de Saint-Malo. Il entre au Lycée de Rennes le 2 octobre 1882, obtient son certificat de grammaire le 28 janvier 1886 et son baccalauréat ès lettres le 14 novembre 1890.

Lucien Bleu, sous l'uniforme du 2e régiment de Zouaves. Portrait tiré du Livre d’Or des Anciens élèves du Lycée de Rennes.

Lucien Bleu débute sa carrière militaire en contractant un engagement volontaire le 15 octobre 1891 à Saint-Malo pour une durée de trois ans au 2e régiment de Zouaves. Promu caporal le 11 mai 1892 puis sergent le 10 mars 1893, il signe un réengagement de 3 ans en 1897 puis un de cinq ans en 1900. Promu sergent –major le 18 décembre 1898, il est nommé adjudant le 5 juillet 1900. Commissionné en 1905 par une autorisation du général commandant le 19e corps, il semble ensuite quitter l’armée.
On retrouve sa trace en juin 1907 à Saint-Servan, où il réside Villa Helena, rue de l’Industrie, puis en 1908 à Paris, dans le 5e arrondissement, au 5 de la rue Buffon. Il travaille alors selon toute vraisemblance comme « expéditionnaire à la Direction matériel » à la préfecture de la Seine.
Cette mobilité géographique n’empêche toutefois pas Lucien Bleu de faire carrière dans la réserve. Il est ainsi promu sous-lieutenant de réserve le 17 juillet 1908 au régiment de réserve de Saint-Malo puis, toujours dans cette même unité, lieutenant de réserve le 22 septembre 1910. L’année suivante, il est promu capitaine de réserve au 72e régiment d’infanterie territoriale et effectue, du 18 avril au 5 mai 1914, une période d’exercices avec le 247e RI.
La question du grade de Lucien Bleu n’est pas sans poser questions. En effet, si sa fiche matricule fait état d’une promotion au grade de capitaine de réserve, c’est en tant que lieutenant qu’on le retrouve au sein du 47e régiment d’infanterie à partir d’août 1914. On peut se demander si cette régression de grade doit être mise en parallèle avec la fonction éminemment prestigieuse qu’occupe Lucien Bleu lors de la mobilisation, puisqu’il est porte-drapeau de l’unité.
Des éléments communiqués par la famille de Lucien Bleu nous apprennent que cet officier est apparenté par alliance lointaine au commandant Héry, impliqué dans l’affaire de l’inventaire des biens de l’église de Saint-Servan. Celui-ci est par ailleurs le cousin de René Héry, ancien sénateur et maire de Bressuire dans les Deux-Sèvres.

Lucien Bleu est affecté à la fin du mois de septembre 1914 à la 3e compagnie du 47e RI. Porté disparu le 4 octobre 1914, Lucien Bleu est déclaré mort pour la France ce jour-même à Mercatel par un jugement déclaratif de décès rendu le 14 novembre 1919 par le tribunal de la Seine, acte retranscrit sur l’état-civil de la Mairie du Ve arrondissement de Paris le 24 décembre 1919.
Lucien Bleu est titulaire de la médaille militaire en vertu d’un décret du 12 juillet 1906.

Sources : Arch. Mun. Rennes : 2 E 80 ; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes; Arch. Dép. I&V : 1 R 1777.1088; « Personnel intérieur », Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris, 9 novembre 1921, p. 4414 ;Livre d’or du Lycée de Rennes, Rennes, Oberthür, 1922, p. 36; Archives privées famille Bleu.

Georges, Louis, Auguste, Félicien Blin nait le 10 juillet 1888 à Avranches, d’un père jardinier.
Exerçant pour sa part la profession d’ébéniste, il contracte néanmoins un engagement volontaire de cinq ans au 2e régiment d’infanterie le 25 septembre 1908. Promu sergent le 26 septembre 1909, il se réengage pour un an en septembre 1913, année où il devient sergent-fourrier. Marié en 1911, il signe un nouveau contrat en février 1914 et est affecté à la 10e section de secrétaires d’Etat-Major du recrutement le 18 mars 1914. C’est dans ces fonctions que la mobilisation générale le trouve, en août 1914.
Georges Blin est nommé sous-lieutenant à titre temporaire le 18 octobre 1914 et est transféré ce jour à la 5e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Cependant, sa fiche matricule précise qu’il est détaché à l’état-major du 10e corps d’armée. Il est ensuite nommé lieutenant par la décision n°1355 du général commandant en chef en date du 4 février 1915, en même temps que les sous-lieutenants Liot, Blanc et Le Millin. En application de cette nomination, il quitte le lendemain la 5e compagnie pour la 3e, affectation qui doit interrompre son détachement à l’état-major du 10e CA et l’envoye r dans les tranchées.
Répertorié comme « mortellement frappé » le 13 juin 1915 par le rédacteur du journal des marches et opérations du 47e régiment d’infanterie, il est considéré comme « tué à l’ennemi » le lendemain par le fichier Mémoire des hommes. Ceci est sans doute imputable au fait que Georges Blin décède au cours d’une attaque menée dans la nuit du 13 au 14 juin 1915.
Georges Blin est cité à titre posthume à l’ordre de la division le 22 juin 1915 :

« A été pendant toute la campagne un modèle de bravoure et d’entrain. A été tué alors qu’il venait de prendre d’assaut une tranchée ennemie et qu’il s’employait à préparer sous le feu une nouvelle attaque. »

Aucun secours n’est adressé par le 47e régiment d’infanterie à sa famille, dimension qu’il faut sans doute rapprocher du fait qu’il est déclaré mort dès le 5 juillet 1914.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes, Arch. Dép. Manche : 5 Mi 27 et et 1 R 2/134.233.

Félix, Louis Boisson naît le 12 avril 1866 à Saint-Servan, en Ille-et-Vilaine. Il est le fils d’un marchand de 37 ans et d’une marchande de 29 ans. Lui-même déclare lors de son passage devant le Conseil de révision exercer la profession d’étudiant.
En réalité, Félix Boisson intègre le 30 octobre 1885 l’école spéciale militaire de Saint-Cyr dont il sort en tant que sous-lieutenant deux ans plus tard 138e sur 394. Il est alors affecté au 41e RI à Rennes, unité au sein de laquelle il sert pendant dix ans, devenant lieutenant puis capitaine. Affecté le 20 juin 1906 au bureau de recrutement d’Alençon, il est le 9 mai 1910 affecté au 103e régiment d’infanterie, unité tenant garnison à Paris et Alençon. Le 30 décembre 1911, il est fait chevalier de la Légion d’honneur.
En juin 1916, Le Salut annonce le transfert de cet officier au 47e RI en provenance du 136e « au commandement du dépôt commun de Saint-Malo, en remplacement de M. le commandant Braconnier, qui passe au 41e. A en croire ce même bihebdomadaire, cette affectation est de courte durée puis le commandant Boisson est affecté en novembre 1916 au 173e RI.

Sources : Arch. Nat. : 19800035/723/82281 ; Arch. Dép. I&V: 1 R 1675.424 ; « Au 47e», Le Salut, 35e année, n°45, 2-3 juin 1916, p. 1 ; « Au 47e», Le Salut, 35e année, n°90, 7-8 novembre 1916, p. 1.

Cet adjudant-chef est promu sous-lieutenant à titre temporaire le 6 novembre 1914. Il est affecté à la 1e compagnie du 47e régiment d’infanterie et est nommé capitaine le 21 mai 1915.
Un article publié en juillet 1915 dans le Moniteur des Côtes-du-Nord fait mention d’une proposition à l’ordre de la Légion d’honneur au nom d’un certain capitaine Boucher, militaire originaire de Pontrieux et ayant commencé la campagne comme sergent-fourrier au 47e RI.
Le journal des marches et opérations du 47e RI fait état à la date du 3 novembre 1915 du retour au front du « lieutenant Boucher qui avait été évacué pour maladie ». Il doit probablement s’agir du capitaine Boucher, les archives ne faisant aucunement état d’un lieutenant Boucher au 47e RI. Il ne nous est par ailleurs malheureusement pas possible de dater l’évacuation de cet officier. 
Le journal des marches et opérations du 47e RI fait état à la date du 3 novembre 1915 du retour au front du « lieutenant Boucher qui avait été évacué pour maladie ». Il doit probablement s’agir du capitaine Boucher, les archives ne faisant aucunement état d’un lieutenant Boucher au 47e RI. Il ne nous est par ailleurs malheureusement pas possible de dater l’évacuation de cet officier. 
Le tableau de constitution du 47e RI figurant le 1er avril 1916 sur le journal des marches et opérations de l’unité mentionne un certain capitaine Boucher en tant que commandant de la 6e compagnie. A la même époque, Le Salut annonce la nomination au grade de capitaine de M. F. Boucher […] lieutenant au 47e ».
Le tableau de constitution de l’unité figurant à la date du 1er juillet 1916 sur le journal des marches et opérations répertorie le capitaine Boucher en tant que commandant le 11/47e RI.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI; ; « Le capitaine Boucher », Le Moniteur des Côtes-du-Nord, 45e année, n°31, 31 juillet 1915, p. 3.

Cet officier, probablement demeuré au dépôt à Saint-Malo, passe du 47e au 136e RI le 24 mars 1915, en remplacement du chef de bataillon Boniteau, grièvement blessé. Une citation reçue en 1916 donne quelques indications sur ce transfert :

« Venu au front sur sa demande, s’y est montré chef de bataillon expert, actif, vigoureux et donnant constamment l’exemple de la bravoure la plus brillante. Blessé d’un éclat d’obus à la main droite, a refusé de se laisser évacuer, est revenu au feu aussitôt pansé, le bras en écharpe. »

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI; « Galerie d’honneur », Le Salut, 35e année, n°74, 12-13 septembre 1916, p. 1.

Lors de la mobilisation générale, cet officier est à la tête du II/47e RI. Il est remplacé le 2 février 1915 par le chef de bataillon Le Guern, en provenance du 241e régiment d’infanterie.
Le sort de ce militaire est ensuite assez mystérieux puisque son nom ne figure ni sur les tableaux de constitution du régiment postérieurs à février 1915 sur le journal des marches et opérations, ni dans la base de données des morts pour la France du 47e régiment d’infanterie. Le tableau de constitution du 23e régiment d’infanterie territoriale figurant sur le journal des marches et opérations de l’unité à la date du 1er janvier 1916 mentionne un certain Braconnier à la tête du 2e bataillon. Peut-être s’agit-il du même individu?
Le chef de bataillon Braconnier survit vraisemblablement à la Grande Guerre puisqu’il fait partie du panel d’officiers sur qui le commandant Larcher base son étude sur le 10e corps lors de la bataille de Charleroi. Il est probablement arrivé au 47e RI au début de l’année 1914, en même temps que le commandant Dufaure de Citres.
Un article publié en mai 1916 par le Salut explique en fait que « M. le chef de bataillon Braconnier, commandant le dépôt commun de Saint-Malo, est appelé à continuer ses services dans un établissement pyrotechnique ». Dans un autre article, publié quelques jours plus tard, le même journal indique que le commandant Braconnier est transféré au 41e RI.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI, 26 N 777/17, JMO 23e RIT ; LARCHER, Commandant, « Le 10e corps à Charleroi (20 au 24 août 1914)», Revue militaire française, janvier-mars 1931, p. 230 ; « La promotion de Pâques », L’Ouest-Eclair, n°5568, 25 mars 1914, p. 8; « Au 47e », Le Salut, 35e année, n°43, 26/27 mai 1916, p. 2 ; « Au 47e », Le Salut, 35e année, n°45, 2-3 juin 1916, p.1.

Il commande le dépôt du 47e régiment d’infanterie au moment de la mobilisation générale. On ignore tout de cet officier si ce n’est qu’à la mi-août 1914, il reçoit la femme du lieutenant-colonel Poncet des Nouailles pour une visite dont on ignore la teneur.
Un article publié dans le Salut indique qu’il inaugure le 9 décembre 1915 ses fonctions de commandant de la place d’armes de Saint-Malo. A ce titre, il participe à de nombreuses remises de décorations pendant tout le conflt.

Sources: Arch. Dep. I&V: 5 Z 178; Arch. Mun. Saint-Malo : fonds Daniel Poncet des Nouailles.; « Remise de décoration », Le Salut, 34e année, n°96, 10-11 décembre 1915, p. 2.

Cet officier est affecté à la 12e compagnie du 47e régiment d’infanterie le 15 juin 1915.
Le sous-lieutenant Briaud – mais il peut également s’agir du sous-lieutenant Bricet ou Bricy, la graphie de l’auteur étant assez difficile à déchiffrer -  rédige le 29 septembre 1915 un « rapport au sujet d’une plainte en Conseil de guerre concernant le soldat Besnard ». Cherchant des circonstances atténuantes à l’intéressé, en évoquant notamment sa simplicité d’esprit, ce texte ne peut néanmoins faire autrement que conclure à la culpabilité de ce soldat puisque « il n’en existe pas moins que le soldat Besnard n’a pas paru à son unité au moment de l’attaque. Il est à noter que ce rapport est rédigé en tant que commandant de la 12e compagnie du 47e régiment d’infanterie.
Ce même officier rédige, le 29 septembre 1915, un « rapport au sujet d’une plainte en Conseil de guerre concernant le soldat Denès », celui-ci étant signalé le 24 septembre précédent comme étant ivre et manquant à l’appel dans sa compagnie, le 12/47e RI. Là aussi le rapport semble plutôt clément même si, contrairement à l’affaire Besnard, l’accusé est présenté comme étant « assez intelligent ». A chaque fois ces considérations sont avancées comme étant à décharge. Mais, là encore, dans cette affaire, l’officier ne peut faire autrement que de constater qu’il « n’en existe pas moins que le soldat Denès s’est enivré et qu’il n’a pas paru à son unité au moment de l’attaque ».

Sources : SHD-DAT : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI, GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 872 - Conseil de guerre (affaire Toussaint Besnard), GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 872 - Conseil de guerre (affaire François Dénès) .

Ce sergent est nommé sous-lieutenant le 21 mai 1915. « Dans l’intérêt du service », il passe de la 9e à la 12e compagnie le 22 mai 1915. Il est transféré le 2 juillet 1915 au bataillon de marche de la 20e DI.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI.

Robert, Paul, Marius Brun naît à Pelissanne, dans les Bouches-du-Rhône, le 7 avril 1896. Il est le fils d’un négociant de 36 ans et d’une femme du même âge répertoriée comme « sans profession ». Robert Brun est étudiant à l’Ecole des Chartes, prestigieuse institution à laquelle il est admis le 12 novembre 1914.
Appartenant à la classe 1916, il est admis comme élève aspirant dans les centres d’instruction de la 15e région militaire à la suite des concours des 13 et 14 mars 1915. Incorporé au 47e régiment d’infanterie en tant que soldat de 2e classe le 7 avril 1915, il devient aspirant le 15 novembre 1915 et est transféré le 8 décembre 1915 au 247e RI.
Robert Brun est blessé en août 1917 dans le secteur de Bézonveaux et souffre d’une fracture de l’humérus droit qui lui vaut une élogieuse citation portant attribution de la Légion d’honneur. En avril 1919, il revient au 47e RI, au moment où il est promu sous-lieutenant, avant d’être démobilisé, le 12 novembre 1919, par le dépôt du 23e colonial à Paris. Il n’est manifestement jamais aux armées avec le 47e régiment d’infanterie.
Après la guerre, Robert Brun effectue une magnifique carrière – passant notamment par l’Ecole de Rome et la Bibliothèque nationale – et devient notamment une référence en termes de bibliophilie.

Sources : L’Ecole des Chartes et la guerre (1914-1918). Livre d’or, Paris, Ecole des Chartes, 1921, p. 58 ; CAILLET, Maurice, « Nécrologie », Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, tome 137, livraison 2, 1979, p. 355-358 ; Arch. Dép. BdR : EC Pelissanne et 1 R 1409.3754 ; Arch. Nat. : LH/1523/45.

Joseph, Marie, Etienne, Bude naît le 26 décembre 1882 à Saint-Cast, dans les Côtes-du-Nord. Curieusement, son acte de naissance ne figure pas sur les registres de l’état-civil de Saint-Cast. Pourtant, un article publié en mars 1916 par le Salut indique qu’il est le « fils de M. le général Bude ». Lors de son passage devant le Conseil de révision, il déclare exercer la profession de comptable.
Déclaré bon pour le service, Joseph Bude est incorporé le 21 décembre 1903 au 2e régiment d’infanterie en tant que soldat de 2e classe. Promu caporal le 24 septembre 1904, il est sergent-fourrier le 24 septembre 1905 et débute par la suite une importante série d’engagements successifs. Sergent-major le 13 avril 1908, il est sous le drapeau du 22e RI lorsque la mobilisation générale éclate et part de suite aux armées. Il est d’ailleurs blessé pendant la bataille de Guise.
Promu sous-lieutenant le 12 mai 1915, il est transféré dans la foulée au 472e régiment d’infanterie. Il est affecté à la 32e compagnie le 30 juin 1915 et est blessé le 10 juillet 1915. Joseph Bude décède le 14 juillet 1915 à Harbacq, en l’ambulance 10/14, des suites de blessures de guerre.
Joseph Bude est cité à titre posthume à l’ordre de la division le 8 août 1915 :

« Venu au front pour conduire un détachement de renfort a demandé à ne pas retourner au dépôt. Est tombé 15 jours après mortellement frappé à la tête de la compagnie. »

Evoquant en février 1916 la mort de cet officier, Le Salut écrit :

« M. le sous-lieutenant Bude avait été blessé une première fois le 29 août 1914. Les circonstances dans lesquelles il a trouvé la mort en font en quelque sorte une victime volontaire de dévouement à la Patrie, qu’il a aimée, comme son père, jusqu’à la plénitude du sacrifice. »

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI. Arch. Dép. I&V : 1 R 1950.979 ; « A l’ordre de la division », Le Salut, 35e année, n°18, 29 février – 1er mars 1916, p. 2.

Romain Bühler naît le 31 octobre 1863 à Chatellerault (Haute-Vienne) d’un père chef-armurier dans un régiment d’infanterie. Mesurant 1,66m, ayant des cheveux châtains et des yeux bleus, cet homme a une carrière exceptionnelle.
Engagé volontaire le 21 août 1882 en tant que soldat de 2e classe, Romain Bühler est affecté au 124e régiment d’infanterie (caserné à Laval). Il y reste jusqu’en 1885 – il est alors sergent – année de son entrée à l’école militaire d’infanterie.
Nommé sous-lieutenant en 1886, il est affecté au 117e RI (caserné au Mans) où il reste plusieurs années. Passé par l'école militaire d'infanterie, il obtient ses galons de lieutenant en 1890. Promu capitaine cinq ans plus tard, il est affecté au 147e régiment d’infanterie de Sedan. Entre 1901 et 1907, il passe six années à Saint-Malo au 47e régiment d’infanterie avant d’être nommé chef de bataillon au 92e RI(Clermont-Ferrand). Détail intéressant, du 1er mai au 30 septembre 1913, il effectue un stage au 35e régiment d’artillerie.
La mobilisation générale le trouve à Briançon où il est lieutenant-colonel au 159e régiment d’infanterie. Il reste en cette unité jusqu’au 28 juin 1915, jour de sa nomination au 24e régiment d’infanterie de Paris. Mais celle-ci est extrêmement provisoire puisque dès le 1er juillet Romain Bühler prend le commandement du 47e RI, en remplacement du lieutenant-colonel Morris mortellement blessé.
Romain Bülher suit les avis du sous-lieutenant Briaud et du capitaine Lebas dans les affaires qui conduisent Toussaint Besnard et François Denès devant le conseil de guerre de la 20e division d’infanterie en septembre 1915.
Romain Bülher est nommé colonel en décembre 1915, promotion qui à en croire un article publié par Le Salut en janvier 1916 intervient « en remplacement de M. Bard, mis hors cadres (état-major)».
Romain Bülher quitte le 47e RI en janvier 1919 pour être détaché auprès de l’armée polonaise.. Promu général de brigade, cet officier est fait commandeur de la Légion d’honneur le 16 juin 1920. Il termine la guerre en tant que général de brigade.
Romain Bühler est, alors que capitaine, l’officier qui, requis en quatrième par l’autorité préfectorale, accepte de faire procéder à l’ouverture des portes de l’Eglise de Saint-Servan lors de la crise des inventaires en 1906.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI, GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 872 - Conseil de guerre (affaire Toussaint Besnard), GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 872 - Conseil de guerre (affaire François Dénès) ; Arch. Nat. : LH/19800035/8/932, LE GALL, Erwan, « Le deuxième procès de Rennes : trois officiers du 47e régiment d’infanterie devant le Conseil de guerre », En Envor, Revue d’histoire contemporaine en Bretagne, n°1, hiver 2013, en ligne; « Au 47e », Le Salut, 35e année, n°2, 4-5 janvier 1916, p. 1.

Fils d’un alsacien militaire de carrière ayant opté pour la France après la guerre de 1870, Alfred Burckhardsmayer est né à Nantes le 6 avril 1882.
Elève brillant, il remporte à l’école de nombreuses récompenses. C’est ainsi qu’en classe de quatrième, il reçoit les premiers prix de version et de thème latin, le premier prix de version grecque, d’histoire romaine et d’allemand, le deuxième prix de langue française, de géométrie et de géographie, étonnant palmarès qui lui confère, bien entendu, le prix d’excellence.
C’est donc sans surprise qu’il effectue une brillante carrière, après avoir effectué une année de service militaire au 47e RI entre le 14 novembre 1903 et le 18 septembre 1904. Promu sergent de réserve en 1905, il effectue, à sa demande, une longue période de réserve au 151e puis au 41e régiment d’infanterie entre août 1909 et juin 1910, ce qui lui donne l’occasion de revenir en France. Alfred Burckhardsmeyer réside en effet en Allemagne, demeurant à Brunswick – commune située entre Hanovre et Magdebourg -  de novembre 1904 à janvier 1907, puis à Duisbourg jusqu’en août 1910, date à laquelle il s’établit à Essen, dans la Ruhr.
En 1914, il est directeur d’une école Berlitz à Bochum. Il éprouve d’ailleurs les plus grandes difficultés à traverser la frontière lors de la mobilisation générale, comme il le raconte ultérieurement dans un rapport conservé dans les archives de la sous-préfecture de Saint-Malo.
Alfred Burckhardsmeyer n’arrive au dépôt que le 11 août 1914 et rejoint le front en cours de campagne, probablement en Artois en tant que sergent. C’est le 11 octobre qu’il est promu sous-lieutenant à titre temporaire et est affecté à la 11e compagnie. Il est confirmé définitivement dans son grade en janvier 1915.
Quelques semaines plus tard, Alfred Burckhardsmeyer est amené à témoigner dans le cadre de la procédure conduisant au renvoi devant le Conseil de guerre de la 20e division d’infanterie d’un soldat de la section qu’il commande, à savoir un certain Louis Bellamy accusé d’abandon de poste de poste devant l’ennemi par mutilation volontaire. Interrogé le 25 février 1915 sur cette affaire, suite à la demande d’enquête formulée par le lieutenant-colonel Morris, il déclare

« Le 22 janvier dans la soirée on m’a averti que le soldat Bellamy venait d’être blessé. Au même moment il apparaissant devant la porte de ma cabane et il me dit qu’il  venait d’être blessé par une balle allemande au moment où il venait de tirer un coup de fusil. Cela m’a paru étrange qu’il ait été blessé à la main gauche, dans son créneau, mais sur le moment je n’ai pas eu le temps de m’en occuper et je l’ai envoyé se faire soigner et conduire au [poste de] commandement de la compagnie. Il m’a semblé en outre que les cris qu’il poussait, pour une blessure aussi minime, étaient exagérés, car nous voyons journellement des soldats blessés plus grièvement faire preuve de plus de courage. Il m’a paru à ce moment vouloir se faire passer pour plus grièvement blessé qu’il ne l’était pour éviter d’être renvoyé immédiatement, après le pansement, sur la ligne de feu. »

Alfred Burckhardsmeyer termine le rapport qu’il doit rédiger en tant que supérieur hiérarchique de l’accusé en écrivant qu’il « est permis de croire que Bellamy, pour échapper aux risques de la guerre, s’est mutilé volontairement en se tirant un coup de fusil dans un créneau après avoir étendu le bras gauche en avant du canon de son fusil ».
Le témoignage d’ Alfred Burckhardsmeyer apparait déterminant dans le cadre de cette affaire dans la mesure où il va à l’encontre de son supérieur direct, le lieutenant Lemasson commandant la 11e compagnie, à propos de l’emplacement d’un pare-éclat dans la tranchée occupée par l’inculpé. Mais, si le témoignage d’Alfred Burckhardsmeyer parait sévère lorsqu’on le compare aux propos du capitaine Dubois – pour qui il « planait un certain doute » sur la culpabilité de Bellamy – il est en revanche conforme aux propos du médecin-major de 1e classe David de Drézigué. De surcroît, Alfred Burckhardsmeyer n’est pas sans donner quelques circonstances atténuantes à Louis Bellamy :

« C’est un jeune soldat qui est présent à la compagnie depuis peu de temps, une quinzaine de jours à peine, et que je n’avais pas remarqué d’une façon particulière jusqu’à présent. Je dois ajouter que c’est la première fois que Bellamy prenait la faction dans cet endroit qui est particulièrement dangereux et rapproché de l’ennemi. Il y a eu déjà plusieurs blessés par des balles allemandes à l’endroit où Bellamy et Tanguy se trouvaient et il est possible que Bellamy ait été effrayé de se trouver à cet emplacement et si près des Allemands. »

Alfred Burckhardsmeyer apparaît en tant que sous-lieutenant commandant la 11e compagnie sur le tableau de constitution de l’unité figurant à la date du 1er octobre 1915 sur le journal des marches et opérations de l’unité. On le retrouve à cette même affectation sur le tableau de constitution du régiment figurant le 1er avril 1916 sur le journal des marches et opérations du 47e RI.
Alfred Burckhardsmeyer figure en tant que sous-lieutenant servant à la 7/47e RI dans le tableau de constitution de l’unité figurant le 1er juillet 1916 sur le journal des moarches et opérations. Rien ne permet toutefois de dater avec plus de précision la date de son changement d’affectation.
Devenu lieutenant, et vraisemblablement blessé, Alfred Burckhardsmeyer séjourne en avril 1918 dans un hôpital mixte de Chaumont, en Haute-Marne. Le journal des marches et opérations du 47e régiment d’infanterie le mentionne en tant que lieutenant de la 3e compagnie à la date du 1er novembre 1918. De même, il occupe à cette date les fonctions de lieutenant de renseignement.

Alfred Burckhardsmeyer, au centre sur le cliché, en novembre 1918, lors d'une remise de décoration par le maréchal Pétain. Archives privées famille Burckhardsmeyer.

Titulaire de la Croix de guerre avec étoile de bronze et d’argent, chevalier de la Légion d’honneur (mais le dossier est incommunicable au titre de l’article 213-2 du Code du patrimoine), Alfred Burckhardsmeyer est l'objet de deux citations. La première, à l’ordre de la 40e brigade, est décernée le 13 mars 1916 :

« Le 3 octobre 1914, s’est présenté comme volontaire pour aller reconnaître un village occupé par l’ennemi. A dû traverser la ligne des sentinelles et a rapporté des renseignements très précis après un séjour de plusieurs heures dans le village, s’est dépensé sans compter pour renseigner le commandement de notre artillerie, se portant chaque jour sous un violent bombardement aux points d’où il pouvait le mieux observer les lignes ennemies. »

La seconde est à l’ordre de la division :

« A donné au service de renseignements du corps une direction intelligente et pratique qui lui a permis sous les bombardements les plus violents de situer exactement les points forts de l’organisation ennemie. Observateur judicieux et avisé, a rendu les plus grands services au chef de corps par son zèle et son dévouement pendant les périodes de combats du 24 avril au 10 mai 1917. »

Il est à noter que dans un article publié en octobre 1916, Le Salut fait état d’une double citation, la première étant formulée comme celle à l’ordre de la 40e brigade mentionnée plus haut, la seconde comme suit :

« Pendant la préparation de l’attaque du 4 septembre 1916, s’est dépensé sans compter pour renseigner le commandement sur le travail de notre artillerie, se portant chaque jour sous un violent bombardement aux points d’où il pouvait le mieux observer les lignes allemandes. »
Curieusement, la fiche matricule Alfred Burckhardsmeyer n’en fait pas mention. Cet article donne toutefois un intéressant – quoi qu’approximatif – résumé de sa campagne :
« […] A la suite de la première partie de cette citation, M. Burkhardsmeyer, alors sergent au 47e, fut nommé sous-lieutenant ; le seconde lui a valu la croix de guerre, qu’il vient de recevoir à quelques kilomètres du front.
Il est peut-être utile, en tout cas il est juste que nous profitions de cette occasion pour rappeler l’odyssée de notre valeureux compatriote :
Avant la guerre M. Burckhardsmeyer était professeur de français et d’anglais à Esten (Allemagne). Quelques jours avant la déclaration de guerre, sentant venir les événements, il s’enfuit avec sa femme et son fils, âgé de six ans, abandonnant tous ses biens à l’ennemi. Arrivé à Saint-Servan quatre jours avant la mobilisation, il reprit dès le premier jour sa place de sergent au 47e et partit sur le front avec notre régiment.
Notre compatriote est le fils de l’ancien gardien de la batterie du fort de la Cité, chevalier de la Légion d’honneur, un ancien combattant de 70 dont le vieux cœur d’Alsacien doit tressaillir d’aise et de légitime fierté à la pensée du fils qui marche si noblement sur ses traces.
A toute la famille nous offrons nos bien sincères félicitations. »

Après-guerre, Alfred Burckhardsmeyer reprend sa carrière dans l’enseignement en officiant à Strasbourg. Décédé en 1957 à Saint-Servan, il épouse Madeleine, Henriette Boudan, une servannaise née en 1888.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, 7 et 10, JMO 47e RI, GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 868 - Conseil de guerre (affaire Louis Bellamy) ; Arch. Dép. I&V: 5 Z 176, Chemise 8 et 1 R 1950.967  ; Archives privées Alain Burckhardsmeyer ; http://burckhardsmeyer-genealogie.e-monsite.com ; LE GALL, Erwan, « Une mémoire bretonne de la Première Guerre mondiale ? Réflexions sur l’entre-deux à partir de quelques témoignages », communication prononcée lors du colloque international Soldats d’entre-deux. Les identités nationales dans les témoignages combattants tenu à l’Université de Strasbourg le 4 décembre 2013, Arch. Nat : 19800035/837/95591; « Belle odyssée », Le Salut, 35e année, n°80, 2-3 octobre 1916, p. 2.