Lors de la mobilisation générale, cet officier commande la 2e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Promu chef de bataillon le 23 septembre 1914, il est affecté au 25e régiment d’infanterie.
Né le 15 avril 1872 à Mostaganem, Edouard Maison est le fils d’un officier de carrière, alors capitaine au 2e régiment de tirailleurs algériens. Sans doute est-ce cette filiation qui peut expliquer ce choix de carrière. Sorti en 1893 de l’école spéciale militaire, il sert d’abord aux 129e (Le Havre) et 160e RI (Toul) avant d’arriver, en tant que capitaine, au 47e régiment d’infanterie en novembre 1911.
Après son départ de cette unité, le capitaine Maison est affecté au 25e RI, puis au dépôt de la 27e division puis aux 30e et 15e régiments d’infanterie avant de retourner en février 1917 au 25e RI, unité avec laquelle il termine la guerre.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; Arch. Nat.: LH/1698/33.

 

Né le 9 septembre 1863 à Saint-Malo, Alexandre, Louis, Joseph Mallet effectue ses études au collège de cette ville. Petit-fils de l’amiral Mallet qui  commande en second lors de la prise d’Alger, c’est semble-t-il tout naturellement qu’il choisit le métier des armes.
Engagé volontaire à Saint-Malo pour 5 ans le 23 décembre 1882, Alexandre Mallet débute sa carrière au 25e régiment d’infanterie en tant que soldat de 2e classe. Promu caporal en 1883 puis sergent l’année suivante, il se rengage pour cinq ans en 1885 et devient adjudant en 1887. Passé au 162e régiment d’infanterie (Verdun) le 1er octobre 1887, il est remis sergent le 18 avril 1888 étant admis à l’école d’infanterie de Saint-Maixent.
Nommé sous-lieutenant en 1889, il est affecté au 41e régiment d’infanterie. Nommé lieutenant en 1891, il fait fonction de porte-drapeau de cette unité avant d’être nommé capitaine en 1900 et d’être affecté au 47e régiment d’infanterie à Saint-Malo. Il est affecté lors de la mobilisation générale au 247e RI, unité avec laquelle il trouve la mort dans les Ardennes le 30 août 1914.
Marié le 20 octobre 1899 avec une Brestoise dénommée Charlotte Potel, Alexandre Mallet a deux fils dont l’un, le cadet, est caporal au 47e régiment d’infanterie puis, tel son père, est versé au 247e RI où il obtient ses galons de sous-lieutenant.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; Arch. Dép. Manche: 1 R 1/42.52; BAZIN, Yves, Livre d’or des anciens élèves du collège de Saint-Malo morts pour la France, Saint-Malo, Imprimerie R. Bazin, 1921, p. 159-160.

Portrait d'Alexandre Mallet publié par le Livre d'or du Collège de Saint-Malo.

Cet officier arrive au 47e régiment d’infanterie le 25 août 1915 en provenance du 71e de Saint-Brieuc. Il effectue d’ailleurs à cette occasion le trajet inverse du commandant Gros. Le capitaine Mangin est affecté au commandement du I/47e RI.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI.

Hector, Albert, Joseph Mangot naît le 4 juin 1874 à Achiet-le-Grand, dans le Pas-de-Calais. Il est le fils d’un surveillant au chemin de fer de 37 ans et d’une femme de 31 ans dont la profession n’est pas spécifiée.
Hector Mangot contracte le 9 juin 1892 à Amiens un engagement volontaire de 4 ans au 33e régiment d’infanterie d’Arras. Incorporé ce jour en tant que soldat de 2e classe, il est promu caporal le 19 décembre 1892 puis sergent le 22 juillet 1893 et sergent fourrier le 18 mai 1894.
Hector Mangot contracte un nouvel engagement de deux ans le 6 mai 1896, prélude d’une longue série de nouveaux contrats. Promu sergent-major en septembre 1897, il suit les cours de l’Ecole militaire d’infanterie de Saint-Maixent à partir de mars 1898. Sorti lieutenant en avril 1899 (rang 274 sur 356 élèves), il est alors affecté au 136e régiment d’infanterie de Saint-Lô.
Hector Mangot se marie le 9 octobre 1900 avec une jeune femme originaire de Saint-Lô mais devient veuf quelques années plus tard, le 1er janvier 1906. L’acte de décès ne précise malheureusement pas les causes de la mort mais il est permis de penser qu’elle est consécutive à un accouchement.
Promu capitaine, Hector Mangot est affecté le 23 mars 1913 au 84e régiment d’infanterie le 28 mars 1913, unité dont les dépôts se trouvent dans le Nord. Il n’y reste pourtant que quelques semaines, avant d’être transféré le 23 juin 1913 au 25e régiment d’infanterie.
Lors de la mobilisation générale, Hector Mangot commande la 4/25e RI. C’est à la tête de cette compagnie qu’il est blessé à la main lors de la bataille de Charleroi, vraisemblablement atteint par une balle. Il est une nouvelle fois blessé le 14 juin 1915, lors des combats du Labyrinthe, au nord d’Arras, par l’éclatement d’un obus qui l’atteint superficiellement au visage mais lui perfore un tympan. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur un mois plus tard, par un décret publié le 14 juillet 1915 au Journal officiel.
Nommé chef de bataillon à titre temporaire, Hector Mangot est transféré le 18 mai 1916 au 47e régiment d’infanterie. Il est affecté au commandement I/47e RI, en remplacement du commandant Chantrenne, évacué le mois précédent pour « maladie ». Il est évacué le 28 mars 1917 sur l’hôpital n°108 d’Amiens pour cause d’arthrite et rejoint l’unité deux mois plus tard, le 27 mai 1917. Il est cité à l’ordre du 47e régiment d’infanterie le 10 août 1917 :

« Officier supérieur remarquable par son énergie et sa bravoure calme. Blessé le 22 août 1914 en Belgique, a refusé de se laisser évacuer. Blessé ne seconde fois le 13 juin 1915 au Labyrinthe, est revenu au front dès sa guérison. A payé de sa personne dans toutes les circonstances difficiles. »

Hector Mangot est évacué le 23 août 1917 pour « maladie ancienne contractée en service commandé au cours des opérations militaires à Verdun, artériosclérose, mauvais état général » et est envoyé sur l’hôpital n°32 de Royat, commune située en banlieue de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme. C’est là qu’il décède, le 13 septembre 1917.
La fiche matricule d’Hector Mangot fait état d’un secours payé après son décès « aux orphelins », formulation qui laisse entendre qu’il avait des enfants.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Nat. : LH/1717/62 ; Arch. Dép. Manche : 3E 502/111 ; Arch. Dép. Oise : RP 851.963 ; SHD-DAT : 26 N 600/1, JMO 25e RI et 26 N 636/7, JMO 47e RI.

Célestin, Maximin Mariais naît le 2 juin 1883 à Dingé, en Ille-et-Vilaine. Il est le fils d’un cultivateur de 32 ans et d’une cultivatrice de 24 ans.
Bien que déclarant exercer lors de son passage devant le conseil de révision la profession de cultivateur, Célestin Mariais s’engage dans le métier des armées à partir du 15 septembre 1904, au 24e régiment de dragons. Passé brigadier en 1905, il débute ainsi une décennie de contrats qui le réengagent à chaque fois pour deux ans dans cette même unité. Il est nommé maréchal des logis le 13 octobre 1907.
C’est sous l’uniforme du 24e régiment de dragons que la mobilisation générale trouve Célestin Mariais. Parti aux armées dans les tous premiers jours d’août 1914, il est nommé maréchal des logis-chef le 23 février 1915 puis est cité à l’ordre de son unité le 7 août 1915 :

« Comme chef de patrouille le 16 août 1914 près de Jamoigne (Belgique) a fait preuve d’énergie en mettant hors de combat des cavaliers ennemis dont il a ramené les chevaux. »

Célestin Mariais est nommé sous-lieutenant le 10 février 1916, promotion qui correspond à un changement d’arme et à un transfert au 47e régiment d’infanterie.
Le sous-lieutenant Célestin Mariais est rapidement blessé, d’abord une première fois le 24 février 1916 à La Harazée : souffrant de plaies postérieures à la cuisse droite et au mollet gauche du fait d’éclats d’obus, il n’est pas évacué et est même cité pour cela à l’ordre du régiment le 11 juin 1916 :

« Ancien sous-officier de cavalerie passé comme chef de section dans l’infanterie y a donné le plus bel exemple d’un courage à toute épreuve et d’une énergie peu commune. Blessé le 24 février au cours d’un combat à la grenade, est resté à son poste en encourageant ses hommes et imposant finalement silence à l’ennemi. A perdu connaissance à la fin de l’action »

Le sous-lieutenant Mariais est blessé quelques jours plus tard, le 13 mars 1916, au cours d’un autre combat à la grenade. Evacué sur l’hôpital Chanzy de Sainte-Ménehould, il y est pris en charge jusqu’au 23 mars 1916, date de son évacuation sur Orléans où il reste jusqu’en mai 1917.
De retour de convalescence, il revient au dépôt de Saint-Malo en juin et rejoint manifestement les armées le 23 août 1917.
Le sous-lieutenant Mariais est tué à l’ennemi le 9 septembre 1917 à 7h30, à 1 500 mètres environ à l’Est de Samogneux. Il est l’objet d’une citation posthume à l’ordre de l’armée le 10 octobre 1917 :

« Officier d’une rare bravoure, venu sur sa demande de la cavalerie dans l’infanterie, avait déjà été blessé en Argonne et était revenu au front dès sa guérison. Le 9 septembre 1917, est tombé glorieusement à la tête de sa section en enlevant à la grenade un élément de tranchée où l’ennemi avait pris pied et cherchait à s’y maintenir. »

Le sous-lieutenant Mariais est titulaire de la Croix de guerre avec étoile de bronze et palme.
Sa dépouille est inhumée le 14 septembre 1919 au cimetière de Glorieux à Verdun, rang 59, tombe n°428.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI ; Arch. Dép. I&V: 10 NUM 35094 525 et 1 R 1950.2450.

Ce sergent-major est promu sous-lieutenant le 27 juin 1915.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI.

André, Joseph, Ernest Martin dit Martin-Gauthereau (du nom de son père et de sa mère) naît le 17 juillet 1883 à Paris, dans le XVIIe arrondissement. Il est le fils du célèbre sculpteur Charles-Marie-Félix Martin, alors âgé de 39 ans, et d’une femme de 27 ans, son épouse, répertoriée comme étant sans profession. Sourd et muet de naissance, Charles-Marie-Félix Martin est un artiste reconnu qui se classe en 1869 second au célèbre prix de Rome. Son œuvre la plus célèbre est probablement celle qui, intitulée « Chasse au Nègre » est aujourd’hui considérée comme un manifeste abolitionniste. La famille semble résider non loin de la Porte-Maillot à Paris, au 77, boulevard Gouvion Saint-Cyr.
André Martin-Gauthereau contracte le 12 novembre 1902 en la mairie du XVIIe arrondissement de Paris un engagement volontaire de 3 ans et dépend alors du 6e bureau de recrutement de la Seine. Il est incorporé le jour même en tant que soldat de 2e classe au 132e régiment d’infanterie, unité tenant garnison à Reims. Il démissionne néanmoins un an plus tard, ayant été reçu à l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris.
Artiste visiblement complet, André Martin-Gauthereau semble tout autant exceller en sculpture qu’en peinture. Parmi ses œuvres les plus marquantes, signalons la « Marche des reîtres et des lansquenets », toile de grande taille datant de 1909 et aujourd’hui conservée au musée Bonnat à Bayonne. Par ailleurs, il semble passer par la prestigieuse Académie Julian mais il est difficile de savoir si c’est en tant qu’élève ou pour y donner des cours.
Pour autant, indépendamment de sa carrière artistique, André Martin-Gauthereau poursuit sa carrière militaire mais, cette fois-ci, dans la réserve. Nommé caporal en octobre 1934, il passe sergent l’année suivante et est enfin promu sous-lieutenant de réserve au 106e RI de Mourmelon en 1907. Mais, pour une raison que l’on ignore, il démissionne de la réserve en 1908. Et est réaffecté au 132e RI en tant que sergent de réserve.
C’est avec ce grade qu’ André Martin-Gauthereau est rappelé à l’activité par le décret de mobilisation générale en août 1914. Il est d’ailleurs rapidement blessé, le 28 octobre 1914, par une balle reçue dans l’avant-bras droit alors qu’il combat dans le secteur des Eparges.
Rentré au dépôt du 132e RI le 7 décembre 1914, André Martin-Gauthereau est une nouvelle fois promu sous-lieutenant le 17 mars 1915 et est transféré dans la foulée au 25e régiment d’infanterie, où il arrive le 1er mai 1915.
Le sous-lieutenant André Martin-Gauthereau arrive le 1er novembre 1915 au 47e régiment d’infanterie de Saint-Malo. Une information consignée sur son état signalétique et des services indique que ce mouvement s’effectue « par permutation [avec un officier qu’il n’a pour l’heure pas été possible d’identifier] et sur sa demande ».
André Martin-Gauthereau est blessé le 20 février 1916 au nord de la Fontaine Houyette, victime d’un éclat d’obus lui ayant causé une plaie pénétrante dans la cuisse ayant entraîné une section de l’artère et de la veine fémorale. Ceci lui vaut d’être cité le 5 mars 1916 à l’ordre de l’Armée :

« Officier très brave donnant en toutes circonstances à ses hommes l’exemple d’un calme parfait et d’un courage souriant. »

Le sous-lieutenant André Martin-Gauthereau est fait quelques jours plus tard chevalier de la Légion d’honneur par un arrêté en date du 26 mars 1916. Le Salut reproduit dans ses colonnes le texte accompagnant cette distinction :

« Officier très brave, donnant en toutes circonstances à ses hommes l’exemple d’un calme parfait et d’un courage souriant. Blessé le 28 octobre 1914, est revenu au front dès sa guérison. A été blessé grièvement de nouveau le 20 février 1916, dans les tranchées de première ligne. »

Le sous-lieutenant André Martin-Gauthereau rentre de convalescence le 22 août 1916.
Promu lieutenant, cet officier, commandant la 6e compagnie, est d’après Fred Aubert tué le 30 mai 1918 de deux balles dans la tête au moment où il disait « Bravo, mes enfants… ».
La dernière adresse connue d’André Martin Gauthereau est à Saint-Malo, en la villa Notre-Dame, sise 6, rue des Hautes Salles. Il était marié et titulaire de la Croix de guerre avec palmes.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. de Paris : V4E 7341 ; SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI ; Arch. Nat. :  LH/1756/58 ; AUBERT, Fred, Avec ma section, 27 mai 1918 – 15 août 1918, Saint-Brieuc, Editions Cendrillon, sans date; « Au 47e », Le Salut, 34e année, n°89, 16-17 novembre 1915, p. 2 ; « Légion d’honneur », Le Salut, 35e année, n°27, 31 mars – 1er avril 1916, p. 1.

Armand, Aristide Martineau naît le 17 mai 1885 à Lyé, comme de l’Indre située non loin de Selles-sur-Cher. Il est le fils d’un couple de vigneron. Il ne poursuit néanmoins pas dans cette voie puisqu’il déclare lors de son passage devant le Conseil de révision en 1902 être élève en pharmacie, profession qu’il exerce manifestement par la suite en région parisienne, d’abord à Versailles puis à Paris, rue Monge puis avenue Faidherbe.
Il faut peu de doute que ce sont les études d’Armand Martineau qui le conduisent à effectuer son service militaire au sein de la 9e section d’infirmiers militaires du 7 octobre 1908 au 25 septembre 1908. Incorporé en tant que soldat de 2e classe, il est nommé sergent-fourrier le 11 septembre 1907. C’est également avec cette 9e section d’infirmiers militaires qu’il effectue une période de réserve du 9 avril au 1er mai 1912.
Dispensé de manœuvres en 1914, Armand Martineau est néanmoins mobilisé à la 9e section d’infirmiers militaires où il est incorporé dès le 9 août 1914. Sa carrière semble être assez plane puisqu’il faut attendre le 2 mars 1917 pour qu’il soit nommé adjudant. Il est transféré le 2 mars 1917 au 47e RI et semble témoigner de réelles qualités militaires à en croire la citation à l’ordre du régiment qui lui est adressée le 15 juin 1918 :

« Dans la nuit du 2 au 3 juin 1915 a montré un courage et un sang-froid à toute épreuve en se portant résolument à l’assaut d’une forte position défendue par de nombreuses mitrailleuses. »

Armand Martineau est nommé le 8 août 1918 sous-lieutenant de réserve. Deux jours après, il est mortellement touché par des gaz asphyxiants et décède le 23 août 1918 à Sézanne, dans la Marne, des suites de ses blessures.
Tout porte à croire que c’est bien en tant que fantassin, et non pharmacien, que le sous-lieutenant Martineau sert au  sein du 47e RI. Il est cité à titre posthume, le 12 octobre 1918, à l’ordre de l’armée :

« Officier de haute valeur morale et d’un dévouement et d’un courage à toute épreuve donnat à ses hommes dans les moments difficiles le plus bel exemple de volonté persévérante et de mépris du danger, s’est particulièrement distingué au cours des combats de…. En résistant avec une ténacité inlassable à toutes les attaques de l’ennemi. A été gravement intoxiqué le 19 août 1918. Deux citations. »

Un secours immédiat de 300 francs est versé le 4 novembre 1918 à la veuve d’Armand Martineau.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. dép. Indre : 3 E 107/012 et R 2404.1222.

Eugène Massip naît le 31 janvier 1875 à Saint-Ybars, dans l’Ariège. Il est le fils d’un chevrier et sa fiche matricule lui attribue la profession de cultivateur même si, au final, ce sont les armes qu’il choisit pour carrière.
Engagé volontaire en tant que soldat de 2e classe le 16 novembre 1896 au 126e RI (Brive), il passe caporal l’année suivante puis est fait sergent en 1898. Muni de son certificat de bonne conduite, il se réengage le 30 octobre 1899 devant le sous-intendant militaire de Foix au titre du 47e régiment d’infanterie. Promu adjudant en 1912, il devient adjudant-chef le 15 septembre 1914 puis, moins d’un mois plus tard, le 11 octobre 1914, sous-lieutenant à titre temporaire. Il est tué à l’ennemi moins d’un mois plus tard, le 2 novembre 1914, devant Beaurains.
Un secours de 300 francs est accordé le 19 août 1915 à sa veuve.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Dép. Ariège : 1 R .444.496 et 1NUM/4E3770.

Cet officier est affecté à la 3e compagnie du 47e RI à la fin du mois de juillet 1915, alors qu’il servait auparavant à la 9e. Il quitte la 9e compagnie en même temps que le sous-lieutenant Granville qui lui est affecté à la 4e compagnie. Au même moment, le sous-lieutenant Richard arrive à la 9e compagnie en provenance de la 8e.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/7, JMO 47e RI.

Henri Mirio naît le 5 juillet 1865 à Saint-Amoux, dans le Nord. Il est le fils d’un négociant de 29 ans et d’une négociante de 24 ans.
Sorti de Saint-Cyr en 1886, Henri Mirio est affecté successivement au 110e, 49e et 28e régiment d’infanterie avant de bifurquer vers la coloniale pendant quelques années. Promu capitaine, il arrive au 47e RI en décembre 1909 puis est nommé chef de bataillon en septembre 1914. Il est alors affecté au 225e RI. S’il dépend administrativement du 47e régiment d’infanterie, comme en témoigne son état signalétique et des services, Henri Mirio est en réalité, lors de la mobilisation générale, l’adjoint du colonel Martenet, commandant le 247e RI.
Le commandant Henri Mirio est évacué pour fatigue et bronchite le 9 février 1915. De retour au front le 30 avril 1915, il est néanmoins évacué pour « fatigue générale » le 20 mai 1916. S’en suit une période de plusieurs semaines où il parait souffrir de troubles digestifs consécutifs à un état de fatigue générale (« asthénie et dyspepsie »).
Le chef de bataillon Henri Mirio est transféré au 47e régiment d’infanterie de Saint-Malo le 20 septembre 1916. Il y exerce notamment les fonctions de commandant du dépôt à partir de janvier 1917, à en croire un avis de mutation paru dans L’Ouest-Eclair. Son retour au 47e RI est annoncé par Le Salut en même temps que l’arrivée du capitaine Fouéré, en provenance du 2e régiment d’infanterie.
Le commandant Henri Mirio est affecté le 26 septembre 1917 à la tête du centre d’instruction de la 132e DI. 
Promu lieutenant-colonel de réserve en 1920, il parait résider à Saint-Malo puisqu’on l’y repère lors des cérémonies du 11 novembre 1924.

Sources : Arch. Nat. : LH : 19800035/0180/23351 ; SHD-DAT : 26 N 727/6, JMO 247e RI; Arch. Mun. Saint-Malo: 4 h 11; « Au 47e», Le Salut, 35e année, n°79, 29-30 septembre 1916, p. 1;  « Mutations », L’Ouest-Eclair, n°6275, 5 janvier 1917, p. 3 ; « L’anniversaire de l’armistice », L’Ouest-Eclair, n° 8426, 12 novembre 1924, p. 5.

Bernard, Rodolphe, Majal, Henri Monnier naît le 14 janvier 1894 au 7, de la rue Albert Joly à Versailles, en Seine-et-Oise. Il est fils d’un « propriétaire » de 30 ans et d’une femme de 28, qualifiée de « sans profession ». Bien que répertorié sur sa fiche matricule comme « étudiant en sciences », il ne doit pas passer par le célèbre Lycée Sainte-Geneviève de Versailles puisqu’il ne figure pas sur le livre d’or de cet établissement.
Bernard Monnier dépend du bureau de recrutement de Versailles. Il obtient un sursis d’incorporation en 1914, sans doute du fait de ses études, mais celui-ci devient caduque avec la guerre et les terribles pertes des premières semaines de la campagne.
Incorporé en tant que soldat de 2e classe à partir du 5 septembre 1914 au 155e RI de Commercy, il est promu caporal le 30 octobre 1914 puis sergent le 1er février 1915. C’est le 4 février 1915 qu’il est affecté au 47e régiment d’infanterie, devenant sergent-fourrier le 7 février 1915 puis sergent-major le 25 mars 1915. Le 29 mars 1916, Bernard Monnier est promu sous-lieutenant à titre temporaire.
Cet officier est répertorié par le tableau de constitution de l’unité figurant dans le journal des marches et opérations à la date du 1er juillet 1916 comme étant affecté à la 12e compagnie.
Il est blessé mortellement (selon le Tableau d’honneur, sa fiche de mort pour la France le répertoriant en tant que « tué à l’ennemi ») le 9 septembre 1917, à la côte 344, au nord de Verdun, « au moment où il venait de repousser victorieusement un assaut de l’ennemi ». Sa fiche matricule indique pour sa part « à 1 500 mètres environs à l’Est de Samogneux ».
Chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la Croix de guerre avec palme et étoile, Bernard Monnier est cité à l’ordre du 47e RI le 29 juin 1917 :

« Officier d’une bravoure entraînante et d’un courage à toute épreuve. Pendant les affaires du 17 au 21 mars 1917 a montré une activité infatigable, et a assuré d’une façon parfaite la liaison entre les unités. »

Bernard Monnier est cité à l’ordre de l’Armée le 6 octobre 1917 :

« Vaillant officier, plein d’allant et de courage. Le 9 septembre 1917, violemment attaqué par les Allemands, a défendu avec une héroïque ténacité le terrain confié à sa garde. Après avoir enrayé la progression de l’ennemi, a reçu deux graves blessures en entraînant sa section de réserve à la contre-attaque. Déjà cité à l’Ordre. »

Sa fiche matricule indique qu’il est inhumé à Villers-Marmery dans la Marne alors qu’un état-signalétique et des services figurant au sein de son dossier de Légion d’honneur indique que sa dépouille est transférée au cimetière militaire de Glorieux, dans la Meuse. Sa fiche matricule fait état d’une promotion à titre temporaire au grade de lieutenant entérinée par une décision ministérielle en date du 21 septembre 1917, soit une douze jours après sa mort.

Sources : Anonyme, Tableau d’honneur, morts pour la France : guerre de 1914-1918, Paris, La Fare, 1921, p. 670 ; BAVCC/ Mémoire des hommes ; Arch. Dép. Yvelines : 2MIEC344 et 1 R/RM 505.3333 ; Arch. Nat. : LH/1909/70.

Jean-Baptiste Montassin nait le 24 juin 1868 à Castres, où son père militaire de carrière est affecté. Sans doute est-ce l’exemple paternel qui peut, au moins pour partie, expliquer son choix de la carrière des armes, débutée dans la cavalerie le 6 juillet 1886 en tant que soldat de 2e classe du 3e régiment de Chasseurs, unité basée à Saint-Dié ?
Promu brigadier le 23 septembre 1887 puis brigadier-fourrier le 1er octobre 1888, il rejoint le 26 septembre 1889 le régiment de cavalerie légère d’Auch.
Quelques semaines plus tard, il se marie le 15 octobre 1889 à une certaine Aminthe Deleuze, originaire d’Abbeville dans la Somme. Et c’est dans cette ville qu’il est affecté le 11 avril 1890, au régiment de cavalerie légère. S’en suivent deux affectations dans des sections d’ouvriers militaires d’administration avant un réengagement de cinq ans en mars 1896, prélude à un passage dans l’infanterie coloniale.
Redevenu soldat de 2e classe, au 4e régiment d’infanterie de Marine, il débute une carrière coloniale de 13 ans qui le voit accéder au grade d’adjudant et parcourir le monde : Madagascar, la Cochinchine, le Tonkin et la Côte d’Ivoire, sans oublier une participation au corps expéditionnaire envoyé en Chine en 1900. En 1909 il rejoint toutefois la métropole et l’infanterie de ligne, au 133e RI (Belley dans l’Ain et Pierre-Chatel, dans l’Isère).
Quittant la vie militaire en 1911, année qui marque son installation sur la Côte d’Emeraude, il reste néanmoins dans la réserve et est promu sous-lieutenant au 78e régiment d’infanterie territoriale de Saint-Malo, unité avec laquelle il effectue une période d’exercices du 11 au 19 avril 1912. Promu lieutenant de réserve en 1913, il est par la même occasion affecté au 47e régiment d’infanterie.
Au moment de la mobilisation générale, cet officier de réserve est affecté à la cinquième compagnie du 47e régiment d’infanterie. Curieusement, il ne figure pas sur le tableau de constitution du régiment daté du 24 septembre. Peut-être faut-il en déduire qu’à cette époque il est blessé ? En tout cas son évacuation n’est que de courte durée puisque le 13 octobre 1914, il est nommé capitaine (décision confirmée le 5 janvier 1916) et est placé à la tête de la deuxième compagnie, avec laquelle il combat jusqu’au départ du régiment pour la Champagne.
Le capitaine Montassin est cité en compagnie des sous-lieutenants Gaudeul et Lenoir pour des faits survenus en Artois :

« La 2e compagnie du 47e RI mise le 27 mai 1915 à la disposition du service du génie pour l’exécution d’une opération de nuit particulièrement délicate (ouverture d’une parallèle à très faible distance des tranchées ennemies), a assuré le succès de cette opération autant par sa parfaite discipline sous le feu que grâce à la confiance et au sang-froid qu’avaient su lui inspirer ses officiers, le capitaine Montassin et les sous-lieutenants Gaudeul et Lenoir. »

Le 16 juin 1915, à la suite de la mort du commandant Moreaux, il prend le commandement du 1er bataillon.
Sur le tableau de constitution du 47e régiment d’infanterie figurant sur le journal des marchées et opérations de l’unité à la date du 1er octobre 1915, cet officier apparaît comme commandant la 2/47e RI. On le retrouve à cette même affectation sur le tableau de constitution du régiment figurant le 1er avril 1916 sur le journal des marches et opérations du 47e RI.
Jean-Baptiste Montassin est blessé, vraisemblablement sans gravité, lors d’une chute dans une tranchée à la Harazée le 21 avril 1916. Il est toutefois évacué le 28 avril 1916, pour cause de maladie à en croire le journal des marches et opérations du 47e RI. Rentré au dépôt en juin 1916, il est ensuite affecté au 56e RI.
Le capitaine Montassin est cité à l’ordre de la division le 3 juin 1915 et à l’ordre de l’Armée le 8 novembre 1915. Il est par ailleurs chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la Médaille commémorative de Madagascar, de la Médaille coloniale et de la Croix de guerre avec palme.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI; Arch. Nat. : 19800035/1465/69562 ; Paroisse de Saint-Servan, Livre d’or des Morts pour la Patrie, Rennes, Imprimerie Oberthur, 1920, p. 313-314.

André, Adolphe Moreaux naît le 22 mai 1866 à Paris mais dépend du bureau de recrutement de Versailles. Saint-Cyrien de la promotion « De Chalons » (1886-1888), il en sort sous-lieutenant et est affecté au 47e régiment d’infanterie. Suivant les cours de l’école d’application du tir du Ruchard (Indre-et-Loire) pendant l’année 1889-1890, il est nommé lieutenant le 15 septembre 1891 puis capitaine le 26 décembre 1898. Ce n’est que le 24 décembre 1904 qu’il quitte Saint-Malo pour rejoindre le 129e RI (Le Havre), où il reste quatre ans. Le 25 décembre 1908, André Moreaux est affecté au 64e régiment d’infanterie, unité qui caserne à Ancenis. Nommé capitaine adjoint-major le 24 octobre 1911, il est fait chevalier de la Légion d’honneur l’année suivante puis est affecté pour quelques mois à Magnac-Laval, au 138e RI. Il retrouve le 47e régiment d’infanterie le 10 octobre 1913 et ne quitte plus son unité jusqu’à son décès, en 1915.
Au final, avant la mobilisation générale, la carrière de cet officier s’étire sur 27 années, dont 17 passées au seul 47e régiment d’infanterie. Rien dans les archives ne laisse deviner un quelconque incident de carrière, comme en témoigne son avancement régulier. Seul « événement » notable, une mauvaise chute de cheval en 1907 lors des manœuvres de nuit qui le laisse avec une blessure au genou et à l’épaule gauche. André Moreaux parait donc représentatif d’un certain ancrage régional des officiers français de la Belle époque assimilable au cadre des fonctionnaires intermédiaires.
La fiche de mort pour la France d’André Moreaux indique qu’il dépend du bureau de recrutement de Versailles mais les Archives départementales des Yvelines ne conservent aucune fiche à son nom, de même que les Archives de Paris. La solution à cette impasse vient d’une inscription contenue sur l’état signalétique et des services de son dossier de Légion d’honneur consultable sur Léonore, mention indiquant qu’André Moreaux « a été compris sur la liste de recrutement de la subdivision de Brest, 3e partie de la liste, n°1151 au registre matricule de recrutement ». Ceci correspond en effet àç la domiciliation indiquée lors de son engagement volontaire, à savoir Ploudaniel dans le canton de Lesneven. Mais cette indication est elle-même pour partie erronée puisque c’est au sein de la classe 1888 qu’il est inscrit.
Lors de la mobilisation générale, André Moreaux commande le I/47e RI. A la suite du décès du lieutenant-colonel Poncet des Nouailles lors de la Première bataille de la Marne, il prend la tête du régiment par intérim, le 1er bataillon passant alors aux ordres du capitaine Moisan. Cet intérim prend fin le 16 septembre avec l’arrivée du chef de bataillon Vermot, en provenance du 2e régiment d’infanterie coloniale. André Moreaux commande une seconde fois par intérim l’unité le 6 octobre 1914, à la suite de la blessure du commandant Vermot. Pour autant, pour une raison que l’on ne sait expliquer, André Moreaux ne profite pas de l’hécatombe des officiers français lors des premières semaines de campagne pour monter en grade.
Le commandant Moreau adresse le 15 mai 1915 au lieutenant-colonel de Dieuleveult, cousin de Jehan de Kerguézec, une lettre pour l’avertir des circonstances de sa mort :

« 15 mai 1915,
Mon colonel,
J’ai le regret de vous confirmer la mort de votre cousin, le sergent de Kerguézec, tué le 9 mai, vers 16 heures 15, en marchant bravement à l’assaut des tranchées ennemies avec sa compagnie, la 4e. Une seule compagnie de mon bataillon a été engagée ce jour-là ; c’était la sienne. Admirablement conduite, elle a fait preuve d’un grand esprit de dévouement, et j’oserai dire de sacrifice, car la tâche qui lui incombait était particulièrement difficile.
Tout comme à l’affaire de Beaurains, l’alignement des tranchées a été marqué par l’alignement de nos morts et de nos blessés. Les trois officiers de la compagnie, l’aspirant, le sergent-major ont disparu. Pour de Kerguézec, nulle erreur n’est possible. Son corps a pu être ramené, et le pauvre garçon, qui était un de mes espoirs, a été inhumé, le mercredi 12 mai, dans le cimetière de Saint-Nicolas-les-Arras.
Veuillez agréer, mon colonel, l’assurance de mon profond respect. »

Quelques jours plus tard, le 29 mai 1915, le commandant Moreaux est cité à l’ordre du 10e corps d’armée :

« A secondé de la façon la plus précieuse son chef de corps l’accomplissement de la mission offensive dévolue au régiment. Placé personnellement dans la situation la plus difficile derrière un bataillon qui venait d’être décimé par le feu, il a su par son énergie et son calme disposer ses premières compagnies dans une tranchée dévastée par les obus et par son ascendant moral les enlever dans un ordre parfait, donnant ainsi, une fois de plus, la nature déjà maintes fois manifestées de qualités d’homme de cœur et de chef. »

C’est à la tête de son premier bataillon du 47e régiment d’infanterie que le commandant Moreaux trouve la mort, en Artois, le 16 juin 1915, quelques instants seulement avant une attaque sur le Labyrinthe.

Sources : BAVCC/Mémoire des hommes ; SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI ; Arch. Nat. : LH/1931/19 ; www.saint-cyr.org/flipbooks/Memorial/; Arch. mun. Paris : V4E 1022 ; Arch. dép. Finistère : 1 R 1044.1151 ;« Dans l’armée, nominations » L’Ouest-Eclair, n°5402, 10 octobre 1910, p. 3 ; LE BIHAN, Jean, Au service de l'Etat, les fonctionnaires intermédiaires au XIXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008; Livre d’or des anciens élèves du Collège Saint-Vincent de Rennes morts au champ d’honneur, Tome 1, A-M, Rennes, Oberthür, 1917, p. 230.

Cet officier est affecté au 47e régiment d’infanterie le 20 octobre 1914 et prend la suite, en tant que chef de corps, de l’intérim du commandant Moreaux, effectué après la blessure du commandant Vermot. Homme brun aux yeux châtains, il mesure 1,72m et épouse le 24 octobre 1889 une certaine Charlotte Sansom.
Né à Amiens (Somme) en 1865, Jean, Auguste, Edouard Morris est un fantassin qui débute sa carrière au 31e puis au 33e RI. Cyrard – promotion « Fou-Tchéou », 1884-1886 – il possède la particularité d’être breveté  de l’Ecole supérieure de guerre (enseignement 1894-1896, brevet délivré en 1897 avec la mention « Bien »), et donc d’officier pendant plusieurs années au sein d’états-majors, notamment à la 28e brigade puis à la 13e division. Transféré au 70e régiment d’infanterie en 1909, il est ensuite muté à l’état-major du 10e corps où il se distingue notamment en donnant, en 1913, une conférence remarquée sur la mobilisation. Le 9 octobre 1914, il est nommé provisoirement – il n’est que commandant – à la tête de la 40e brigade, en replacement du général de Cadoudal appelé à la tête de la 13e DI. Ce n’est qu’en novembre 1914 que Jean Morris est nommé lieutenant-colonel, avec effet rétroactif au 8 octobre.
C’est lui qui, suite au rapport du sous-lieutenant Alfred Burckhardsmeyer, demande le 23 janvier 1915 une enquête à propos de la blessure contractée la veille au majeur gauche par Louis Bellamy. Par ailleurs, conformément aux avis du sous-lieutenant Burckhardsmeyer, du lieutenant Lemasson, du chef de bataillon Dufaure de Citres et du médecin-major de 1e classe David de Drézigué, il dépose plainte le 27 janvier 1915 :

« Le soldat Bellamy s’est blessé lui-même, il en convient. La blessure, suspecte par elle-même, l’est rendue davantage encore par les variations que l’on relève dans ses déclarations. Sa dernière explication est du reste mensongère ou semble bien telle, puisqu’il prétend qu’il a fait une chute et que son voisin de créneau, le soldat Tanguy, affirme ne pas l’avoir vu tomber. Je demande en conséquence que le soldat Bellamy soit traduit devant le Conseil de guerre de la 20e division d’infanterie pour tentative de mutilation. »

Le 29 juin 1915, le lieutenant-colonel Morris est grièvement blessé d’une balle de shrapnell . Le poumon transpercé, il est rapidement transporté à l’ambulance 10/14 à Habarcq, où il est pris en charge par un professeur de la faculté de médecine de Lyon, mais finit par succomber, entouré de sa femme et de sa fille dépêchées pour la circonstance, le 3 juillet 1915, à ses blessures. Jean Garret, médecin-major du 2e RI qui perd là un ami (il est lié d’amitié au beau-frère du lieutenant-colonel Morris, médecin-chef de la place de Dinan), délivre un diagnostic sans appel :

« Le lieutenant-colonel est décédé ce matin d’une syncope. Surmené depuis longtemps, son organisme n’a pu faire les frais d’un fléchissement cardiaque que n’ont pu vaincre tous les remèdes habituels. »

Dans son édition du 30 septembre 1915, L’Echo de Paris donne une version sensiblement plus allégorique des circonstances du décès de cet officier :

« Le 29 juin dernier, le lieutenant-colonel Morris, commandant le 47e régiment d’infanterie, était frappé  par un éclat d’obus au moment où il quittait son poste de commandement après huit jours passés de façon fort pénible dans les tranchées.
C’est une belle figure de chef qui disparait avec le lieutenant-colonel Morris. Chef, il l’était par son dévouement, sa puissance de travail, son énergie indomptable, sa haute valeur intellectuelle et morale. Il voulait tout voir et tout faire par lui-même ; il possédait par suite un extraordinaire ascendant sur ses officiers et ses soldats.
Frappé à mort, il survécut quelques jours, et envisagea sa fin prochaine avec une admirable résignation chrétienne. Peu de minutes avant d’expirer, il prononça ces belles paroles : J’ai fait depuis longtemps le sacrifice de ma vie ! Tous les matins, je l’ai renouvelé, je le fais de nouveau en ce moment, et tout entier, pour tous ceux que j’aime et pour la France. Puis il ajouta, après quelques secondes d’arrêt : Et pour mon régiment aussi !... Ah ! mon régiment, qu’il était beau !
Il eut la consolation de posséder près de lui à ses derniers moments une épouse et une fille tendrement aimées ; mais, hélas ! il n’a pu revoir son fils, prisonnier en Allemagne.
Quelques heures après sa mort, arrivait la nomination du colonel Morris au grade d’officier de la Légion d’honneur, et une brillante citation à l’ordre du jour, double consécration des mérites et des vertus de ce noble soldat. La satisfaction de les connaître l’une et l’autre a été refusée au colonel Morris ; du moins ces témoignages de l’estime que ses chefs avaient pour lui resteront ils comme une précieuse consolation pour sa famille, comme un vivant exemple pour son régiment, qu’il avait tant rêvé de conduire à la victoire finale ! »

Détail intéressant, cet article est repris quelques jours plus tard intégralement par le Salut, bi-hebdomadaire malouin, mais en changeant le titre, « Mort héroïque d’un colonel » laissant la place à « Mon beau régiment ! » ce qui, du point de vue de la glorification de la petite patrie n’est bien entendu pas neutre.
Les obsèques du lieutenant-colonel Morris ont lieu le 4 juillet 1915 à huit heures du matin devant une foule constituée du bataillon Joseph, de la musique régimentaire du 47e RI, du drapeau de l’unité, de sapeurs… Une messe est célébrée en sa mémoire le 3 août 1915 en l’église Saint-Germain de Rennes, cérémonie à laquelle assiste entre autres personnalités le général Vautier commandant la 10e région militaire ainsi que le vicaire général Gayet.
Chevalier de la Légion d’honneur le 29 décembre 1910, Jean Morris est fait officier le 30 juin 1915 pour le motif suivant :

« A fait preuve d’énergie et d’habileté en enlevant avec son régiment plusieurs lignes de tranchées allemandes puissamment organisées pendant les journées des 7, 8, 9 et 16 juin 1915. Le 16 juin, marqué à nouveau d’une attaque, a su communiquer à tous ses subordonnés le courage et l’entrain qui l’animent permettant ainsi de renouveler par trois fois dans la même journée une attaque sur un point garni de mitrailleuses. S’est porté enfin de sa personne sous un bombardement intense jusqu’à la ligne de feu pour réorganiser ses unités fortement éprouvées, privées de leurs officiers et parer ainsi à une contre-attaque. »

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6 et 7, JMO 47e RI,GR 11 J 862-1 - Conseil de guerre et GR 11 J 868 - Conseil de guerre (affaire Louis Bellamy); BAVCC/Mémoire des hommes ; Arch. Nat. : LH/1943/11 ; www.saint-cyr.org/flipbooks/Memorial; « Promotion militaire », L’Ouest-Eclair, n°5566, 7 novembre 1914, p. 3, « Ecole d’instruction des officiers de complément », L’Ouest-Eclair, n°516, 19 février 1913, p. 3;« Nécrologie », L’Ouest-Eclair, n°5862, 4 août 1915, p. 3 ; GARRET, Jean, « A la gauche du 2e régiment d'infanterie, carnet d'un toubib, 1er août 1914-24 août 1915 », Bulletins périodiques de la Société d'Etudes historiques et économiques Le pays de Granville, juin 1930, n°11, p. 122-123. « Mort héroïque d’un colonel », L’Echo de Paris, n°11368, 30 septembre 1915, p. 4 ; « Mon beau régiment ! », Le Salut, 34e année, n°77, 5-6 octobre 1915, p. 2. Pour une photographie de Jean Morris avec l’état-major du 10e corps en 1910: www.military-photos.com/EM10CA.htm ;

Lors de la mobilisation générale, cet officier est affecté la 7e compagnie du 47e régiment d’infanterie. Blessé lors de la bataille de Guise, il est affecté au commandement de la 5e compagnie aux alentours du 19 février 1915 et y combat jusqu’au 26 mai 1915, date de son transfert au 136e RI.
Il est à noter que le journal des marches et opérations du II/47e RI indique qu’à la mobilisation générale cet officier est non pas lieutenant mais sous-lieutenant. De plus, le lieutenant Moureaux ne doit pas être confondu avec le chef de bataillon André Moreaux.

Sources : SHD-DAT : 26 N 636/6, JMO 47e RI, 26 N 636/13, JMO II/47e RI.