Gabriel Guist'hau, portrait d’un Nantais d’adoption

Moins célèbre que son ami Aristide Briand, Gabriel Guist'hau n’en demeure pas moins une figure politique majeure du début du 20e siècle en Loire-Inférieure. C’est pourtant à des milliers de kilomètres des bords de la Loire, à Saint-Pierre de la Réunion, qu’il voit le jour en 1863. Très jeune, il perd ses parents et se voit contraint de rejoindre la métropole où il est pris en charge par ses grands-parents. Elève brillant, il décide d’étudier le droit et devient avocat.

Carte postale. Collection particulière.

Gabriel Guist'hau noue rapidement des liens d’amitié avec un de ses confrère, Aristide Briand. Les deux hommes ne se quittent plus et lorsque le second se lance dans une carrière politique (Aristide Briand est élu conseiller municipal de Saint-Nazaire le 6 mai 1888), il ne tarde pas à convaincre le premier d’en faire de même. Gabriel Guist'hau est d’ailleurs élu conseiller municipal de Nantes en 1892. C’est également dans les couloirs du tribunal de Nantes qu’il rencontre Paul Bellamy. Les deux hommes se lancent ensemble à la conquête de la mairie de Nantes en 1908. La liste radicale-socialiste triomphe, Gabriel Guist'hau est élu maire, Paul Bellamy devient son premier adjoint.

La carrière politique de Gabriel Guist'hau est désormais véritablement lancée. Il se présente avec succès aux élections législatives du printemps 1910 puis, quelques mois plus tard, son ami Aristide Briand lui propose d’intégrer son gouvernement comme sous-secrétaire d’État à la Marine. Gabriel Guist'hau accepte et démissionne de la mairie de Nantes le 16 décembre 1910, laissant alors son siège à Paul Bellamy. Symboliquement, c’est à Nantes qu’il effectue l’un de ses premiers déplacements en tant que sous-secrétaire d’Etat, afin d’y constater l’ampleur des dégâts provoqués par le débordement de la Loire en décembre 1910.
Mais après seulement quelques semaines d’exercice, en février 1911, Gabriel Guist'hau perd son portefeuille à la suite de la chute du gouvernement Briand. Cela ne change rien à sa progression. Il décide de s’établir dans la capitale et s’inscrit au barreau de Paris. Ce choix s’avère payant puisqu’en 1912 Raymond Poincaré le sollicite pour entrer  dans son gouvernement, cette fois en tant que ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Après un an d’exercice, il profite du retour d’Aristide Briand à la tête du gouvernement pour s’y maintenir, et hérite alors du ministère du Commerce et de l'Industrie. L’expérience est toutefois une nouvelle fois brève puisqu’elle ne dure que deux mois.

En 1914, si Gabriel Guist'hau conserve son siège à l’Assemblée, il quitte durablement le devant de la scène politique. Dans l’ombre, il joue malgré tout un rôle important – mais méconnu – dans le renforcement des liens d’amitié entre la France et les Etats-Unis lors de la Première Guerre mondiale. Il préside en effet, dès 1916, l'association « France-Etats-Unis » qui vient d’être créée.

A Nantes, l'entrée du lycée qui porte aujourd'hui encore le nom de Gabriel Guist'hau. Carte postale. Collection particulière.

Au sortir de la guerre, Gabriel Guist'hau retrouve une certaine notoriété.  Réélu député, il devient surtout ministre de la Marine en janvier 1921, une nouvelle fois dans le gouvernement d’Aristide Briand. Et une nouvelle fois, l’expérience est courte puisqu’elle dure tout juste un an. C’est sa dernière mission politique d’envergure. Malade, il se retire de toute activité politique et professionnelle en 1924. Pour l’ensemble de sa carrière et pour saluer « l’éclat des services rendus au pays », il est fait chevalier de la Légion d’Honneur1. Gabriel Guist'hau se retire ensuite dans sa ville de son cœur, Nantes. Il y meurt le 27 novembre 1931, un an seulement après son ami Paul Bellamy. Son autre fidèle complice, Aristide Briand, est quant à lui présent lors des obsèques célébrées le 30 novembre. Mais, telle une malédiction, ce dernier décède quelques mois plus tard, laissant la Loire-Inférieure orpheline de trois de ses plus emblématiques représentants de la première moitié du XXe siècle.

Yves-Marie EVANNO

 

 

1 Archives nationales, LH/1248/19, dossier Garbriel Guist’hau.