Le Finistère et ses costumes de 1850 à nos jours

Les Archives départementales du Finistère, en partenariat avec le Musée départemental breton, proposent actuellement en ligne une exposition virtuelle sur Le costume breton de 1850 à nos jours. Ce n’est pas la première fois que cette institution propose un tel outil culturel et force est d’admettre que le pari est encore une fois de plus réussi. On avait en effet déjà pu constater le savoir-faire en matière d’e-expositions des Archives départementales du Finistère avec Le Finistère dans la guerre 1914-1918, présentation d’archives à la fois passionnante et pédagogique.

Le costume traditionnel est une institution en Bretagne. Tous les étés, les touristes profitent des nombreux défilés de cercles celtiques – tel lors du Festival interceltique de Lorient – pour découvrir la multiplicité des formes et des couleurs des tenues. On sait en effet la force de l’exotisme comme argument touristique et commercial

Capture d'écran de la page de présentation de l'exposition virtuelle Le costume breton de 1850 à nos jours.

Le costume est ainsi érigé en véritable « symbole régional » au même titre que la mer ou encore – et à tort! – la pluie. De même que le mauvais temps, il cristallise de fortes susceptibilités. Ainsi, de nombreux autonomistes s’insurgent lorsque certains écrivains, tel Charles Chassé, prétendent en 1930 que l’origine du costume est essentiellement … française :

« Quelque modifié qu’il ait pu être dans un pays où chaque paroisse aime se singulariser, le costume de Bretagne est donc essentiellement une transposition des anciens costumes français »1

Furieux, Olier Mordrel, futur fondateur du Parti National Breton, lui rétorque quelques jours plus tard :

« Tandis que M. Chassé se contente de conclure paresseusement à la personnalité française de la Bretagne, […] Marchal en 1919 [ndlr : dans Breiz Atao], avec incomparablement plus de sens critique, notait que ces vêtements et ces usages français avaient été si fortement pétris dans le creuset du génie breton qu’ils ne conservaient plus de leur origine que le souvenir, tandis que leur complète transformation prouvait la persistance d’une âme nationale bretonne. »2

C’est ce symbole qui est décrit sous toutes les coutures dans cette très belle exposition disponible sur le site des Archives départementales du Finistère. Un habile parallèle entre documents manuscrits et pièces issues des collections du Musée départemental breton entraîne l’internaute dans un voyage qui le mène des origines de la tenue – sa confection – jusqu’à sa représentation commerciale. La promenade le mène également dans un univers riche en diversité tant il y a de « modes » : Kant bro – Kant giz (Cent pays, cent coiffes). Une expérience agréable visuellement mais aussi historiquement. Ainsi, les concepteurs ont fait le choix judicieux de consacrer une partie de la visite aux costumes moins connus : ceux du quotidien. Une très intéressante ballade pour l’historien qui s’intéresse tant à la vie quotidienne des Bretons qu’à la construction d’une identité régionale.

Yves-Marie EVANNO

1 « L’origine récente du costume breton », La Dépêche de Brest, n°17135, 24 novembre 1930, p. 1.

2 Archives départementales du Finistère : 97J99, Article d’Olier Mordrel en réponse à Charles Chassé.