Réédition d’un classique : le dictionnaire du patrimoine breton

2013 est une année importante en ce qu’elle marque le centenaire de la loi de 1913 sur la protection et la conservation du patrimoine, anniversaire que les Presses universitaires de Rennes célèbrent en donnant une 3e édition, encore une fois de plus revue et enrichie, du célèbre Dictionnaire du patrimoine breton publié sous la direction d’Alain Croix et de Jean-Yves-Veillard.

Paru pour la première fois en 2000, aux éditions Apogées, cet ouvrage est assurément un usuel de référence pour toutes celles et ceux qui s’intéressent, d’une manière ou d’une autre, à l’histoire de la Bretagne. Pour s’en convaincre, il suffit de détailler l’impressionnante liste des contributeurs qui regroupe, entre autres, Annie Antoine, Gauthier Aubert, Christian Bougeard, Bernard Cadoret, Claude Geslin, Bruno Isbled, Yann Lagadec, André Lespagnol, Louis Pape, Jacqueline Sainclivier ainsi que les regrettés André Chédeville, Michel Denis, Xavier Ferrieu et Bernard Merdrignac. Une équipe qui dit bien l’éventail immense des centres d’intérêts couverts par ce volume dont on se doit, de surcroît, de noter la richesse et la qualité de l’iconographie.

Ce Dictionnaire du Patrimoine breton est un de ces indispensables outils de travail que l’on est content de posséder dans sa bibliothèque, à proximité immédiate de la main, de manière à pouvoir s’en emparer à la première interrogation, au premier doute, à la première velléité vérificatrice. Il est vrai que les 939 notices du volume contribuent fortement à étancher la soif de connaissance. Mais plus que le nombre, c’est bien leur diversité qui fait la force de cet ouvrage puisqu’elles permettent d’explorer la Bretagne et les Bretons par l’intermédiaire de l’histoire, bien entendu, mais aussi de l’ethnographie, de la géographie… Autant d’approches qui accordent, bien entendu, une large place à l’histoire contemporaine par des entrées aussi variées que la presse, la revue des Annales de Bretagne, les Fest-noz et les Seiz Breur mais aussi la galette ou encore la morue, dont Alain Croix rappelle que, malgré l’importance de sa pêche, comme le rappellent les expositions actuellement visibles à Rennes à Saint-Brieuc, « elle est une des grandes absentes du patrimoine breton : pas de tradition alimentaire, pas de trace matérielle, à peine un vocabulaire ».

La notice que le Dictionnaire du patrimoine breton consacre aux costumes est l'œuvre de Philippe Le Stum, conservateur du musée départemental breton de Quimper qui, justement, propose une intéressante exposition sur ce sujet en partenariat avec les Archives départementales du Finistère.

On l’aura compris, cette réédition du Dictionnaire du patrimoine breton est d’autant plus importante en ces temps particuliers que la préface de ce très beau – et accessible, 32,00€ – livre rappelle que

« Notre conception du patrimoine, en effet, n’a rien à voir avec l’érudite accumulation de notices d’architecture, ni même avec le simple intérêt pour le patrimoine matériel. Il s’agit de nourrir notre manière, la manière de chacune et de chacun d’être breton : il s’agit donc clairement d’affirmer qu’il y a mille manières d’être breton. D’affirmer clairement qu’on ne naît pas breton, mais qu’on le devient. D’aider, donc, à vivre ensemble, par-delà notre diversité. »

Une démarche généreuse, ouverte, que tous les contributeurs de cet ouvrage assurent merveilleusement et dans laquelle, à sa manière, En Envor entend s’inscrire.

Erwan LE GALL

 

CROIX, Alain et VEILLARD, Jean-Yves, Dictionnaire du patrimoine breton, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2013.