22, v’là la presse ancienne !

Parce qu’il n’y a pas que L’Ouest-Eclair et La Dépêche de Brest dans le paysage médiatique breton, il est réjouissant de voir les archives départementales des Côtes-d’Armor élargir leur offre de presse ancienne. Il s'agit en effet d'une source inépuisable pour l’historien de la période contemporaine, tout comme pour le généalogiste. Depuis 2015, les visiteurs du site internet des archives costarmoricaines ont à leur disposition 102 titres pour 165 000 vues. Aujourd’hui, avec la numérisation de 44 nouveaux titres, sur la période 1810-1970, ce ne sont pas moins de 237 000 vues qui viennent compléter la collection ! De quoi passer de nombreuses heures le nez plongé dans les vieux journaux, l’odeur du papier vieilli en moins…

La Charrue Rouge. archives départementales des Côtes d'Armor.

A l’échelle d’un département rural comme les Côtes-d’Armor, il est intéressant de constater que l’expression « âge d’or de la presse », pour qualifier la période des dernières décennies du XIXe siècle jusque dans l’entre-deux-guerres, n’est pas un vain mot. La presse locale est présente sur l’ensemble du territoire départemental. Chaque sous-préfecture, mais aussi presque chaque chef-lieu de canton à son titre : Journal de Quintin et des environs, Journal de Collinée, L’Avenir de Perros, Le Progrès de Loudéac, par exemple. Il est également frappant d’observer la redondance dans la dénomination de ces titres de presse. Outre les classiques Le Journal, L’Echo et La Gazette, d’autres remportent également un franc succès : Le Réveil, La Semaine, L’Eclaireur, L’Avenir, L’Indépendant.

Enfin, relevons que la presse locale ancienne est extrêmement politisée. On le constate aisément dans ce département breton le plus marqué à gauche. Le journal lannionais La Charrue rouge ne laisse à cet égard que peu de doute. Il en est de même pour Le Travailleur du Trégor et L’Eveil breton. Nombreux sont les titres se réclamant du camp républicain : L’Avenir républicain des Côtes-du-Nord, La Bretagne républicaine, Le Clairon républicain, Le Petit Bleu de Dinan et de la région, En Avant ! etc. Pour autant, le camp catholique et conservateur n’est pas absent du paysage médiatique : Le Réveil national, La Croix des Côtes-du-Nord, ou bien La Lanterne bretonne « fidèle à la foi des aïeux ». Il existe également quelques titres écrits, au moins en partie, en breton : Stereden Boulvriak et Breiz.

Pour naviguer entre tous ces journaux, l'internaute dispose d’une interface certes désuète, mais diablement efficace. Et là est assurément l’essentiel. En effet, comparé à d’autres portails de recherches archivistiques – Thot pour ne pas le nommer – parfois difficile à exploiter, les archives en ligne costarmoricaines sont aisément accessibles au lecteur. Ainsi, en ce qui concerne la presse ancienne, un menu déroulant permet de choisir entre le lieu d’édition, le titre du journal et la période de publication. En réalité, un seul point négatif est à soulever : l’absence de recherche en plein-texte sur la visionneuse. Visiblement la numérisation de ce fond de presse ancienne ne s’est pas accompagnée d’une OCRisation des documents, ce qui limite considérablement la capacité de recherche pour l’utilisateur qui doit s’astreindre à feuilleter intégralement les numéros pour trouver son bonheur.

Une interface datée mais très efficace.

Au-delà de cette offre élargie dans la presse ancienne, il est à noter que les choses bougent aux archives départementales des Côtes-d’Armor. En effet, il a été annoncé en avril dernier que le bâtiment des archives, ouvert en 1988, fera peau neuve d’ici à l’automne 2020, avec notamment la construction de 2 160 m² supplémentaires permettant l’extension des magasins. Que de bonnes nouvelles pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du département!

Thomas PERRONO