Les archives de la diplomatie sur le web

Le Ministère des Affaires étrangères vient d’annoncer le lancement de sa bibliothèque numérique. Quand on connaît la richesse du réseau diplomatique français, encore aujourd’hui l’un des plus denses au monde et donc l’un des plus importants producteurs d’archives, on ne peut qu’être mis en appétit par une telle nouvelle. Celle et ceux qui recourent par exemple aux Bulletin de presse du Ministère des Affaires étrangères savent par exemple combien les archives du Quai d’Orsay peuvent être précieuses. Reste à savoir en quoi elles intéressent l’histoire de la Bretagne contemporaine.

Une démarche ambitieuse.

Cette bibliothèque diplomatique numérique est le fruit d’un partenariat entre le Ministère des Affaires étrangères et la Bibliothèque nationale de France initié en 2009 et le moins que l’on puisse dire est que cela sent ! C’est en effet, en bleu et non plus en vert, l’interface de Gallica que l’on retrouve sur site, ce qui est la garantie d’un site doté d’un moteur de recherche performant, permettant notamment de sélectionner des catégories précises de documents (livres, images, cartes…), de possibilités de téléchargement en jpg ou en pdf des documents… Seuls les plugins permettant habituellement le téléchargement en haute-définition sur Gallica semblent faire défaut sur cet ersatz mais l’on verra plus loin que cela n’est manifestement par rédhibitoire. De même, le générateur de permaliens semble rencontrer quelques difficultés. Pour autant, là encore, on se rendra compte que ce problème est vite contournable.

Mais avant d’explorer ce nouveau site internet, il faut dire quelques mots de cette histoire diplomatique, cette histoire des traités et des relations internationales qui est trop souvent méprisée, jugée dépassée et reléguée au second plan au profit d’approches sociales ou culturelles. C’est une idée dont il faut à tout prix se départir tant, dans ce domaine comme dans tous les autres du reste, les dossiers ne sont jamais clos et les relectures fécondes toujours possibles. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à se plonger dans Les Somnambules,  la remarquable somme que l’historien Christopher Clark consacre à la crise de l’été 1914

A en juger d’ailleurs pas le nombre de trésors que l’on trouve très rapidement en fouillant sur cette bibliothèque numérique diplomatique, il ne fait pas de doute qu’un tel outil contribuera avantageusement au renouvellement des connaissances. En revanche, en quoi celles-ci sont-elles susceptibles d’intéresser directement la Bretagne ? Bien entendu, il est absurde de considérer un territoire isolément du reste de la planète. Aussi, envisager la péninsule armoricaine sans varier les échelles et se rapporter à l’hexagone, au continent européen et plus encore au monde n’a pas de sens. Pour autant, il n’en demeure pas moins que les réponses aux recherches portant sur la Bretagne, les Bretons, les villes de Rennes, Brest ou Vannes ou les départements comme le Morbihan et le Finistère ne donnent pas de résultats très probants et renvoient vers des documents parlementaires déjà accessibles via Gallica.

De magnifiques clichés comme cette photo du baron Lesner, délégué allemand pour les négociations du traité de Versailles. Mais elles sont aussi consultables via Gallica.

Certes, et pour ne considérer qu’un seul exemple, les Bulletins de l’Enseignement public du Protectorat de la République française au Maroc permettent de retracer le parcours d’un certain nombre de Bretons partis dans  ce pays d’Afrique-du-Nord. La source est de ce point de vue très intéressante. Mais, déjà disponible via Gallica, elle est probablement connue depuis longtemps par celles et ceux qui travaillent précisément sur les trajectoires de ces enseignants bretons partis exercer au Maroc. Dès lors, en considérant que c’est bien la même interface qui est utilisée sur ce portail et sur celui de la plateforme de la Bibliothèque nationale de France, on en vient à interroger l’opportunité d’avoir deux sites distincts. Ce d’autant plus qu’il existe un outil censé favoriser cette convergence entre fonds numériques, le portail FranceArchives

Erwan LE GALL