Quand les archives s’animent

Lorsque le 3 février 1964 s’allume l’antenne de Télé Bretagne, la région mais aussi ses historien.nes viennent de passer dans une nouvelle ère : celle de l’image animée. Avec le temps, tous ces contenus produits pour alimenter le journal télévisé constituent de formidables ressources archivistiques pour les chercheurs, et pas uniquement pour celles et ceux qui se sont spécialisés dans l’histoire des médias. Ces reportages peuvent en effet compléter fort utilement des corpus documentaires, notamment pour les historien.nes du politique qui bénéficient à chaque période électorale de nombreuses interviews et reportages. Mais ces sources peuvent également se révéler intéressantes pour les généalogistes qui, avec ce matériau, pourront sans doute plus aisément fixer un climat, une ambiance, propre à la période envisagée.

Le site L'Ouest en mémoire, une référence incontournable.

Pour pouvoir profiter de cette manne providentielle, quelques clics suffisent pour vous connecter au site indispensable qu’est L’Ouest en mémoire, plateforme de vidéos historiques développée par l’Institut national de l’audiovisuel en partenariat avec les régions Bretagne et Pays de la Loire. La navigation est très simple et peut s’effectuer tant par accès cartographique, chronologique – vous pouvez trouver des contenus à partir des années 1940 ! – que thématique, cette dernière option dévoilant immédiatement les richesses du portail puisque tous les sujets ou presque y sont traités, des arts aux sports en passant par l’environnement ou les sciences. Les bretonnants ne sont pas oubliés et pourront trouver nombre de contenus spécifiques, produits dans le cadre des programmes en langues régionales. A chaque fois la vidéo est accompagnée d’un texte rappelant le contexte et donnant quelques éléments chronologiques, courtes présentations rédigées notamment par bon nombre d’historien.nes de l’université Rennes 2.

Le portail L’Ouest en mémoire est donc d’une rare richesse mais les archives diffusées ne doivent pas tromper : comme toute sources, ces vidéos nécessitent d'être soumises à l’esprit critique et l’on est dans l’obligation de se poser un minimum de questions avant de les visionner : qui les a produites ? Dans quel but ? Que disent-elles et surtout que ne disent-elles pas ? Autant d’interrogations qui se révèlent indispensables pour les périodes anciennes, celles des actualités filmées ou de l’ORTF, époques où l’information est contrôlée par l’Etat.

Aussi l’archive animée ne se limite-t-elle pas à la télévision et doit englober le cinéma, qu’il s’agisse de cinéma d’auteur ou de films amateurs. Dans le premier cas, la source intéressera tant par ce qu’elle montre effectivement de la Bretagne que par les représentations mentales qui y sont associées. Dans le second cas, les films seront beaucoup plus bruts et imposeront sans doute un effort d’analyse plus grand, ce type d’archive se laissant appréhender moins facilement. Mais dans tous les cas, c’est vers la Cinémathèque de Bretagne que devront vous guider vos pas.  Cette institution, dont la mission est la conservation et la diffusion du patrimoine audiovisuel, propose en effet à la consultation plus de 27 000 films et constitue un gisement aussi incontournable que méconnu de ressources documentaires pour historien.nes et généalogistes.

Une institution méconnue qui regorge pourtant de trésors.

Il convient donc de ne pas avoir peur, d’oser franchir le pas, de l’archive audiovisuelle même si celle-ci impose des questionnements qui lui sont propres. Le film et la vidéo se révèlent particulièrement efficaces pour saisir des ambiances, des climats, bref autant d’éléments qu’il est difficile d’appréhender par les archives papier classiques. Pour autant, comme toute source, l’archive animée ne saurait constituer la base unique d’un corpus documentaire. La règle de base du chercheur en histoire reste en effet celle-ci : croiser les sources !

Erwan LE GALL