Une série pour s’évader : la série Y des Archives départementales

La série Y est très certainement l’un des plus petits fonds conservés dans les dépôts des Archives départementales.  Mais, comme la quantité importe moins que la qualité, cette série mérite à plus d’un titre d’être consultée. En effet, en conservant les archives produites par la préfecture et les établissements pénitentiaires, la série Y permet d’appréhender avec précision l’univers carcéral et la place des prisons dans la société des XIXe et XXe siècles.

Carte postale. Collection particulière.

Les historiens trouveront nécessairement un intérêt à consulter cette série. En effet, les fonds conservés offrent tout d’abord un regard incontournable sur la gestion administrative du système carcéral (circulaires, instructions, décrets…). Mais ce sont peut-être davantage les spécificités locales qui retiendront l’attention des chercheurs. Et pour cause, la série permet de comprendre le fonctionnement des différentes maisons d’arrêt à travers les correspondances, les décomptes numériques des prisonniers, les registres de dépenses (nourriture, éclairage, chauffage, entretien…), l’inventaire du mobilier ou – certes plus anecdotique mais au combien éclairant – celui de la bibliothèque. La série Y offre enfin un précieux éclairage sur les détenus en conservant les archives relatant les évasions – et les simples tentatives –, les suicides ou encore les insubordinations individuelles et/ou collectives…

Les généalogistes y trouveront également leur un intérêt. En effet, ils pourront effectuer des recherches sur un ancêtre ayant travaillé dans un établissement pénitentiaire en dépouillant les archives du personnel (dossiers personnels, candidatures, notations annuelles…). Ils pourront aussi s’intéresser à un détenu en particulier en consultant les registres d'écrou qui indiquent, par entrée nominative, le numéro de la décision de justice, la date d’entrée, la date de sortie et la durée de la peine. Ces informations pourront être complétées par les dossiers individuels, les réductions de peines, ou encore les propositions de grâce…

Comme pour n’importe quelle série, le chercheur devra compléter sa recherche en s’orientant vers des fonds complémentaires. Les jugements préalables à l’incarcération des détenus sont consultables en série U et dans la presse ancienne, toujours friande des affaires judiciaires. Le regard de l’administration sur l’univers carcéral est également consultable en série M (plus particulièrement à travers les collections de la police en sous-série 4 M) et en série Z (archives des sous-préfectures). La gestion des bâtiments est évoquée en série O (notamment pour les dons et legs), mais également en série N (délibérations du conseil général).

Carte postale. Collection particulière.

Pour les documents les plus récents, le chercheur devra toutefois prendre son mal en patience, à moins de demander une dérogation. Mais parfois, certaines archives sont tout simplement incommunicables. C’est le cas des plans des prisons toujours en activité. Un détail qui, s’il prive le chercheur d’un modèle inestimable de tatouage, ne devrait pas l’empêcher de s’évader…

Yves-Marie EVANNO