Cabo ou Cabot : Terme d’argot désignant un caporal.
Cafard : Etat psychologique régulièrement évoqué par les poilus et renvoyant à la lassitude des tranchées et à l’éloignement du domicile familial. Nombreux sont les témoignages montrant que c’est au retour d’une permission que le cafard est le plus fort.
Cagna : Dans l’argot des poilus, ce terme désigne un arbi sommaire dans une tranchée où les hommes peuvent s’abriter.
Caisson (d’une pièce d’artillerie) : Elément permettant le transport des munitions nécessaires au fonctionnement d’une pièce d’artillerie.
Caillebotis : Ouvrage de menuiserie constitué de rondins croisés qui, placé au fond d’une tranchée, permet de lutter contre la boue.
Calibre : Diamètre intérieur d’un canon et par extension taille des projectiles envoyés.
Le calibre des pièces d’artillerie s’exprime en millimètres sauf pour les canons de marine, de siège ou à tir courbe. Le calibre s’exprime alors en centimètres.
Camaraderie : Notion exaltée par de nombreux témoignages de combattants et, après-guerre, par les associations d’anciens combattants. L’institution militaire est elle-même très sensible à ce concept qui est à la base de la cohésion des troupes.
La camaraderie au front pendant la Première Guerre mondiale a fait l’objet d’une vaste étude d’Alexandre Lafon.
Camarade (faire) : Dans l’argot des poilus, se rendre à l’ennemi. Expression qui trouve son origine dans l’expression « Kamarad ! » criée par les soldats allemands qui se rendaient afin que les Français ne leur tirent pas dessus.
Camouflage : Ensemble de techniques destinées à dissimuler les combattants et pouvant prendre de multiples formes : branchages sur une pièce d’artillerie, tubes peints avec des motifs spécifiques… Découlant directement du vide du champ de bataille qu’implique la guerre moderne, le camouflage émerge en France pendant la Grande Guerre et s’institutionnalise au fur et à mesure du conflit.
Territoire encore relativement vierge de l’historiographie, le camouflage a fait l’objet d’études par Cécile Coutin ainsi que Tristan Rondau.
Canevas de tir : Carte permettant aux artilleurs de déterminer la position précise d’un objectif à atteindre et de régler leurs pièces en conséquence.
Cantonnement : Le terme de cantonnement désigne tout lieu d’habitation qu’une unité occupe sans y être casernée.
Pendant la Première Guerre mondiale, le cantonnement est généralement dit « de repos » au sens où, lorsque les hommes cantonnent, ils ne sont plus en tranchées. Ce terme ne doit cependant pas tromper en ce que le « repos » dont il est question est ici tout relatif, l’essentiel du temps des poilus étant la plupart du temps partagé entre occupations domestiques (toilette, lessive…), entraînement et revues de troupe.
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Un cantonnement d'infanterie à Ippécourt, dans la Meuse. BDIC: VAL 216/115. |
Carnet B : En France, registre tenu depuis 1887 et sur lequel est inscrit le nom de toutes les personnes considérées comme antimilitaristes et pressenties comme susceptibles de saboter la mobilisation générale. En principe, le carnet B prévoie qu’on arrête toutes les personnes qui y sont inscrites en cas de mobilisation générale, afin de les empêcher de nuire. Cependant, le ministre de l’Intérieur, Louis Malvy, refuse d’appliquer cette mesure en août 1914, la jugeant probablement, et à l’inverse d’ailleurs de Clemenceau, contre-productive.
Carte des destructions : Plan permettant au commandement de suivre jour par jour l’effondrement du système de défense ennemi et de remettre au dernier moment une attaque insuffisamment préparée par l’artillerie.
Capitaine : Officier subalterne commandant dans l’infanterie une compagnie et dans l’artillerie une batterie. Il est reconnaissable aux trois galons d’or qu’il porte sur son képi et sur ses manches.
Capitaine adjudant-major : Officier spécifiquement en charge dans un bataillon de l’instruction de la troupe, il est directement rattaché au chef de bataillon.
Caporal : Commandant d’une escouade. Le grade de caporal est le premier de la hiérarchie militaire et est identifié à l’aide de deux galons de laine rouges sur chaque manche. Le caporal est un homme du rang et non pas un sous-officier.
Capote : Long et ample manteau d’uniforme.
Cartouche : Enveloppe en papier ou en métal – suivant le type d’arme envisagé – comprenant le projectile et la charge propulsive.
Casemate : Local souterrain ou construit de telle sorte qu’il soit théoriquement à l’abri de l’artillerie.
Caserner : Verbe signifiant que telle ou telle unité tient garnison en temps de paix dans telle ou telle ville. Par exemple, le 121e régiment d’infanterie caserne à Montluçon.
Cavalerie : Ensemble des troupes à cheval.
La Première Guerre mondiale marque une étape décisive de l’histoire du combat à cheval, la lance se révélant dès l’été 1914 incapable de faire face au feu moderne des mitrailleuses. Cantonnée pendant la guerre de mouvements à des missions d’exploration et de reconnaissance, la cavalerie se réincarne dans l’arme blindée lors de la guerre de positions.
Censure : Examen des articles de presse, livres… par un organisme gouvernemental se réservant le droit d’opérer des coupes dans le propos avant qu’ils ne paraissent.
Cervelière : Dans l’armée française, calotte de métal censément placée sous le képi afin de protéger la tête du poilu. Rapidement abandonnée au profit du casque Adrien, la cervelière est le plus souvent utilisé par les poilus comme bol à soupe ou en guise de récipient.
Chandelle : Nom communément donné dans l’argot des poilus aux fusées éclairantes.
Char d’assaut : Arme mobile blindée et chenillée dotée d’un canon. Synonyme : tank.
Si les Français, par l’intermédiaire notamment du colonel Estienne, réfléchissent rapidement à la conception d’un engin motorisé capable de rompre les lignes ennemies, ce sont les Britanniques qui, grâce au soutien de Winston Churchill, sont les plus avancés dans le développement de cette nouvelle arme. Aussi, ce sont eux qui, à Flers, dans la Somme, engagent les premiers chars d’assaut sur un champ de bataille le 15 septembre 1916.
Les modèles de chars les plus célèbres de la Première Guerre mondiale sont le Renault FT 17 ainsi que la série britannique des Mark.
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Char Renault FT 17. Carte postale. Collection particulière. |
Charge (d’infanterie): Attaque baïonnette au canon, en rase campagne.
Chargeur : Artilleur recevant du pourvoyeur la cartouche et qui la dispose dans le canon, afin que la pièce soit prête à tirer.
Chasseurs : Troupes légères et particulièrement mobiles pouvant être à cheval, cyclistes ou à pied. Mentionnons également les unités de chasseurs alpins et d’Afrique.
Chauchat : Nom du premier fusil-mitrailleur français. Celui-ci entre en dotation à l’été 1916.
Chevaux de frise : Grand X de bois entouré de fil de fer barbelés disposé en guise de défense le long d’une tranchée.
Cimetière militaire : Auteurs d’un « essai de transmission mémorielle par le cimetière militaire », Emile S. Fouda et Eve Commandé définissent ce dernier comme un site institutionnalisé accueillant les dépouilles de soldats tués en temps de guerre. Leur architecture ainsi que leur gestion diffère suivant les nationalités considérées.
Citation à l’ordre : Distinction honorifique venant en récompense d’un acte de bravoure. La citation peut être (dans l’ordre croissant de prestige) à l’ordre du régiment, de la brigade, de la division, du corps d’armée ou de l’armée.
La citation est bien souvent individuelle mais peut également venir distinguer un bataillon ou un régiment.
Civelot : Dans l’argot des poilus, reprenant d’ailleurs celui des conscrits du XIXe siècle, ce terme désigne un civil.
Chef de bataillon : Officier supérieur d’infanterie dont le grade est immédiatement supérieur à celui de capitaine et qui est identifié par le port de quatre galons d’or sur le képi et les manches.
Chef d’escadron : Grade équivalent à celui de chef de bataillon dans l’artillerie, la cavalerie et le train des équipages.
Choc : Combat au corps à corps. S’oppose au combat plus distancié que suppose l’emploi des armes à feu.
Choc psycho-traumatique : Ou Shell shock, expression pouvant se traduire littéralement par « le choc de l’obus ». Pathologie psychologique résultant au sens strict d’un bombardement et dans une acception plus globale à l’expérience combattante considérée de manière générale.
Classe (de recrutement): Année de recrutement dans l’armée s’obtenant par l’addition de 20 à l’année de naissance.
Code (de justice militaire) : Ensemble des normes et règles écrites régissant en France l’activité des militaires. Le code militaire a pour objectif de donner les moyens de réprimer tout manquement à la discipline et, ce faisant, exerce une contrainte importante sur les hommes.
Colonel : Officier supérieur commandant théoriquement un régiment. Grade se situant juste au-dessus de celui de lieutenant-colonel – et en dessous de celui de général – et identifiable aux cinq galons d’or pleins brodés sur les manches et le képi.
Commis et ouvriers militaires d’administration (COA) :Section qui au sein d’un corps d’armée regroupe des militaires en charge des questions d’intendance.
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Dans la citadelle de Verdun, réserve des conserves des COA. 19 septembre 1918. BDIC: VAL 178/027. |
Comité international de la Croix rouge : Organisation humanitaire créée en 1863 et qui, en 1914, est à l’origine de l’Agence internationale des prisonniers de guerre.
Commandant : Grade s’employant pour désigner les chefs de bataillon ou d’escadrons.
Commandant d’armes : Titre se rapportant à l’officier en charge du service de garnison. Il est en général le plus ancien dans le grade le plus élevé d’une garnison.
Commission de réforme : Institution chargée prendre la décision de rendre à la vie civile un homme jugé inapte (pour cause de maladie, de blessure ou d’âge) à la vie militaire ou, dans le cadre de la politique de récupération, de reverser dans le service armé des individus préalablement exemptés ou versés dans le service auxiliaire.
Compagnie : Groupe de militaires généralement commandé en 1914 par un capitaine et regroupant 250 hommes. Le plus souvent, la compagnie est une subdivision d’un bataillon mais tel n’est pas toujours le cas : la compagnie est alors dite hors-rang.
La compagnie se divise en deux pelotons placés chacun sous le commandement d’un lieutenant ou d’un sous-lieutenant.
Concentration (camp de) : Terme apparaissant à la fin du XIXe siècle et désignant pendant la Première Guerre mondiale des centres où sont regroupés les ressortissants, civils et militaires, des pays ennemis.
Les camps de concentration de la Première Guerre mondiale ne doivent en aucun cas être confondus avec la réalité que désigne cette même expression lors de la Seconde Guerre mondiale, ce terme qualifiant en réalité de véritables centres de mise à mort, que cela soit par élimination (déportation par mesure de répression) ou par extermination (déportation par mesure de persécution).
Concentration (des troupes) : Rassemblement des troupes avant un engagement. En août 1914, cette phase suit la mobilisation générale et précède le grand moment du choc initial qu’est la bataille des frontières.
Conscrit : Terme désignant une personne effectuant son service militaire.
Conseil de guerre : Tribunal militaire.
Conseil de révision : Institution chargée de déclarer apte ou non les jeunes hommes aux obligations militaire, que ce soit dans le service actif ou auxiliaire.
Consentement (Ecole du) : Approche historiographique, dont les chefs de file sont à partir des années 1990 Annette Becker et Stéphane Audoin-Rouzeau. Cette école, également dite de Péronne, insiste notamment sur l’importance du consentement patriotique pour expliquer la durée de la guerre.
Contrainte (Ecole de la): Ecole forgée en réaction à celle dite du consentement autour de personnes telles que Rémy Cazals et Frédéric Rousseau regroupées autour du CRID 14-18. Les partisans de la contrainte insistent sur la dimension naturellement coercitive de l’Armée, avec notamment une grande attention portée au fusillés, pour expliquer la durée du conflit.
Pendant longtemps, le débat entre contrainte et consentement a largement scindé en deux camps rivaux l’historiographie française de la Grande Guerre. Cependant, on observe depuis quelques temps non seulement un certain rapprochement des positions mais, de surcroît, une sérieuse baisse dans l’intensité de la controverse. En effet, ce débat fut tel pendant les années 1990-2000 qu’il en venait à escamoter toute autre discussion historiographique. Il est enfin à noter que la controverse entre contrainte et consentement est une spécificité française.
Contrebatterie (tir de) : Tir d’artillerie en réponse au feu ennemi et visant à détruire les pièces adverses.
Contrôle postal : Terme désignant aussi bien le contrôle de la correspondance des poilus que l’organisme qui, à partir de 1915, en est chargé.
Contrairement à ce que l’on a trop souvent tendance à affirmer, le Contrôle postal ne s’occupe pas uniquement de la censure du courrier des combattants. Il est aussi, et peut-être même surtout, un service de renseignement intérieur permettant au commandement de connaître l’état d’esprit des combattants. Ajoutons que le Contrôle postal n’a pas le moyen de lire toutes les correspondances des combattants. Aussi, si les poilus s’autocensurent dans leurs courriers, cela est plus par la crainte de l’épée de Damoclès que constitue cette institution que du fait de son effet réel.
Convalescence (permission de) : En argot des poilus, convalo. Congé accordé aux militaires à la suite d’une blessure ou d’une maladie ayant nécessité une évacuation.
La durée de la permission de convalescence est estimée par un médecin-aide major d’une ambulance de l’arrière, la décision étant au final prise par une Commission spéciale de convalescence.
Corps d’armée : Grande unité de l’armée française comprenant en 1914 deux divisions d’infanterie, une brigade d’artillerie de campagne, une brigade de cavalerie ainsi que diverses unités non endivisionnées telles qu’une compagnie du génie, une ambulance…
Corps expéditionnaire : Troupe constituée par un pays et intervenant en dehors des frontières de ce pays.
Cote : Terme militaire de topographie désignant un point donné en référence à son altitude. Certaines cotes deviennent de hauts-lieux de la Première Guerre mondiale à l’instar de la cote 304, située près du Mort-Homme, ou de la cote 344, à l’est de Samogneux.
Coup de main : Opération de faible envergure menée par une dizaine d’homme visant à aller capturer dans lignes ennemies des prisonniers afin de recueillir du renseignement.
Course à la mer : En 1914, ultime développement de la guerre de mouvement situé chronologiquement entre la bataille de la Marne et les grignotages de 1915. Cette phase du conflit se déroule dans un vaste secteur entre Artois et Flandres.
Du côté français, la Course à la mer a pour objectif de contourner l’aile droite du dispositif allemand tandis que pour ces derniers il s’agit d’envelopper les alliés par leur gauche. Aussi, certains historiens ont pu noter que si cette phase de la guerre est bien une course, celle-ci est plutôt à l’aile qu’à la mer.
Courbature fébrile : affection que l’on retrouve régulièrement, sur les fiches matricules, comme motif d’évacuation des poilus. Pendant le conflit, le docteur Hanns en donne la description suivante :
« le malade est en général très abattu, très las, harassé et fatigué, il se plaint de douleurs dans la région lombaire, accessoirement dans la région sacrée et sacro-iliaque, le pourtour du thorax, d’autres fois ces douleurs s’étendent à toute la région dorsale, le long des gouttières vertébrales et à la partie postérieure des côtes et parfois enfin aux membres et surtout aux membres inférieurs. Les régions signalées comme siège de douleurs spontanées sont toujours douloureuses à la pression et la sensation pénible augmente également par les mouvements spontanés ou provoqués.
Ils refusent de prendre de la nourriture, à peine acceptent-t-ils de prendre rapidement le jus avant de se jeter sur la paille du cantonnement. Maux de tête, température variant de 37,5° à 39° qui tombe presque toujours au bout de trois jours. Les douleurs musculaires peuvent durer plusieurs jours, puis tout se calme définitivement. »
Pour autant, l’origine précise de ces courbatures fébriles demeure floue, plusieurs hypothèse pouvant être avancées.
Crapouillot : Terme d’argot des poilus désignant un obus de mortier ainsi que son lanceur.
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Un crapouillot dans une tranchée, à Vauquois, en juillet 1915. BDIC: VAL 212/100. |
Créneau : Meurtrière placée dans le parapet de la tranchée afin de permettre l’observation du no man’s land.
Creute : Carrière souterraine que l’on trouve notamment dans l’Aisne, et sur le Chemin des Dames en particulier, servant d’abris aux différents belligérants. La creute la plus célèbre est sans doute celle dit de la Caverne du dragon, qui abrite aujourd’hui un musée de la Grande Guerre.
CRID 14-18 : Collectif de recherche international et de débat sur la guerre 1914-1918. Association ayant pour but de « travailler au progrès de la connaissance historique sur le phénomène de la Première Guerre mondiale » qui se trouve la plupart du temps associée aux paradigmes dits de la contrainte.
Croix de guerre : Décoration instituée par la loi du 8 avril 1915 destinée à « commémorer les citations individuelles pour faits de guerre à l’ordre des armées de terre et de mer, des corps d’armée, des divisions, des brigades et des régiments ». La Croix de guerre peut être décernée à titre individuel ou collectif, lorsqu’elle est remise à une unité.
Culture de guerre : Notion définie par Annette Becker et Stéphane Audoin-Rouzeau comme « la manière dont les contemporains se sont représentés et ont représenté le conflit ». Relativement neutre, cette définition a néanmoins été largement débattue et, depuis, affinée. Allan Kramer et John Horne définissent ainsi la culture de guerre comme « un corpus de représentations du conflit cristallisé en un véritable système donnant à la guerre sa signification profonde ».
Culturelle (Histoire culturelle de la Grande Guerre) : Comme toute histoire culturelle, celle de la Grande Guerre peut être double. Elle peut s’intéresser à l’étude des productions artistiques et intellectuelles de la période 1914-1918, ou attachées à cette séquence chronologique, qu’il s’agisse de littérature, de films, de poésie… Mais l’histoire culturelle peut aussi être celle d’un champ beaucoup plus vaste, celui de l’acquis, par opposé à celui de l’inné, relevant du naturel. Dans cette acceptation, très anthropologique, l’histoire culturelle est, plus qu’un champ particulier d’études, un regard porté sur le réel des sociétés étudiées.
Cuirassé : Navire de guerre caractérisé par le blindage de la coque et une forte puissance de feu.
Cuirassier : Cavalier dit lourd car portant une cuirasse. |