Un autre regard sur l’actualité bretonne : le Nouvelliste-Illustré

Le Nouvelliste du Morbihan est au début du XXe siècle l’un des principaux quotidiens bretons à paraître. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, il se lance dans une lutte acharnée contre ses deux principaux concurrents, L’Ouest-Eclair et Le Phare de La Loire, afin de s’imposer comme le premier tirage du Morbihan. Pour cela, il lance le 26 février 1926 un supplément illustré qui promet au lecteur de retrouver, chaque semaine, « la reproduction photographique des principaux évènements locaux et régionaux », ainsi que « les portraits des personnalités lorientaises et morbihannaises »1. A bien des égards, cette ligne éditoriale ne manquera pas de susciter l’intérêt des historiens et des généalogistes qui s’intéressent à la Bretagne contemporaine.  

Un précieux témoignage sur la vie locale. Le Nouvelliste illustré, 25 mars 1928.

Le premier numéro du Nouvelliste-Illustré donne parfaitement le ton. Au fil des pages, le lecteur y découvre des photographies de mariages, des portraits d’hommes et de femmes costumés lors du carnaval de Lorient, ou encore le portrait des juges qui viennent tout juste d’être nommés au tribunal de commerce. Chaque numéro tient parfaitement sa promesse en proposant des dizaines de clichés de la vie locale morbihannaise. Si la région lorientaise tient une place primordiale, le reste du département n’est pas oublié. L’édition du 11 mars 1928 propose ainsi un portrait de la reine de Vannes et de ses dauphines2.

Indéniablement, c’est la rubrique sport qui est la plus alimentée. A la différence de l’édition classique du Nouvelliste du Morbihan, le supplément s’intéresse peu aux résultats. L’intention de la version illustrée est, comme son nom l’indique, de proposer des reportages photographiques des principales manifestations du département. Le 14 avril 1929, il consacre ainsi une pleine page à la « renaissance du Vélo-Sport lorientais », puis enchaine sur l’actualité pugilistique avant de terminer sa rubrique par du football. A chaque fois, le journal fait la part belle aux portraits individuels et collectifs3.

On l’aura compris, de prime abord anecdotique, le supplément illustré du Nouvelliste du Morbihan constitue au contraire une formidable mine d’illustrations. Si la tâche peut sembler fastidieuse, le chercheur qui saura se montrer patient y trouvera assurément son bonheur. Bien plus que des images, les clichés sont également de précieuses sources qui permettent de capter des moments précis de la vie quotidienne des Bretons durant l’entre-deux-guerres. Sans compter que l’histoire des représentations, aujourd’hui classique, s’intéresse tout autant à ce qui est figuré qu’à la manière dont le journal représente ses sujets. Autrement dit, l’éventail d’analyse est vaste…

Une précieuse source pour l'histoire du sport. Le Nouvelliste illustré, 14 avril 1929.

Malheureusement, la formule évolue rapidement et propose de plus en plus de texte. L’hebdomadaire a en effet du mal à trouver son public. Le 28 avril 1929, il annonce qu’il cesse « momentanément » de paraître en attendant de mettre au point « une nouvelle formule […] qui tiendra compte davantage des désirs du publics »4. En vain, le 62e numéro sera le dernier. Si la rédaction s’est trompée au sujet des attentes de ses lecteurs, elle aura néanmoins été clairvoyante sur un point : dès son premier numéro le journal annonçait en effet vouloir être un « document que l’on aura plaisir et intérêt à conserver ». L’historien qui, un siècle plus tard, découvre ce supplément ne peut que le confirmer.

Yves-Marie EVANNO

 

 

 

 

1 « 1866-1926 », Le Nouvelliste du Morbihan. Supplément hebdomadaire illustré, 26 février 1928, p. 3.

2 « La mi-carême à Vannes », Le Nouvelliste du Morbihan. Supplément hebdomadaire illustré, 11 mars 1928, p. 5.

3 « L’actualité sportive », Le Nouvelliste du Morbihan. Supplément hebdomadaire illustré, 14 avril 1929, p. 9-10.

4 « L’actualité lorientaise », Le Nouvelliste du Morbihan. Supplément hebdomadaire illustré, 28 avril 1929, p. 3.