Une série peu envahissante : la série V des Archives départementales

La pratique religieuse est indissociable de l'histoire de la Bretagne. Qui s'y intéresse devra nécessairement fouiller un fonds riche bien que généralement peu volumineux : la série V des Archives départementales. Celle-ci conserve les archives produites par l’administration préfectorale ayant un droit de regard sur l’exercice du culte dans les départements français tout au long du XIXe siècle, depuis le Concordat de 1801 jusqu’à la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat en 1905. En Bretagne, il s'agit essentiellement des archives concernant le culte catholique.

Carte postale. Collection particulière.

De prime abord, la série V peut décourager les chercheurs. En effet, la majorité des documents qui y sont concernés se rapportent aux fabriques chargées d’administrer les biens d’une paroisse (construction et entretien des bâtiments et du mobilier). Mais cette série peut se révéler particulièrement précieuse lors d’une enquête concernant les inventaires des biens de l’Eglise, lors de la Séparation et peut rendre d’importants services à qui se lancerait dans une monographie communale. Si les feuilles de comptes sont difficiles à exploiter, elles offrent en revanche de précieuses informations concernant l'art religieux.

Pour autant, la série V ne se résume pas à de simples chiffres. En s'y plongeant, le chercheur y découvrira une documentation riche et diversifiée. Ainsi, les dossiers individuels des membres du clergé régulier (congrégations) et séculier (évêques, chanoines, prêtes…), bien que lacunaires, ne manqueront pas de susciter l'intérêt de l'historien du fait religieux et, bien entendu, dans une certaine mesure, du généalogiste.

Dans une perspective d'histoire plus locale, mais aussi plus politique, la série V permet d'accéder aux correspondances entre l'évêque et le préfet, notamment au sujet de l’organisation des fêtes religieuses. Ce dernier point est d'autant plus important que la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle voient une sorte « d’âge d’or » des pardons en Bretagne.

Carte postale. Collection particulière.

Encore une fois, la série V ne se suffit pas à elle seule. Le chercheur devra donc croiser les sources en consultant des séries complémentaires : la série K (textes législatifs et réglementaires) ; la série M (fonds du cabinet du préfet) et la série Z (sous-préfectures) ; la série N (particulièrement les délibérations du Conseil général sur l’entretien des édifices religieux…) ; la série O (principalement les archives concernant les travaux dans les églises, presbytères, ainsi que les dons et les legs) ; la série T (au sujet de l'enseignement privé) ; la série U (Justice, opposition aux inventaires de 1906), et bien entendu les bulletins paroissiaux. Enfin, le chercheur pourra également se rendre aux archives diocésaines pour compléter ses recherches jusqu'à 1905 et poursuivre au-delà. Il s’agit en effet de fonds qui, quoi que méconnus, peuvent se révéler extrêmement profitables, notamment en ce qui concerne les registres d’ordo.

Yves-Marie EVANNO